« J’ACCUSE » 2 DE L’ASSASSINAT SCIENTIFIQUE A l’UNIVERSITE - TopicsExpress



          

« J’ACCUSE » 2 DE L’ASSASSINAT SCIENTIFIQUE A l’UNIVERSITE TUNISIENNE (suite de l’article « Des Professeurs sans Doctorat ») 3 – Assassinat ou suicide scientifique : Contrairement à ce que peuvent penser certains, le cas du Docteur Mourad Regaya, victime d’assassinat scientifique, est loin d’être isolé. Et si beaucoup le prennent pour un « agitateur », c’est seulement parce qu’il fait l’exception. Oui, c’est un homme comme il n’y en a plus beaucoup ! Il est, à ma connaissance, le seul homme tunisien de cet âge à faire face à la machine destructrice du savoir. Il a été le premier collègue à parler d’« assassinat scientifique » alors que d’autres se laissent lâchement abattre ou fuient le combat en se complaisant dans le suicide scientifique. Avant d’expliquer ce que j’entends par « suicide scientifique », il importe de dresser un tableau objectif de l’application du règlement relatif à l’habilitation dans notre Institution. En expliquant la situation du Docteur Mourad Regaya, j’ai, jusque là, seulement parlé du département d’histoire. Or, si dans ce département et dans le département d’arabe on a pu admettre la candidature de collègues sans Doctorats, ce n’est pas du tout le cas dans les autres départements. Comme je fais partie du département de français, j’évoquerai surtout le cas de ce département qui, je pense, ne diffère pas beaucoup des autres (anglais et géographie). Depuis 2002, année à laquelle le Ministère a « attribué » aux Universités plus de liberté quant à la gestion financière et scientifique et année à laquelle notre département fut promu au titre d’un département où on peut être habilitable, aucun collègue du département n’y a pu soutenir son habilitation. Une seule soutenance a eu lieu dans notre Faculté : celle de notre collègue de Sfax Lassaad Jammoussi. (Je reviendrai, à la fin de cet article, à la récente soutenance de notre collègue Nizar Ben Saad) Sommes-nous tous aussi « nuls » les uns que les autres dans notre département ??? Ce département dont le niveau est pourtant rehaussé par l’apport de plusieurs collègues de l’ancienne Ecole Normale Supérieure de Sousse ??? Pour quelles raisons a-t-on toujours refusé les dossiers des collègues qui ont eu le courage de se présenter ??? L’explication est simple : alors que dans d’autres départements on peut se passer du Doctorat pour avoir son habilitation, les commissions d’habilitation des départements de français (et ceci à une échelle nationale car, malgré la pseudo-liberté accordée par le Ministère de Bououni, tout continue à fonctionner sectoriellement), exigent du candidat de faire figurer dans son dossier pas moins que huit articles publiés dans des revues reconnues scientifiquement, en plus d’un travail de longue haleine (à peu près 200 pages) publié (les publications à compte d’auteur sont refusées !). Exigeant pas moins de deux années d’une entière disponibilité, ce travail correspond, en fait, à une autre thèse ! Là, il est impératif que je repose aux collègues figurant dans les jurys d’habilitation des départements de français les mêmes questions que je n’ai cessé de poser, à longueur d’années, à notre collègue Amor Séoud (le premier et pratiquement le seul dans notre département à avoir soutenu son habilitation à l’Université tunisienne ; il va sans dire que les deux autres collègues du corps A dans le département avaient passé leurs habilitations en France !) Ma première question concerne les articles : si vous refusez les articles publiés dans des actes de colloques ou dans les revues scientifiques de nos Institutions (M. Seoud m’a souvent dit que les articles de notre revue Mawared ne comptent pas et, pourtant, c’était surtout lui qui lisait la majorité de nos articles !), pour quelle raison organisez-vous des colloques ??? A quoi servent les actes de ces colloques et pourquoi avoir, souvent, constitué des comités scientifiques où sont mobilisés même des collègues français, si, vous-mêmes, vous refusez le résultat de ce labeur ô combien dur et coûteux ??? Ma deuxième question est relative au travail de longue haleine : pour quelle raison refusez-vous les publications à compte d’auteur ? N’êtes-vous pas membres de jurys scientifiques capables de dire si la publication est scientifique ou non ? Et pourtant, en