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PRÉSENCE AFICAINE ACTES DU PREMIER CONGRÈS INTERNATIONAL DES ÉCRIVAINS ET ARTISTES NOIRS (Extraits) Paris- Sorbonne 19-22 septembre 1956 Le Premier Congrès International des Ecrivains et Artistes Noirs organisé à Paris en 1956 a donné l’occasion à des communications qui ont fait date, sur le plan des idées et au niveau de la création. Le congrès a, également donné lieu à des débats marqués par des interventions riches et à des controverses fécondes qui aujourd’hui révèlent la diversité, la richesse et l’emprise heureuse que la pensée de l’après Seconde Guerre mondiale exerçait sur la production des écrivains et des artistes noirs totalement en phase avec une grande époque qui aura porté leurs empreintes. Les Actes du Congrès comprennent les textes des communications et la transcription méticuleuse des débats où se sont manifestées les personnalités des acteurs majeurs de ses assises. Ils ont été publiés la même année par Présence Africaine. L’ouvrage qui est rendu disponible à l’occasion du cinquantenaire, a, du fait de son importance, été réédité à plusieurs reprises. Le compte rendu complet qui constitue les actes du Premier Congrès International des Ecrivains et Artistes Noirs, disponible dans la dernière édition avec la préface et le discours d’ouverture de Alioune Diop, continue de faire date à un double point de vue. D’une part, il fait l’état des lieux et témoigne de manière vivante de la qualité de la contribution des écrivains et artistes noirs à l’époque cruciale de la fin de la Seconde Guerre mondiale. D’autre part, il met à disposition des textes prémonitoires par leur contenu, leurs visions et leur influence à la fois forte et décisive. Les extraits brièvement présentés visent modestement à rappeler les thèmes que les grands penseurs et artistes noirs de l’époque abordèrent à l’occasion de ce premier congrès dans l’enceinte de la Sorbonne à Paris en 1956, initiant ainsi une réflexion qui se poursuivra en 1959, à Rome. Les Actes du Premier Congrès International de Ecrivains et Artistes Noirs édités comme numéro spécial de la revue Présence Africaine (n° VIII-IX-X, juin–novembre 1956) sont disponibles comme ceux du IIe Congrès tenu à Rome en 1959 (n° XXIV-XXV février-mai 1959) à Présence Africaine 25 bis, rue des Ecoles Paris 75005 L’Éditorial intitulé « La culture moderne et notre destin » qui accompagne la publication des actes est dû à Alioune Diop fondateur et directeur de Présence Africaine. Sous un accent empreint des conditions difficiles de l’après-guerre s’inscrit en filigrane dans le texte la notion de l’émergence d’une culture moderne sans frontière. Alioune Diop y trace la voie vers la réalisation du Destin du monde noir. « Longtemps, nous avions éprouvé, écrit Alioune Diop, le besoin au sein du monde moderne où la violence gagne du terrain et où les silencieux sont cruellement écrasés, d’illustrer la présence des hommes de culture noirs. Le nombre, la qualité et la variété des talents devaient être une première affirmation de notre présence au monde. » (p. 3) Cet éditorial qui survole les problèmes aigus que confronte le monde noir exprime en même temps le souci constant d’universalité de ses écrivains et artistes. « Ainsi encore nous sommes concernés par la culture mondiale, quel que soit le niveau de notre équipement moderne. » (p. 5) Alioune Diop de conclure : « Cela nous définit deux taches primordiales, quant à nous : 1) Faire accéder à l’audience du monde l’expression de nos cultures originales, dans la mesure où celles-ci traduisent la vie actuelle de nos peuples et notre personnalité. 2) Renvoyer à nos peuples, l’image de leurs aspirations, de leurs expériences ou de leurs joies, éclairées par les épreuves, les joies et les espérances du monde. » (p. 6) Le Discours d’ouverture de Alioune Diop « Ce jour sera marqué d’une pierre blanche. Si depuis la fin de la guerre, la rencontre de Bandoeng constitue pour les consciences non européennes, l’événement le plus important, je crois pouvoir affirmer que ce premier Congrès mondial des Hommes de Culture noirs, représentera le second événement de cette décade. » (p. 9) C’est en ces termes que Alioune Diop ouvre le Premier Congrès des Ecrivains et Artistes Noirs qui représente à ses yeux le Bandoeng culturel de l’époque. « Noirs des Etats Unis, des Antilles et du continent africain, quelle que soit la distance qui sépare parfois nos univers spirituels, nous avons ceci d’incontestablement commun que nous descendons des mêmes ancêtres » (p. 9) Et d’ajouter aussitôt : « La couleur de la peau n’est qu’un accident ; cette couleur n’en est pas moins responsable d’événements et d’œuvres, d’institutions, de lois éthiques qui ont marqué de façon indélébile l’histoire de nos rapports avec l’homme blanc.» […] « Il vous sera donné, au cours des prochaines séances, d’entendre souligner les responsabilités de la culture occidentale dans la colonisation et le racisme. Reconnaissons que nous ne sommes pas les seules victimes du racisme. Les juifs, au cours de cette guerre, ont connu des souffrances organisées et portées à un niveau jamais imaginé auparavant. C’est avec émotion que nous nous inclinons ici devant la mémoire de toutes les victimes du racisme hitlérien. Mais il n’est pas interdit de remarquer que l’antisémitisme n’a ni les mêmes origines ni les mêmes caractères que le racisme anti-nègre. Les juifs ne passent pas communément pour des barbares indésirables dans le circuit de la vie internationale, ou simplement dans le contexte d’une vie moderne