La beauté du trou sur le visage dune femme La vie mange de la - TopicsExpress



          

La beauté du trou sur le visage dune femme La vie mange de la vie. Le monde est ainsi fait. Laspiration de tout être vivant est de rester vivant et la règle est manger et ne pas être mangé. Rester vivant nest pas facile car ce quil y a de plus sûr dans ce monde, cest que le monde nest pas sûr. Le monde est ainsi fait. Lorsque lincertitude létreint, lêtre vivant affine deux grandes fonctions : la capacité danticipation et laction. Ainsi la perception du monde extérieur, lintelligence et le système immunologique sont des stratégies très efficaces lorsquil sagit danticiper sur lincertitude de lenvironnement. Et pour agir, il y a deux grandes options : changer lenvironnement cest la technologie ou changer denvironnement cest la mobilité. Le règne animal est celui qui va le plus loin lorsquil sagit danticiper et dagir. Les bactéries, les champignons, les protistes et les plantes se débrouillent très bien avec peu dintelligence, dimmunologie et de technologie. Ces prestations semblent nécessiter principalement la capacité de souffrir. La souffrance est un stimulus que la sélection naturelle a choisi pour avertir efficacement que quelque chose va mal entre un animal et lincertitude qui lentoure. Autrement dit, les animaux qui ont accédé à lexistence sans une sensibilité leur permettant de souffrir nen font plus partie. De même, il nexiste plus danimaux sans appétit ils sont morts de faim faute de faim. Arrivé à ce point, tout semble indiquer que le monde est ainsi car il est ainsi fait. Tout change avec lémergence de la connaissance abstraite : le monde nest plus ainsi car il est ainsi fait. Le filtre nest plus la sélection naturelle. Aujourdhui, cest la décision dun animal hautement qualifié pour anticiper et pour contrôler son incertitude qui simpose. La culture manie le résultat de milliards dannées de sélection naturelle tout en la rendant obsolète. Mais lobjectif reste le même : réguler lincertitude. Le feu évite plus de tracas quil nen provoque, lagriculture et lélevage réduisent les fluctuations de lincertitude de la chasse et de la cueillette. Largent amortit les hasardeux contretemps auxquels léconomie du troc nous expose. Progresser équivaut à maîtriser lincertitude environnementale. Progressons donc. Le principe de la jouissance humaine maximum est-il compatible avec celui de la souffrance animale minimum ? Dans une société démocratique, la souffrance humaine préoccupe. Mais dans nimporte quelle collectivité humaine, il y a des gens qui souffrent dune souffrance animale. Il sagit de prendre ces gens en compte. Supposons quil faille tuer des phoques parce que leur fourrure est irremplaçable ?. Lidée serait donc de changer le concept esthétique de la fourrure de phoque. Les phoques sont abattus à coups de bâton pour une raison desthétique !. En effet, comment vendre un manteau troué dune balle ? En se persuadant de la beauté intrinsèque du trou ! Ce serait un peu comme une décoration pour la mort digne ! ? dun émouvant bébé phoque, au soyeux pelage blanc. Les trous dans la fourrure seraient également une marque dauthenticité. Ce nest pas si difficile de changer ses habitudes. Lidée de la souffrance minimum est simple. Dans certains cas, lapplication de cette idée renchérira le produit. Mais parlons-en. Nous pouvons en parler. Par Jorge Wagensberg
Posted on: Thu, 28 Nov 2013 01:04:32 +0000

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