tant qu’intellectuels et parfois même écrivains, vous êtes les plus à même de constater comment fonctionne le secteur de l’édition dans notre pays. Peut-il, d’ailleurs, faire l’exception, si la corruption et la politisation rongent tous les secteurs dans notre pays ? J’espère que des collègues membres des jurys d’habilitation dans les différents départements de français daigneront répondre à ces deux questions qui me semblent maintenant éternelles tellement je les ai souvent posées sans avoir de réponses convaincantes ! Vous comprenez maintenant pourquoi je parle de suicide scientifique : se heurtant à la rigidité des conditions de réception des dossiers, découragés par l’échec des collègues qui, depuis des années, présentent leurs dossiers, la majorité de nos collègues post-doctorants reculent devant l’humiliation que nécessite cette promotion scientifique. Il va sans dire que ce système ankylosé ne repose pas forcément sur un conflit d’intérêts entre les collègues du corps A et ceux du collège B. Car un bon nombre du premier corps se sont toujours battus pour que cela change et beaucoup de collègues du second corps ont contribué (parfois beaucoup plus que ceux qui sont plus haut gradés) à la pérennisation de cette situation. Personnellement, j’en connais qui ont duré une dizaine ou même une quinzaine d’année en tant que membres du Conseil Scientifique de leur Institution. Certains, ayant occupé des postes administratifs (surtout chefs de département), ont abusé de la confiance de leurs collègues et ont utilisé ces postes pour accéder à des privilèges matériels ou scientifiques. Dans le cas de notre département, ce n’est certainement pas un pur hasard que le premier à passer son habilitation (c’était le 15 juin 2013) est un collègue qui a intégré l’Université, en tant qu’assistant, seulement au cours de l’année 2003-2004 et qui a vite escaladé l’échelle grâce à ses services rendus au Ministère pendant la grève administrative de 2005. Ce n’est pas, non plus, un pur hasard que notre ex-chef de département qui était entrée dans notre département, en tant qu’assistante, en 2005, a pu bénéficier d’une année de prolongation, après l’âge de la retraite, pour préparer son habilitation qu’elle a récemment soutenue en France. N’a-t-elle pas volé, en juin 2011, au secours d’un Conseil Scientifique boiteux, victime du boycott de 75% des collègues ? Ainsi, alors que certains bénéficient de tous les privilèges parce qu’ils se reconnaissent dans ce système mafieux qu’ils servent loyalement, d’autres sont pénalisés pour leurs prises de position courageuses (d’autres diront insensées ou suicidaires !). Certains de nos collègues les plus valeureux sont bousculés pour partir à la retraite. Ne les a-t-on sommés, dès le début de l’année écoulée, pour qu’ils préparent leurs dossiers. Et le comble des combles c’est que l’administration ne se soucie aucunement d’une sortie digne pour ces enseignants qui ont tout donné à l’Université (certains sont à bout de forces !). Pour leur signifier leur départ imminent, les services du Rectorat les appellent au téléphone leur demandant de venir régler leurs dossiers ! Honte aux responsables de notre Faculté, de notre Université, de notre Ministère qui regardent s’enfoncer de jour en jour notre bateau (l’Université publique) sans bouger le petit doigt ou qui s’appliquent à en trouer encore plus la coque pour que naufrage s’accomplisse et que mort (de tous les passagers, sans exception aucune !) s’en suive ! Gloire aux militants de l’Université, quelque soit le syndicat auquel ils sont affiliés, qui ont toujours lutté pour pallier à un tel naufrage ! J’en appelle à tous les collègues pour s’inscrire et se mobiliser dans la lutte syndicale car seule l’action syndicale peut jouer le rôle de contre-pouvoir et relever les défis de plus en plus difficiles qui attendent l’Université. La mobilisation de tou(te)s est la seule garantie d’une résurrection de l’Université qui, remise d’aplomb, pourra sortir de ce marasme et reprendre son rôle essentiel : celui d’être la locomotive puissante qui sortira notre chère patrie du tunnel noir dans lequel elle est engagée !!! Le 25 juin 2013 Mme Najiba Regaïeg Maître-assistant Département de français Faculté des Lettres de Sousse
Posted on: Wed, 26 Jun 2013 21:29:54 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015