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INTRODUCTION: Une année après le recouvrement de sa souveraineté nationale, l’Algérie ne finit pas de se débattre avec les effets nocifs de la crise de l’été 1962. Dés le lendemain de la prise du pouvoir par Ahmed Ben Bella allié du colonel Houari Boumediene contre l’autorité légale de la révolution, le GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne), des mesures administratives et policières frappèrent les adversaires de la coalition vainqueur. Les excommunications atteignirent alors un seuil alarmant. Personne n’était à l’abri de l’arbitraire, fut-il ancien maquisard. Ainsi Mohamed Boudiaf (fondateur du FLN), Salah Boubnider (colonel de l’ex-wilaya II), Mohand Akli Benyounes (cadre de la fédération de France du FLN), Allouache (officier de l’ex- wilaya 4) et tant d’autres moins connus furent arrêtés et séquestrés illégalement. L’adoption du projet de constitution dans une salle de cinéma « Le Majestic» (actuelle salle Atlas de Bab El Oued) était une volonté délibérée d’humilier l’Assemblée nationale constituante. Au sein de cette dernière, en plus de la violation du règlement intérieur, toute critique du Gouvernement fut perçue comme une véritable défiance à l’autorité de l’Etat. Peu à peu, l’Assemblée perdit ses attributions et prérogatives pour devenir une chambre d’enregistrement. Le 14 août 1963, Ferhat Abbas, Président de l’Assemblée, démissionna de son poste pour protester contre la minorisation de cette instance et la dérive autoritaire du régime. Un mois auparavant, après qu’il eut usé de toutes les formes légales à l’Assemblée, Hocine Aït-Ahmed se mit en dehors de cette institution, considérée désormais comme incapable de freiner la «totalitarisation du régime» (1). Au même moment, des manifestations non violentes de Moudjahiddine, à Jijel, de chômeurs à Bejaia et Bordj-Bou-Arreridj, furent durement réprimées par un pouvoir menacé d’implosion car déchiré au sommet (2). Ce fut dans le contexte de montée de l’arbitraire, d’affaissement de la souveraineté populaire, de dégradation du climat social et de prévention contre le péril terroriste que naquit l’idée de lancer un vaste rassemblement d’opposition pacifique, alternative au monopole idéologique et politique en place. LE FFS UN PARTI RASSEMBLEUR Alors que la proclamation publique du FFS devait avoir lieu le 03 septembre 1963 en prévision du référendum sur la constitution prévu pour le 08 septembre, elle n’intervint finalement qu’à la fin du mois, précisément le 29 à cause des atermoiements du haut commandement de la 7ème Région Militaire sous l’autorité du colonel Mohend Oulhadj. Ce jour là, à Tizi-Ouzou, devant une foule nombreuse venue assister au meeting, Hocine Aït-Ahmed fustigea «le coup de force constitutionnel» et lança un appel à l’union des avant-gardes nationales. Au même moment dans la Mitidja, le commandant Lakhdar Bouregaa lut une déclaration du FFS. La nouvelle opposition trouva refuge un peu partout dans le pays mais surtout en Kabylie car c’était la dernière région non encore normalisée. En effet, l’ex–wilaya (3) de l’ALN/ FLN (Kabylie) conserva ses structures et changea seulement d’appellation – la 7ème région Militaire – après l’installation de l’armée des frontières par la force à Alger, en septembre 1962. L’action conçue par les dirigeants du FFS projetait une résistance pacifique et populaire. L’objectif était de faire échec à la structuration de la dictature. Pour toute réponse au dialogue proposé par Aït-Ahmed, le pouvoir riposta, quatre jours plus tard, par l’envoi de l’armée aux fins d’investir Tizi-Ouzou. Couper toute racine démocratique par l’existence d’une opposition publique fut le calcul initial des autorités officielles, d’autant que la nouvelle organisation débordait au-delà de l’ex-Wilaya III. Ainsi plusieurs personnalités venues d’horizons divers et de