Napoléon, vrai caractère corse... Bonaparte, Napoléon (Né à - TopicsExpress



          

Napoléon, vrai caractère corse... Bonaparte, Napoléon (Né à Ajaccio, le 15 Août 1769. Mort à Longwood, Plantation House, dans l’île de Sainte-Hélène, le 5 mai 1821). Général, Empereur des Français et roi d’Italie, souverain de l’île d’Elbe et mémorialiste. Il n’ est pas question dans la présente note de résumer la carrière du jeune officier corse, formé dans les écoles militaires françaises, comme tant d’autres jeunes gens de sa génération. Grâce à Frédéric Masson et d’autres écrivains et historiens comme Jean Tulard, la vie de Napoléon Bonaparte, devenu Empereur des Français, nous est suffisamment connue. Quant à l’analyse politique de son action en Corse, elle a été traitée séparément dans le corps de la présente Encyclopédie. Et nous renvoyons par conséquent à notre étude particulière. Il s’agit ici de saisir ce qu’il y a eu de tempérament corse, dans l’esprit de Bonaparte, cela autant dans son caractère que dans son action. La jeunesse du futur monarque est celle d’un partisan farouche de la cause corse telle qu’elle s’est défendue depuis le XVIIIème siècle particulièrement. Sa passion corse, il l’a exprimée dans ses écrits, qu’il s’agisse de sa correspondance ou de travaux et d’études consacrées à la Corse. Napoléon Bonaparte n’a pas haï son pays natal. Et en dépit de ce que l’on en a pu dire, il ne l’a pas oublié. Paoli lui-même ne s’y est pas trompé. Des chercheurs passionnés et rigoureux l’ont incontestablement pu démontrer, parmi lesquels des personnalités aussi opposées que Jean- Baptiste Marcaggi (1866/1933) ou Hyacinthe Yvia-Croce (1893 /1981). Ce dernier, qui le juge très sévèrement en tant que souverain, ne conteste nullement ni son génie d’écrivain, ni son caractère profondément corse et latin. Du reste, la passion qu’il eut pour la situation de la Corse, et dans une perspective élargie de l’Italie et de la Méditerranée – et avec lui, il faut comprendre les efforts de sa famille, que ce soit pendant leurs règnes respectifs s’agissant de ses frères et soeurs, ou dans leurs exils, tant comme mécènes que comme inspirateurs ou acteurs de l’émancipation de la péninsule italienne – se retrouve chez nombre de ses compatriotes, depuis Sampiero jusqu’à ceux qui se trouvèrent mêlés, du côté révolutionnaire ou papal, dans le tourbillon des péripéties du Risorgimento, entre 1815 et 1870. A dire vrai, même le goût de Napoléon Bonaparte pour Rousseau, le second des grands thèmes des écrits de sa jeunesse, est venu sans doute par la Corse. On se souvient en effet des projets constitutionnels qui furent demandés par des insulaires (et pour celle-ci) au philosophe genevois irascible. Le jeune Bonaparte, ainsi qu’en témoigne son premier manuscrit connu, vit alors sous la double influence de Paoli et de Rousseau ; depuis Valence, où il tient garnison, il écrit en effet ceci, le 26 avril 1786 : « C’est aujourd’hui que Paoli entre dans sa soixantee-unième année. Son père […] aurait-il jamais cru, lorsqu’il vint au monde, qu’il serait compté un jour au nombre des plus braves hommes de l’Italie moderne ? Les Corses étaient […] écrasés plus que jamais par la tyrannie génoise. […] Dès 1715 cependant, quelques pièves avaient pris les armes contre les tyrans, mais ce ne fut qu’en 1729 que commença proprement cette révolution où se sont passés tant d’actes d’une intrépidité signalée et d’un patriotisme comparable à celui des Romains. […] Mais, concevez-vous l’absurdité de cette défense générale que font les lois divines de jamais secouer le joug même d’un usurpateur ? […] (Les) lois doivent tendre au but du gouvernement qui est la tranquillité et le bonheur des peuples. […] Le gouvernement, ne pourvoyant pas au but du pacte social, se dissout par lui-même ; mais disons plus : le pacte par lequel un peuple établit l’autorité souveraine dans les mains d’un corps quelconque, n’est pas un contrat , […] le peuple peut reprendre à volonté la souveraineté qu’il avait communiquée. » Quittant la Corse en décembre 1778, Bonaparte n’y revint pour la première fois qu’au bout de sept ans et neuf mois et en fut profondément bouleversé et le dira sans ambages. En mai 1789, encore, il annonce à son frère Joseph qu’il a rédigé un ensemble (« cent quarante pages d’impression ordinaire in-12 ») historique sur la Nation corse, il s’agit des fameuses Lettres sur la Corse , vaste tableau historique, resté inachevé (semble-t-il par le fait de Paoli qui dissuada Napoléon de poursuivre, en lui écrivant en 1791 : « L’histoire ne s’écrit pas dans les années de jeunesse. ») et laissé à l’état de manuscrit mais dédié à l’abbé Raynal. La lettre du jeune Bonaparte (« Général, je naquis quand la patrie périssait… »), en date du 12 juin 1789, contestée par certains chercheurs, au général Paoli est trop célèbre pour que nous y insistions. Lors de son troisième séjour en Corse (septembre 1789/ février 1791), Bonaparte se mêla activement à la vie politique insulaire et défendit, dans un texte lui aussi fameux, Paoli contre le député Buttafuoco. Revenu sur le Continent, Bonaparte poussé sans doute par l’abbé Raynal prend part au concours proposé par l’académie de Lyon et disserte longuement sur le thème : « Déterminer les vertus et les sentiments qu’il importe le plus d’inculquer aux hommes pour leur bonheur. » Il fait de Paoli un Lycurgue corse et utilise passionnément Rousseau. On connaît ensuite ses tentatives pour jouer un rôle