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Mali: ce que révèle lassassinat des journalistes de RFI Lenlèvement et le meurtre de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon témoignent de linsécurité qui règne dans lextrême nord-est du pays. Lassassinat, samedi près de Kidal, des journalistes de Radio France Internationale (RFI) Ghislaine Dupont et Claude Verlon témoigne cruellement de lextrême précarité qui prévaut dans le nord-est du Mali, près de dix mois après le déclenchement de lOpération Serval. Un mot dabord sur les circonstances de ce kidnapping fatal. Tandem chevronné, familier des zones de conflit et du continent africain, le duo de RFI avait rallié Kidal mardi 29 octobre, à bord dun avion de la Minusma, la Mission onusienne au Mali. Il y préparait une série dinterviews et de reportages appelés à alimenter une émission spéciale programmée le 7 novembre sur la radio mondiale. Un camouflet pour les forces pacificatrices Cest précisément au sortir dun entretien avec Ambéry Ag Rhissa, lun des leaders du Mouvement national de libération de lAzawad (MNLA), fer de lance de la rébellion touarègue, que Ghislaine et Claude ont été enlevés vers 13H00 locales -14H00 à Paris- par un commando armé. Selon le récit de leur chauffeur, la première a entrepris sans succès de parlementer avec les ravisseurs, leur offrant de largent, tandis que son compagnon tentait vainement de résister. Tous deux ont alors été embarqués de force à larrière dun pick-up Toyota de couleur beige, qui a aussitôt mis le cap à lest, vers la localité de Tin-Essako. Leurs corps, atteints lun et lautre de plusieurs balles, ont été découverts deux heures plus tard à une douzaine de kilomètres de Kidal par une patrouille française. Ils gisaient non loin dun autre 4x4 aux portières verrouillées et vierge de tout impact. Autant de faits qui tendent à accréditer lhypothèse dune exécution sommaire, commise par un gang désireux de séclipser au plus vite, fut-ce à pied. Cela posé, il convient de noter quà en croire létat-major de Serval, la colonne lancée à la recherche des disparus na jamais été au contact des fuyards. Et que les deux hélicoptères aperçus dans le ciel de Kidal, partis de la base de Tessalit, seraient parvenus trop tardivement sur zone pour prendre en chasse les coupables. Ce tragique enlèvement, perpétré en plein jour, constitue un terrible camouflet pour les forces censées pacifier cette région tourmentée: le détachement local du dispositif Serval, fort denviron 200 hommes, la Minusma, larmée régulière malienne, mais aussi le MNLA canal historique, engagé dans dâpres négociations avec les autorités maliennes quant au statut administratif des confins septentrionaux du pays. Il atteste aussi la capacité de cellules terroristes de frapper, en dépit du succès initial de lOpération Serval, qui était parvenue à refouler lalliance djihadiste formée par Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), le Mouvement pour lunicité et le Jihad en Afrique de lOuest (Mujao) et Ansar-Dine, faction islamiste touarègue. Il révèle enfin la fragilité de la normalisation politique amorcée en août dernier par lélection à la présidence dIbrahim Boubacar Keïta, alias IBK, et que devait consolider le scrutin législatif fixé, sagissant du premier tour, au 24 novembre prochain. Le MNLA navait aucun intérêt à assassiner les journalistes Située au sud du massif des Ifoghas, non loin de la frontière algérienne, à 1500 kilomètres au nord de Bamako, Kidal est tout à la fois lun des berceaux de lirrédentisme touareg et le bastion du MNLA, mais aussi lune des places fortes dIyad ag Ghali, le fondateur dAnsar-Dine, dont le fief se situe à Abeïbara, au nord de la ville. Laquelle apparaît, depuis le déclenchement de linsurrection de 2012, comme un foyer de tension permanent. Pour preuve, les accrochages survenus fin septembre entre larmée nationale, qui tentait, en vertu daccords signés le 18 juin à Ouagadougou (Burkina Faso), de reprendre pied dans cette cité indocile, et le MNLA, qui la gouvernait de facto depuis la retraite des djihadistes, chassés par une offensive franco-tchadienne. A lépoque, seule linterposition de Serval et de la Minusma avait permis de contenir les affrontements. Situation