régions différentes composèrent la première ossature du FFS (3). Dès sa naissance cette organisation eut une vocation nationale et proclama clairement ses buts, énoncés au moment où la lutte armée fut déclenchée (4). LA DEMOCRATIE REVOLUTIONNAIRE Le FFS revendiqua d’entrée un système pluraliste, qui permette aux citoyens de régler les problèmes par le dialogue et la discussion. Bannir l’exclusivisme tout en se réclamant des principes fondateurs de la révolution de 1954 fut l’un des postulants du FFS. Dans la perspective de construire l’Etat national démocratique, le FFS proposa l’autogestion à tous les secteurs de l’activité économique. Cette méthode révolutionnaire fut comprise comme un instrument de solidarité humaine -digne de nos meilleurs traditions: – La Twiza – de progrès social et d’autonomie économique. Le communiqué du 03 septembre 1963 décrivait l’autogestion en ces termes: «(elle) tire ses racines dans la révolution démocratique populaire, dans la démocratie décentralisatrice issue des traditions historiques du peuple algérien». Les masses rurales, déshéritées, qui furent les supports et principales victimes de la guerre doivent être les premières bénéficiaires de l’indépendance grâce à l’autogestion et à la récupération des terres coloniales. La seconde priorité du projet de société du FFS fut la démocratie décentralisatrice. Sur la base des anciennes Wilayas de l’ALN/FLN, au nombre de six, des ensembles stratégiques de développement seront créés, qui auront comme avantage initial la cohésion. Plus important, la décentralisation fut pensée comme une méthode d’intégration nationale par une densification de la société à la base. La démocratie décentralisatrice était un pari de confiance contre le clientélisme, le clanisme et le régionalisme, qui furent et demeurent les mamelles nourricières du régime. Pendant cette période tourmentée, le FFS fut le premier mouvement algérien à vouloir «réorganiser l’Etat sur les bases de la démocratie décentralisatrice, de l’autogestion politique, économique et sociale». Dans cette première phase du combat, le pluralisme, l’autogestion et la décentralisation constituèrent la trame identitaire du FFS. Les trois concepts réunis formèrent le mot d’ordre de démocratie révolutionnaire. LA PHASE HEROIQUE La résistance armée à la dictature est la période héroïque du long itinéraire historique du FFS. Dans une situation extrêmement difficile, marquée par le terrorisme idéologique, la mentalité du complot et l’emploi de la violence, des patriotes se dévouèrent, au prix de leur vie, pour refuser la fatalité dictatoriale. L’injustice, l’arbitraire et le mensonge, qui furent des moyens de gouvernement, mobilisèrent en faveur du FFS des milliers de militants et de combattants. La solidité de la résistance conduisit le pouvoir à pratiquer les méthodes les plus barbares: jugements expéditifs, exécutions sommaires, emploi massif de la torture (5). Ainsi, plus de 3000 militants du FFS séjournèrent dans les locaux de la Sécurité Militaire à Dar Nakhla, au quartier chinois, avant d’être emprisonnés à El-Harrach, Berouaghia, Constantine, Lambèse et Oran. La résistance armée paya un lourd tribut. Des centaines de combattants, qui étaient dans leur quasi-totalité d’anciens maquisards, tombèrent héroïquement pour leur idéal démocratique. Jusqu’à aujourd’hui, ces martyrs ne sont pas réhabilités malgré différentes amnisties. C’est dire combien l’opposition du FFS resta vivace dans la mémoire collective et marqua l’imaginaire social de la nation, conduisant par là-même les autorités officielles à vouloir effacer toute trace de cette résistance. Au risque de se déconsidérer totalement aujourd’hui, les démocrates ne peuvent plus ignorer le sacrifice de ces premiers martyrs de la démocratie et, par conséquent, exiger leur réhabilitation politique, historique et juridique. La jeunesse algérienne, qui