politique et militaire dans l’île entre 1792 et l’expédition de Sardaigne… La rupture avec Paoli vient ensuite : mais il faut la relativiser et la situer dans un contexte de stricte circonstances et d’ambitions politiques, et (on connaît en effet le ralliement épistolaire de Paoli à Bonaparte après l’épisode du Royaume anglo-corse, sympathie exprimée par le vieux général au fil de sa correspondance londonienne jusqu’à la fin de sa vie). Il y eut d’ailleurs des tentatives de rapprochements, manqués mais favorisés par le cardinal Fesch, de la part de Napoléon devenu consul avec Paoli : la rupture était donc politique et non pas personnelle... Par ailleurs, signalons que par décret impérial, en 1805, Napoléon autorisa en Corse, à tous les échelons administratifs, l’usage officiel du bilinguisme. Nous avions évoqué en commençant cette note la notion de caractère corse. Quel est ce caractère ? Et s’applique-t-il à Napoléon, qui resta toute sa vie préoccupé par la Corse et garda jusque dans son dernier exil le souvenir nostalgique et coloré de sa « petite isle » natale ? Jean-Baptiste Marcaggi offre une belle réponse dans son ouvrage Le Souvenir de Napoléon à Ajaccio : « Napoléon a réuni au suprême degré les qualités et les défauts de la race corse. La combativité des insulaires, leur instinctive tendance à l’action ont atteint, chez lui, leur entier développement. Il est soldat comme d’autres respirent, parce qu’il a eu en germe dans le sang, les qualités spécifiques du soldat complet : il découvre, en effet, d’intuition, les multiples ressources de l’art de la guerre et il possède, comme personne au monde, une merveilleuse aptitude au commandement. L’individualisme des Corses, leur âpre amour de l’indépendance, s’épanouissent en Napoléon jusqu’à l’hypertrophie du Moi qui lui faisait, dit Taine, subordonner l’Etat à sa personne. Sous la toge consulaire ou sous le manteau impérial, on distingue le Corse dans Napoléon. C’est le Corse en particulier, qui, dans la discussion du Code Civil, veille au maintien des assises de la famille : partages, adoptions, donations, situation inférieure des enfants naturels. Taine, en citant, d’après Roederer, des scènes de violence de Napoléon, aussitôt corrigées par des boutades, « Vous me croyiez en colère, je jouais la comédie », voit dans ces manifestations un signe de la flexibilité du caractère de l’Empereur. Or c’est l’acte de violence qui était spontané, le correctif seul a été calculé et réfléchi, pour dissimuler le Corse primitif, pour ne pas déranger l’attitude que le Souverain s’était imposée. Malgré sa vertigineuse élévation politique, Napoléon ne se laissa pas entamer par le milieu et il garda le caractère entier du Corse. De là est venue sa force d’action, son énergie prodigieuse au service d’une intelligence surhumaine. » Au-delà de certaines hyperboles du style, admettons pour « corse » avec Marcaggi, ce tempérament que l’on a trop souvent reproché de son vivant et ensuite à Napoléon comme n’étant pas un caractère français, pour encore oser lui reprocher, aujourd’hui, dans sa pensée comme dans son action, pour certains juges trop rapides, d’avoir été trop proche du caractère « français ».Disons plus simplement aussi, et sous la seule forme du constat, qu’en dirigeant d’une main de fer les Français, il a su transformer. Ceux qui en 1805 allèrent jusqu’à Austerlitz n’étaient certes plus les officiers ou administrateurs à talons rouges et de fer connus dans l’île, entre 1769 et 1786 surtout. Le caractère de Napoléon fut une synthèse, assimilation et conquête du caractère français, sans pour autant qu’en ce qui le concerne (ainsi que de nombreux insulaires de sa génération et des suivantes) cela ait dénaturé le trait corse essentiel, la pointe de son esprit insulaire. Outre son frère Lucien Bonaparte, dont l’action politique est rappelée ailleurs et qui lui aussi intervint régulièrement dans la vie politique insulaire entre la Révolution et l’Empire, il faut signaler qu’aucun des autres frères de l’Empereur n’oublia la Corse : Joseph et Louis, qui avaient pu jouer un rôle politique direct dans l’île sous la Révolution et le Consulat – en particulier Joseph à qui Miot doit une partie de sa carrière autant qu’à Lucien. Tous dans leurs royaumes respectifs s’entoureront de Corses ou encore de gens ayant servi en Corse, comme Miot qui s’attachera à Joseph Bonaparte en Espagne. Il en ira de même pour les soeurs de Napoléon : Pauline, Caroline et Elisa, à Rome, à Naples ou en Toscane s’entoureront de Corses qui joueront un grand rôle politique ou administratif dans la péninsule italienne et qui, comme les membres de la famille Bonaparte en son ensemble, doivent être considérés comme des précurseurs du processus du Risorgimento italien, qui dès les années 1820/1830, revendiquera Napoléon comme l’un des siens. En outre, dans leur exercice du pouvoir comme dans l’exil les Napoléonides – et le cas est encore plus flagrant pour la mère de l’Empereur qui, du pouvoir à son exil romain, vécut entourée de Corses en qui elle plaçait toute sa confiance –, n’oublièrent pas la Corse, où ils eurent, le plus souvent indirectement du fait des rigueurs des lois de proscription, un important rôle de mécénat ou de soutien aux insulaires expatriés… Dans son exil de Sainte-Hélène, Napoléon pourra compter sur de nombreux insulaires (Antonmarchi,Vignali, Cipriani…).
Posted on: Sun, 23 Jun 2013 22:53:14 +0000

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