où Blancs et Noirs vivraient en paix, sans référence à la couleur de la peau. On connaît nombre de juifs dans les domaines scientifique, philosophique, politique ou littéraire dont la personnalité a pu s’imposer à la considération générale des peuples. Combien connaît-on d’ambassadeurs, de savants, d’hommes d’Etat ou d’artistes noirs qui, à la veille de cette guerre, aient pu se faire apprécier selon le seul critère de leur compétence ou de leur talent ? » (pp. 9, 10) « Voici la scandaleuse question des peuples sans culture. S’il est exact que les vrais responsables de la colonisation ont sciemment forgé ce mythe, il n’en est pas moins surprenant que des générations d’autorités culturelles et spirituelles aient admis que des hommes vivent en communauté et n’aient pas de culture. […] Il n’y a pas de peuple sans culture.» (p. 12) « C’est l’Etat qui garantit à une culture la mémoire de ses traditions et le sens de sa personnalité. […] Ainsi donc le culte de nos classiques, leur revalorisation en fonction de notre situation présente, sont refuses aux peuples colonisés en même temps que la liberté de penser un avenir, à la mesure de leur amour du monde. » (p. 13) Et de délivrer le vrai message de ce Bandoeng, qui ouvre la voie au dialogue des cultures et au rendez-vous de la civilisation de l’universel : « Nous avons ensuite, nous autres du monde non européen, à susciter, avec tous, de nouvelles valeurs, à explorer ensemble de nouveaux univers nés de la rencontre des peuples » (p. 15) Cela suppose le préalable du Bandoeng politique qui inscrit en filigrane le triomphe des mouvements de libération des peuples sur toute la planète. Il conclut non sans un trait de sagesse africaine : « Devant tant de représentants de cette culture et tant de promesses, je suis tenté de fredonner sous les vénérables voûtes de cette salle Descartes, un poème walaf qui donnerait le sens de ma gratitude : Do tu ma sam bam Sama gelem mag na Je ne ferai plus paître l’âne Ma chamelle a grandi » (p. 17-18) C’est là le sens profond de ces vers qui libèrent le colonisé du fardeau. ConfÉrence de Jacques Rabemananjara : « L’Europe et Nous » « Beaucoup d’entre vous, rappelle l’ancien député de Madagascar arrêté et emprisonné lors de la révolte malgache qui vit le massacre de cent mille victimes par l’armée coloniale française, ont pu suivre ces dernières années, l’histoire douloureuse de mon pays. Ceux la comprennent, l’intensité de mon émotion. M’adresser à un auditoire aussi choisi que le vôtre, dans l’enceinte de l’un des plus glorieux temples de la culture humaine, je n’ai jamais imaginé, entre les murs étroits de ma cellule d’exilé, là-bas, au milieu des eaux obscures du Canal de Mozambique, que la première fois où, la liberté me serait offerte de rompre un long silence de près de dix ans, ce serait sous les voûtes de la Sorbonne pour préfacer, en quelque sorte, le premier Congres international tenu par les hommes de culture du monde noir. » (p. 20) « L’Occident mesurera-t-il jamais assez l’ampleur de l’espoir soulevé dans le camp des muets par la victoire commune remportée sur le fascisme ? » (p. 21) ConfÉrence DE PAUL HAZOUMÉ : La révolte des prêtres « Le Dahoméen […] a le sens inné de la spiritualité, c’est-à-dire une grande foi en ses divinités et en ses ancêtres dont il est persuadé que son bonheur dépend en ce monde. » (p. 29) « Le sens du spirituel et du sacré dont est pétrie l’âme africaine en général, dahoméenne en particulier, est tel que c’est tout naturellement, comme il respire, que l’Africain pratique sa religion qui fait partie intégrante, intime même, de sa vie journalière, de sa vie à tout instant à tel point que la question du respect humain ne se pose jamais pour lui quand il s’agit d’extérioriser ses convictions religieuses, de manifester son indignation, sa révolte contre tout sacrilège. « Aussi un Européen vivant dans nos populations fait-il scandale quand il affiche son incroyance, raille les divinités africaines et le culte qui leur est voué dans le peuple, clame irrévérencieusement que l’animisme est un tissu de grossières superstitions et que les doctrines en sont des sornettes dignes seulement de cerveaux enfantins. » (p. 41-42) ConfÉrence de E. L. Lasebikan : The Tonal Structure of Yoruba Poetry Ce texte sur l’esthétique et la poétique négro-africaine de l’œuvre d’oralité rejoint les préoccupations d’écrivains comme L S Senghor. Il ouvrait une piste à une pléthore de travaux et d’anthologies Pour Lasebikan la relation entre la structure de la langue yoruba et sa poétique relève de l’évidence. “It is impossible to examine the stucture of Yoruba poetry without first of all examining the structure of the language itself.” (p. 43) “ So far I have drawn your attention to three main characteristics of the Yoruba language, namely (1) that is a tone language, (2) that it abounds in onomatopeic words, (3) and that it contains a number of expressions usually associated with certain ideas, and whose meanings are intensified by their being reduplicated on certain patterns.” (p. 45) “ Yoruba poetry takes various forms. Among the lighter poems are a large number of folk songs, lullabies, children poems and love poems. In the class of more serious poems we have our oriki (praise poems), ogbere (masqueraders’ chants), ijala (hunter’s chants), ege (funeral dirges) and a number of ritualistic poems which are usually recited in connection with the worship of Ifa, Sango, Ogun, and other gods.” (p. 46) ConfÉrence de LÉopold SÉdar Senghor : L’esprit de la civilisation ou les lois de la