constitue l’immense majorité de la population, doit connaître l’Histoire de son pays et comprendra que la mémoire n’est pas seulement se rappeler le présent. La bataille de la mémoire fait partie intégrante de la lutte démocratique et se rattache aux libertés d’expression et de pensée. Les coups terribles portés à la résistance du FFS, tels la défection de la moitié du 1er Etat-major emmenant avec elle l’essentiel de l’infrastructure militaire en novembre 1963 au moment de la guerre des frontières, l’arrestation de Hocine Aït-Ahmed en octobre 1964, ne purent mettre un terme à l’affrontement. La victoire militaire fut impossible pour les deux camps. La nécessité d’une négociation globale s’imposa logiquement aux deux protagonistes. Les premières tractations débutèrent au début de l’année 1965 et se conclurent par des accords partiels le 16 juin 1965 (6). Ces accords portaient sur le cessez-le feu, la libération de tous les emprisonnés politiques et l’intégration des militants du FFS dans la vie civile. La deuxième phase des négociations portant sur les questions politiques devaient reprendre après la conférence Afro-asiatique d’Alger, prévue à la fin du mois de juin 1965. Les jalons du multipartisme étaient jetés et le FFS reconnu de facto comme un deuxième parti. Ainsi se concrétisait l’une de ses revendications essentielles, rappelée par Hocine Aït-Ahmed à la fin de son procès, le 09 avril 1965, devant «la cour criminelle révolutionnaire» d’Alger, lorsqu’il déclara: «le recours au peuple doit transcender les petits calculs tactiques. Il doit exprimer un tournant décisif. Nous pensons qu’il peut s’effectuer en permettant au FFS, à l’opposition en général, d’avoir une activité légale et publique, d’avoir sa presse et ses publications et de tenir au grand jour son congrès constitutif.» Les accords FFS/FLN furent considérés comme dangereux par l’aile dure du régime incarnée par l’armée et la police politique. Incontestablement, ils accélérèrent le processus du coup d’Etat, qui déposa Ben Bella le 19 juin 1965; soit trois jours après la conclusion de ces accords. Désormais, les accords FFS/FLN devinrent caducs pour le nouveau pouvoir. LA NECESSAIRE MUTATION Le coup d’Etat du 19 juin 1965 inaugura un style nouveau dans la conduite des affaires publiques. La nouvelle ère se signala par une répression sélective et plus méthodique, mais d’une redoutable férocité. Le putsch traumatisa en profondeur la société. Un climat de terreur s’installa où la peur, le désarroi, l’effondrement des valeurs et l’irrationnel l’emportèrent sur l’esprit de responsabilité, l’engagement et la raison, ouvrant ainsi la voie aux méthodes les plus expéditives: l’assassinat politique (7). Pour la première fois, la police politique fut en phase totale avec le pouvoir suprême et l’armée imposa son hégémonie à l’Etat et à la société. La sévère répression n’empêcha pas le FFS de continuer l’activité sur le terrain mais de façon moins frontale. Une organisation estudiantine clandestine, l’E.D.U (Etudiants, Démocrates et l’Université) fut mise en place et contribua aux luttes politiques au sein de l’université aux cotés de l’U.N.E.A (Union Nationale des Etudiants Algériens). Cette organisation fut démantelée l’année 1968 et ses dirigeants arrêtés. Ils n’étaient pas les seuls puisque d’autres militants du FFS, dans différents secteurs, connaîtront le même sort après un vaste coup de filet de la Sécurité Militaire. Au total, plus d’une cinquantaine de militants furent arrêtés, pour la plupart torturés. Leurs libérations n’interviendront que cinq ans plus tard et davantage pour quelques uns, et ce sans aucun jugement. La répression qui cantonnait l’opposition dans une position défensive, se prêtant dangereusement au noyautage, greffée sur les mutations de la société algérienne, commanda au FFS de revoir sa stratégie en mettant en congé une bonne