La Règle du Carmel Une vraie merveille ! Simple et sobre, comme - TopicsExpress



          

La Règle du Carmel Une vraie merveille ! Simple et sobre, comme une petite église romane, la Règle du Carmel témoigne du jaillissement de l’Esprit. Armoiries de l’Ordre XVIIe siècle Au début du XIIIe siècle, des frères ermites sont rassemblés dans un vallon du Mont Carmel, en Palestine, en un lieu où le Prophète Elie est vénéré depuis des siècles. Ce sont des laïcs, originaires de France, d’Italie et d’Angleterre. Ils ont quitté leur pays d’origine pour cette Terre Sainte où a vécu Jésus Christ, le Seigneur. Un jour, ils vont trouver le Patriarche de Jérusalem, Albert. Ils lui exposent leur manière de vivre et lui demandent de l’authentifier en leur donnant une « Règle de vie ». C’est la Règle primitive. Quelques décades plus tard, la communauté s’est accrue, mais en même temps les musulmans ont reconquis la Terre Sainte. Un bon nombre de frères sont alors revenus dans leur patrie d’origine où ils ont dû se rapprocher des villes et s’adapter à de nouvelles conditions de vie. Désormais, les psaumes de la prière liturgique ne sont plus récités par chacun en cellule. Les frères se rassemblent pour célébrer l’office. Ils font de même pour prendre leur repas en commun. Une nouvelle démarche ecclésiale est alors entreprise, auprès du Pape Innocent IV, pour adapter la Règle. L’architecture primitive de la petite église subit alors quelques retouches importantes, mais l’inspiration première demeure. Elle se résume dans l’inscription que l’on peut lire au portail d’entrée de notre église : « Vivre dans la dépendance de Jésus-Christ et le servir fidèlement avec un cœur pur ». Il s’agit de vivre radicalement ce qui est au cœur de la vocation de tout baptisé. Ne pas cesser de regarder le Christ dans la foi, pour apprendre à dépendre de lui en tout. Le servir fidèlement, non seulement par l’offrande intérieure de son cœur, mais aussi par une vie donnée en actes, en travaillant à la croissance de son Royaume, chacun selon sa vocation propre. Tel est le désir qui habite le Carmel. Telle est la lumière qui éclaire la vie de ces frères ermites. Ce qu’ils ont été dans la solitude du Mont Carmel, ils sont appelés à l’être aussi au milieu des villes. ERMITES « Que chacun demeure seul dans sa cellule, méditant jour et nuit la loi du Seigneur et veillant dans la prière, à moins qu’il ne soit légitimement occupé à autre chose. » Ermites, ils vivront aussi en frères. Ils le sont déjà par le baptême. Ils le deviendront de plus en plus par leur vie en communauté. Chaque jour, la célébration de l’Eucharistie les rassemble.. En participant à la prière de louange et d’intercession de l’Eglise, en offrant le Christ à son Père et en s’offrant avec Lui, en recevant le Corps du Christ, ils deviennent davantage ce qu’ils sont : membres du Corps du Christ. La communion, entre eux et avec toute l’Eglise, grandit. L’Eucharistie édifie la communauté Par des rencontres communautaires, ils s’aident aussi à mieux reconnaître les grandeurs et les exigences de leur vocation. Ils peuvent alors faire une belle expérience : « La correction des fautes et manquements de chacun », si elle est faite avec charité, est une manière privilégiée de se découvrir tous « frères » parce que tous objets de la miséricorde du Seigneur. La Règle précise ensuite le climat de cette vie. Elle le fait en quatre points : Tout d’abord, si vous êtes au Carmel, ce n’est pas pour mener une vie tranquille. Car il est impossible de vouloir « vivre dans la dépendance de Jésus-Christ » sans être affronté au combat spirituel. Les armes à utiliser sont celles dont parle saint Paul : croire et espérer, en cherchant à aimer Dieu et le prochain en toutes circonstances, en ne cessant de s’appuyer sur la Parole de Dieu . Vous avez aussi à travailler (à l’origine, c’est un travail manuel, plus tard ce pourra