Les stars françaises de la musique dans le monde ? David Guetta ? - TopicsExpress



          

Les stars françaises de la musique dans le monde ? David Guetta ? Phoenix ? Vous n’y êtes pas. Le groupe qui met tout le monde d’accord depuis plus de 15 ans, c’est Daft Punk. La sortie en mai de leur quatrième album, « Random Access Memories » après quelques années discrètes, a rappelé cet engouement, bien lancé par le premier extrait déjà estampillé megatube « Get Lucky ». En une semaine, le duo a été propulsé en tête des charts aux Etats-Unis, en Angleterre, en France, et dans de nombreux autres pays, et passé la barre du million d’albums vendus. Un succès hors norme pour un duo singulier, qui se paie le luxe de se balader en paix, à Paris ou ailleurs, en dépit d’une notoriété internationale depuis leur premier succès planétaire, Homework, en 1997. Amis depuis le lycée, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo ont très vite eu l’idée de dissimuler leur visage sous des casques, ce qui leur permet de jouir de cet anonymat auprès du grand public. Et de se rendre sans encombre à une séance d’interviews dans un grand hôtel parisien, à visage découvert. – Vous aviez été reçus dans les studios de Contact (en 2001 et 2007). Vous y aviez rencontré des auditeurs. Quels souvenirs en gardez-vous ? « De bons souvenirs ! On est toujours contents d’aller dans le nord de la France. ça nous rappelle nos débuts, notre première tournée en 1997. Nous avions répété et conçu le spectacle à Lille. Nous y avions passé beaucoup de temps, avec le TGV c’est assez rapide. ça ne nous rajeunit pas mais ça fait plaisir. Quant à la rencontre avec les auditeurs, on est toujours contents de pouvoir intéragir et rencontrer des gens qui apprécient notre musique. Le fait d’être cachés derrière des casques et de rester anonymes, ça rend assez virtuelle la relation avec le public, et c’est toujours agréable de pouvoir mettre un visage sur quelqu’un qui écoute notre musique. Ce sont des moments où nous aussi sommes un peu timides, si ce n’est plus que les auditeurs, mais au moins on se sent un peu dans la même situation qu’eux et c’est assez touchant. » – Vous battez des records de ventes, êtes numéro 1 un peu partout. Existe-t-il une recette Daft Punk ? « Il n’y a pas vraiment de recette, s’il y en avait une, on sortirait des disques plus souvent. On a sorti quatre albums en vingt ans, on essaie de se réinventer, de ne pas se répéter, d’explorer différentes voies, de rester intègres, honnêtes et authentiques dans notre création musicale... La recette, c’est juste d’essayer quelque chose de différent à chaque fois sans doute. » Comment vous est venue l’idée de Random Access Memories ? « Nous avons commencé à faire de la musique pour ce disque en 2008 mais finalement, après l’expérience de Tron (Daft Punk a réalisé la musique du film Tron Legacy, sorti en 2010) et le travail que nous avons fourni avec un orchestre symphonique, nous avons vraiment été intéressés par l’idée de remplacer les machines par des musiciens. C’est sans doute le point de départ de l’album, même si on a l’impression de faire la même musique qu’avant. Un morceau comme Around the World par exemple, c’était inspiré du disco, de la musique de Chic, musique d’une époque qu’on essayait de rendre personnelle. Une grande partie des morceaux de ce disque sont un peu faits de la même étoffe, mais la matière et la manière de créer sont différents. On a remplacé la boîte à rythme par un batteur, certains synthétiseurs par la basse et le piano, etc. » – Le format de l’album va à l’encontre des pratiques habituelles de l’industrie du disque. C’était voulu ? « On a toujours pratiqué le contrepied, quand on a fait Homework déjà, c’était différent du paysage musical au moment de sa sortie, idem avec Discovery... Ce n’est pas vraiment fait en opposition avec le contexte musical, il s’agit plus d’offrir quelque chose de