Je ne me plains pas, elle a ses principes, le boss! Le poids - TopicsExpress



          

Je ne me plains pas, elle a ses principes, le boss! Le poids énorme de ma prochaine situation de chômeur m’est tombé dessus au moment de quitter le bureau cet après midi. En franchissant la sortie, j’ai eu envie de remettre au préposé de logistique la clef de ma voiture de fonction. Je me suis ravisé à la dernière minute, en me rappelant que le weekend allait être long et que si je ne voulais pas qu’il me soit trop pénible, je devrais garder cette foutue voiture. Avant de laisser le garage, j’ai rempli l’habituelle fiche comptable du service logistique pour avoir les moyens de faire le plein d’essence. Comme d’habitude, j’ai noté deux gallons en plus dans le strict respect de la pratique pas très nette des mecs de la comptabilité qui prétendent toujours que techniquement ça leur sert à alimenter la petite caisse de la boite. Ce n’est pas mes biscuits tout ça, s’ils se sucrent de cette manière tant pis. Neuf mois que je suis là, jamais je n’ai entendu parler de renvoi au niveau de leur service. C’est à croire qu’ils ne sont pas comme moi, ils ne laissent pas traîner leur queue. Peut-être, leurs mains, mais sur des objets, des chéquiers, rien de compromettant. Rien qui puisse troubler la hiérarchie de la boite. Ils sont réglo. Ils m’ont fait signer avant de me donner une copie de la fiche. Puis, je mets mon nez dehors. Un peu moi-même, un peu un autre. Mi-responsable de projet, mi- chômeur en devenir. Je me surprends à penser aux galères quotidiennes de la vie de chômeur. Les tap-tap qui arrachent les tympans à coup de rabòday et d’autres airs grivois criés sur fond d’instrumental hard. Les motos taxis qui coûtent la peau des fesses la nuit tombée. Et les risques plutôt élevés de tomber dans les griffes de la police un soir, si par pur hasard l’on se trouve à l’arrière d’une moto dont le conducteur est recherché. Un évadé comme on dit à la télé. Cette police qui est si souvent soupçonneuse de certaines têtes ou de certaines coiffures… J’étais à deux doigts d’une peur panique. A mesure que je conduisais, mes mains devenaient glaciales et tremblotaient presque. Je voyais défiler sur le pare-brise les images du film de ma vie d’avant d’avoir ce poste que j’ai joué à l’heure du lunch en laissant traîner banalement ma main, mes lèvres et aussi ma bite là ou il ne fallait pas. Sous la jupe de ma patronne. J’avais du mal à appuyer sur l’accélérateur et à mettre le feu dans le pétrole, tellement je n’allais pas bien. Je ne voyais presque rien de ce qui se passait autour. A deux reprises, j’ai du me réveiller de ma torpeur pour ne pas amoché les voitures qui étaient en avant de la mienne. Sous les feux de signalisation au niveau de Carrefour Petit Four, une dame au volant d’une jeep Toyota de couleur rouge est sortie de la file de voitures qui se trouvait après moi, arrivée à ma hauteur, elle m’a crié quelque chose comme une injure. Je n’ai rien compris de ce qu’elle criait. J’ai appuyé sur mon avertisseur comme pour l’excuser, elle m’a fait un doigt d’honneur par la vitre de sa portière en me doublant. Son geste m’a ramené à la réalité. Il affichait cinq heures dix-sept minutes et des poussières de secondes, sur toute l’étendue du territoire national. J’ai souri en me disant qu’à la place de cette pimbêche, j’économiserais bien mon doigt pour le sortir au moment opportun, au cas où…on ne sait jamais, elle pourrait en avoir besoin un jour sans. Ce brusque retour à la réalité m’a permis de me fixer un moment sur ma destination. Je roulais depuis de vingt-huit minutes, je n’étais pas certain a propos de quel endroit où j’allais me rendre et pourquoi. J’ai glissé vers en direction du Champs de Mars par l’Avenue Magny et j’ai tourné à gauche en logeant la Rue Capois. Là, j’ai pris conscience que j’avais faim et soif, et que j’avais rien mangé depuis ce matin, à part une lampée de S.S , courtoisie de Madame la patronne qui voulait m’aider à neutraliser le gout acide de son con imbibé de foutres de ma bouche. J’ai décidé de remonter par l’Avenue Jean Paul II pour m’arrêter dans ce petit restaurant qui se trouve à quelques mètres de l’Eglise du Sacré Cœur. Un endroit familier où je pouvais remettre mes idées en ordre, mangé un morceau, tapé une bonne bière bien frappée et respiré un peu. J’ai garé la voiture en face du restaurant en y descendant, j’ai pris tout mon temps. Au moment de traverser la rue et pénétrer à l’intérieur du resto, j’ai croisé les regards admiratifs et curieux de quelques habitués du lieu. Le poids de mon futur chômage me retombe brusquement et si fort sur les épaules que la petite serveuse qui s’occupe habituellement de moi s’est empressé de me trouver juste à coté de la porte d’entrer une petite table avec deux chaises autour. Sans se montrer impolie, elle m’a dit dans sur un ton presque sympathique : heureusement qu’on est vendredi, un confortable repos s’impose à ce qu’il parait. J’ai fait semblant de partager ses propos par un sourire niais. Et je dis : apporter moi s’il te plait une bière et un verre d’eau. Une manière tout aussi poli d’interrompre cet élan de sympathie dont je n’avais pas vraiment senti le besoin. La perspective du chômage me faisait de l’effet, je commençais par me demander combien de poids de fesses de femmes qu’il faudrait additionner pour avoir celui de mon futur mis à pied sur le dos. Je pensais qu’il n’était pas trop tôt pour débuter les entraînements. Réapprendre à vivre fadement, réapprendre à vivoter entre manque et privation de tout. J’ai cherché des yeux la serveuse, car en cette minute fatidique une bonne gorgée de bière bien frappée m’était indispensable. Elle était en face de moi, et courbait son dos pour tirer le bouchon de la bouteille en me demandant avec son sourire de serveuse (fait sur mesure pour plaire à la clientèle masculine), Monsieur, qu’est-ce qui s’impose d’autres ? ( inédit) N. W
Posted on: Sun, 18 Aug 2013 01:12:32 +0000

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