être un travail intellectuel ou apostolique), à la fois pour mieux mener le combat et pour manger « un pain qui vous appartienne ». Le climat habituel sera celui du silence, plus ou moins rigoureux suivant les moments de la journée. Mais l’appel est clair à ne pas se disperser en paroles inutiles et à faire l’expérience que « dans le silence et l’espérance », c’est-à-dire dans un silence habité par l’espérance, le Seigneur communique sa force. Enfin, la relation du prieur, responsable de la communauté, avec ses frères, sera placée de part et d’autre sous le signe de la foi. Au premier de se faire le serviteur de ses frères, comme Jésus-Christ. Aux seconds de considérer en leur Prieur celui que le Christ a mis au-dessus d’eux pour les aider à répondre à leur vocation. Un dernier mot pour inviter à ne jamais dire : « J’en fais assez », car l’amour ne connaît pas de limite. Encore faudra-t-il agir avec sagesse et discernement, le cœur tourné vers Jésus-Christ, dans l’attente de son retour. Ami, n’hésite pas maintenant à lire le texte même de la Règle. Moins de dix minutes suffisent pour la parcourir. Cette petite Église romane a certes des détails qui t’étonneront, parce qu’ils portent la marque du passé. Mais si tu sais t’y arrêter un peu en méditant le texte, tu comprendras mieux ce genre ce vie animé par l’Esprit, le Carmel d’hier, d’aujourd’hui et de demain. La Croix du Carmel Ce symbole du Carmel comporte plusieurs éléments : • Une montagne, représentée par l’évasement du pied de la Croix, évoque le lieu de la rencontre de l’homme avec Dieu. • Autour de la montagne, trois étoiles symbolisent l’attitude fondamentale de l’homme qui cherche Dieu : ouverture confiante, attente qui espère tout, amour qui anime toute la vie. • Une partie de la famille du Carmel ajoute au sommet de la montagne la Croix par laquelle l’homme passe, à la suite de Jésus, de la mort à la vie et entre dans la joie de Dieu. Règle primitive de l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel donnée par le bienheureux Albert, patriarche de Jérusalem, et confirmée par Innocent IV. Albert, par la grâce de Dieu Patriarche de l’Eglise de Jérusalem, à ses chers fils dans le Christ, B. et les autres ermites, qui vivent sous son obéissance, au Mont Carmel, près de la source, salut dans le Seigneur et bénédiction du Saint-Esprit. Bien souvent et de bien des manières, les Saints Pères ont réglé comment chacun, en quelqu’ordre qu’il se trouve ou quel que soit le genre de vie religieuse choisi par lui, doit vivre dans la dépendance de Jésus-Christ et le servir fidèlement avec un cœur pur et une bonne conscience. Mais puisque vous nous demandez de vous donner une « règle de vie », conforme à votre propos, que vous deviez garder dans l’avenir : Du prieur qu’il faut avoir et des trois choses qu’on doit lui promettre Nous vous ordonnons tout d’abord d’avoir un Prieur qui devra être choisi parmi vous, et qui sera élu à cette charge au consentement unanime des frères ou à la majorité des plus dignes. Tous les autres lui promettront obéissance, et, après l’avoir promise, s’appliqueront à la garder en vérité par leurs œuvres, ainsi que la chasteté et le renoncement à toute propriété. De l’acceptation des « lieux » Vous pourrez habiter dans les déserts, et là aussi où l’on vous offrira des emplacements qui se prêtent à l’observance de votre vie religieuse, pour autant que le Prieur et les frères le jugeront à propos. Des cellules des Frères En outre, suivant la disposition des lieux que vous avez résolu d’habiter, chacun d’entre vous aura une cellule séparée, conformément à l’assignation qui en sera faite par le Prieur lui-même, avec l’assentiment des autres frères ou des plus dignes d’entre eux. De la réfection en commun Néanmoins, vous prendrez dans un réfectoire commun la nourriture que l’on vous aura distribuée, écoutant ensemble la lecture d’un passage de la