Lettre ouverte à Monsieur le Président de l’UPC Je voudrais comprendre… Lors de votre entretien sur la radio Ouaga FM, le mercredi 26 juin 2013, dans la soirée, parlant des élections couplées de décembre 2012, parlant de la confection de vos affiches de campagne, vous avez déclaré les avoir confectionnée hors du pays pour raison de coûts élevés. Cette révélation sur les ondes m’a profondément bouleversée même si par ailleurs vous ajoutiez avoir réglé tous les droits de douane à l’entrée et justifier votre geste par la pauvreté relative de notre parti. Et pourtant, vous reprochez ces genres de méthodes à ceux que nous combattons. Certes nous avions besoin de ces visuels pour faire connaître le logo de notre cher parti qui allait à sa première bataille électorale mais, Monsieur le Président, la manière dont nous les avons obtenus me choque et me frustre profondément. En effet, au moment où notre économie et nos entreprises sont fragiles, vous avez privé nos imprimeurs d’un marché vital en une période cruciale où la moindre entrée d’argent leur permet de préserver des emplois et de retarder l’échéance. Pire, vous avez organisé une sortie de devises du pays en voulant en gagner. Vous semblez oubliez que si les coûts sont élevés dans notre pays, c’est parce que nous dépendons beaucoup de l’extérieur. Du reste, en imprimerie, plus les quantités sont importantes, plus les coûts baissent. Et, nous aurions pu aussi jouer sur de nombreux facteurs tels que la quantité, la qualité du papier, le format, la mise en concurrence… et les confectionner sur place. Notre maigre argent serait resté chez nous et nous aurions contribué à fortifier notre économie et à lutter contre le chômage et la pauvreté. Du reste, quand on sait que le mois de décembre est celui où l’on règle les dernières tranches de frais de scolarité dans notre pays, on se demande combien d’enfants de familles vivants de la longue chaîne de l’imprimerie, ce milieu où l’on vit de jour en jour, sont partis de l’école à la rue par ce marché non accordée à leurs parents. Certes vous avez régler les droits de douanes mais je ne vous ferez pas l’insulte en disant qu’en les faisant sur place, le Trésor Public aurait engrangé plus car l’assiette des taxes ne se serait pas limité à la seule recette à l’entrée. Des pays comme le Danemark ont bâti leur stabilité économique sur le recouvrement optimal des recettes intérieures et sur le civisme fiscal. C’est loin d’être votre cas, vous qui avez ainsi fait dans l’évasion fiscale. On se demande comment vous ferez quand vous serez à Kosyam. A moins que, Monsieur le Président, vous ne nous cachiez des choses sur le financement de notre campagne. En effet, si avez eu à payer des frais de douane pour ces affiches cela veut dire qu’elles n’avaient pas une origine communautaire (CEDEAO, UEMOA). C’est vraie que des pays comme ceux des dragons asiatiques proposent des prix imbattables en la matière mais quand on sait comment leurs ouvriers sont exploités et rémunérés en monnaie de singe, on n’aimerait pas bâtir notre victoire sur le sang et la misère de ces parias. Et que dire de la lutte contre la délocalisation des entreprises et des emplois que vous semblez fouler du pied. Un combat cher aux Européens, nos modèles en tout. En outre, la solidarité est une des vertus prônées par notre parti qui vit, fonctionne ainsi avec la contribution de ses membres. Ces moyens sont insuffisants mais seul l’engagement et la détermination comptent. Vous ne cessez de nous le répéter. Alors, le dragon chinois nous a-t-il offert ces affiches et plus… en finançant notre campagne ? Monsieur le Président, je voudrais savoir pour qui et pour quoi nous roulons ? Quelle en est la contrepartie ? Je voudrais comprendre. Comprendre parce que j’ai confiance et foi en vous, même si, en regardant dans le rétroviseur, j’ai peur… En effet, vous étiez dans le même camp que nos adversaires politiques actuels, occupant les postes stratégiques de ministre de l’industrie, du commerce et des mines et de ministre de l’Economie et des finances. A ces fonctions vous avez eu à gérer le Programme d’ajustement structurel (PAS) et notamment le célèbre processus de privatisation dont vous étiez la tête pensante et la main agissante puisque la fameuse commission nationale de privatisation était sous votre autorité. Vous l’aviez même renforcé en initiant une loi N°35/94/ADP du 01/07/94 et son décret d’application N°94/411 du 21/11/94 qui définissaient les entreprises à privatiser, les opérations de privatisation, les critères de choix des repreneurs, les modalités de répartition des produits…etc. Une dernière loi, N° 36/94/ADP que nous vous devons aussi autorisait la privatisation de 19 sociétés. Votre liste venait compléter une première de 22 sociétés à privatiser totalement ou partiellement ou à liquider… Ce sont : la Société Burkinabè de Crédit Automobile (SOBCA), la Société Industrielle du Faso (SIFA), la Société Burkinabè de Manufacture du Cuir (SBMC) actuel Tan Aliz, la Société Burkinabè des Cuirs et Peaux (SBCPC), la Société National d’Approvisionnement en