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La démarche Le but de ce dossier est dattirer lattention sur limportance de la parole, dune parole saine, vraie, en démontrant le contenu manipulateur de certaines pratiques actuelles de communication, qui portent atteinte à lintégrité de lindividu, à lintégrité de la société et à celle de lhumanité. Le présent texte est volontairement synthétique, bien que le sujet mériterait assurément une thèse, voire plusieurs, vu la profondeur et létendue de ses tenants et aboutissants. Je cherche seulement ici à dégager des lignes essentielles du sujet, et notamment celles qui ne sont pas ou insuffisamment traitées ailleurs. Le langage et sa perversion Le langage est plus quun moyen dexpression, il permet de faire fonctionner le mécanisme complexe révélateur et constructeur de lêtre. Ce mot être renvoie aussi bien à la psyché, au moi (ce qui adapte lorganisme à la réalité), à la personnalité, en intégrant le conscient et linconscient. Cest la parole qui structure la pensée et la conscience. Voici ce que Saussure affirmait de la relation de la parole à la pensée, dans son Cours de Linguistique Générale : Psychologiquement, abstraction faite de son expression par les mots, notre pensée nest quune masse amorphe et indistincte. Philosophes et linguistes se sont toujours accordés à reconnaître que, sans le secours des signes, nous serions incapables de distinguer deux idées dune façon claire et constante. Prise en elle-même, la pensée est comme une nébuleuse où rien nest nécessairement délimité. Il ny a pas didées préétablies, et rien nest distinct avant lapparition de la langue. ... et dautres extraits que jai sélectionnés de Merleau-Ponty dans son livre Phénoménologie de la Perception : Si la parole présupposait la pensée, si parler cétait dabord se joindre à lobjet par une intention de connaissance ou par une représentation, on ne comprendrait pas pourquoi la pensée tend vers lexpression comme vers son achèvement . Pourquoi le sujet pensant lui même est dans une sorte dignorance de ses pensées tant quil ne les a pas formulées. comme le montre lexemple de tant décrivains qui commencent un livre sans savoir au juste ce quils y mettront. (...) La dénomination des objets ne vient pas après la reconnaissance, elle est la reconnaissance même.(...) Le problème ne peut être résolu que si il est déterminé, cest-à-dire si le recoupement des données assigne à linconnue une ou plusieurs valeurs définies. Rappelons que, dans ce contexte, la signification de parole est lexpression verbale de la pensée (cf. Petit Robert). Cela semble évident, mais nous en sommes loin et nous ne pouvons que constater à quel point nous nous en éloignons de plus en plus. Car, dans les pratiques manipulatrices dont nous parlons, cette parole na plus rien à voir avec lexpression de la pensée. La parole est instrumentalisée dans un but utilitariste sur plusieurs degrés. Cest à dire quavec une macro-vision nous repérons nettement des scénarii darroseurs arrosés eux-même partie constituante dun processus global de conditionnement. Une grande partie de la masse participe ainsi au conditionnement de chacun. Tout dabord il est nécessaire de délimiter le champ dinvestigation. En effet il existe de multiples situations, contextes, et intentions relatives à la verbalisation. Je ne traite pas dans ce texte de tous les aléas relatifs à lexpression orale ou à ses pathologies. Je ne mattarde pas non plus sur le cas de la pratique orale du pervers-narcissique, qui est pathologique ; ni de celle des personnes qui utilisent la manipulation de façon ponctuelle et individualisée. Cependant, le développement caractérisé de ces modes de communication est en rapport direct avec le phénomène que je décris et qui est organisé. Langage faux, tactique de manipulation Je traite ici de la pratique dun langage faux construit délibérément selon des formats pervers, voire de la création et de la diffusion dun néo-langage dont certains réseaux sont spécialistes. Celui-ci inclut notamment : . le double-langage . les injonctions paradoxales . lutilisation abusive, ambiguë et presque systématisée de lantiphrase (qui consiste à affirmer une chose en disant son contraire) Ces pratiques sont articulées sur des niveaux de langage différents, verbal et non verbal. Nous pouvons dores et déjà constater que tous les éléments précités sont tous doubles, je dirais même, à double-entrée. Cest-à-dire que la personne qui reçoit linformation doit opérer mentalement une scission pour recevoir lintégralité du message ; elle se met dans un état dichotomique. Cela se produit inconsciemment et entraîne donc un état schizophrénique. Le mot schizophrénie signifie étymologiquement division. (schizo- : du Grec skhizein : fendre, séparer, partager, diviser). En psychologie on parle de clivage du moi et on définit le double-bind (injonctions paradoxales) comme étant le modèle relationnel dinteraction schizophrénique (sic). Il est nécessaire de rappeler que la schizophrénie est une pathologie