Sainte Ecriture, lorsque cela pourra se faire commodément. Du pouvoir du prieur Il ne sera permis à aucun des frères, si ce n’est du consentement du Prieur en charge de prendre une autre cellule que celle qui lui aura été assignée, ou d’en changer avec un autre. La cellule du Prieur devra se trouver près de l’entrée des lieux d’habitation, afin qu’il soit le premier à venir à la rencontre de ceux qui viendront en ce lieu et que tout ce qu’il y aura à faire ensuite s’exécute suivant sa décision et ses dispositions. De la prière continuelle Que chacun demeure seul dans sa cellule ou près d’elle, méditant jour et nuit la loi du Seigneur et veillant dans la prière, à moins qu’il ne soit légitimement occupé à autre chose. Des Heures canoniales Ceux qui savent dire les heures canoniales avec les Clercs, les réciteront suivant les règles établies par les Saints Pères et la coutume approuvée de l’Eglise.(…). Du renoncement à toute propriété Qu’aucun des frères ne dise que quelque chose lui appartient en propre ; mais que tout vous soit commun et soit distribué à chacun par la main du Prieur, ou par le frère qu’il aura chargé de ce soin, selon les besoins de chacun, compte tenu de l’âge et des nécessités particulières.(…). De l’oratoire et du culte divin Un oratoire sera construit aussi commodément que possible au milieu des cellules ; et vous devrez vous y réunir chaque matin pour entendre la messe lorsque cela pourra se faire commodément. Du chapitre et de la correction des Frères En outre, les dimanches ou d’autres jours, lorsque ce sera nécessaire, vous vous entretiendrez de la garde de l’Ordre et du salut des âmes ; en même temps, on procédera avec charité à la correction des fautes et manquements qu’on aurait pu remarquer chez l’un ou l’autre frère. Du jeûne des Frères Vous jeûnerez tous les jours, les dimanches exceptés, de la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix jusqu’au jour de la Résurrection du Seigneur, à moins que la maladie ou la faiblesse du corps, ou quelqu’autre juste motif n’engage à rompre le jeûne, car la nécessité n’a point de loi.( …). Exhortations Mais, comme la vie de l’homme sur la terre est un temps de tentation et que tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ souffrent persécution, comme aussi votre adversaire le diable tourne autour de vous, tel un lion rugissant, à la recherche d’une proie à dévorer, mettez tout vos soins à vous revêtir de l’armure de Dieu, afin de pouvoir résister aux embûches de l’ennemi. Ceignez vos reins de la ceinture de la chasteté ; fortifiez votre cœur de saintes pensées, car il est écrit : « La pensée sainte te gardera » (Pr 2, 11 selon les Septantes). Revêtez la cuirasse de la justice, en sorte que vous aimiez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme et de toutes vos forces, et votre prochain comme vous-mêmes. Prenez, en toutes choses, le bouclier de la foi grâce auquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin ; sans la foi il est, en effet, impossible de plaire à Dieu. Couvrez-vous aussi la tête du casque du salut , en sorte que vous n’espériez celui-ci que du seul Sauveur qui sauve son peuple de ses péchés. Que le glaive de l’Esprit, qui est la parole de Dieu, habite en abondance en votre bouche et en votre cœur et que tout ce que vous avez à faire soit fait selon la parole du Seigneur. Du travail Vous devez vous livrer à quelque travail, afin que le diable vous trouve toujours occupés et que votre oisiveté ne lui permette pas d’avoir accès à vos âmes. Vous avez en ceci l’enseignement aussi bien que l’exemple de l’apôtre saint Paul par la bouche duquel parlait le Christ et qui été établi prédicateur et docteur des nations dans la foi et la vérité ; si vous le suivez vous ne pourrez pas vous égarer. C’est dans le labeur, dit-il, et dans la fatigue que nous avons été au milieu de vous, travaillant nuit et jour pour n’être à charge à personne. Ce n’est pas que nous n’en eussions le droit, mais c’était afin de vous donner en nous-même un exemple à imiter. Car, lorsque nous étions auprès de vous, nous vous déclarions que si quelqu’un ne veut pas travailler il ne doit pas manger. Nous avons appris, en effet, qu’il y en a parmi vous qui errent dans l’inquiétude et l’oisiveté. A ceux qui se comportent de cette manière nous ordonnons donc et nous les conjurons par le Seigneur Jésus-Christ de travailler dans le silence et de manger un pain qui leur appartienne.