culture négro-africaine La communication de L. S. Senghor commence par célébrer Bandoeng avant d’évoquer la division du Monde de l’époque en deux blocs antagonistes, à l’origine du mouvement du Tiers Monde : « Qu’on le veuille ou non, 1955 marquera une date importante dans l’histoire du monde et d’abord dans l’histoire des peuples de couleur, Bandoeng sera désormais, pour ces peuples, un signe de ralliement. Non par les intrigues qu’essayèrent d’y susciter les deux Blocs mais par l’esprit de libération qui s’y donna naissance. L ‘esprit de Bandoeng, c’est le souci que manifestèrent, alors les peuples afro-asiatiques d’affermir, en l’affirmant leur personnalité pour ne pas venir les mains vides « au rendez-vous du donner et du recevoir ». Car la Civilisation mondiale – et d’abord la Paix – sera l’œuvre de tous ou ne sera pas. Et comment croire que l’esprit de Bandoeng qui est pour nous, d’abord un esprit de culture, ne souffle aussi sur les Indiens, singulièrement sur les Nègres d’Amérique ? Car la race noire, plus que toute autre, fut la victime des grandes découvertes. La Renaissance européenne s’est édifiée sur les ruines de la civilisation négro-africaine, la force américaine s’est engraissée de la sueur et du sang nègre. C’est deux cent millions de morts que la traite des nègres a coûté à l’Afrique. Mais qui dénombrera les richesses culturelles perdues ? Grâce à Dieu la flamme ne s’est pas éteinte, le levain est resté au fond des cœurs et des corps meurtris, qui permet aujourd’hui notre Renaissance. « Mais cette Renaissance sera moins le fait des politiques que des écrivains et artistes nègres. » (p. 51) La communication de L. S. Senghor s’engage par la suite sur son projet non pas d’inventaire culturel mais de mise en évidence de l’esprit de la culture et de la civilisation négro-africaine : « Il n’est pas question de faire un exposé sur la civilisation négro-africaine mais sur la culture qui est l’esprit de la civilisation. » (p. 52) « On l’a dit souvent le Nègre est l’homme de la nature. Il vit traditionnellement de la terre, avec la terre, dans et par le cosmos […] Il est d’abord sons, odeurs, rythmes, formes et couleurs ; je dis tact avant que d’être œil, comme le Blanc européen. Il sent plus qu’il ne voit : il se sent. » (p. 52) « C’est dire que le Nègre, traditionnellement, n’est pas dénué de raison, comme on a voulu me le faire dire. Mais sa raison n’est pas discursive ; elle est synthétique. Elle n’est pas antagoniste : elle est sympathique. C’est un autre mode de connaissance […] la raison blanche est analytique par utilisation, la raison nègre, intuitive par participation. […] « C’est cette physiopsycholgie du Nègre qui explique, sa métaphysique » (pp. 52, 53) « Au centre du système, l’animant comme le soleil notre monde, il y a l’existence, c’est-à-dire la vie. C’est le bien par excellence et toute l’activité de l’homme ne tend qu’à l’accroissement et à l’expression de la force vitale. » (p. 53) Le mérite de cette ontologie existentielle est d’avoir, à son tour, informer une civilisation harmonieuse « C’est dans les activités sociales, sous-tendues par la sensibilité, que s’intègrent très naturellement, la littérature et l’art. » (p. 55) « …on ne saisirait pas l’essence de la littérature et de l’art négro-africains en s’imaginant seulement qu’ils sont utilitaires et que le Négro-africain n’a pas le sens de la beauté.[…] La vérité est que le Négro-africain assimile la beauté à la bonté, surtout à l’efficacité » (p. 57) « Image et rythme, ce sont les deux traits fondamentaux du style négro-africain. » (p. 58) Qu’est-ce que le rythme ? C’est l’architecture de l’être, le dynamisme interne qui lui donne forme, le système d’ondes qu’il émet à l’adresse des Autres, l’expression pure de la force vitale. » (p. 60) « Le rythme est encore plus manifeste dans la peinture africaine. » (p. 63) « Après l’échec de l’esthétique gréco-romaine à la fin du XIXe siècle, les écrivains et artistes de l’Occident ont rencontré l’Asie, surtout l’Afrique, au bout de leur quête. » (p. 65) DÉbats du 19 septembre La séance présidée par le Docteur Price Mars est animée par les interventions de Richard Wright, Jacques Stephen Alexis, L. S. Senghor, Aimé Césaire, F. Agblemagnon, Paul Hazoumé, Boubou Hama, Cheikh Anta Diop. Richard Wright interpellé par quelques congressistes qui se posent des questions sur sa présence alors que les Etats-Unis ont refusé d’accorder des visas de sortie à des personnalités de l’envergure de W.E.B. DuBois et Paul Robeson, tiendra à préciser sa position lors de cet incident très sérieux. « We had a message today, that hurt me and I think my role in this conference will negate the implication of that message: that the Americans participating here were people who could not speak their minds freely. When my role finished in this conference, I would appreciate it if you would tell me what governments paid me.” (p. 67) Stephen Alexis s’adressera aux conférenciers pour préciser : « Nous avons entendu, c’est après midi, toute une série de communications qui, à mon avis, sont du plus haut intérêt quant à l’inventaire culturel, quant au contenu des différentes cultures qui forment ce que l’on est convenu d’appeler " le monde noir". « Mais d’autre part, il m’a semblé que les questions fondamentales de la culture elle-même, n’étaient que fort peu envisagées. » (p. 69) « Nous autres, Haïtiens, nous avons durement expérimenté ce confusionnisme existant chez nous et dans le monde sur les problèmes de la "culture". « Il nous semble que l’on a voulu, justement, que