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NEWS: MAURITIUS (ledefimedia) Quand les « ti dimoune » interpellent les « grand dimoune » - L’intervention de deux auditeurs de Radio Plus, jeudi dans le cadre de l’émission « La Voix du Peuple », mérite qu’on s’y attarde. Leurs réflexions devraient faire pâlir les plus «grands dimounes» de ce pays. Surtout ceux qui sont éduqués, mais qui ont des réflexes reptiliens en certaines occasions. Ces deux auditeurs se sont posé des questions sur le comportement des « personnalités honorables » de notre société. Ils se sont interrogés sur le caractère séculier de notre État de droit. Ils se sont demandé si certains hauts responsables comprennent réellement la valeur de leurs fonctions, le poids de leurs responsabilités et ce qu’ils sont censés représenter comme symboles et exemples aux yeux de la population. Ces deux auditeurs ont aussi fait référence à la présence des juges à certaines fonctions, apparentées, à tort ou à raison, à des réunions « Nous Bannes ». Ainsi que la perception que cela pourrait renvoyer au reste de la population. L’un deux s’est interrogé sur l’effet que cela doit faire dans le public lorsqu’un juge est vu à un banquet avec des commerçants de sa communauté. Ou lorsqu’un autre se retrouve en grande conversation parmi ses coreligionnaires sous prétexte de fête culturelle. Ou encore lorsqu’un juge s’est cru forcé d’assister à une convention communautaire, alors qu’un autre avait été fêté par des notables spécifiques. Tout cela sans arrière-pensée aucune, comme de bien entendu. Ces deux auditeurs se sont aussi demandé ce que le grand public devait penser en voyant un membre du judiciaire faire « coutiou, coutiou » avec les plus hauts responsables politiques du pays, sous l’œil complaisant des caméras de la MBC. Si c’est cela la version publique du comportement de certains dignitaires, ont demandé ces auditeurs, que faut-il penser de leur comportement en privé ? Il faut dire que ces questions interpellent, car il y a des faits et gestes, pas seulement venant des juges, mais des dignitaires en général, qui laissent pantois. Surtout ceux-là mêmes qui, en raison de la réserve que leurs fonctions leur imposent, devraient garder profil bas. Cela, afin de ne pas créer des doutes dans l’esprit des gens, mais aussi afin d’éviter de s’exposer à des situations qui pourraient les embarrasser éventuellement dans l’exercice de leurs fonctions. C’est vrai qu’il est difficile de vivre en ermite dans une société de communication, où le paraître est plus important que l’être. Mais il y a des professions qui sont davantage des sacerdoces qu’une partie de plaisir. On ne devient pas prêtre pour se retrouver aux bras de la Cicciolina. Le concept de predictability en matière de comportement institutionnel est important. Car si un grand serviteur de l’État n’a pas le comportement que le public est en droit d’attendre de lui, qui l’aura ? Le délinquant du coin de rue ? Si le commis de l’État ne respecte pas sa charge, doit-il s’étonner que l’homme de la rue finisse par l’insulter ? Il y a des fonctions qui, pour la bonne réputation des institutions, exigent un minimum de décorum et de dignité de la part de leurs occupants. Ceux-là devraient faire la différence entre leur personne, qui a une expiry date, et la permanence de l’institution, censée servir des générations à travers l’Histoire. Or, certaines accointances et pratiques, si l’on n’y fait pas attention, risquent, à terme, de dévaloriser la fonction. Ce n’est pas un compliment lorsqu’un ministre – symbole de conflit d’intérêts – lance sur une radio, pour se défendre, qu’il y a bien un juge qui siège sur le Board de la Tertiary Education Commission. Ce même organisme est incapable d’enquêter sur des universités de coin de rue qui délivrent des diplômes de quatre sous à des enfants pauvres. La pratique de l’arbitrage privé par des juges, à coups de millions de roupies, a aussi donné l’impression que la justice avait un prix à Maurice. Heureux encore que certains cabinets d’avocats aient compris qu’une telle pratique leur fait de la concurrence déloyale. Mais plus fondamental, il est malsain qu’un prix soit mis par le privé sur le travail d’un juge en fonction. Bien sûr, rien n’empêche un juge à la retraite de s’adonner à l’arbitrage privé ou encore un juge de démissionner de ses fonctions afin de s’y adonner, si tel est son désir. Mais il ne faut surtout pas se tromper de fonction ou de rôle. C’est à ce genre de paradoxes, paraît-il, que le public demande à nos dignitaires de faire attention. Sinon à qui faire confiance dans un pays où les valeurs et la confiance dans les institutions s’envolent comme autant de feuilles mortes dans le vent ? Nous avons, dans ces pages, défendu le judiciaire et souligné la nécessité que les membres du judiciaire soient mieux payés afin d’être à l’abri du besoin. Nous avons même tiré notre chapeau bien bas devant ceux-là mêmes qui constituent le dernier rempart de la démocratie et les garants de l’État de droit. Mais qui d’autres que les principaux intéressés eux-mêmes peuvent mieux assurer leur défense à travers un comportement et des attitudes dignes de respect et d’admiration ?
Posted on: Mon, 04 Nov 2013 20:09:41 +0000

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