(cf.2 Th 3, 7-12). Telle est la voie sainte et bonne ; suivez-la. Du silence L’Apôtre nous recommande le silence lorsqu’il nous ordonne de travailler en le gardant. Et le Prophète témoigne également que le silence est le culte de la justice (cf. Is 32,17). Et ailleurs : « Dans le silence et l’espérance sera votre force » (Is 30, 15). C’est pourquoi nous vous ordonnons de garder le silence depuis la fin de complies juqu’à prime du jour suivant. Pour le reste du temps, bien que l’observance du silence ne doive pas être aussi rigoureuse, vous éviterez cependant avec grand soin de parler beaucoup. Car, ainsi qu’il est écrit et ne l’enseigne pas moins l’expérience : « L’abondance des paroles ne va pas sans péché » (Pr 10,19) et « Celui qui parle inconsidérément en éprouve les effets malheureux » (Pr 13,3) ou encore : « Celui qui multiplie les paroles blesse son âme » (Si 20, 8). Le Seigneur dit également dans l’Evangile : « De toute parole qu’ils auront dite, les hommes rendront compte au jour du jugement » (Mt 12,36). Que chacun pèse donc ses paroles et mette un frein à sa bouche de peur qu’il ne glisse et tombe à cause de sa langue et que sa chute ne soit incurable et mortelle. Qu’il veille avec le Prophète sur ses voies pour ne pas pécher par sa langue et qu’il s’applique avec diligence et précaution à garder le silence dans lequel se trouve le culte de la justice. Exhortation au Prieur sur l’humilité Pour vous, frère B. et quiconque sera établi prieur après vous, ayez toujours présent à l’esprit et observez dans votre conduite ce que le Seigneur dit dans l’Evangile : « Quiconque voudra être le plus grand parmi vous sera votre serviteur ; et quiconque voudra être le premier d’entre vous sera votre esclave » (Mc 10, 43-44). Exhortation aux Frères sur leur devoir d’honorer leur Prieur Et vous autres, frères, honorez humblement votre Prieur, considérant plutôt que lui-même le Christ qui l’a mis au-dessus de vous et qui a dit aux chefs des Eglises : « Qui vous écoute m’écoute, qui vous méprise me méprise » (Lc 10, 16), afin que vous ne soyez pas appelés en jugement à cause de votre mépris, mais que vous méritiez par votre obéissance la récompense de la vie éternelle. Nous vous avons brièvement écrit ces choses pour vous fixer la règle de vie selon laquelle vous aurez à vivre. Si quelqu’un fait davantage, le Seigneur lui-même le lui rendra quand il reviendra. Qu’il garde cependant la discrétion qui est la modératrice des vertus LA RÈGLE DU CARMEL, PAROLE DE VIE POUR AUJOURD’HUI, Présentation du livre du Frère Dominique Sterck, o.c.d. Editions du Carmel - Toulouse - editionsducarmel.org Au début du XIIIe siècle, dans un vallon du Mont Carmel, situé en Palestine, un groupe d’ermites mène une vie de prière. Un jour, ils demandent à l’évêque du lieu, Albert, patriarche de Jérusalem, de leur donner une Règle de vie accordée à leur vocation. Albert répond à leur requête dans un texte dense et bref. Ce texte, modifié quelques décennies plus tard par le Pape Innocent IV pour tenir compte des nouvelles conditions d’existence des frères ermites revenus en Europe, est la Règle du Carmel aujourd’hui. Comment une Règle donnée au XIIIe siècle à des religieux carmes pourrait-elle avoir de l’intérêt pour des hommes et des femmes du XXIe siècle, et surtout pour des laïcs ? Cela se révèle pourtant être le cas. Cette