la "culture" reste une donnée vague, une donnée floue, une donnée imprécise, dont on se sert sans bien en préciser le contenu et les caractères. » (p. 69) « Le monde… est à un carrefour. C’est Bandoeng, c’est une cloche qui résonne, qui indique non seulement que nous voulons que nos cultures apparaissent comme de grandes et belles choses mais qui indique également que les peuples veulent naître à la vie en tant qu’organismes constitués. Et ce sont ces organismes constitués qui seront la base des cultures nationales en formation. Hors de cette notion, toutes les déclarations d’amour à la culture ne peuvent constituer que des gloses verbales.» (p. 71) L. S. Senghor tiendra à préciser : « L’intervention de M. Alexis m’oblige à intervenir pour que le débat ne dévie pas. « En réalité, notre ami Alexis a abordé le problème de la deuxième journée qui traite précisément, de la crise de la culture négro-africaine. Aujourd’hui, nous faisons un inventaire culturel. […] Je vais vous donner un exemple, qui est significatif à cet égard : l’exemple de Mao Tse Tung. Lisez son Discours aux Ecrivains. Mao Tse Tung nous dit qu’on doit écrire pour le peuple. Nous sommes d’accord. Je vous ai montré qu’en Afrique, la littérature était faite par tous et pour tous. » (p. 71) J. S. Alexis contre-attaque : « Permettez-moi un mot. Vous employez le terme « esthétique négro-africaine ». Je voudrais savoir si, en Afrique, il existe – en général – une esthétique négro-africaine valable pour tous les peuples d’Afrique ou s’il existe des formes d’expression à proprement parler nationales… » (p. 72) Aimé Césaire intervient : « Je ne vois pas très bien ce qui sépare la position de M Alexis et celle de M Senghor » (p. 72) « Je crois qu’il y a confusion, et qu’en fait, il existe des cultures nationales : une culture du Sénégal, une culture ouolof (disons ainsi pour abréger) enfin plusieurs cultures africaines. Mais il n’empêche que toutes ces cultures présentent entre elles des affinités. C’est absolument incontestable. » (p. 73) Agblemagnon « Je dois avouer n’être pas très satisfait de la manière dont les débats ont été engagés. Il me semble qu’il aurait fallu, tout d’abord dégager certains termes, poser certains problèmes » (p. 76) « On a parlé de la question de savoir s’il existe oui ou non une culture africaine. Je crois que c’est une honte de poser ici ce problème. En effet nous serions nous réunis ici s’il n’existait pas une culture noire ou des cultures noires ? » (p. 77) « Je crois que ce serait une mystification, ou que nous créerions une espèce d’illusion, que de parler d’un "message" pour autrui, alors que nous devons d’abord l’apporter à nous-mêmes. » (p. 77) Paul Hazoumé « Je voudrais demander à tous les aigles, que je viens d’entendre de descendre un peu des nues, de ramener leurs ailes, et de se laisser glisser sur cette terre, d’y prendre pied. » (p. 79) « Vous me demandez , si les religions animistes contiennent des prophéties ; je vous ai dit non ; pour qu’il y ait des prophéties du genre de celles que contient l’Ancien Testament, il faut qu’il y ait Ecritures » « L’avenir de l’animisme ? Il sera ce qu’il est devenu en Europe occidentale christianisée. » (p. 81) Boubou Hama « Il est un problème qu’il faut étudier : celui de l’Afrique ancienne vis-à-vis de la jeune Afrique. Evidemment que c’est un privilège d’être jeune et vieux à la fois » (p. 82) Damzs « La question en face de laquelle nous nous trouvons n’a pas encore reçu une réponse complète : l’inventaire culturel Il eût fallu, pour l’épuiser – comme l’a dit Jacques Alexis – marcher avec l’histoire de l Afrique. » (p. 82) Cheikh Anta Diop « J’aimerais savoir s’il s’agit de faire le bilan de ce qui a été fait dans le domaine culturel, et de ce qui reste à faire. […] S’il s’agit de faire le bilan de ce qui a été fait jusqu’ici sur le terrain culturel, nous pourrions envisager cette question-là d’une façon positive et très rapide. Si c’est ce qu’on entend par « l’inventaire culturel », je pense que nous devons orienter la suite des débats en ce sens. » (p. 83) ConfÉrence de Amadou Hampaté Ba : Culture Peule Cette intervention du futur auteur de Wangrin participe de l’inventaire culturel. « Je ne pense pas qu’il soit possible avant quelques années encore de parler de la culture peule en suivant un plan systématique, ainsi que le désirerait la méthode européenne. « Je vais donc, dans un monologue quelque peu décousu, vous entretenir de quelques vues de la production de l’esprit des Peuls. Ce sera une façon de prévenir les chercheurs de demain, européens ou africains, que s’occuper des choses peules, c’est affronter un chaos qui peut paraître insondable » (p. 85) ConfÉrence de E. Andriantsilaniarivo : Le Malgache du XXe siècle « Le Malgache est un homme qui s’est perdu et qui, dans sa recherche angoissée de lui-même, a cru d’abord devoir s’identifier à un autre, puis s’est retrouvé, mais combien changé, combien diminué en comparaison de ce qu’il fut jadis, et s’engage maintenant, dans la souffrance, vers la pleine réalisation et le complet épanouissement de sa personnalité. » (p. 98) Conférence de Davidson Nicol : The soft pink palms (on British West African Writers – an Essay) “Perhaps the most well-known West African writer in English of the eighteenth century was Ignatius Sancho. He was born in 1729 on a ship just off the Guinea Coast and was soon orphaned. He was brought up in England and became the devoted servant and friend of the family of the aristocratic Duke of Montagu. He wrote music, poetry, and drama which vere published. He