partie de ses structures. LE PRINTEMPS BERBERE Les années soixante-dix se signalèrent par la lente mais sûre montée de la revendication linguistique, particulièrement chez la jeunesse de Kabylie. Le FFS qui projetait une société démocratique ne pouvait ignorer cette aspiration. La jonction avec cette nouvelle génération de militants fut réalisée au milieu des années soixante-dix. Le but assigné à ces jeunes recrues était de porter ouvertement le problème linguistique et identitaire sur le terrain politique en l’intégrant dans une alternative démocratique. Des séminaires furent organisés, les années 1978 et 79, pour former des cadres et préparer une action politique de grande envergure. Ce sont ceux-là qui devinrent les animateurs du Printemps berbère de 1980, puisque sur les 24 détenus promis au jugement de la cour de sûreté de l’Etat, 11 d’entre eux appartenaient au FFS (8). Le printemps berbère se distingua par la ferveur du soutien populaire et l’esprit responsable de ses promoteurs. L’Algérie indépendante connaissait pour la première fois une manifestation populaire et pacifique d’une ampleur jamais observée jusque-là. Mieux encore, toute une région répondit à l’appel d’une grève générale. C’était là un fait sans précédent. Le printemps berbère, où le FFS joua un rôle d’impulsion et d’orientation marqua un tournant dans la société algérienne. Désormais, les énergies créatrices se libérèrent et les perspectives de combat devinrent plus claires. La mobilisation populaire en faveur des emprisonnés pour délit d’opinion en Kabylie, à Alger et dans l’émigration, ajoutée au désir des autorités officielles de ne pas offrir une tribune d’expression au FFS, permit l’élargissement sans jugement des détenus. Le FFS lia la revendication linguistique à un projet global de démocratisation de la société et des institutions grâce à la conquête des libertés collectives et individuelles, à la promotion et au respect des droits de l’Homme. L’avant-projet de plate-forme de mars 1979 évoque la question sans détours: «La langue berbère a droit de cité dans la cité algérienne, droit inaliénable que le colonialisme intérieur, pas plus que le colonialisme étranger, ne peut prescrire. Elle doit être généralisée et développée comme langue nationale, elle doit bénéficier de la part de l’Etat de l’égalité de traitement qui lui permette de rattraper le temps et le terrain perdus depuis l’indépendance». AUTONOMISER LES STRUCTURES Au début des années quatre-vingt, non seulement le FFS réinvestit le terrain social et politique mais dota également d’un avant projet de plate-forme où les idées-forces furent exposées. La doctrine du FFS soumit l’ensemble de ses revendications au préalable de l’élection d’une Assemblée constituante souveraine. Elle peut se résumer par ce triptyque: Ø Démocratie politique, économique, sociale et culturelle avec promotion et respect des droits de l’Homme. Conquérir les libertés démocratiques et édifier l’Etat de droit. Ø Egalité des chances devant le travail, la santé, l’école, la formation. Egalité des droits entre l’homme et la femme, la langue arabe et la langue berbère, etc.… Ø Autonomie individuelle, locale et régionale pour une légitime et qualitative représentativité politique, culturelle, sociale et économique à tous les échelons de la société et de l’Etat. Ces représentations sont conçues comme autant d’expressions de la citoyenneté. Au sortir du printemps berbère, le FFS encouragea toutes les initiatives visant à autonomiser les structures pour créer un vaste mouvement associatif. Cette stratégie devra être soutenue par une lutte publique et pacifique. Il fallait sortir de la clandestinité pour mieux s’imposer. L’une des armes les plus redoutables à employer contre le totalitarisme était et demeure la vérité et la transparence. La force du FFS a été de tout temps la rationalité de ses analyses en offrant