Lettre ouverte aux enseignants Nous, parents de Khoren Grimaldi, conscients du fait que vous vous sentez concernés par l’accident qui nous touche et que notre démarche de réflexion sur la question de la surveillance des enfants à l’école fait naître des inquiétudes, tenons à réaffirmer à tout le corps enseignant que notre souhait n’est pas de stigmatiser ou pointer du doigt une profession honorable qui mériterait bien plus de respect dans le monde actuel. A nos yeux vous jouez un rôle essentiel dans notre société en diffusant le savoir et les valeurs de la république. C’est pourquoi nous voulons éviter les amalgames et confusions. Nous sommes tout à fait d’accord qu’un accident est vite arrivé, que l’on n’est pas à l’abri d’une mauvaise chute dans des escaliers, d’une bousculade dans la cour de récréation qui tourne mal et que vous ne sauriez avoir en permanence l’œil sur nos enfants lesquels peuvent à tout moment échapper à votre vigilance. Notre fils n’a pas échappé quelques instants à la vigilance de son institutrice, c’est une décision personnelle et un REFUS d’exercer la surveillance dont elle avait la charge que nous pointons comme ayant directement favorisé l’accident. Ce refus déjà exprimé par les mots « Je ne veux plus te voir » et « Va faire comme les manteaux » a concrètement été mis en application par son envoi dans un lieu dont la configuration (renfoncement de couloir) le mettait bien, comme désiré, hors de la vue de son institutrice. Il a donc été sciemment placé là où la surveillance ne pouvait s’exercer. Nous pourrions débattre de la phrase humiliante accompagnant cette décision, de la raison de l’exclusion de notre fils qui ne perturbait pas la classe ce jour-là, discuter de la portée pédagogique du geste pour un simple refus de corriger un exercice à deux semaines de la fin de l’année scolaire ou regretter que certains instituteurs utilisent un peu trop facilement cette punition qui est censée être la solution ultime (comme indiqué dans les circulaires et autres bulletins officiels) … Mais ce n’est pas sur ce point que nous souhaitons porter le débat. Car ce n’est pas le principe de l’exclusion qui a tué notre enfant, mais les modalités de sa mise en œuvre. Ainsi, nous concevons que, pour diverses raisons, vous puissiez être amené à exclure un enfant trop perturbateur, cependant, pas dans n’importe quelles conditions. Rappelons donc les faits : notre fils a été exclu pendant 45 minutes (nous sommes loin d’une simple inattention), seul dans un recoin à l’abri des regards. A aucun moment son institutrice ne s’est préoccupée de savoir comment il allait ni ce qu’il faisait. C’est lui-même qui s’est manifesté en demandant à deux reprises à réintégrer la classe et s’est vu rejeter dans ce couloir toujours dans les mêmes circonstances. L’accident a eu lieu à proximité de la salle de classe mais il aurait tout aussi bien se produire à l’autre bout de l’établissement ou dans la rue qu’il pouvait atteindre… comment l’aurait-elle su en ne le surveillant pas et ne pouvant pas le faire ? Même cette phrase assassine : « En classe, les écoliers travaillent, tu nas pas un comportement décolier, va faire comme les manteaux qui ne travaillent pas » aurait pu rester sans conséquence si l’on n’avait pas laissé notre fils mûrir son geste au fur et à mesure que la frustration l’envahissait. Sentant venir l’heure de la récréation il lui a probablement paru plus honorable de faire rire ses camarades que de se plaindre ou de subir les moqueries initiées par son institutrice. Le procès qui a eu lieu (et qui a confirmé la responsabilité de l’institutrice dans ce manquement à la surveillance dont elle avait la charge sans pouvoir sanctionner) n’était pas celui d’une profession mais celui d’une personne au comportement que nous croyons marginal, dont le manque de discernement a causé la mort de notre enfant. Nous sommes persuadés que travailler pour donner un cadre concret, établi et identique pour tous les établissements scolaires c’est aussi vous protéger tout autant que nos enfants ! Parce que nous croyons à votre implication et votre professionnalisme, nous poussons l’ambition plus loin que justifier notre démarche nous espérons même que vous pourrez la soutenir car elle vise à valoriser votre mission et prévenir d’autres drames. Qu’il vous soit permis de le faire librement, sans pressions pour que ce ne soit plus une utopie que parents et enseignants collaborent efficacement à la création d’une école meilleure pour tous ! Merci.
Posted on: Mon, 04 Nov 2013 15:50:30 +0000