was in touch with the literary figures of his day. When He died in 1780 over a thousand of his British friends and admirers suscribed to have his writings published” (p. 108) “Writing in West Africa became more specialised and it will be convenient therefore to discuss them under separate headings, remembering that there is considerable overlap and that only representative figures can be included.” (p. 108) Davidson Nicol aborde donc les différents champs de l’écriture en anglais: journalisme, roman, poésie, essais historiques, scientifiques, religieux, politiques, mais n’omet cependant pas de parler du vaste potentiel et de l’importance des écrits en langues africaines. CONFÉRENCE DE FRANTZ Fanon : Racisme et culture « La réflexion sur la valeur normative de certaines cultures décrétées unilatéralement mérite l’attention. L’un des paradoxes rapidement rencontré est le choc en retour de définitions égocentristes, sociocentristes « Est affirmée d’abord, l’existence de groupes humains sans culture, puis de cultures hiérarchisées enfin la notion de relativité culturelle. « De la négation globale à la reconnaissance singulière et spécifique. C ‘est précisément cette histoire morcelée et sanglante qu’il nous faut esquisser au niveau de l’anthropologie culturelle. » (p. 122) ConfÉrence de Horace Mann Bond : Reflections, comparative, on West African Nationalist Movements “It is clear, it seems to me, that the initial forces (cultural, political, social, and economic) that give rise to African Nationalism after World War I were external to African society.” (p. 137) “In its struggle against the colonial system, African nationalism slowly brings the masses within its fold.” (p. 139) ConfÉrence de Emmanuel C. Paul : L’ethnologie et les cultures noires « Contribuer à la révision de l’ensemble des représentations dont le colonialisme tire sa justification, telle nous paraît, à l’heure actuelle, la tâche la plus immédiate des écrivains noirs. Le moment est venu de vérifier, de repenser quelques notions, postulats et théories qui servent encore de base à l’appréciation des cultures noires. Elaborés à la lumière de l’ethnologie, nous pensons que pour une telle tentative, c’est cette discipline qu’il faut interroger. » (p. 143) ConfÉrence de William Fontaine : Segregation and Desegregation in the United States “ The issue of segregation v/s integration as the educational policy of the good state suggests an ancient theme of Plato’s Republic. It has been dramatically injected into contemporary life and thought by the recent decision of the Supreme Court outlawing racial segregation in the public schools of the United States. This legislation, unequivocably related to the global crises of our time, has roused conflicting attitudes within individuals of the groups directly affected. […] The situation challenges the ethical philosopher to give determinate form to the attitudes of the groups involved.” (p. 154) ConfÉrence de Ben Enwonwu : Problem of the African Artist Today “ The problems which face the African artist of our generation are many and difficult. They may be classified as political, cultural, educational and social even emotional problems.[…] Perhahs the most pressing among these problems[…]is the political : for the cause of the political aspect of these problems cabn be envisaged and considered by the extent to which Art has been accorded its proper place in the political life of the African peoples.” (p. 174) ConfÉrence de Thomas Ekollo: De l’importance de la culture pour l’assimilation du message chrétien en Afrique noire « Que représente le christianisme pour un Africain ? En tant qu’il est un esprit et une religion, quelle est la mesure de son apport dans la culture africaine ? En tant que mode d’investigation parmi d’autres, l’Africain peut-il, l’intégrer dans son système sans danger ? Voilà quel est l’ordre des questions que nous nous proposons d’examiner. » (p. 179) ConfÉrence de Aimé Césaire : Culture et colonisation « Depuis quelques jours, on s’est interrogé sur le sens de ce Congrès « On s’est demandé en particulier quel est le commun dénominateur d’une assemblée qui unit des hommes aussi divers que des Africains de l’Afrique noire et des Américains du Nord, des Antillais et des Malgaches « La réponse me paraît évidente : ce commun dénominateur, c’est la situation coloniale. » (p. 190) «… on ne peut pas poser actuellement le problème de la culture noire, sans poser le problème du colonialisme, car toutes les cultures noires se développent à l’heure actuelle dans ce conditionnement particulier qu’est la situation coloniale ou semi-coloniale ou para-coloniale. « Mais me dira-t-on qu’est ce que la culture ? Il importe de la définir pour dissiper un certain nombre de malentendus et répondre de manière très précise à un certain nombre de préoccupations qui ont été exprimées par certains de nos adversaires, voire par certains de nos amis. « Par exemple on s’est interrogé sur la légitimité de ce Congrès. S’il est vrai, a-t-on dit qu’il n’y a de culture que nationale, parler de culture négro-africaine, n’est ce pas parler d’une abstraction ? « Mais qui ne voit que le meilleur moyen de s’en sortir est encore de définir avec soin les mots que nous employons ? « Je pense qu’il est vrai de dire qu’il n’y a de culture que nationale. « Mais, il saute aux yeux que les cultures nationales, toutes particulières qu’elles sont, se groupent par affinités. Et ces grandes parentés de cultures, ces grandes familles de cultures, portent un nom : ce sont des civilisations. Autrement