Le vieil homme, bon africain et profondément ancré dans sa - TopicsExpress



          

Le vieil homme, bon africain et profondément ancré dans sa culture, se résolut, après avoir longuement réfléchi, d’envoyer ses enfants à l’école du colonisateur blanc. Ce dernier, maîtrisant parfaitement la technologie dans maints domaines, l’avait émerveillé. Il espérait pour ses enfants et la jeunesse africaine un long séjour à l’école du colon à l’issu duquel il pourra « lier le bois au bois » comme disait l’auteur de « l’aventure ambiguë ». Le vieux Baba était convaincu que la panacée de la culture africaine fondée sur la générosité et la spontanéité ajoutée au savoir – faire venu de l’hexagone transformerai, à coup sûr, le continent en un paradis terrestre. Il demeura, longtemps, convaincu de l’amélioration des conditions de vie des populations grâce au capital acquis dans cette école investi au service exclusif du développement du continent africain. Il avait tort. Les plus dubitatifs des vertus de cette nouvelle culture venue de l’autre berge de l’océan atlantique, se posèrent des questions sur l’ampleur du coût d’opportunité lié à cette décision historique. Est ce que ce qu’ils acquerront dans cette nouvelle école vaut mieux ce qu’ils y perdront. ? Hélas le vieux Baba n’est plus de ce bas monde pour évaluer la pertinence de sa décision jugée, euphoriquement comme révolutionnaire. Le cadre africain revenu du pays des blancs, bardé de diplômes regardait avec condescendance ses parents paysans. Lankulé (personnage du grand romancier nigérian Soyinka) repoussait systématiquement ses repas servis dans une calebasse. Il exigeait des assiettes cassables et des fourchettes tenues selon les exigences du raffinement édicté par l’art culinaire européen. Samba DIALLO dans l’aventure ambiguë avait franchi le Rubicond car revenu de l’Hexagone, il se doutait, désormais du bien fondé du dogme musulman, notamment la prière pilier le plus saillant de l’islam. L’aliénation culturelle était l’indice majeur à travers lequel on reconnaissait l’intellectuel africain du début des indépendances. Il était devenu ce que Franz FANON appelait, intelligemment « peau noire, masque blanc ». Cependant cette race d’intellectuels est moins dangereuse car ne se limitant qu’à tracer une frontière biseautée avec les populations matérialisée par une métamorphose culturelle avec la plèbe. Quoique regrettable, leur comportement n’avait pas été trop dommageable pour la nation. Le taux de corrélation avec les maux dont souffrait la société ne suffisait point pour engager leur responsabilité. Le grand regret qui aurait certainement installé le vieux Baba dans un univers d’amertume et de dépit est constitué par l’élite actuelle. L’intellectuel africain d’aujourd’hui ne se distingue par aucun critère physique. Ce qui, d’ailleurs le rend encore plus redoutable. Il manie nos langues vernaculaires au point d’en maîtriser les subtilités les plus sophistiquées. Il porte des habits traditionnels et peut se fondre incognito dans la plus population la plus ruralisée. Il a été à l’école du blanc d’où il est sorti avec une formation de pointe lui permettant d’assurer les plus hautes responsabilités dans son pays. Il est membre de la numenklatura chargée de diriger la destinée de la nation. Il peut également en une vitesse d’éclair se mettre dans la personnalité de l’intellectuel du début des indépendances. Ils s’adaptent en toutes circonstances. Ils sont caractérisés par leur audace dans la prédation des ressources. La plupart n’a aucune conscience sur les conséquences que subissent les populations quand ils profitent de leur station pour s’accaparer de manière éhonté des ressources publics, au demeurant, destinées à la construction d’une route, d’un hôpital ou d’une école. L’Afrique demeure le seul coin du monde où la faim tue encore. C’est également dans ce beau continent où une femme perd le plus souvent sa vie en donnant la vie. La jeunesse lasse de voir les promesses de l’élite se réaliser, brave les mers à la recherche d’un monde meilleur vers le vieux continent. Ils sont combien à périr dans l’océan. Ils sont tous victime de la cupidité de cette élite. Ces fonctionnaires ne reculant devant aucune forme d’interpellation thésaurisent jusqu’à 7 et 8 milliards. Ils persistent dans le complot, le vol et la concussion jusqu’à s’accaparer des biens qui ne leur seront d’aucune utilité. Ils ignorent, à dessein, les recommandations des saintes écritures et se complaisent dans l’ostentatoire et le faux. La contrainte budgétaire est souvent invoquée par l’élite africaine pour se donner bonne conscience devant les faits catastrophiques observés quotidiennement. Le vieux Baba aurait versé de chaudes larmes s’il lui était donné la possibilité de revenir auprès des siens. L’avènement d’une troisième génération d’élites africaines soucieuses des enjeux économiques, politiques et sociaux du continent relèvera les énormes défis dont fait face le continent. Cependant il faudra injecter une bonne dose de spiritualité dans la formation qui leur sera inculquée. Il ne suffit pas d’être un bon manager pour réussir sa mission. La foi sera l’inspiration à partir de laquelle cette élite puisera la sérénité et la mesure nécessaires à la pertinence de leurs choix et orientations dans la conduites de leur mission.
Posted on: Wed, 28 Aug 2013 12:57:03 +0000

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