Les jumelles semblaient s’éterniser dans la chambre et je - TopicsExpress



          

Les jumelles semblaient s’éterniser dans la chambre et je laissais ma copine de classe à ses pensées pour les rejoindre. Quand j’ouvrais la porte de la chambre, elles étaient assises sur le bord du lit à papoter, oublieuses du temps qui passait. Ce n’est qu’en fin de matinée, que Florence arrivait on ne sait d’où, la mine radieuse, bras dessus bras dessous avec le jeunot de la veille. Ils étaient trop mignons. On hésitait entre retourner directement chez Bouboule, ou bien faire une virée à Pont Saint Esprit, d’autant que Marc, le nouveau petit copain de Flo, insistait pour nous retenir. On pouvait facilement comprendre pourquoi. Il habitait chez sa sœur ainée juste un peu plus loin. Ils louaient également des canoës et des sortes de gondoles toutes plates, qui permettaient aux touristes de faire tranquillement un tour sur l’eau sans trop se fatiguer. Outre les locations, ils organisaient un méchoui tous les weekends, pour le plus grand plaisir de tous ceux qui, arrivant au terme de leur descente des gorges, n’avaient rien prévu de particulier pour le repas du soir. Sophie, serait ravie de nous accueillir, s’était promis, juré. On se laissait tenter par sa proposition. Après tout, on avait tout notre temps. Avant de quitter « L’Estivant », Claudine nous proposait de repasser par là avant de retourner aux grottes, elle nous donnerait quelques bricoles dont elle voulait soit disant se débarrasser. De toute façon, la roulotte de Sophie n’était pas bien loin, et si on avait besoin de quoi que ce soit, on ne devait surtout pas se gêner. On s’embrassait chaleureusement avant de se promettre de se revoir bientôt. Marc était une sorte de surfeur à la beauté d’ange. Ses cheveux blonds et bouclés lui tombaient jusqu’au milieu du dos, et il s’en amusait, se secouant régulièrement de la tête aux pieds, comme un chien qui vient de sortir de l’eau. Il portait un bermuda qui lui tombait juste à la raie des fesses, et qu’il remontait régulièrement en se tortillant du cul. Florence ne le quittait pas des yeux, et même les jumelles ne se gênaient pas pour attendre que le fameux bermuda, glisse encore un peu, histoire de mâter tout ça. Tout en longeant les bords de la rivière en sautant sur les rochers, il nous expliquait qu’ils avaient débarqué deux ans plus tôt pour passer quelques jours de vacances, et que le proprio du terrain qui se trouvait tout au bord de l’eau un peu plus en amont les avait laissés poser la roulotte sans demander de contrepartie. Très vite Sophie, la sœur de Marc, avait eu l’idée des méchouis et son sens naturel des affaires avait fait le reste. Ils n’avaient commencé à louer les canoës que l’année suivante, et trouvaient largement leur compte pour envisager de rester là quelque temps, avant d’aller vers d’autres horizons. La roulotte devait être à une vingtaine de mètres maximum de la berge. Un ponton prolongé par une allée de planches ralliait la rive à une grande terrasse sur pilotis couverte de bambous. D’une sorte de cabane accolée à la roulotte, nous parvenait une délicate odeur de friture. D’après Marc, sa frangine préparait des accras. Le soleil passait juste derrière les maisons d’Aïguèze quand notre petite troupe arrivait devant la roulotte. Marc appelait sa sœur qui sortait aussitôt, un plat de beignets encore fumants entre les mains, un large sourire sur les lèvres. Après quelques brèves présentations, Sophie nous invitait à nous assoir sur la terrasse, puis déposait son plat d’accras sur la table pour se retirer dans la roulotte et en ressortir avec un plateau garnit d’une bouteille de rhum blanc, un citron vert, et du sucre de canne. « Ti punch ! » nous lançait-elle joyeusement. Elle nous servait une petite rasade dans des verres à moutarde, ajoutait un peu de sucre et pressait un zeste de citron vert là-dessus avant de nous tendre nos verres. On trinquait gaiment, aussi à l’aise que si on était des familiers. Du menton, Sophie nous incitait à piocher dans le plat. Accras et Ti punch, un divin mélange. Marc proposait de préparer quelques brochettes d’agneau et commençait déjà à s’activer devant le barbecue en se tortillant, relevant régulièrement son bermuda, qui retombait aussi tôt. Pour accompagner ça, Sophie proposait de faire quelques frittes. Elle se retirait dans sa cuisine pour en revenir avec un saladier plein de patates : « Ya plus qu’à les éplucher ! ». On s’exécutait d’autant plus volontiers qu’on commençait à avoir sérieusement les crocs. Sophie était une superbe Chabine. Les mêmes cheveux et la même couleur café au lait que son frère. Dans un coin de la terrasse, trônait un buste de plâtre à son effigie, d’une incroyable précision. Voyant qu’on s’attardait à lorgner la sculpture, notre hôte nous invitait à nous y rapprocher, nous certifiant qu’on pouvait également toucher. On se retrouvait tous les trois à caresser ce buste magnifique, tandis que Marc, continuait de se tortiller devant les braises. On avait épluché assez de pommes de terre pour nourrir un régiment. Tandis que la bassine d’huile frétillait, on sirotait nos punchs. Marc s’appliquait à rouler un ‘trois feuilles’ avec sa production perso. On se laissait bercer par le calme de cette soirée. Marie-Ange me pétrissait carrément le bras, trop contente qu’on soit ensembles. Francette avait complètement recouvré sa bonne humeur, et Flo discutait sec avec Sophie, qui lâchait régulièrement de grands rires sonores pour un oui ou pour un non. On passait vraiment de bonnes vacances. Bouboule avait été prévenu que tout allait bien et ne nous attendais pas spécialement.
Posted on: Sat, 21 Sep 2013 03:05:12 +0000

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