Règle, très brève, est en effet le fruit de la longue expérience de personnes qui avaient le même désir que celui qui habite le cœur de beaucoup d’entre nous. Ni meilleurs ni moins bons que nous, ils recherchaient Dieu à leur façon et voulaient vivre sérieusement leur vie chrétienne. Ils ont inscrit dans la Règle leur manière d’écouter et de mettre en pratique la Parole de Dieu, spécialement celle de l’Évangile et des lettres de st Paul. Ils n’ont pas cherché à tout dire, loin de là, mais à poser quelques balises lumineuses sur le chemin de la suite du Christ. Nous avons besoin de repères fondamentaux tirés de la Parole de Dieu pour notre existence quotidienne, pour lui donner son unité, la structurer, et échapper ainsi à l’éparpillement des mille sollicitations de l’existence actuelle. Si le genre de vie des anciens du XIIIe siècle était loin du nôtre, leur sagesse a été de s’en tenir à l’essentiel de la vie chrétienne, en quelque lieu et à quelque époque que ce soit. Ils nous ont ainsi laissé le beau fruit de leur expérience, une brève charte de vie quotidienne qui peut être lumière pour tout chrétien désireux aujourd’hui de vie chrétienne profonde et joyeuse. C’est ce trésor, à la portée de tous, que le commentaire met en valeur, tout simplement. Quiconque a de grands désirs y trouvera de précieux conseils de sagesse chrétienne. Quel est donc l’essentiel de la vie chrétienne ? On pourrait donner plusieurs réponses. Pour sa part, la Règle répond : c’est « vivre dans le Christ », et non pas d’abord faire ceci ou cela ; vivre avec Celui qui vit en nous, dans sa dépendance, en Lui soumettant avec amour tout notre être et toute notre action, comme Lui-même vit dans la dépendance amoureuse du Père. C’est du pur saint Paul ! Et dans le rayonnement de cette vie en Lui, il s’agit de « le servir » en actes, dans le don de soi aux autres, à la mission, pour le bien du Royaume et celui de tout être humain, chacun selon sa vocation, là où il est et tel qu’il est, avec ses dons et ses limites, ses qualités et ses défauts. Le dynamisme de l’existence chrétienne jaillit de l’union intime avec le Christ. Tel est le grand principe unificateur de la Règle du Carmel. Tous les repères pratiques qu’elle propose ensuite sont des moyens pour concrétiser cette vie avec le Christ dans la multiplicité des relations avec Dieu, soi-même et les autres, et dans la variété des situations. Elle insiste en particulier sur l’importance de se donner des temps personnels de présence à soi-même pour prendre conscience de ce que l’on est, de ce que l’on porte en soi d’ombres et de lumières, afin de mieux rencontrer l’autre dans nos relations et le Seigneur dans la prière. Nous avons besoin d’intériorité pour que nos relations soient plus vraies. L’inventivité et le courage sont alors nécessaires pour trouver dans nos vies ces espaces de silence extérieur et intérieur où nous pourrons puiser cette espérance et cette force dont nous avons tous besoin : « Dans le silence et l’espérance sera votre force ». Notre union au Christ, inaugurée au baptême, est appelée à grandir en s’alimentant aux sources d’eau vive que sont la Parole et l’Eucharistie vécues dans la foi. La première est toujours à notre disposition, de jour et de nuit, qu’il y ait des prêtres ou non. « La Parole est tout près de toi, dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu la mettes en pratique » (Dt 30, 14). Elle est à la fois lumière et nourriture pour la route. « Heureux ceux qui écoutent la Parole et l’observent » (Lc 11, 28). Vivre de la Parole, méditée et priée, c’est vivre dans le Christ. C’est une grâce d’apprendre à la porter dans son cœur, comme le faisait la Vierge Marie : la Règle indique comment cela peut se faire. Pour aider à cet apprentissage de vie profonde, elle met le doigt sur des comportements pratiques insérés dans le concret. ‘’Accueillir’’ sa chambre, son