La traque brouillée On lui reprochait d’avoir acquis - TopicsExpress



          

La traque brouillée On lui reprochait d’avoir acquis illicitement près de huit milliards de Fcfa. Il en a donné 3,4 milliards et est libre comme le vent. Le dossier Tahibou Ndiaye, du nom de l’ancien Directeur général du Cadastre, est sans doute un cas d’école dans ce contexte de traque aux biens supposés mal acquis. Cette vaste opération de salubrité publique avait pour principal objectif de nettoyer les écuries d’Augias, de sanctionner les fautifs et surtout, de remettre au goût du jour l’éthique dans la gestion des affaires publiques. Mais avec la tournure dramatique des choses, on se dirige inéluctablement vers des conséquences foncièrement différentes des effets positifs escomptés. Car le couple compromission-opportunisme, de mauvais aloi, ne peut qu’enfanter un être à plusieurs têtes. La rupture tant chantée ne peut pas faire bon ménage avec un déni de transparence avec des «protocoles» sans fin, sur le dos des Sénégalais. Donner une partie des sommes colossales volées pour éviter la prison, viole complètement la lettre et l’esprit du combat des citoyens qui se sont engagés avec courage, pour dire non à l’ancien régime. Non aux scandales à milliards avec ses ramifications insoupçonnées ! Non aux fautes lourdes classées sans suite ! Non aux délinquants à cols blancs qui font la pluie et le beau temps ! Accepter de transiger, c’est reconnaître sa culpabilité, c’est accepter implicitement son «statut» univoque de voleur. Et la place des voleurs, des gros voleurs de surcroît, c’est la prison. Ils sont nombreux les Sénégalais qui font ce raisonnement, à la fois simpliste et d’une cohérence décapante. Loin du juridisme en cours et des autres explications tirées par les cheveux, l’on ne retiendra que cette perception de deux poids, deux mesures, d’une même justice qui marche, recule et se cherche. La légitimité de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) est souvent mise à rudes épreuves. Il était du devoir des tenants du pouvoir actuel de montrer que cette institution est capable de conduire les choses avec la rigueur requise, sans donner l’impression d’être téléguidée. Hélas ! «L’épisode Tahibou» laisse fortement penser à des combines personnelles, en déphasage total avec les principes d’équité et de justice. L’ancien Directeur du Cadastre, disions-nous, n’a pas des militants passionnés et engagés pour descendre dans les rues et prendre bruyamment sa défense ; mais il détient sans doute des secrets qui peuvent faire trembler toute la République. Ce n’est pas un simple hasard s’il a été sauvé de prison in extremis, alors que le Procureur spécial avait déjà décidé de l’envoyer à Rebeuss. Qui est le vrai voleur de la République ? Est-il celui qui avoue sa faute, se montre conciliant et donne de l’argent pour se sauver ? Est-il cette autorité qui accepte le deal et laisse le voleur désigné en paix ? La traque aux biens mal acquis menée avec beaucoup de retentissements est brouillée. Les autres présumés voleurs de la République ont mille raisons d’espérer. Ceux qui sont en prison ont mille raisons de protester.
Posted on: Thu, 29 Aug 2013 23:18:41 +0000

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