INTERVIEW DU PRÉSIDENT MAMADOU KOULIBALY Comment voyez-vous le - TopicsExpress



          

INTERVIEW DU PRÉSIDENT MAMADOU KOULIBALY Comment voyez-vous le futur de la Côte d’Ivoire ? Je suis optimiste, mais prudent. Optimiste parce qu’il y a une jeunesse et un potentiel énorme, mais prudent parce que ce potentiel est loin d’être optimisé du fait de la myopie des personnels politiques, qui conduit à des guerres entre les militants des partis et à la prise en otage des populations, qui demeurent dans la méfiance, la pauvreté et la misère, là où nous devrions leur proposer de la confiance, de la prospérité et de la paix. Aujourd’hui, certains de vos compatriotes, pour vous qualifier, disent qu’après le « Boulanger d’Abidjan » (sobriquet donné à Laurent Gbagbo), voici le «dialecticien pervers». Que pensez-vous de ce surnom qu’on vous donne ? Moi, «dialecticien pervers» ? C’est de l’assassinat de caractère. Ceux qui disent cela me redoutent. Il faut se demander pourquoi ? Je ne suis ni un démagogue flatteur, ni un tueur, je n’ai pas de sang sur les mains. Je suis simplement capable de dire, de façon claire, les perversités d’un système mis en place et qui appauvrit les populations. Je me plais à exposer les problèmes avec franchise. Je dévoile avec humilité les erreurs et les fautes que certains aimeraient occulter ou minimiser. Je propose des solutions alternatives pratiques et efficaces. Vos détracteurs estiment que l’Assemblée nationale avec Guillaume Soro est plus dynamique qu’à votre époque. Que leur répondez-vous ? Oui, ils ont très probablement raison. Il s’agit de deux Assemblées très différentes, à des époques différentes, avec une configuration différente et des moyens différents. Comme ce sont mes détracteurs qui le disent, je le leur concède. Ils auraient dit le contraire que j’aurais été déçu de l’Assemblée que j’ai présidée de 2001 à 2011. Est-ce parce que Guillaume Soro, en tant que président de l’Assemblée, est plus médiatique que vous ? Très certainement, d’autant plus qu’en Côte d’Ivoire, la rébellion du Mpci (Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire, rébellion dont Guillaume Soro était le Secrétaire général, Ndlr) a toujours été plus médiatique que les institutions de la République. Peut-être aussi parce que cette rébellion n’a jamais reconnu l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire entre 2001 et 2011. Ce serait un hommage du vice à la vertu et j’en suis fier. Ceux qui disent cela ne savaient même pas qu’il y avait un parlement en Côte d’Ivoire avant l’arrivée de Ouattara au pouvoir. C’est une grande découverte pour eux, une merveille de la rébellion. Guillaume Soro et ses partisans n’ont pas toujours été tendres avec vous. Avez-vous fait la paix aujourd’hui ? En Côte d’Ivoire, parmi les personnels politiques, il y a peu de gens qui sont tendres avec moi. Mon combat, à moi, c’est de travailler pour l’obtention de la liberté pour tous, l’économie de marché pour tous, la propriété privée pour tous, la démocratie pour tous. Les rebelles ivoiriens ont toujours mal compris ce que sont la liberté, le marché, la propriété privée, la démocratie et les droits de l’homme. Pourquoi seraient-ils tendres avec moi ? Quel regard portez-vous sur la nouvelle Assemblée nationale ? Elle existe mais est-elle vraiment un parlement lorsqu’elle décide elle-même, à la demande du président Ouattara, de renoncer à ses pouvoirs législatifs et de les céder au chef de l’Etat dans les matières économiques et sociales ? Est-elle véritablement un parlement quand il n’y est autorisé aucun débat démocratique, sauf à se faire sanctionner par le président de la République, par absence de véritable opposition dans l’hémicycle? Légifère-t-elle vraiment quand elle est complètement contournée par le président de la République pour des réformes dans des domaines qui relèvent de la loi, comme par exemple la défense et la sécurité, entre autres? Vous êtes l’un des personnages clés de l’ancien régime à n’avoir pas été rendre visite à Laurent Gbagbo dans sa prison à La Haye. Les ponts sont-ils rompus entre vous et pourquoi ? Les ponts ne sont pas rompus. Nous interférons. Nous avons des nouvelles l’un de l’autre. Nous avons des communications, lui et moi. Téléphoniques ? Par écrit ? Je préfère garder ces aspects confidentiels. Mais, les ponts ne sont pas du tout rompus. Et comme la Cour Pénale Internationale se montre incapable de conduire dans ses prisons les principaux animateurs du camp anti Gbagbo, je pense qu’il ne peut qu’être très prochainement libéré. Il serait foncièrement injuste et indigne vis-à-vis du droit international que la CPI soit utilisée comme instrument de vengeance du camp Ouattara. Que vous inspire la situation politique au Mali ? Le processus électoral ? Espoir pour ce qui concerne la situation. J’ai dit à mes amis maliens qu’il ne faudrait pas qu’ils suivent l’exemple ivoirien. Je leur ai même suggéré de préférer l’exemple ghanéen. Dembelé, Ibrahim Boubacar Kéïta, Soumaila Cissé et Cheick Modibo Diarra (candidats à la récente présidentielle malienne, Ndlr) peuvent le faire. Ils ne cultivent pas de haine les uns envers les autres. Pour ce qui concerne le processus électoral, j’aurais voulu, moi, que le Mali bascule dans un régime parlementaire plutôt que de rester dans le régime présidentiel, qui conduit toujours à de surprenantes bifurcations politiques en Afrique. IBK a gagné. Souhaitons-lui bon vent dans la difficile mission de réconciliation qui l’attend. La Côte d’Ivoire doit-elle en tirer des enseignements ? Oui ! Une seule: qu’il y a, en Afrique de l’Ouest, des rebellions condamnables, celle du Mali par exemple, et des rebellions soutenables, celle de Côte d’Ivoire par exemple.
Posted on: Sun, 22 Sep 2013 15:25:52 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015