Mahmoud Darwich. Gravés, calligraphiés, dansés, mis en musique, - TopicsExpress



          

Mahmoud Darwich. Gravés, calligraphiés, dansés, mis en musique, les vers du poète palestinien ont fait vibrer la semaine dernière la capitale algérienne. Un hommage à une icône de l’espoir. Alger célèbre le poète C’est dans les halls blancs éclatants du Musée d’Art Moderne d’Alger, le MAMA, que s’est tenue l’inauguration de la manifestation « Mahmoud Darwich, une vie de poésie », organisée par l’AARC (Agence Algérienne pour le Rayonnement Culturel) en partenariat avec les éditions Barzakh. Inaugurée par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, l’exposition présentera pendant un mois vingt gravures de Rachid Qurayshi, rassemblées pour la première fois. Ami de Darwich depuis 1981 à Tunis, le peintre et plasticien algérien a voulu « saisir esthétiquement l’émotion à la naissance de son poème (…) » et suivre « le jaillissement de ces textes dans une exaltante aventure picturale ». La Qacida de Beyrouth, Le jour de la terre, Une belle dans Sodome, s’étirent ainsi en lettres d’encre noire face aux calligraphies de Hassan Messaoudi. Les courbes aiguës des lettres entraient en résonance avec la voix profonde du poète de la résistance qui accompagnait les mouvements sobres et épurés de Nacera Belaza et sa co-danseuse dans une chorégraphie « élaborée dans l’intimité des textes de Mahmoud Darwich ». Discrète, cette performance de danse contemporaine a eu du mal à s’imposer dans l’affluence de l’inauguration, au milieu d’une foule dispersée. Le lendemain, l’assistance écoutait attentivement Inaam Bioud lire le célèbre J’ai la nostalgie du pain de ma mère/Du café de ma mère/Des caresses de ma mère, Une leçon du Kamasutra, Ceux qui passent par des paroles éphémères. La poétesse algérienne a choisi une lecture très personnelle, a su éviter un ton trop grandiloquent, chavirant entre des intonations graves et des accents sensuels. Limpides et doux, les mots résonnaient dans l’enceinte de la splendide Villa Abdel-Latif, ancienne demeure ottomane surplombant la ville, transformée en résidence pour écrivain. Elle accueillera, à l’occasion de Mahmoud Darwich, une vie de poésie, un poète palestinien d’Al-Qods, Najwan Darwich, et un poète algérien, Abdallah El Hamel, qui pourront se laisser inspirer par la sérénité blanche de la demeure lovée dans la forêt ou se confronter, en contrebas, à l’animation de la ville populaire. Le soir même, les vers de Darwich étaient mis en musique et chantés par Moneim Adwane, compositeur et oudiste palestinien, très applaudi, ainsi que les musiciens au nay, au violon et aux percussions : « Hier, au port/ je t’ai aperçue, tu t’apprêtais à embarquer, seule, sans parents ni provisions ». Il s’agissait « d’approcher la richesse de son œuvre par la diversité », dit Sofiane Hadjadj, co-éditeur de Barzakh, à l’initiative de l’événement. Le débat autour de « l’œuvre et la vie » du poète de la résistance, animé par Rachid Boudjedra, a été mené par Rachid Koraichi, Farouk Mardam Bey, ami et éditeur de Mahmoud Darwich, et Elias Sanbar, traducteur du poète vers le français. Est animée par Inaam Bioud la table ronde sur la traduction, les témoignages de Francesca Corrao, Luz Gomez Garcia et Adel Karachouli, respectivement traducteurs de Darwich vers l’italien, l’espagnol et l’allemand. Plusieurs poètes ont enfin affronté leurs appréhensions diverses du rôle du poète : Mohamad Bennis du Maroc, Abbass Beydoun du Liban, Breyten Breytenbach de l’Afrique du Sud (voir encadré), et Najwan Darwich, jeune poète palestinien, qui tient à répéter que le poète de la résistance n’est pas au-dessus de toute critique. Cette manifestation aura été un moment d’émotion fort, comme lors de la présentation d’une vidéo de 30 mn qui reprenait des images inédites. « Au cours de nos recherches, nous avons retrouvé dans les archives de la télévision algérienne des lectures inédites de Darwich à Alger, entre autres en 1971 », a ainsi raconté à Al-Ahram Hebdo Hadjadj. Mais également un moment de réflexion sur l’évolution d’une œuvre identifiée à la résistance palestinienne et sur le rapport des nouvelles générations aux écrits de celui qui disait : « Je suis la fine fleur de la jeunesse/Le plus vaillant cavalier je suis/Et le destructeur d’idoles ».
Posted on: Wed, 21 Aug 2013 20:37:15 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015