dit si c’est l’évidence même qu’il y a une culture nationale française, une culture nationale italienne, anglaise, espagnole, allemande, russe etc., il n’est pas moins évident que toutes ces cultures présentent entre elles, à côté de différences réelles, un certain nombre de ressemblances frappantes qui font que si l’on peut parler de cultures nationales, particulières à chacun des pays que j’énumérais tout à l’heure, on peut tout aussi bien parler d’une civilisation européenne. « C’est de la même manière que l’on peut parler d’une grande famille de cultures africaines qui mérite le nom de civilisation négro-africaine et qui coiffe les différentes cultures propres à chacun des pays d’Afrique Et l’on sait que les avatars de l’histoire ont fait qu’aujourd’hui le champ de cette civilisation, l’aire de cette civilisation, déborde très largement l’Afrique et c’est dans ce sens que l’on peut dire qu’il y a au Brésil ou aux Antilles, aussi bien Haïti que les Antilles françaises ou même aux Etats-Unis, sinon des foyers du moins des franges de cette civilisation négro-africaine. » (p. 190-191) « Et maintenant, j’en viens à mon propos essentiel : celui des conditions concrètes dans lesquelles se pose à l’heure actuelle le problème des cultures noires. « J’ai dit que ce conditionnement concret tient en un mot : la situation coloniale ou semi-coloniale ou para-coloniale dans laquelle s’opère le développement de ces cultures.»(p. 193) DÉBATS sous la présidence de Alioune Diop Interventions de René Depestre, L. S. Senghor, H Bond, R. P. Bissainthe, M. E. Saint-Lot, Achile, Ekollo, Mercer Cook, R Wright, Aimé Césaire, Séance présidée par Emile Saint-Lot ConfÉrence de Louis Achille : Les negro-spirituals et l’expansion de la culture noire « L’influence qu’exercent aujourd’hui les Negro spirituals dans le monde chrétien d’Occident, après celle de la culture africaine sur l’art moderne et à côté du jazz dans le monde entier, éclaire et tempère déjà un peu nos légitimes impatiences et constitue une des formes les plus élevées du dialogue qu’avec les autres cultures doit instaurer la culture noire. » (p. 227) ConfÉrence de Marcus James : Christianity in the Emergent Africa “ Christianity is and will continue to be a vital force in Emergent Africa” (p. 240) “ In order to make its full and true contribution to the reorganisation of African Society, Christianity in Emergent Africa must be really indigenous, and this is why it is incumbent upon African Christians to join the struggle for political emancipation.” (p. 241) “ Spiring from a predominantly matriarchal sciety, African Christianity may assist for example, eastern European Christianity in overcoming its deep-rooted and historical prejudice against feminine ecclesiastical equality and authority.” (p. 242-243) ConfÉrence de Jacques S Alexis : Du réalisme merveilleux des Haïtiens « Tous les intellectuels de notre temps se sentent plus ou moins confusément solidaires de l’homme et solidaires entre eux. Parmi eux, les plus conscients et les plus clairvoyants de la mission de l’Art sont convaincus que leur action en ordre dispersé est une entrave à l’essor d’un art conscient, rayonnant, véritablement au service de l’homme. Il leur apparaît qu’il ne suffit plus de se soutenir en des cas d’espèce, quand la liberté de l’artiste est menacée par exemple, mais qu’il faut porter le feu de la critique sur l’esthétique elle-même. » (p. 246-247) « Il est utile qu’un programme général de travail, simple et concret, lié à la fois aux traditions artistiques nationales, aux valeurs nouvelles qui naissent, à l’avenir et à l’homme de partout, soit mis sur pied. » (p. 247) « …il était possible de se rendre compte que les apports constitutifs de la culture haïtienne étaient au nombre de trois : 1. L’apport indien taïno chemès ; 2. L’apport africain ; 3. L’apport occidental et plus particulièrement français. « On minimise souvent l’apport taino dans la culture haïtienne : c’est un tort. […] « Cependant l’apport que représente la plus grande partie dans la constitution de la culture haïtienne, est l’apport africain. » (p. 252- 253) « L’art et la littérature de plusieurs peuples d’origine nègre comme celui de plusieurs pays des Antilles, d’Amérique Centrale et Latine ont de nombreuses fois donné l’exemple de la possibilité d’une intégration dynamique du Merveilleux dans le réalisme. » (p. 264) ConfÉrence de Jean Price Mars : Survivances africaines et dynamisme de la culture noire outre-Atlantique « En des cérémonies dites de réveils (revivals) le Saint-Esprit (Holyghost) s’incarne souvent dans la personne des fidèles au cours des assemblées cultuelles ou au rythme des cantiques, marqué par le battement des mains et des pieds, en cadence une sorte de transe collective s’empare d’une partie de la congrégation qui crie et danse( the shouters) dans l’enthousiasme des transports extatiques. De tels spectacles ne laissent aucun doute à l’ethnographe qui y voit l’estampille de l’influence africaine sublimée » (p. 278) « …il est nécessaire de signaler que le créole contient, à part sa morphologie africaine, un grand nombre de vocable manifestement africains et qu’on rencontre à peine inchangés aussi bien en Haïti que dans les colonies françaises d’Amérique, comme ils persistent également au Brésil, à Cuba, en Guyane et même dans certaines colonies britanniques des Antilles. » (p. 276) « Quoi qu’il en soit, l’Afrique, de ce côté-ci de l’Atlantique comme ailleurs, a inspiré une prodigieuse floraison d’arts plastiques qui a bouleversé, le monde moderne comme