des thèmes de combat décisifs, frappant au cœur l’édifice institutionnel basé sur le parti unique, tout en trouvant, malgré les obstacles, des formes d’organisation et de mobilisation adéquates. Si le FFS fut, en effet, le premier parti de l’opposition à prôner le multipartisme dans les années soixante, il fut aussi le premier à faire de la question des droits de l’Homme un thème essentiel de la lutte politique. L’idée de la création d’une ligue des droits de l’Homme indépendante fut lancée publiquement en juillet 1981 dans un éditorial de « FFS Informations» n°2: «Le regroupement de tous les patriotes admettant le droit à la différence grâce à l’instauration d’un libre débat dans la clarté idéologique et permettant la réflexion profonde sur les concepts de Nation, d’Etat, de Socialisme; la création d’une ligue algérienne des droits de l’Homme constituent des tâches urgentes qu’il importe de mener à bien pour aller de l’avant dans la conquête des libertés fondamentales et pour commencer, dès aujourd’hui, à construire la cité démocratique pluraliste de demain.» Le FFS innova par là dans son long combat pour arracher «Le droit d’avoir des droits», selon la formule consacrée. LA RUPTURE DE 1982 Si les événements de 1980 et 81 en Kabylie et, partiellement, à Alger, dynamisèrent la société civile en lui ouvrant des perspectives de luttes politiques nouvelles, basées sur des comités autonomes à l’université, à l’usine, à la campagne, des problèmes organisationnels et stratégiques surgirent entre les animateurs FFS du printemps berbère et la direction du parti. Pour les porte-paroles des premiers nommés, le problème berbère était mobilisateur, aussi la ligne idéologique devrait-elle être centrée prioritairement sur cette question. L’approche et l’explication de la problématique se fera de façon moins politique, tandis que sa promotion s’appuiera sur une nébuleuse plurielle mais non structurée. A l’inverse, la direction, soutenue par d’autres secteurs, maintint intacte sa position initiale fondée sur l’option démocratique. La question linguistique est un contenant de la totalité démocratique. Il y a une dialectique entre la revendication berbère et la démocratie. Elle conditionne l’alternative démocratique et elle est conditionnée par elle. La question linguistique n’est donc ni un problème mineur ni une contradiction secondaire, mais une donnée légitime et un test pour tous les démocrates. La ligne « culturaliste » qui ne voulait ni ouvertement politique ni totalement scientifique portait en germe des contradictions majeures et quelques dangers; d’abord le repli sur la Kabylie exclusivement, ensuite le risque d’une compromission avec le pouvoir sur la base de la promesse de l’officialisation de la langue berbère expurgée de son sous-bassement politique, enfin la déliquescence du combat démocratique par l’usure s’il n’y a pas satisfaction des revendications linguistiques. Le syndrome minoritaire, induit par la variante culturaliste milita, dans quelques cercles, en faveur du despotisme éclairé. Dès lors, la rupture était inévitable. Elle fut consommée organiquement le printemps de l’année 1982 sans qu’elle eut été rendue publique. L’IMPERATIF DEMOCRATIQUE Pendant trois ans le FFS s’employa à renouveler son recrutement. Au niveau de la société, la situation se dégrada littéralement. Aussi à cette période, si la conscience politique des Algériens, encouragée par les événements de Kabylie (1980 et 81), ne manqua pas de s’éveiller davantage à la chose publique, la crise économique couvait une véritable insurrection. Des signes avant-coureurs annonçaient Octobre 88 après les révoltes d’Oran (1983), de la Casbah (1985), de l’Est algérien (1986). Il fallait en perspective de ces bouleversements créer une opinion publique à l’échelle nationale capable de dynamiser la lutte politique et de canaliser la mobilisation populaire. Ce