différent, de casser les règles ou les formules. A un moment donné, il nous a semblé judicieux de nous battre pour faire accepter la musique électronique dans un contexte qui la rejettait. Aujourd’hui, c’est intéressant de se concentrer sur certains aspects de la musique, d’essayer de créer de la pop music et de la dance music avec des musiciens, à une époque où la part de création humaine devient de plus en plus petite, dans un monde où la technologie prédomine. On ne cherche pas à faire le contraire de ce qu’on a fait, c’est plutôt une question de dosage, de balance entre l’humain et la technologie. Cette idée de robots qui veulent devenir humains à un moment où les humains deviennent de plus en plus des robots, elle est assez juste. On garde cette fascination pour une sorte de création hybride entre quelque chose de très organique et de numérique. » – Où en est votre passion pour la house, du coup ? « Elle est forte. On estime que dans ce disque il y a une série de principes fondateurs de ce qu’est la house music. La house, historiquement, a été créée dans des caves à Chicago après la mort du disco, par des gens qui n’avaient pas les moyens d’aller dans des studios d’enregistrement mais qui voulaient faire perdurer l’esprit de la fête et de la danse, et qui ont crée des disques avec trois bouts de ficelle. C’était aussi un melting pot de tous les genres, de toutes les races, de tous les genres musicaux aussi, on passait un disque de rock suivi d’un Prince, puis d’un Marshall Jefferson, d’un disque d’acid house, etc. Cet esprit-là s’est un peu perdu dans la musique electro, qui a tendance à être très compartimentée aujourd’hui et où on oublie peut-être ce qui nous a toujours plus dans l’esprit de la house, cet eccléctisme et ce melting pot. À la base, les gens qui aimaient la house aimaient toutes les musiques à un moment où les publics étaient segmentés. C’est vrai qu’aujourd’hui avec l’electro ou la dance, on est assez loin d’une musique qui accepte tous les styles, elle s’est un peu formatée et dénaturée. Donc on aime la house mais pour ses valeurs défendues à l’origine par les DJ et les fondateurs, dans les années 80-90. Après, la musique évolue et la dance music s’est un peu formatée dans un seul registre, très énergique, avec un kit de son assez limité, des sonorités très similaires entre les morceaux et donc une certaine crise identitaire. On prend souvent l’exemple d’un parfum de glace : c’est comme si tout le monde faisait de la glace à la fraise. L’idée de ce disque, c’était de ne pas oublier tous les autres parfums, mais ça ne veut pas dire qu’on n’aime pas la glace à la fraise ou qu’on s’y oppose. C’est pour ça que dans ce disque, ça nous intéressait d’explorer tout le reste. À un moment où les producteurs arrivent à faire des disques très énergiques, qui sonnent bien, qui stimulent le dance floor, ça nous intéressait de faire une musique qui nous manquait. A côté de quoi on passe en tant qu’auditeur ? On s’est alors concentré sur des choses plus douces, plus sensuelles, ou plus légères, ou plus nuancées, avec plus d’émotion parce que c’est quelque chose qu’on retrouve pas dans la musique, et s’efforcer de faire un disque qu’on avait pas fait. C’est très important de se renouveler. Il y a des morceaux dont on est très fiers, mais avec une dimension grisante et déprimante: par exemple, pour nous, un morceau comme Rollin & scratchin’, c’est le morceau ultime qu’on peut faire dans notre définition de la techno, ça ne sert à rien d’en faire un autre, ce sera le deuxième, ça sera moins bien, donc même si c’est un peu triste parce qu’on l’a fait, on a rien d’autre à dire dans ce module parce que ce morceau est là. On a dit qu’on allait remixer nos morceaux. Un remix de Get Lucky va sortir dans quelques jours. On procède étape par étape. Le remix de Get Lucky, il n’est pas plus techno que le morceau, il dure à peu près 10’30-11’, un mix qui prend le