Déclaration de Robert Bourassa - Désormais, des négociations à - TopicsExpress



          

Déclaration de Robert Bourassa - Désormais, des négociations à deux Mon seul guide sera lintérêt supérieur du Québec 19 juin 2010 07h52 | Le Devoir | Canada Texte intégral de la déclaration du premier ministre Robert Bourassa faite le samedi 23 juin 1990 après-midi au Salon rouge de l’Assemblée nationale en réaction à léchec de laccord du lac Meech, publiée dans Le Devoir du 24 juin 1990. *** Mes chers compatriotes, Nous sommes à un moment critique de notre histoire. La décision de rejeter laccord du lac Meech remet en cause notre avenir politique. Pourquoi en sommes-nous là ? Il y a lieu de traiter en quelques secondes des événements de la dernière décennie. On sait que le 20 mai 1980, les Québécois ont voté pour que le Québec reste au sein de la fédération canadienne. Ce référendum se trouvait à suivre 20 années de progrès très importants. On sait encore quil y a 30 ans hier débutait la Révolution tranquille où le Québec a pu saffirmer sur le plan social, culturel et économique. Après le référendum, le gouvernement qui a précédé le nôtre a fait des efforts importants pour réintégrer la constitution. Dans la modération En 1985, de manière à pouvoir régler de façon définitive cette question constitutionnelle, du moins dans cette étape pour réintégrer le Québec, nous posions cinq conditions, ni plus, ni moins, sans aucune arrière pensée de marchandage. Comme le disait fort opportunément hier le chef de lOpposition, le gouvernement du Québec et son chef se trouvaient à prendre un risque avec lhistoire. Ils prenaient le risque dêtre accusés de complaisance vis-à-vis de la réintégration du Québec au sein du Canada. Nous avons pris ce risque parce que nous croyons quil était essentiel pour le Québec de retrouver la stabilité politique. Je profite de loccasion pour remercier M. Parizeau de la manifestation de solidarité dont il a fait preuve hier soir. Le Québec est toujours plus fort quand il est uni. Cette volonté de réintégrer la famille canadienne sest donc faite dans la modération. Si nous avons été modérés, cest que nous voulions réussir mais en même temps cette modération se trouvait à être un test pour la volonté du Canada anglais de comprendre le Québec. Donc, durant trois ans, nous avons fait preuve de patience, douverture. En juin 1987, lentente a été ratifiée une première fois; elle avait été ratifiée précédemment, sur le plan des principes, en avril 1987. Il y a deux semaines, une autre fois, elle était acceptée. Nous avons même agréé à une deuxième ronde de négociations. Dans tout cela, il ne faut pas oublier quen août 1986, tous les premiers ministres étaient daccord pour accorder la priorité à la question québécoise. Deux semaines plus tard, deux premiers ministres nont pas respecté leur signature. M. Filon, à cause de raisons que nous connaissons, lobstruction par un membre de l’Assemblée législative, et M. Wells qui a décidé de ne pas respecter son engagement. Jai été surpris et très déçu. M. Wells est considéré comme un homme de principes. Comment concilier ses principes avec le fait quil ait renié sa signature ? II a blâmé sévèrement le premier ministre Mulroney pour son attitude pendant et après la conférence constitutionnelle. Mais en ne respectant pas sa signature, il na pas de leçons à donner au premier ministre du Canada. À cet égard, on accuse également le premier ministre du Canada davoir utilisé toutes sortes de tactiques de manière à réussir dans cette réintégration du Québec. Jétais témoin des efforts du premier ministre du Canada pendant une semaine complète; des dizaines et des dizaines dheures quil a consacrées pour convaincre l’ensemble des collègues daccepter l’accord du lac Meech. II na pas fait comme certains des ses prédécesseurs qui ont réussi un accord constitutionnel en écartant le Québec. Ce sont ces mêmes personnes qui, hier, critiquaient le premier ministre du Canada. La politique, parfois, peut être très bizarre et, en l’occurrence, ingrate pour le chef du gouvernement canadien. À propos des manipulations, cest curieux que personne nait signalé cette probabilité ou cette hypothèse, dans le cas des Amérindiens, personne notamment au Canada anglais. Pourtant, on sait fort bien qu’en tuant l’accord du lac Meech, on se trouvait à