bureau, son appartement, pour ‘’habiter’’ l’espace réel où l’on demeure, plutôt que de vivre dans ses rêves. Se rendre présent à ce que l’on a à faire dans l’immédiat, en premier son travail, matériel ou intellectuel, pour le recevoir du Seigneur. Vivre dans l’instant présent est la condition pour aimer en vérité, car l’amour ne se vit que dans le présent, et non dans la fuite en un passé révolu ou un futur imaginaire. Apprendre à utiliser ses déplacements pour se préparer à faire ce que l’on va faire, c’est aussi prendre des moyens pour mettre de l’unité dans nos activités concrètes. Les repas également, comment faire pour qu’ils soient des temps de relation, de communion et pas seulement des moments de consommation d’aliments pour entretenir ses forces personnelles ? Tant de choses peuvent se jouer là ! Que valent aussi nos échanges de paroles ? A quoi être attentif pour chercher avec d’autres ce qui est bon pour la famille, le groupe, la communauté ? Comment écouter l’autre et oser risquer une simple parole personnelle ? Sur chacun de ces points, la Règle et son commentaire ne font pas de grands discours spirituels. Ils donnent des repères concrets et en appellent à la responsabilité personnelle, car c’est à chacun de devenir lui-même dans le genre de vie qui est le sien, à chacun de concrétiser cette sagesse de vie chrétienne dans sa propre existence. Le livre y aide en ajoutant à chaque chapitre quelques « Paroles de vie pour aujourd’hui ». Mais il ne suffit pas de proposer des ‘’pratiques’’ fécondes pour l’existence quotidienne. La vie dans le Christ appelle une croissance qui exige au cours des journées de faire des choix, en fonction de l’Évangile. D’où l’importance de se rendre attentif à notre monde intérieur de pensées, de sentiments, de réflexions et d’images pour discerner ce qui va dans le sens de la vie, accueillir ce qui fait grandir dans l’amour et refuser les ‘’mouvements’’ inverses. Autrement dit, c’est poser des ‘’oui’’, et opposer des ‘’non’’. La croissance dans le Christ passe ainsi par ce qu’on appelle le ‘’combat spirituel’’ auquel se réfère si souvent l’Évangile. La Règle montre comment les armes majeures de ce combat s’appellent charité, foi et espérance. Mais elle ajoute une vérité inouïe : peu à peu, cette vie quotidienne de relation au Christ change de visage, le Christ lui-même prend de plus en plus de place dans notre cœur, nos pensées et notre agir. Comme le dit sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : « C’est lui qui aime en nous du véritable amour ». Progressivement, c’est moins nous qui agissons que lui qui agit en nous : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est lui qui vit en moi » (Ga 2, 20), comme le disait st Paul. La Règle trace la direction de ce long chemin où le « vieil homme » centré sur lui-même disparaît peu à peu pour laisser la place au Christ. Ici encore, la Règle et son commentaire ne donnent pas de recettes mais posent des repères lumineux qui aideront chacun à ne pas se fourvoyer et à avancer sur un chemin de vie dans le présent. Elle prend aussi en compte les sujétions auxquelles toute existence est soumise, dans la vie familiale, professionnelle, sociale, ecclésiale … Comment donner un sens à ces dépendances pour qu’elles ne deviennent pas aliénantes ? Comment les vivre en liberté, même si elles sont exigeantes et particulièrement pesantes à certaines heures ? Le commentaire souligne que les grands principes qui commandent « l’obéissance » de tout chrétien sont à la base de l’obéissance particulière de la vie religieuse. Il reste à ouvrir son cœur à l’avenir promis par la Parole de Dieu. Elle ose parler de récompense. Il est bon, en effet, à certaines heures de lever son regard pour considérer le terme de la route sur laquelle nous marchons ici-bas dans la foi, avec le Christ et en communion avec les autres. Ce sera la même vie, en plénitude, dans