Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse - TopicsExpress



          

Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse à toi-même ", " tu aimeras ton prochain comme toi-même "… Nombre de proverbes ou d’œuvres littéraires invitent l’humanité à la tolérance envers autrui, tentant ainsi de développer le sentiment d’appartenir à la même espèce. Cependant, même s’il est vrai que les sentiments humains d’amour, de solidarité…envers certains êtres expliquent le respect qu’on leur attribue, l’on ne peut nier l’existence de la haine envers ces êtres pourtant issus de la même espèce. Dans cette réflexion, nous tenterons premièrement de définir autrui afin de déterminer s’il est mon alter ego ou mon ennemi, pour pouvoir ensuite répondre à la question : pourquoi dois-je respecter autrui. Cependant, si globalement l’homme tolère les différences, il n’accepte pas toujours un individu en particulier différent, et comme nous ne sommes pas tous identiques, nous pouvons nous demander si nous sommes véritablement égaux ou si une simple ressemblance nous unit. Les intérêts particuliers de chaque individu s’opposant souvent, de nombreux philosophes ont été amenés à penser que les hommes vivaient individuellement, chacun pour eux. Ainsi Hobbes écrivit : " L’homme est un loup pour l’homme ". On comprend aisément ici qu’il n’est plus question de fraternité entre les êtres humains, mais de menace, de danger. Cette situation est intéressante car met en exergue le caractère animal, bestial de l’être humain rapprochant donc le comportement humain de son essence. Sartre, dans Huis Clos a également affirmé que l’entente entre les hommes n’avait rien d’harmonieux, puisque : " L’enfer, c’est les autres ". Dans cette philosophie, autrui ne semble en rien correspondre à mon alter ego, mais plutôt à mon ennemi. Il s’agit donc d’une lutte éternelle, les rapports entre les hommes ne sont que des chocs de consciences… Cependant cette philosophie ne suffit pas à expliquer des actes humains de bravoure, l’existence même du sentiment amoureux puisque nous luttons sans cesse contre le reste de l’humanité. Analysons désormais l’être humain d’un point de vue scientifique et plus particulièrement génétique. Peut-on dire des hommes qu’ils sont génétiquement égaux ? Certainement pas, l’ " égalité des hommes " -si cette expression a un sens- n’est pas prouvée par nos allèles, bien au contraire puisqu’il semble que certains soient plus disposés à telle ou telle spécificité, ou soient plus sensibles à telle ou telle névrose. Un tel argument ouvre certes toutes les dérives, mais il est indéniable. Pourquoi devrais-je respecter autrui, c’est-à-dire le considérer comme un être humain à part entière et en accepter toutes les différences, si l’on peut prouver que cet autrui est inférieur à moi ? Par ailleurs, l’Histoire a démontré que si l’être humain est capable d’accomplir de nobles choses, il est aussi capable d’actes inhumains. Aussi devons-nous respecter les néonazis alors que des hommes qu’ils vénèrent ont massacré, déporté… des millions d’autres êtres humains ? Doit-on respecter les hommes qui eux-mêmes ne respectent pas l’humanité ?Respecter un individu signifie d’abord respecter les libertés de cet individu, et comme l’homme est avant tout un animal social, politique…qu’il doit vivre en société pour survivre, il doit accepter des compromis faisant passer, comme l’a exprimé Rousseau dans Du Contrat Social, l’intérêt général avant son intérêt particulier. L’intérêt général pour la communauté étant une harmonie entre ses membres, il paraît nécessaire que chacun respecte la liberté de tous. Une contrainte physique : la loi a donc été instituée pour imposer ce respect. Par ailleurs, chaque individu a également une obligation morale de respecter autrui, qu’il s’agisse d’une religion ou de valeurs transmises lors de l’éducation d’un enfant, notre esprit dualiste tend à nous faire penser que le Bien se manifeste ici par le respect et le Mal par son absence. Ainsi nous sommes conditionnés par nos valeurs, religion, société… pour respecter autrui. De plus, autrui restera toujours inconnu, c’est-à-dire qu’il semble impossible à qui que ce soit de connaître parfaitement un individu, une conscience puisque cet individu ne connaissant pas son inconscient ne se connaît pas parfaitement lui-même. Ainsi la chosification évoquée précédemment semble néfaste, et si j’estime que quelqu’un ne mérite pas mon respect, je peux être dabs l’erreur. En outre, affirmer que nous devons respecter autrui semble insuffisant car ne mettant pas en valeur l’effort individuel de chaque homme. Ainsi la réplique de Caïn à Yahvé dans la Genèse exprimant la double faute commise par Caïn, id est le meurtre et le sentiment de dé-responsabilité à propos de son frère illustre cette pensée. Nous sommes donc tous individuellement responsables et par conséquent l’expression " nous devons respecter autrui " est ici insuffisante, il est plus exact d’affirmer "je dois respecter autrui ". Finalement, le devoir de respecter autrui quel qu’il soit permet à l’être humain de dépasser sa simple condition de mortel. En effet, ainsi, il dépasse à la fois la nature et sa nature puisque la nature fonctionne pas le biais de la sélection naturelle et de la destruction du reste alors que l’homme lui doit respecter tout être humain en particulier et l’humanité toute entière et que la nature même de l’homme est à la déshumanité, c’est-à-dire à l’animalité et qu’ainsi il accède à une certaine idée de justice. Au cours de cette réflexion, il est apparu qu’égaux ou non, les hommes, et plus précisément Moi, nous devons respecter autrui en tant que globalité mais également en tant qu’individus. Les causes de ce devoir sont multiples puisque nous avons constaté qu’elles étaient à la fois physiques et politiques, morales, religieuses… Nous avons également conclu que ces causes étaient plus profondes, car correspondant à un besoin de dépasser la nature humaine, au péché d’hybris grec en quelque sorte. Ce devoir nous permet non seulement de dépasser notre instinct bestial premier mais aussi de trouver une finalité à l’humanité : désormais notre vie a un sens puisque nous ne vivons plus comme des animaux, et ce sens est de guider les générations futures vers une meilleure humanité, c’est justement pour cela qu’il faut respecter autrui, pour atteindre cet idéal.
Posted on: Thu, 01 Aug 2013 09:07:28 +0000

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