On vous doit un discours de vérité et notre éthique nous impose la sincérité. Ce qui va suivre est peut-être dur à lire mais je pense que dun mal sortira un bien. 1 – Le site de France 3 a effectivement été piraté. Vers 23h, un spécialiste en informatique a boosté le « Oui » d’environ 60 000 voix. Je vous l’accorde : le procédé est malsain et malhonnête. J’ai été abasourdi quand jai eu linfo en fin de matinée. 2 – Le hackeur est un informaticien. Son but était de tourner en dérision les sites de certains médias qui n’ont aucune sécurité et qui prêtent ainsi le flanc à toutes les manipulations. Et sur ce coup, le hackeur a raison : si ce sondage a été trafiqué, quelle crédibilité donnée aux autres votes? Plus largement, son souhait était de condamner cette dérive sondagière qui façonne l’opinion et manipule les esprits. 3 – Même si son but était louable, je le répète : la méthode est éminemment condamnable et elle dessert la cause. Cela aurait été bien plus productif de pirater un sondage sur un autre sujet et de démontrer ainsi les faiblesses et failles du système. Mais lacte du hackeur est non seulement dommage mais rageant. Sur la base de captures d’écrans, les chiffres démontrent qu’avant le piratage, la mobilisation de la communauté avait permis d’inverser la tendance. Nous étions à 69,7% de réponses favorables vers 22h30. Quelques minutes plus tard, on était brusquement passé à 83%. 4 – Je sais que vous allez être gravement déçus. Vous avez effectivement cru à une manipulation sournoise de France 3. J’y ai cru aussi. Nous saluons dailleurs vos envois massifs de courriers et votre mobilisation exemplaire. Mais désormais, l’essentiel est de tirer les bons enseignements de cette affaire. La conclusion majeure, c’est que dès lors qu’on décide de se mobiliser, nous parvenons à du résultat. Avant le piratage, le Oui l’emportait largement. Cest le signe qu’une conscience musulmane citoyenne est réellement en marche et quelle est arrivée à maturité. 5 – Il faut aussi revenir sur un aspect fondamental du sondage. Ce qu’il relève, c’est d’abord et avant tout le caractère tordu dans la manière de poser les questions. Comme le précise très bien le statisticien Marwan Muhammad, la question posée par France télévision induisait « un schéma de représentation et suppose qu’il est possible de discriminer une femme portant un foulard au travail. ». Il ne serait pas venu aux rédacteurs du site de poser les questions telles que Être licencié pour port d’une kippa vous choque-t-il ? ou La discrimination religieuse au travail vous choque-t-elle ?. On se permet donc avec les musulman-nes des écarts de langage qui en disent long sur l’islamophobie qui structure le débat public. 6 – Vous vous êtes mobilisés pour le sondage et c’est ce souffle qu’il faut retenir, cette capacité à nous mobiliser pour exiger de la décence dans le débat public et refuser les stigmatisations. Il nous faut prolonger ce mouvement sur le terrain et notamment l’utilisation du vote comme levier d’action et de protestation. Dès maintenant, il faut vous mobiliser pour vous inscrire sur les listes électorales. Pour endiguer le climat islamophobe qui est notamment le fait de certains partis politiques irresponsables, il n’y a rien de mieux que d’agir sur le rapport de force électoral. Face au populisme, nous répondrons par la vigilance citoyenne, et s’il faut sanctionner des élus et/ou partis pour leurs propos qui minent le vivre-ensemble, on ne s’en privera pas. Le vote est une arme de contribution, il faut que nous nous en servions. 7 – Vous êtes très nombreux à exprimer votre indignation via les réseaux sociaux. C’est très bien. Mais comme on vous le dit très souvent, il faut passer de l’indignation numérique à l’action sur le terrain. Le CCIF et le CMF mènent sur le terrain des actions de sensibilisation qui vont se prolonger durant tout le mois de décembre. #Prince
Posted on: Thu, 28 Nov 2013 15:46:33 +0000
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