qui revêt de multiples nuances et de multiples niveaux de gravité. Sous cette forme elle est quasiment imperceptible et en est dautant pernicieuse. Revenons un peu sur les différentes tactiques précitées : Lantiphrase Lantiphrase consiste à affirmer une chose en disant son contraire. Cest en principe une figure de rhétorique assez classique, utilisant lironie ou leuphémisme, qui ne contient pas dambiguïté car laffirmation touche à quelque chose dévident. ex. : quel courage ! pour un comportement de lâcheté. Dans ce cas, cet usage est anodin. Dans lutilisation perverse qui en est faite, elle est associée à dautres messages (souvent non-verbaux) créant une insidiosité et systématisée à la façon de la langue de bois, en véhiculant simultanément la provocation, la dissimulation ou la simulation, le déni. Le double langage Nous ne parlons évidemment pas ici du double-langage poétique, ou des multiples subtilités dont nous sommes capables, avec bonheur, au titre dune communication fine. Le double langage concerné est une sorte de désinformation qui détourne les signes utilisés dans le langage. Le double langage est utilisé depuis longtemps dans le cadre de tactiques liées à des stratégies militaires, à des propagandes tactiques où il consiste à dire deux choses différentes (voire contradictoires) a deux groupes différents. Je rajouterai ultérieurement les liens internes sur le dossier que javais mis en ligne sur la Stratégie et lArt de la guerre de Sunzi/Sun wu. Dans le cas de lusage du double langage dans la communication interpersonnelle, lémetteur sadresse à une seule personne physique tout en sadressant à deux entités distinctes à lintérieur de celle-ci. Il induit cette division de lesprit ou la consolide quand elle a déjà été intitiée préalablement. Ce double langage peut viser à affirmer ou nier sournoisement une chose sans le dire ouvertement - cest à dire sans en assumer la responsabilité -, à créer le doute, à menacer indirectement, ... et à induire un comportement chez la personne ciblée, à donner un ordre sans en avoir lair. Linjonction paradoxale Linjonction paradoxale consiste à formuler des attentes ou des ordres contradictoires, et/ou impossibles à réaliser. La nocivité psychologique des injonctions paradoxales (double-bind) a notamment été mise en avant par Gregory Watson (1904 -1980). Linjonction est paradoxale quand les demandes/ordres sont contradictoires ou si leur réalisation ne dépend pas de la volonté de la personne qui la reçoit. Ces doubles contraintes définissent un système de communication paradoxale afin de disqualifier l’autre et dans un cadre dont il ne peut s’échapper. Cette une pratique qui emmure lesprit et anesthésie la conscience et la capacité de réaction. Gregory Watson a démontré les conséquences graves de telles pratiques en particulier en se basant sur des cas touchant les enfants. Quand lenfant est la cible de façon durable dinjonctions paradoxales, de nombreux troubles peuvent se manifester pouvant aller jusquà à la folie ; notamment lorsque linjonction lui demande de croire quelque chose dont il peut constater la fausseté. Ces trois tactiques linguistiques ont donc toutes en commun au moins plusieurs caractères identiques intrinsèques : - elles sont à double-entrée - elles provoque une dissociation de lesprit - elles provoquent souvent la léthargie - elles empêchent la construction de la conscience - elles appartiennent à la rhétorique du déni Un autre caractère associé de façon plus ou moins marquée est un langage non-verbal (regards, intonations...) favorisant un climat de doute, de confusion et/ou de danger. Des menaces sont parfois proférées avec cette méthode. Le déni Le déni peut-être pratiqué plus ou moins inconsciemment, mais ici nous restons dans un cadre stratégique, donc dune utilisation délibérée. Le déni ne se borne pas à nier la vérité quune personne énonce à une autre, mais il nie la réalité même de lénonceur, de la personne, par limperméabilité à son discours. Les conséquences peuvent ne pas être seulement frustrantes, mais traumatisantes. Si une personne subit de façon répétitive et durable ce déni, cela peut la conduire à laliénation et à la perte didentité. Avec lacte de déni, le message renvoyé est : Tu nexistes pas ! Il y a une tendance générale dans la société à nier les actes de prédation. Avec la rhétorique du déni se développe aussi tout une rhétorique du pardon. Voir mes commentaires sur lexcellent livre dEdgar Morin : Éthique. La négation de la personne et la destruction de son identité font partie des méthodes de lavage de cerveau. En détruisant le sens du langage, que nous appelons aussi langue maternelle - le langage de léducation - cest le processus daprentissage, déducation qui est détruit, déprogrammé. Cette déprogrammation est mise en oeuvre pour reprogrammer les cerveaux differemment et les rendre réceptifs aux injonctions, en particulier les injonctions paradoxales.
Posted on: Wed, 30 Oct 2013 11:29:38 +0000

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