fut dans cette direction que Hocine Aït-Ahmed et Ahmed Ben Bella lancèrent, le 16 décembre 1985, un appel au peuple algérien pour instaurer la démocratie en Algérie. Cette rencontre entre deux personnalités aux visions différentes sinon opposées ne se voulut point comme un regroupement d’appareils politiques alliés dans un front mais un exemple de tolérance imposé par l’impasse historique où se trouvait la nation. La déclaration de Londres s’adressa à la mémoire collective au moment où les enfants de Chouhada et les militants des droits de l’Homme furent arrêtés pour avoir fondé des associations autonomes et à l’opinion nationale pour transcender par la symbolique historique. Le texte d’appel concrétisa, par son contenu, la quintessence des revendications du FFS. Il est formulé en 09 points: 1- Le respect des droits de l’Homme tels qu’ils sont énoncés par la Déclaration Universelle et les pactes internationaux. 2- La tolérance, la liberté de conscience, le pluralisme idéologique et politique, 3- Le droit d’association, de constitution de partis politiques, 4- La liberté syndicale et la protection du droit de grève, 5- Le droit de sûreté et le respect de l’intégrité physique, 6- L’officialisation dans un cadre institutionnel, du droit à l’enseignement, au développement et au libre épanouissement de la langue et de la culture nationales berbères, 7- Des élections libres et compétitives à tous les échelons de la vie nationale garantissant aux citoyennes et aux citoyens le libre choix ainsi que le droit d’éligibilité et de récusation des élus, 8- La séparation des pouvoirs, législatif, exécutif, judiciaire et de l’information, 9- Le cantonnement de chaque institution étatique dans sa sphère de compétence pour éviter la confusion des pouvoirs. La rencontre entre Aït-Ahmed et Ben Bella, pour mieux signaler qu’elle ne se proposait pas comme équipe de gouvernement mais s’adressait directement au peuple algérien, ne sépara pas ces revendications de l’élection d’une assemblée constituante souveraine. Le premier objectif de l’appel de Londres par rapport à l’opinion publique fut d’engager la bataille de l’information en se dotant d’un support de communication autonome et ouvert à l’ensemble des Algériens. Six mois plus tard, en août 1986, Libre Algérie naissait. Informer et former furent sa devise. Aussitôt la déclaration de Londres rendue publique, une campagne de presse sans précédent contre l’opposition fut déclenchée, allant jusqu’à susciter la création de journaux à l’étranger le temps de mener la campagne de propagande contre cet appel. L’ouverture de la presse officielle a eu pour effet positif de parler publiquement, nommément, et pour la première fois, de l’opposition nationale. Jusque-là, toute opposition fut systématiquement ignorée ou niée. C’est dire combien l’opinion publique nationale fut totalement désinformée et prise par les sentiments. Malheureusement, et malgré l’inégalité des moyens de lutte démesurèrent en sa faveur, l’offensive du pouvoir ne s’arrêta pas là puisque le 07 avril 1987, treize mois après la déclaration de Londres, ALI Mecili, un des dirigeants du FFS et rédacteur en chef de Libre Algérie, fut lâchement assassiné par la police politique du régime en plein Paris (9). UNE NOUVELLE DONNE Depuis l’avènement d’octobre 1988, le paysage politique est profondément remodelé; le multipartisme, un des mots d’ordre du FFS, est admis. Il s’agit aujourd’hui de rendre le processus démocratique irréversible pour s’attaquer aux immenses taches qui attendent l’Algérie: le chômage, l’endettement, le logement, l’éducation, la crise d’identité, la discrimination linguistique…etc. Pour que l’alternative entre le retour en arrière, qui n’est pas à exclure, et l’irréversibilité du processus démocratique soit tranchée en faveur de cette dernière, l’opinion publique nationale doit choisir entre les convertis de