inadmissible, insoutenable, intolérable, avait tonné IBK fin octobre. Autre indice de la persistance du péril, lattaque attribuée voilà une dizaine de jours à une faction islamiste, et qui visait des soldats tchadiens. La souveraineté de lEtat nest pas effective dans la région de Kidal La région de Kidal, a reconnu ce dimanche sur France 24 Soumeilou Boubèye Maïga, ministre malien de la Défense, est la seule où la souveraineté de lEtat nest pas effective. De fait, les effectifs présents, cantonnées pour lessentiel sur laéroport, ne sont pas en mesure de sillonner une région vaste au relief rocailleux, riche en planques et donc propice aux coups de main terroristes. Les officiels bamakois, qui ont noté récemment le retour dans Kidal de combattants dAnsar Dine, ladmettent depuis plusieurs semaines: des infiltrations dislamistes radicaux sont possibles, sinon probables , Même si, en labsence à ce stade de toute revendication, on en est réduit aux conjectures, tout porte à croire que lassassinat des deux journaliste de RFI doit être imputé à une phalange djihadiste. Certes, selon les témoins, les ravisseurs parlaient le tamasheq, la langue des Touaregs. Mais il est clair que le MNLA, qui aspire à jouer un rôle crucial sur léchiquier politique de demain, na aucun intérêt à attirer ainsi sur lui lopprobre. La fragmentation des nébuleuses armées actives dans cette zone grise brouille les écrans radars. Car les lignes de fractures passent aussi entre clans touareg rivaux, dont certains nont pas renoncé à la chimère de linstauration dun émirat islamique saharo-sahélien. Dautres contentieux opposent Arabes et Touaregs. Plus prosaïquement, le contrôle des trafics transfrontaliers -armes, drogues, migrants- voire, dans lavenir, de la manne supposée financer le développement de la région, aiguise aussi les antagonismes. On ne saurait en outre écarter un autre scénario: celui dun gang criminel qui souhaitait monnayer son butin humain auprès dune des planètes de la galaxie djihadiste, et en aurait été empêché par la promptitude de la réaction française. Une certitude: voilà des semaines que linquiétude croît dans le Nord malien, du fait de la recrudescence des attaques djihadistes dans les secteurs de Kidal, Tessalit, Gao et Tombouctou. A tel point que Bert Koenders, le patron de la Minusma, avait plaidé à la mi-octobre en faveur de lenvoi de renforts en effectifs et en matériel. Un lien avec la libération des otages dArlit? Autre évidence: le meurtre abject de Ghislaine Dupont et Claude Verlon anéantit le fugace soulagement né du retour à la liberté le 29 octobre, après plus de trois ans dune éprouvante captivité, des quatre otages français enlevés à Arlit (Niger). Faut-il y voir une forme de châtiment infligé à la France officielle? A tout le moins, une cuisante piqûre de rappel. Sil paraît prématuré détablir un lien direct entre lheureux dénouement du long calvaire de Daniel Larribe, Thierry Dol, Marc Féret et Pierre Legrand et lassassinat des envoyés spéciaux de Radio France Internationale, certains experts avancent que la répartition de la rançon -estimée à 20 millions deuros environ- auraient pu attiser les hostilités entre groupuscules rivaux. Autre lien envisagé entre les deux épisodes: le rôle joué, selon des sources nigériennes, par Iyad ag Ghali. En échange dune impunité implicite, le caïd dAnsar Dine aurait activé ses réseaux en faveur de la libération des salariés dAreva et de Vinci. Ce dimanche matin, François Hollande a présidé à lElysée une réunion de crise, à laquelle participaient aussi le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, la Garde des Sceaux Christiane Taubira, un proche collaborateur de leur homologue à la Défense Jean-Yves Le Drian, ainsi que les chefs des services de renseignement. Capitale isolée dans le bourbier malien, Paris semble résolu à intensifier la sécurisation du secteur de Kidal, quitte à accroître la visibilité des forces hexagonales. La guerre engagée au Mali a sans doute changé de nature, mais elle ne fait à coup sûr que commencer. lexpress.fr/actualite/monde/afrique/mali-ce-que-revele-l-assassinat-des-journalistes-de-rfi_1296259.html
Posted on: Sun, 03 Nov 2013 19:19:20 +0000

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