une révolution. » (p. 279) ConfÉrence de Cédric Dover : Culture and Creativity “ The artist is a special kind of inventor, a myth maker who creates according to the depth, quality and timelessness of his belonging, and the fulness of his care for the vartist’s functions and responsabilities” (p. 294) Thus the relationship between the poet and the people gave him an assured audience in his day and beyond but the problem of the contemporary artist is to find this productive relationship at a level that keeps him artistically and materially alive” (p. 294) “Afro-Asian Unity, in the spirit of Bandoeng and the Congress of Negro Writers and Artists, should also quicken the robust and responsible criticism so necessary to the maturing of artists and the appreciation of art.” (p. 295) “ Richard Wright has told us what the comprehension of partisanship involves.” ConfÉrence de Abdoulaye Wade : L’Afrique doit-elle élaborer un droit positif ? « Il y aurait eu je crois une grave lacune, un grand oubli, si nous n’avions examiné dans notre congrès une question fondamentale : le droit africain de l’avenir.» (p. 301) « Les composantes d’un éventuel droit africain doivent être nécessairement le droit coutumier, le droit musulman, le droit français » (p. 314) ConfÉrence de George Lamming : The Negro writer and his world “To speak of the situation of the Negro writer is to speak therefore, of a problem of Man, and more precisely, of a contemporary situation which surrounds us with an urgency that is probably unprecedented. It is to speak in a sense, of the universal sense of separation and abandonment, frustration and loss, and above else, of some direct inner experience of something missing” (p. 322) ConfÉrence DU R. P. Gérard Bissainthe: Le christianisme face aux aspirations culturelles des peuples noirs « Seul l’Africain peut rendre l’Eglise africaine en Afrique […]. Et si j’énonce ce principe, ce n’est pas par opportunisme : si l’Eglise veut et doit devenir africaine en Afrique, ce n’est pas que l’air du temps soit à l’indigénisme, mais parce que, c’est pour elle, une question de vie ou de mort […] Le christianisme doit pénétrer jusqu’au fond de l’âme nègre, épouser les contours de l’âme africaine, se tenir à l’écoute des aspirations de l’Afrique pour leur apporter sa splendide réponse, explorer les valeurs africaines, les exalter par sa grâce. Autrement, il restera à la surface du pays et les manifestations authentiques de l’âme nègre ne seront jamais marquées de son sceau. » (p. 327) ConfÉrence de James W. Ivy : The National Association for The Advancement of Coloured People as an instrument of social Change “Great changes have been made in breaking down racial barriers since the National Association for the Advancement of Colored People was founded in 1909. America’s outlook on race relations has undergone radical change. White supremacy is no longer ideologically respectable […] The remarkable advance of the Negroes themselves: their educational, economic and political progress have paved the way for change.” (p. 334) ConfÉrence de A. Mangones : L’Art plastique en Haiti « C’est le moment pour moi de céder la place à une éloquence plus convaincante que celle des mots, l’éloquence des couleurs et des formes, l’éloquence de la vision sans détour ni fioriture d’artistes issus d’un peuple témoin de la cause nègre dans le Monde […] Et pour cela, il nous faudra tous refuser la voie que semble vouloir nous assigner le mercantilisme bigarré du monde actuel, l’Afrique des Musées, des statues mortes, l’Afrique coupée de ses sources vives. L’Afrique que nous revendiquons pour nôtre ne sera pas l’Afrique meurtrie, mais l’Afrique du dépassement, du choix libre de la voie nouvelle, l’Afrique de la vie. » (p. 338) ConfÉrence de Cheikh Anta Diop : Apports et perspectives culturels de l’Afrique « Je dois vous parler ce soir de l’apport de l’Afrique Noire à la civilisation d’une part, et d’autre part, des perspectives culturelles de l’Afrique et en troisième lieu de la spécificité de la culture africaine. Vous voyez donc que le rapport qui m’a été confié est d’ordre technique extrêmement complexe, qu’il était presque impossible de rédiger entièrement. « Une idée importante a été exprimée par le camarade Césaire et reprise tout à l’heure par le conférencier qui m’a précédé ; c’est l’idée du peuple démiurge ; il est évident que le peuple crée le fond de la tradition, mais c’est l’élite qui en tire partie pour élaborer des formes culturelles supérieures. » (p. 339) « A partir d’une telle connaissance de notre passé, il devient possible d’établir la contribution africaine du monde par une simple méthode comparative, en partant des traits fondamentaux de la culture africaine et en tenant compte de la chronologie. « En se livrant à ces recherches, on a été amené à découvrir, d’une façon certaine, que l’ancienne civilisation égyptienne pharaonique, était nègre. A ce point de vue des arguments d’ordre anthropologique, ethnologique, linguistique, historique, culturel ont été fournis. Pour juger de leur valeur, il suffit de se reporter à l’ouvrage Nations Nègres et Culture qui a été publié par Présence Africaine. » (p. 339) « En redécouvrant ainsi notre passé on contribue à recréer la conscience historique sans laquelle, il n’y a pas de grandes nations. » (p. 342) « Cette notion [de culture] est liée dans mon esprit, à l’émergence d’un Etat multinational embrassant la quasi-totalité du continent. » (p. 342) « La culture sera donc essentiellement au service de la lutte de libération nationale. « Lorsque