L’équilibriste Jusqu’ici, j’ignorais qu’il y avait aux - TopicsExpress



          

L’équilibriste Jusqu’ici, j’ignorais qu’il y avait aux alentours de la terrasse annuelle de mon bistrot préféré, des plaques d’égout. Un jeune à vélo me l’a fait remarqué en venant s’encastrer dans une d’entre elles. C’est l’été, il fait chaud, beau et les hommes sont de sortie. A bicyclette ! A bicyclette ! Pendant cette période de l’année, certains prennent un air de déjà vu et d’autres en profitent inlassablement. Ce jeune homme maintenant encastré dans ce puisard, surpris par sa propre personne et par l’inadvertance d’un employé de la voirie oubliant de refermer derrière lui, peut, malgré tous les déchets qui l’entourent, exclamer qu’il a survécu à un premier test de l’été. En été, on ne croise que deux grandes catégories de personnes : celles qui profitent des ballades en tout genre, au bord de la plage, en montagne, le long d’une rivière…etc. Les optimistes. Et de l’autre, celles qui se montrent tellement jusqu’à frôler le trop. Les tropoptimistes. Les autres au milieu, on ne les voit pas. On ne sait même pas comment les nommer ceux là. Ce jeune garçon, en tombant dans le trou d’égout se retrouve certes dans une mauvaise posture. Mais, ce dernier doit certainement s’estimer chanceux ; en plus, il est resté dans ma mémoire. Il peut se dire : Combien sont morts (es), noyés (es) dans la précipitation, en engouffrant les grands parents dans l’effroi de l’âge et les parents dans une détresse qu’ils baptiseront été ? Combien luttent maintenant à l’hôpital entrain de suffoquer, malgré l’air conditionné dans des boites ou les ventilateurs qui tournent à plein régime pour soulager les malades, le personnel et les visiteurs. L’étreinte du soleil semble être trop entreprenante cette période. Je vous ai raconté que je n’avais pas réalisé qu’il y avait les égouts. C’est bien vrai. Car, je suis du genre à m’asseoir là et observer les âmes qui passent à travers l’histoire avec beaucoup de précipitation ; aussi, je vis souvent comme quelqu’un qui habite les nuages ; pire encore, je suis trop fréquemment dans le feu de l’action. Histoire d’équilibre. Ce jeune homme n’a pas eu trop de chance ou de vigilance. Ce moment d’inattention l’a un peu secoué voire amoché. Il est jeune, il se relèvera. C’est peut-être ça l’équilibre, surveiller les moments d’inattention. Il y avait du monde qui riait quand le jeune a trébuché avec son vélo dans le trou. La faute à qui si certains en rigolent. A personne. On n’est pas obligé de tout déceler du premier coup. On n’est pas censé tout comprendre pourra-t-il se défendre si on lui reproche quelque chose. Cela arrive à tout le monde d’être un peu borderline. Le jeune est tombé dans le tout-à-l’égout et son deux roues avec, certains en font une plaisanterie avant de lui porter secours; Ce dernier a compris sur le coup qu’il fallait désormais se concentrer pour rouler. Et comme s’il voulait truquer le spectacle dont nous étions tous témoins, sourire aux lèvres et l’insouciance que l’on reconnaît aux adolescents (es), il s’est relevé au bout de cinq minutes, faisant mine de rien, il est parti. Il était torse nu, portant les traces du soleil comme un tricot de corps, un pantalon sans couleur (car je ne saurais pas vous le dire); tête au vent et le vent en poupe, il est remonté sur son vélo sur lequel il s’est empressé de remettre les chaines et s’est effacé dans ce paysage encombré qu’est l’été, au loin, d’un air fier. Problème, je ne sais pas dans quelle catégorie le placer. Quel équilibriste ! E.A (ewabongolo), Le Havre 26 juillet 2013.
Posted on: Sat, 27 Jul 2013 11:13:19 +0000

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