retarder la solution du problème des autochtones. Ceci m’amène à exprimer et à vous faire connaître les décisions de mon gouvernement à la suite de cet échec. Sil y a une chose quon peut conclure de ces négociations, cest que le processus de révision constitutionnelle existant au Canada est discrédité. Le gouvernement du Québec naccepte pas de retourner à la table des négociations sur le plan constitutionnel. Pas question de discuter de la réforme du Sénat, pas question de discuter de la clause Canada et, malheureusement, pas question de discuter également de la reforme constitutionnelle qui pourrait impliquer les Amérindiens. Comment voulez-vous que jaccepte de retourner à la table constitutionnelle alors que jai refusé de le faire en 1986 avant le début des négociations sur l’accord du lac Meech ? Comment pourrais-je y retourner maintenant que les accords on été rejetés après avoir été ratifiés ? Il nous faut un nouveau programme En outre, cest la position de mon gouvernement de négocier dorénavant à deux et non à 11 avec le gouvernement canadien qui représente l’ensemble de la population du Canada, négociations bilatérales avec le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral. Il va de soi que nous aurons des négociations avec dautres provinces sur une base bilatérale. Il va de soi également que nous pourrons décider de participer à certaines conférences où l’intérêt du Québec est en cause mais jamais sur le plan constitutionnel. Dans le contexte actuel, jai décidé de ne pas participer à la conférence qui se tiendra au mois daoût et qui réunit chaque année les premiers ministres des provinces. Avec le rejet de l’accord du lac Meech, le programme du parti libéral du Québec a en même temps été rejeté. Il nous faut un nouveau programme et cest normal que nous prenions le temps de discuter avec les militants du Parti libéral, dêtre également à lécoute de représentations qui pourraient être faites par différents groupes de la population, dans des forums qui restent à être déterminés. Entre-temps, le gouvernement du Québec a l’intention dactiver certains dossiers sur le plan administratif qui sont importants pour le Québec. Je pense notamment à la question de l’immigration. Nous sommes très près dune entente. On sait comment est vital pour l’avenir culturel du Québec de pouvoir, dans le secteur de l’immigration, avoir des pouvoirs additionnels qui nous permettent de consolider notre sécurité dans le domaine des communications, dans le domaine de la main-d’oeuvre. Chers amis, en terminant, je peux vous dire que dans toutes ces décisions et dans celles à venir cest l’intérêt supérieur du Québec qui sera le facteur déterminant. Et à cet égard, dans toutes ces décisions, nous tiendrons compte de la dimension économique. A quatre reprises, les Québécois mont élu comme leur premier ministre. Lune des principales raisons, je le dis humblement, cest la priorité que jai toujours accordée au renforcement de l’économie du Québec; que la force du Québec, pour moi, commence toujours par sa force économique. Et nous avons plusieurs atouts à cet égard. Il faudra donc que dans ces décisions importantes pour notre avenir, la dimension économique soit primordiale. Il faudra tenir compte également du dynamisme de nos communautés culturelles, du rôle historique et irremplaçable au Québec de la communauté anglophone de même que laide que nous pouvons apporter aux communautés francophones à lextérieur du Québec. Les atouts du Québec Dans la préparation de son avenir, le Québec dispose datouts très importants et, dans cette préparation qui sera lune de nos principales priorités dans les mois à venir, nous avons ces atouts liés à une qualité exceptionnelle de notre main doeuvre, liés au dynamisme de nos entrepreneurs, à lampleur de nos ressources naturelles et à la position exceptionnellement stratégique sur le plan géographique du Québec au Canada et en Amérique du nord. Bref, le Québec a la liberté de ses choix. Il doit faire son choix dans le réalisme, dans le calme et dans la lucidité. Quant à moi, je puis vous assurer que mon seul guide sera lintérêt supérieur du peuple québécois. ledevoir/politique/canada/291199/declaration-de-robert-bourassa-desormais-des-negociations-a-deux
Posted on: Thu, 24 Oct 2013 06:38:01 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015