Produits Pharmaceutiques (SONAPHARM), la Société National d’Assurance et de Réassurance (SONAR), Flex FASO, les Grands Moulins du Burkina (GMB), FASOPLAST, Zama Publicité, SOBBRA, BRAKINA (où vous avez même été le n°2), la Société Nationale des Chemins de Fer du Burkina (SNCFB), le Centre National Avicole (CNA), l’Office National des Intrants Zoo techniques et Vétérinaires (ONAVET), la RTNC X9, Burkina et Shell, la Société National de collecte, de traitement et de commercialisation du riz (SONACOR), la Société Nationale du Cinéma du Burkina (SONACIB), la Société de Location de Matériel (SLM), la Société nationale de transit du Burkina (SNTB), la SOSUCO, FASO FANI, la Société de Financement et de Vulgarisation de l’Arachide (SOFIVAR), l’Imprimerie Nationale du Burkina (INB), la Caisse de Stabilisation des Prix des Produits Agricoles (CSPAB), Faso Yaar, la Société des Huiles et Savons du Burkina (SHSB-CITEC), la Société National de l’Industrie de la Chaussure (SINAC), la Société de Production d’Alcool (SOPAL), la Société Nationale des Carreaux du Burkina (SONACAB), la SAVANA, la Société Burkinabè d’Emaillerie (SOBEMA), la Compagnie minière de manganèse de Kièré, Faso Tours, la SOCOGIB, le Centre National d’équipement agricole (CNEA), l’Unité de Production Maraîchère et Céréalière du Houet (MACEHOU), l’Unité de Production Fruitière, Maraichère et Céréalière (FRUICEMA) et FEED-LOT Comoé qui fait dans l’embouche bovine et ovine. Toutes ces sociétés n’étaient pas que des gouffres à sous pour l’Etat. La preuve, elles ont presque toutes été vendues. C’est sans doute une performance que l’on vous doit mais on se demande pourquoi vous ne nous direz pas ce qui s’est vraiment passé au moment ou vous appelez le peuple à sortir massivement le samedi 29 juin pour marcher contre le Senat, la vie chère, le chômage et la pauvreté. Quelle a été votre responsabilité personnelle dans cette gestion qui a mis beaucoup de famille dans la rue, la misère et la pauvreté ? C’est bien de dire que les autres sont mauvais mais quand on fait comme le Chat qui était à la Mecque faisant croire qu’un pèlerinage suffit à vous rendre blanc et à vous absoudre… Hélas, telle la souris qui l’a appris à ces dépens en allant au « doa » de retour de la Mecque du Chat, ma désillusion risque d’être grande. Sur notre combat politique concernant le Senat, je n’ai rien à dire pour l’instant. Sur votre détermination à améliorer le quotidien des burkinabè, j’en doute maintenant au regard de votre lapsus de mercredi soir et de votre parcours lointain et récent. En effet, un article de Mediapart titré « Areva dans le scandale d’UraMin: Balkany et le retour des Katangais » et publié le 23 janvier 2012, vous attribue ces propos : « Je crois bien que nous sommes l’unique entreprise au monde à avoir ce type de mandat. De plus, nous brisons un tabou. C’est la première fois que l’on ose parler d’exploration d’uranium en RD Congo, une activité jusque-là du domaine réservé de l’Etat ». La suite, on la connaît, vous saviez que l’opération n’était pas rentable pour AREVA mais vous avez voulu briser un tabou qui aura coûté plus de 5 millions d’Euros au contribuable français et mis votre société en faillite. C’était votre mandat. Pour notre pays, c’est quoi votre mandat ? Vous vous êtes ensuite retrouvé politicien défendant comme toujours vos intérêts mais nous entraînant nous dans la rue pour assouvir vos ambitions présidentielles car c’est bien de cela qu’il s’agit. Sinon comment comprendre que lorsqu’il s’est agit d’augmenter le nombre de députés à l’assemblée, vous n’avez pas appelé à la marche ? Quelqu’un a dit que la démocratie était un luxe pour les africains et on l’a arrosée de remontrances. Je suis d’accord que vous voulez défendre vos intérêts mais je suis révolté de vous voir profiter de la misère et de l’analphabétisme de la majorité des Burkinabè pour assouvir vos ambitions personnelles. J’attendais de vous plus d’honnête politique mais je n’ai récolté que du machiavélisme. Enfin, comme tout bon politicien vous êtes même père, même mère, la peste et le choléra. Eux au moins, ceux du gouvernement, lorsque nous éternuons, ils se cassent en deux pour satisfaire tout ou parti de nos préoccupations. En témoigne les récentes mesures prises après leurs sorties gouvernementales. Vous, Monsieur le Président, quand ça barde comme ce fut le cas à AREVA, vous allez voir ailleurs laissant la pauvre Anne Lauvergeon sombrée seule dans le bateau. A Areva, elle était le commandant. Elle mérite son sort. Ici, c’est vous le commandant. J’espère que vous savez ce que vous faites. Suivez mon regard et voyez ce qui arrive à Morsi en Egypte et à Moncef en Tunisie. Peut-être, n’est-il pas tard car le soleil brille fort au Faso et vos ailes en cire pourraient fondre compte tenu de l’histoire des partis politiques dans notre pays. En attendant, je croise les doigts et je prie fort que Dieu et les mânes des ancêtres préservent le Faso. Et surtout, je voudrais bien comprendre ! Asmad Lingani, sympathisant de l’UPC [email protected]
Posted on: Thu, 27 Jun 2013 19:39:28 +0000