temps d’explorer différentes parties du morceau qui ne l’ont pas été dans les 6’ de la version de l’album mais on est pas très éloigné stylistiquement de cette version. C’est intéressant de voir ce qu’est devenue la musique électronique, l’accès à la création numérique, ouvert au plus grand nombre, ce qui est quelque chose de très positif. D’une certaine façon, quand on a sorti les quinze premières secondes de Get Lucky il y a quelques mois, et qu’elles ont été reprises, remixées à maintes reprises de façon amusante par les internautes, à la manière de ce qu’on avait pu faire auparavant, c’était intéressant, ça a montré que toute une partie de ce qu’on faisait auparavant, les gens sont capables de la faire eux-mêmes désormais. Donc est-ce que c’est intéressant de le faire nous-mêmes ? Pas forcément... Si les gens sont capables de participer à ces types de remixes, des gens plus jeunes que nous, qui peuvent prendre de façon plus précise le pouls du dancefloor de cette jeunesse, alors que nous on s’en éloigne... Ce qui était important c’était de faire un disque qu’on ne peut pas faire à la maison, que le public peut pas faire, non pas pour un motif hiérarchique quelconque, mais au moins pour apporter du spectacle et quelque chose de différent. » Vos coups de coeur musicaux actuels ? « (long silence) On était vraiment dans notre bulle ces derniers mois. Dans un registre électro, le dernier album de James Blake. C’est vraiment ce qu’on apprécie aujourd’hui, un chanteur qui s’entoure de boîtes à rythme et de synthétiseurs et qui fait une musique très émouvante, et qui fait se lamenter les synthés, avec un vrai point de vue. On n’a pas l’impression d’écouter un morceau dénaturé ou qui ressemblerait à une bande de sons de synthé sans âme. C’est important que les producteurs et les musiciens reprennent le contrôle sur les machines et arrivent à donner du coeur dans ce groove. C’est difficile, parce que les ordinateurs offrent des solutions clé en main, avec des banques de sons, ça devient comme un jeu, mais qui laisse peu de place à la réelle créativité. En 1995, nous avions tout à inventer, le concept du home studio n’existait pas vraiment, un album fait à la maison, ça n’existait pas, et c’était cette invention qui était un challenge intéressant. Cette nouvelle génération a les cartes en main, elle doit se creuser la tête pour arriver à inventer, à faire une musique différente de celle d’il y a deux ans, cinq ans ou dix ans. Les ordinateurs le permettent, parce qu’on peut tout faire avec, mais ils ont aussi tendance à offrir des solutions de facilité et c’est là tout le problème. » – Thomas, votre père était parolier, notamment pour la Compagnie Créole. Peut-on imaginer un remix du Douanier Rousseau ou du Bal masqué signé Daft Punk? « Non, parce que c’est pas notre délire. Pour l’anecdote, notre lien avec la Compagnie Créole, c’est une boîte à rythme que mon père nous a prêté, une Linndrum, qu’on peut entendre sur Rollin’ & Scratchin’ (extrait survitaminé de Homework), et sur d’autres titres de Homework et Discovery. C’est la même qu’on peut entendre sur une grande partie des albums de la Compagnie Créole. » – Quels conseils vous pouvez donner à des jeunes qui ont envie de se lancer dans la création musicale ? « L’idée, c’est de casser les règles, faire exactement ce qu’on veut. Ne pas imaginer ce que le public veut, mais faire vraiment ce qu’on ressent, essayer de se faire danser et éventuellement ça fera danser les autres. C’est aussi d’essayer des choses, d’expérimenter, de prendre un micro et de taper dessus comme ça, et faire un beat. Encore une fois, si on prend un ordinateur et télécharge un programme, l’idée c’est d’essayer de prendre le contrôle et de l’utiliser de manière inédite. C’est ainsi qu’on peut vraiment avoir une vision. » source la voix du nord
Posted on: Tue, 16 Jul 2013 11:10:14 +0000

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