«François Hollande vient de commettre une faute grave. Un - TopicsExpress



          

«François Hollande vient de commettre une faute grave. Un ministre aurait mis en balance son avenir politique et le destin d’une très jeune femme. Sans perdre une minute, un président de la République apparaît à la télévision pour annoncer ce qu’il présente comme un compromis, plaçant ainsi sur un même plan le plus intime et le plus public ! Mais quelle faute politique, et quelle indécence ! La France se portera-t-elle mieux ou moins bien si la jeune Léonarda Dibrani est expulsée ou non ? Comment ose t-on mettre ainsi en balance une souffrance singulière et l’avenir d’un pays ? Ne voit-on pas ici la violence extrême qui est faite à Léonarda, après la violence policière ? Un pays tout entier accroché à l’expulsion d’une famille kosovare ? C’est obscène. Et voilà que les sondages pleuvent… Hélas, il faut appeler les choses par leur nom. Cette confusion entre le registre public et le registre privé, cet affolement, cette démesure — c’est bien d’une lepénisation des esprits dont il faut parler. Je le redis : le destin d’une jeune femme et la vie d’une nation sont des objets incommensurables. Et c’est cette incommensurabilité qui est niée par l’intervention désastreuse de notre Président. Je m’imagine, perdu dans un pays où je n’ai jamais vécu, attendant une simple réponse administrative, tremblant, quand je réalise soudain que tout un peuple se prend à se gratter le menton pour savoir si ma rentrée scolaire est souhaitable ou non. Une obscénité et une folie ! François Hollande vient de commettre une faute grave, et je ne saurai l’excuser. L’homme a paniqué imagine-t-on ; cette panique du plus haut représentant des institutions françaises devant la détresse humble de la jeune Léonarda est une indignité et une violence inédite. Soixante millions de Français contre une seule indésirable, c’est vertigineux. Je ne suis pas de ces 60 millions-là. Aucun homme raisonnable ne fait partie de ces 60 millions inventés par la peur et les sondages. Bien au contraire, cette folie vient restreindre mes libertés. Et par un mouvement de balance étonnant, le retour de Léonarda et de sa famille en France est désormais la seule décision qui puisse amener un peu de mesure. Voilà que les lycéens manifestent depuis quelques jours et nous rappellent à la raison. Sachons écouter notre jeunesse avec fierté. Je marcherai derrière eux, pour chacun d’entre nous. Donc pour Léonarda Dibrani.» -Arnaud Desplechin dans Liberation
Posted on: Mon, 21 Oct 2013 04:41:41 +0000

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