MALI : UNE CÉRÉMONIE FUNÉRAIRE CORPORATISTE Mission accomplie. - TopicsExpress



          

MALI : UNE CÉRÉMONIE FUNÉRAIRE CORPORATISTE Mission accomplie. Atrocement accomplie. Au moins, la France entière sait maintenant que le terrorisme na pas été éradiqué au Mali. Quil reste au moins une ville, Kudal, de laquelle les militaires français se tiennent prudemment à lécart, labandonnant aux mains de groupes touaregs rivaux (voir notre émission de janvier (1)), qui y dictent la loi, et peuvent y pratiquer en toute impunité lenlèvement en plein jour. Si Ghislaine Dupont et Claude Verlon avaient achevé le reportage pour lequel ils étaient partis à Kudal, sils lavaient diffusé dans la spéciale Mali prévue sur RFI cette semaine, quel eût été limpact de ce reportage ? Deux vies : cest cher payer une information que lon aura oubliée demain, mais au moins est-elle passée. Que Ghislaine Dupont et Claude Verlon naient rien fait dautre que leur métier, est une évidence. LEtat-major français de Bamako leur avait déconseillé le voyage de Kudal, et avait refusé de les acheminer ? Et alors ? Cest le rôle de lEtat-major, pour de bonnes et de mauvaises raisons, de ne pas vouloir sencombrer, dans certains bourbiers, de témoins indépendants. De mauvaises raisons : pas la peine de ternir les brillants succès, avec des reportages sur les enlisements. Mais aussi de bonnes : dans les jambes dune armée en campagne, des voitures de journalistes offrent à ladversaire une cible supplémentaire, et facile. On sait tout ça. Et ces conseils de prudence reçus, il est de la responsabilité de chaque media de peser ses risques, et de prendre ses reponsabilités. La double exécution à peine connue, les rares informations dont on disposait furent noyées, sur toutes les ondes, sur tous les sites, dans une vaste cérémonie funéraire corporatiste. Il ne sagissait pas dinformer, mais de pleurer les confrères, et de condamner la lâcheté des barbares. Lémotion avait fait basculer le système dans la pure et simple propagande de guerre, lui faisant oublier que cette double exécution était un acte de guerre, totalement barbare certes, mais ni plus ni moins que bien dautres, qui ne parviennent jamais à notre connaissance. Lenquête dira si ce fut un crime de hasard, ou si le coup a été monté, et avec quelles complicités. Elle éclaircira aussi -souhaitons-le- les témoignages sur la présence dun hélicoptère dans le ciel de Kudal, juste après lenlèvement, contrairement à la première version des militaires français, témoignages dont faisait précisément état RFI, ce lundi matin. Souhaitons que ces enquêtes soient aussi libres, aussi franches, que celles qui furent publiées après la libération des otages dArlit, la semaine dernière, et qui établirent sans lombre dun doute que la France, en dépit des discours officiels, avait bel et bien payé une rançon. Daniel Schneidermann
Posted on: Mon, 04 Nov 2013 09:16:21 +0000

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