J’ai pu m’entraîner un peu avec le coach. Mais ma tête est - TopicsExpress



          

J’ai pu m’entraîner un peu avec le coach. Mais ma tête est ailleurs. Ailleurs qu’au Gabon ». Ces mots sont ceux de Kevine Owane, jeune joueur de l’Amiens SC (ASC) joint par téléphone à l’hôtel de Libreville où l’héberge la Fédération gabonaise de football. Après avoir disputé au Maroc la Coupe d’Afrique des nations (CAN) en U17 (moins de 17 ans), il devait rentrer à Longueau où est sa vie aujourd’hui. Le tournoi avait lieu en avril dernier. Kevine a même marqué avec les Panthères du Gabon. C’est après que les ennuis ont commencé. Avec son passeport gabonais, il a quitté sans problème le sol français, passant du Gabon au Maroc et retournant après la CAN dans son pays natal où il est depuis, bloqué… faute de visa. Des documents prouvant sa vie en France ne suffisent pas à lui délivrer un billet pour l’Hexagone. « Il veut revenir et en souffre », clame sa mère Lydie-Flore. Inutile de décrire son état de santé. « Il suit sa scolarité avec l’Amiens SC où il joue » Elle a quitté le Gabon en 2007 et a refait sa vie à Longueau. «Nous avons une fille de 18 mois. Lydie-Flore a deux enfants, en plus de Kevine, restés au Gabon », reprend Éric Chrétien, le mari. «Kevine a eu son brevet des collègesàEdouard-Lucas. Il suit sa scolarité avec l’Amiens SC où il joue avec les U17. Il est sur ma Sécurité sociale ! », s’agace ce contrôleur de la SNCF, mal rasé, traits tirés, fatigué, mais motivé. Il voit encore Kevine débarquant avec la délégation gabonaise un jour de 2010 pour des matchs amicaux. Une équipe qu’il a aidée. «Lydie-Flore retrouvait son fils et la délégation a dit qu’il avait des problèmes au pays. Il s’est installé chez nous ». Le 26 mars 2011, devant la famille, Kevine joue avec les U15 de l’Amiens SC. Il marque deux buts et délivre une passe décisive. Une récompense pour lui et le club qui a cravaché cinq mois pour lui faire signer une licence. De son côté, le Gabon n’a pas oublié son petit joyau. Kevine est passé en U17. «LeGabon s’est qualifié pour la CAN. Ce qui est rare. Ils ont cherché d’autres jeunes en France. Ils l’ont vu jouer », souffle Éric Chrétien. Un moment crucial. Lui et son épouse n’oublieront jamais. À deux mois de la compétition, tout doit aller vite. Les sentiments se mêlent :disputer des matchs internationaux, être exposé médiatiquement et pourquoi pas, repéré par un agent… Bref, Kevine trépigne autant que sa famille. On est loin de l’ASC, de la CAN Sauf qu’il a beau être licencié de la Fédération française de football, scolarisé et couvert par la Sécurité sociale, il n’est pas régularisé. Tout voyage à l’étranger est un risque (lire plus bas). « La délégation le savait et a assuré qu’il rentrerait », répète Lydie-Flore, inconsolable. «C’est votre enfant. Il veut vivre son rêve.On le voit dans ses yeux. On y croit. Ce sont des officiels. On leur fait confiance. On le laisse partir », répète celle dont ce choix la ronge un peu plus à chaque coup de téléphone reçu de son fils. «Il s’inquiète pour sa petite soeur ». Cita est un bout d’chou rayonnant de 18 mois semblant loin de tout ça. Elle recherche souvent son grand frère dans le petit appartement, jouant avec une de ses chaussettes qu’elle ne lâche pas, culpabilisant un peu plus les parents. On est loin de l’ASC, de la CAN… Tous vivaient un rêve. Le réveil est douloureux. Éric Chrétien multiplie les courriers, soutenu par l’ASC, la maire (PCF) de Longueau, Colette Finet. Il a écrit au Président de la République dont le cabinet a répondu que «ledossier est transféré au ministère de l’Intérieur ». Depuis, rien. Reste les coups de fil d’un gamin aux abois, qui veut juste faire du foot son métier. Hier, la famille a reçu le contrat pour la saison prochaine de l’ASC, en U19, qui évolue en championnat de France. DAVID VANDEVOORDE « La CAN est un rêve pour ces mômes » VINCENT MATHEY Ex-entraineur des U15 (moins de 15 ans) de l’Amiens Sporting club. «Kevine était toujours à l’heure aux cours et aux entraînements alors qu’il venait de Longueau. Il n’a pas arrêté de demander quand il jouerait. J’ai dit "sois patient". Il a tenu. Pour sa licence (qui a demandé cinq mois) j’ai demandé des documents à ses proches comme dans une enquête policière ! Quand on a eu le feu vert, je l’ai appelé en lui faisant croire que j’avais une mauvaise nouvelle… Puis je lui ai dit : "tu joues dimanche". Il était fou ». Vincent Mathey est ému. « Il passe en National U19. Après tant d’efforts, ça fait deux mois qu’il ne fait rien parce qu’il est bloqué au Gabon. Pourtant il a pris plusieurs fois l’avion sans problème ». «Notre projet est collectif. Nous avons pour objectif de former localement avec 80% de Picards. Kevine est à l’ASC depuis ses 14 ans. Ses parents attendaient ses 18 ans pour sa naturalisation. Il s’est intégré. Il bossait ses cours de Bac pro. Il a le niveau des U 17 du Gabon. Avec nous il a terminé 2e meilleur buteur », ajoute le coach qui quitte l’ASC pour Compiègne. « La CAN est un rêve pour ces mômes. C’est une exposition et parfois des promesses. Moi, tout ce que je peux dire sur son niveau est qu’il doit travailler. C’est un petit gabarit mais qui a du feu dans les jambes et de la volonté. Je pense beaucoup à lui. » Le coach stoppe. L’émotion l’emporte. Un espoir du football retenu au Gabon veut revenir à Amiens Kevine Owane, 16 ans, formé à l’Amiens SC, est bloqué dans son pays d’origine après avoir joué la Coupe d’Afrique des nations. À Amiens, proches et dirigeants désespèrent. «Il veut vivre son rêve. On y croit. Ce sont des officiels. On leur fait confiance. On le laisse partir » La mère de Kevine gSOCIÉTÉ
Posted on: Mon, 24 Jun 2013 19:05:46 +0000

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