Les Vaches, Quand j’étais enfant, je tenais les vaches pour - TopicsExpress



          

Les Vaches, Quand j’étais enfant, je tenais les vaches pour les animaux les plus stupides de la terre. Je me demandais comment ces bêtes qui vivaient en troupeau mais broutaient en solitaire pouvaient continuer à ruminer paisiblement dans leur petit carré de verdure quand, quelques centaines de mètres plus loin, derrière leur étable, on égorgeait leurs veaux… Je me demandais par quel phénomène incroyable, ces bêtes dotées de cornes impressionnantes tout droit dressées au sommet de leur crâne comme des sabres, pouvaient se laisser traire sans se révolter, quand le bourreau venait jusque sous leur ventre s’emparer de sa prochaine victime. Quand j’entendais les veaux à lagonie, gémir en se vidant lentement de leur sang, sous loeil indifférent de leurs mères, je me disais que, malgré leurs grandes oreilles, peut-être les vaches étaient-elles un peu sourdes et que, en dépit de leurs gros yeux tout ronds, peut-être étaient elles aussi un peu aveugles ? J’observais, le soir venu, ces magnifiques animaux imperturbables rentrer bien gentiment à l’étable tout en ruminant tranquillement leur part de chlorophylle. À la queue leu-leu derrière leur tortionnaire, elles déambulaient avec une belle nonchalance, dodelinant de la tête et ondulant de la croupe tout en évacuant de manière intempestive et bruyante leur merde qui s’écrasait mollement en grosses flaques malodorantes et fumantes sur le sang encore chaud de leur progéniture qui teintait dune jolie couleur brique le pavé autrement gris et triste de la cour. Du haut de mes sept ans, jobservais ces bovidés au port de tête altier, fasciné et perplexe, admiratif, je l’avoue, devant leur self control qui faisait qu’on pouvait, sous leurs yeux, assassiner leurs petits sans qu’un seul de leurs cils ne bouge, sans qu’aucun frisson d’horreur ou de dégoût ne vienne agiter leurs grosses peaux de vaches. Je les voyais disparaître dans l’étable pendant que le soleil couchant enflammait les cuirs de leurs veaux, accrochées à un fil tendu devant les lucarnes de leurs mangeoires. Au petit jour, alors que ma nuit avait été peuplée de cauchemars dantesques, ces pauvres vaches que jimaginais féroces dans leur indifférence, s’éveillaient paisiblement pour suivre docilement le bourreau de leurs petits, sans que dans leurs yeux on n’ait pu discerner la moindre trace d’angoisses où de remord. Il les conduisait jusquau près, où, en toute insouciance, elles recommençaient à brouter. On m’expliqua plus tard que ce n’étaient que des vaches, que leur capacité à se résigner au sort quon leur faisait subir à elles et à leurs semblables, était ce pourquoi on les appelle les vaches. On me démontra aussi que ces traits de caractère, propres à lespèce bovine, ne se retrouvaient chez aucun autre mammifère. Je suis tout à fait daccord mais à la condition dy ajouter toutefois lespèce humaine. Quand on regarde les hommes, ne trouvez vous pas en effet, dans la capacité qu’ils ont à ne s’outrager de rien et de s’accommoder de tout, surtout du malheur qui frappent les autres hommes, quelque chose de terriblement similaire aux vaches ? La vache!
Posted on: Tue, 15 Oct 2013 20:23:51 +0000

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