LA LUTTE CONTRE L’ISLAMOPHOBIE ET LES PIÈGES À ÉVITER Par - TopicsExpress



          

LA LUTTE CONTRE L’ISLAMOPHOBIE ET LES PIÈGES À ÉVITER Par Mohamed Tahar Bensaada | le 1 octobre, 2012 - 00:43 LES TROIS PATHOLOGIES À ÉVITER « Sur le chemin difficile de la prise de conscience sociale et démocratique, les associations qui militent plus spécifiquement contre cette forme particulière de racisme qu’est l’islamophobie auront à prendre garde contre trois pathologies sociopolitiques dangereuses que sont l’intégrisme, le communautarisme et le populisme. Bien entendu, il ne faut surtout pas confondre l’intégrisme avec la sensibilité spirituelle légitime de de tous qui vivent au quotidien les symboles et les rites de leur religion dans le respect des normes légales, professionnelles et sociales de leur appartenance à la cité. Il ne faut pas non plus crier à l’intégrisme dès que des courants sociopolitiques musulmans cherchent à construire une alternative politique en partant des valeurs léguées par leur patrimoine religieux et culturel comme ce fut le cas en Europe des courants rattachés à la tradition chrétienne qu’ils soient de droite, du centre ou de gauche. Mais ce n’est pas parce que le terme « intégrisme » est galvaudé par les médias qu’il n’existe pas et qu’il ne pose pas problème. L’intégrisme se présente à cet égard comme une malformation de la sensibilité religieuse au point d’en faire une idéologie et une pratique d’exclusion et d’anathème contre tous ceux qui ne pensent pas et ne vivent pas selon les canons supposés d’une Loi religieuse revue et corrigée par des pseudo-théologiens nourris à la mamelle pétrolière de pouvoirs patriarcaux et rétrogrades d’un autre temps. L’intégrisme s’avère également dangereux parce qu’il tend à nourrir des dérives violentes dans des stratégies politiques scélérates visant à instrumentaliser la révolte légitime de jeunes désespérés à des fins occultes, dérives qui font au demeurant plus de victimes parmi les populations civiles innocentes, à commencer par les populations des sociétés arabes et musulmanes traumatisées par un terrorisme sectaire et dévastateur. Mais l’intégrisme est avant tout une pathologie sociopolitique qui exploite l’aspiration des peuples à l’émancipation sociale et culturelle tout en la déviant vers une impasse politique et une régression culturelle qui font reculer d’autant toute perspective de développement et d’émancipation et finissent par nourrir les discours et les pratiques bellicistes des chantres du « choc des civilisations ». Le communautarisme qui se nourrit de l’intégrisme tout en le nourrissant à son tour est un piège politique dangereux dans la mesure où il finit par isoler les communautés issues de l’immigration, en butte aux discriminations et à l’exclusion sociale, de leur environnement naturel. Au lieu d’inscrire leur lutte contre l’islamophobie dans le cadre plus large de la lutte contre le racisme et pour l’approfondissement de la démocratie, le communautarisme contribue à dénaturer cette lutte et à la présenter sous un visage antipathique et repoussant, la privant ainsi des solidarités naturelles qui pourraient provenir des autres forces sociales et démocratiques qui luttent de leur côté pour des causes semblables et qui pourraient de ce fait converger dans un large front démocratique. Le populisme constitue, à son tour, un frein à l’épanouissement souhaité de la lutte contre le racisme et l’islamophobie. Dans des accents poujadistes à peine renouvelés, le populisme consiste à exploiter les inconséquences des partis et des syndicats de gauche, travaillés de l’intérieur par des courants contradictoires et parfois islamophobes, pour faire croire que toutes les forces politiques, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, se valent. Le discours récurrent de certains courants minoritaires contre tous les « partis blancs » participe malheureusement de cet aveuglement idéologique et politique et contribue à conforter les populations qui se sentent discriminées et exclues dans un sentiment de solitude et de victimisation propice à toutes les manipulations politiciennes. Pareil enfermement revient à pousser à son paroxysme la logique d’exclusion politique des populations discriminées qui finissent par s’auto-exclure elles-mêmes au lieu de lutter en vue d’imposer leur droit légitime à la participation aux affaires de la cité et ce, à travers toutes les formes de la vie démocratique qui demandent à être renouvelées par l’injection d’un sang neuf en provenance des couches sociales les plus diverses. C’est pourquoi la lutte contre le racisme et l’islamophobie gagnerait aujourd’hui à se débarrasser de tous les signes se rapportant à l’une ou l’autre de ces trois pathologies sociopolitiques qui constituent un frein au développement d’une véritable synergie entre toutes les mobilisations citoyennes visant à faire reculer l’exclusion, la haine et la violence dans un contexte historique marqué par une crise du lien social et une montée des extrêmes et à promouvoir les valeurs humanistes de tolérance, de respect et de solidarité. » oumma/14258/lutte-contre-lislamophobie-pieges-a-eviter
Posted on: Mon, 03 Jun 2013 17:16:11 +0000

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