la dernière heure au multipartisme et ceux qui en ont fait depuis des décennies, au prix d’immenses sacrifices, une option majeure conditionnant tout projet de société. Le FFS qui a été pendant des années une école de cadres politiques et a fourni des thèmes de combat à la lutte contre le système du monopole va proposer une plate-forme actualisée et enrichie pour passer en revue tous les problèmes de la société algérienne et avancer des contre-projets au gouvernement et des solutions réalistes pour sortir le pays du marasme. Dans une société de plus en plus duale caractérisée par l’exclusion et la marginalisation du plus grand nombre de jeunes, femmes, travailleurs-il faut, plus que jamais transformer les structures en s’appuyant sur les masses populaires dans le strict respect des règles démocratiques. Au-delà du programme, le FFS s’attellera à encourager les regroupements des forces démocratiques d’oppositions afin d’unir leurs efforts pour bâtir une société de tolérance, de progrès et de liberté. La finalité n’est pas le succès d’un parti politique, quant bien même c’est le notre, mais le bonheur de l’humanité algérienne. NOTES : (1) Conférence de presse du 10 juillet 1963 à Ain El Hammam. (2) Mohamed Khider, secrétaire général du FLN, démissionna de ses postes le 1er avril 1963. Dés lors, Ben Bella cumula les fonctions de chef du conseil du gouvernement et du parti. (3) Le 1er Etat Major du FFS se composa de: Hocine Aït-Ahmed (chef historique de la révolution algérienne), Belaid Aït Medri (détenu 1955-62 chef du district de Kabylie du PPA), Mohend-Oulhadj Akli (colonel de l’ex willaya III, chef en exercice de la 7ème R.M), Mohamed Ali Ammar cadre politique, PRS), Abdenour Ali Yahia (cadre syndical, UDRS), Aboubakr Belkaid (cadre politique, PRS), Lakhdar Bouregaa (commandant de l’ex wilaya IV), Slimane Dehiles (colonel de l’ALN), Arezki Hamrouche (capitaine de l’ex wilaya IV), Mahieddine Moussaoui (ex conseiller du GPRA), Maître Mourad Oussedik (membre du collectif des avocats du FLN). (4) « La voix de la révolution » (Organe central du FFS) n2, mai 1965. Statuts du FFS: Article 01, Buts, Organisation de combat, le FFS a pour but de: rassembler, regrouper unifier tous les militants et militantes, tous les cadres de la révolution ainsi que toutes les avant-gardes socialistes. Abattre la dictature. Installer un régime démocratique. (5) Aït Medri Belaid, arrêté blessé, fut achevé d’une rafale de mitraillette. Le même sort fut réservé à Nait Belaid Kaci, tandis que Chemmam Moh-Cherif et cinq de ses compagnons, après avoir été sauvagement torturés, furent passés au peloton d’exécution le 1er septembre 1964 à Kharouba, dans la banlieue d’Alger. Akkache Aomar, dit Cdt Si Moussa, fut lâchement abattu d’une rafale de mitraillette dans le dos alors qu’il venait de terminer une négociation officielle avec un officier de l’ANP en l’occurrence Abd el-wahab, responsable du secteur de Tassaft. (6) La délégation du FFS fut conduite par l’ex lieutenant de l’ALN, Yaha Abdel Hafid, dit Si l’hafidh, Ben younes Mohend Akli, dit Daniel, qui représentaient la deuxième génération de responsables du FFS après la défection de certains membres du 1er Etat major. (7) Mohamed Khider et Krim Belkacem, deux fondateurs du FLN et opposants au régime de Boumediene, furent assassinés par la SM, respectivement à Madrid en 1967 et Francfort en 1970, Mourad Terbouche, un des fondateurs de la fédération de France du FLN, connut le même sort. Il fut assassiné à Tunis. (8) Aggoun Hend, Ahmed Zaid Idir, Ait Larbi Arezki, Ali Chikh Ourabah, Berdous Maâmar, Halet Rachid, Khelil Said, Lounaouci Mouloud, Sadi Said, Sadi Mouloud, Stiet Mohamed. (9) Pour une information plus complète, lire «l’affaire Mecili » de Hocine Aït-Ahmed, Edition la Découverte, 1989.
Posted on: Wed, 31 Jul 2013 23:01:22 +0000

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