la lumière qui ne s’éteint pas. Voilà, rapidement présenté, le contenu de ce petit livre de sagesse chrétienne. Il ne dit pas tout, mais ce qu’il dit est essentiel et peut être pratiqué en toutes circonstances. Il est seulement requis d’avoir de vrais désirs, de grands désirs puisés dans l’écoute de la Parole et d’être prêt à se mettre en route avec le Christ. Ajoutons que ces pages introduisent à l’histoire du Carmel, au début du XIIIe siècle, et donnent une esquisse de la situation de l’Église en Occident à cette époque. Elles situent aussi ces débuts du Carmel dans le contexte de la vie religieuse des premiers siècles. On y trouve beaucoup d’autres aperçus qui peuvent intéresser les curieux. Mais le centre est bien dans ce « vivre dans le Christ et le servir fidèlement », inscrit au cœur de la spiritualité du Carmel. Textes sources et articles • La Règle de l’Ordre de la Bienheureuse Vierge-Marie du Mont-Carmel. Présentation du P. Martin Battmann, o.c.d. Desclée de Brouwer, 1982. Bon commentaire historique et spirituel. Le texte même de la Règle est bien mis en valeur. • Les plus vieux textes du Carmel. Présentation du R.P.François de Sainte-Marie, o.c.d., collection « Vigne du Carmel », Editions du Seuil, 1961 (réédition). Recueil des principaux textes spirituels chers à la tradition du Carmel jusqu’au XVe siècle. Ouvrage très utile. • Encyclopédie Catholicisme, articles « Carmélites » et « Carmes » Tome 2, colonnes 562-577. Letouzey et Ané, Paris, 1950. Articles collectifs. • Dictionnaire de spiritualité, article « Carmes » rédigé par les Pères Titus Brandsma, O. Carm., et Gabriel de Sainte Marie-Madeleine, o.c.d. Tome 2, colonnes 156-209. Beauchesne, Paris, 1953. Excellente vue d’ensemble. Un grand « classique ». Spiritualité • La tradition carmélitaine, collection « Prières de tous les temps », N° 19. Textes choisis et présentés par le P. Joseph Baudry, o.c.d. Ed. C.L.D., 1980. Florilège précédé d’une très belle présentation de la prière du Carmel. • Collectif, Elie le prophète. 2 tomes, collection des « Etudes Carmélitaines », Desclée de Brouwer, 1956 (non réédité). Meilleures études consacrées au saint Prophète Elie, « Père et chef du Carmel ». • Le Saint Prophète Elie d’après les Pères de l’Eglise, collection Spiritualité orientale, N° 53, Abbaye de Bellefontaine, 1992. • Le Saint Prophète Elisée d’après les Pères de l’Eglise, Collection Spiritualité orientale, N° 59, Abbaye de Bellefontaine, 1993. • G. Bernanos, Dialogues des Carmélites, collection « Livre de Vie », N° 6, Editions du Seuil (ouvrage réédité). Le plus bel exemple d’osmose entre la spiritualité carmélitaine et la littérature française. • R.P. Joseph de Sainte-Marie, La Vierge du Mont-Carmel, mystère et prophétie. Editions Lethielleux, 1985. Très belle étude consacrée au mystère du Carmel et aux fondements de la dévotion mariale carmélitaine. • R.P. Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus, o.c.d., Je veux voir Dieu, Editions du Carmel, 84210 Venasque, 1988 (7e édition). Véritable somme de la spiritualité, à la lumière des saints du Carmel (et surtout de sainte Thérèse de Jésus). Un grand classique. • L. Saggi, Sainte Marie du Mont-Carmel. Institut missionnaire « Donum Dei », Rome, 1987. Présentation agréable de la spiritualité mariale du Carmel à travers l’histoire. • Thérèse d’Avila et la flamme du Carmel, collection « La Tradition Vivante », Editions « Le Patio Fleuri », Av. G. Pompidou, BP. 66, 83120 Sainte-Maxime. 1989. Belle plaquette présentant la spiritualité thérésienne ainsi que la situation du Carmel de France en 1989 (carte). • R. Serrou et P. Vals, le Carmel, Carmélites et Carmes. Ed. Pierre Horay, Paris, 1957. Bon reportage abondamment illustré de photographies. Le texte est à remettre à jour, au moins partiellement.
Posted on: Sun, 11 Aug 2013 10:33:23 +0000

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