nous aurons créé, comme on vient de le dire, un Etat souverain continental et multinational, il faudra, quoi qu’on dise, le doter d’une superstructure idéologique et culturelle qui sera un de ses remparts essentiels de sécurité. » (p. 342) « Mais le vrai support de la culture, c’est la langue » (p. 343) «… il sera possible de choisir une langue africaine qui deviendra, une langue gouvernementale. » (p. 343) « Je veux terminer en soulignant une dernière perspective capitale. Pendant que l’Afrique noire s’oriente vers un Etat multinational qui embrassera la quasi-totalité du continent ayant un équipement industriel de premier ordre, les Antilles pourraient s’orienter vers la formation d’une fédération insulaire sur le type de l’Indonésie et qui, au lieu de regarder vers l’Amérique ou vers l’Europe, entretiendrait des relations de fraternité, de parenté, des relations économiques, commerciales, culturelles et politiques avec l’Afrique Noire. » (p. 346) ConfÉrence de Richard Wright : Tradition and Industrialisation. The Plight of the tragic elite in Africa “ I would like to say – I don’t know how many of you have noticed it there have been no women functionning vitally and responsibly upon this platform helping to mold and mobilize our thoughts. This is not a criticism of the conference, it is a criticism of anyone, it is a criticism that I heap upon ourselves collectively. When and if we hold another conference- and I hope we will- I hope there shall be an effective utilization of Negro womanwood in the world to help us mobilize and pool our forces.[…] Black men will not be free untill their women are free.” (p. 347-348) “Knowing the charged climate in which we all live, I, as a Western man of color, strive to be as objective as I can when I seek to communicate. But at once you have the right to demand of me: What does being objective mean? Is it possible to speak at all and not have the meaning of one’s words construed in six different ways? […] First of all, let us admit that there is no such thing as objectivity.” ( p. 348) “ First of all my position is a split one. I am black. I am a man of the West. These hard facts condition, to some degree, my outlook […] “ I am not non-Western. I am no enemy of the West. Neither am I an Easterner.[…] “ I was born a black Protestant in the most racist of all the American states: Mississipi” (pp. 349, 351) “ That part of the heritage of the West that I value has now been established as lonely bridgeheads in Asia and Africa in the form of a Western educated elite, an elite that is more Western than the West… […] The West hates and fears that elite and I must, to be honest, say that the instincts of the West that prompts that hate and fear, are on the whole, correct. For this elite in Asia and in Africa constitutes islands of free men , the FREEST MEN IN ALL THE WORLD TODAY. (p. 356) “ The West, in order to keep being western, Free, Rational,must be prepared to give the elite of Asia and Africa a Freedom which it itself newer permitted in its own domain. The Asian and African elite must be given their heads!” (p. 358) Dialogue sous la direction de L. S. Senghor Alain Gouhier « … dans notre monde occidental dont il a été souvent question ici, il se produit une crise très grave, qui n’est pas seulement d’ordre politique ou d’ordre économique ou social, mais qui est aussi d’ordre spirituel. Je crois que , sur le plan spirituel, sur le plan religieux aussi, et sur le plan des techniques qui devraient être rattachées à ces plans religieux et spirituel, nous avons quelque chose à attendre des cultures noires. » (p. 366-367) L. Achille « L’harmonie qu’il s’agit de retrouver, quand la retrouvera-t-on et dans quel état ? « Je pense à l’industrialisation de l’Afrique. Si elle est menée, selon le mode européen, est appelée à détruire les possibilites-ou du moins endommager les possibilités […] d’harmonie qu’il s’agit de sauver » (p. 367) M. Hérault « J’ai entendu des camarades africains parler de la « culture européenne ». J’ai entendu, ce qui est plus grave encore, ces camarades dire qu’ils respectaient en somme cette culture européenne. Ces déclarations m’ont fait un peu mal, parce que, quoique Européen, je n’admets pas la culture européenne » (p. 369) « Cette notion de race beaucoup l’admette et même des gens qui combattent le racisme et je trouve que c’est encore plus grave » (p. 369) Alioune Diop J’attire l’attention sur le fait que nous sommes ici des noirs venus de tous les coins du monde. […] Voilà tout simplement une des conditions dans lesquelles nous nous trouvons ici » (p. 370) E. Saint-Lot Il dit que la question à laquelle il s’était offert de répondre portait sur l’existence d’une crise de culture. « Selon moi, si cette crise n’existait pas, ce congrès ne trouverait pas sa justification. » (p. 370) Aimé Césaire « On nous a accusé d’avoir parlé de culture européenne. Mais précisément nous ne l’avons pas fait ? Nous avons simplement dit que tous les pays européens ont leur culture… » (p. 372) Cheikh Anta Diop « Le camarade nous pose une question. Je vous la rappelle : La notion de race noire[…] créatrice d’une culture spécifique ne vous paraît-elle pas une entrave à la lutte idéologique ? […] « Ici le mot qui m’a frappé est celui d’idéologique.[…] Voulez-vous dire que d’un point de vue marxiste que c’est une hérésie que d’entretenir une culture nationale ? » (p. 375) Richard Wright “… the Prime Minister Nkrumah, sent for an american Negro, Hylan Louis, an eminent technician attached to the Tennesse Valley Authority, to advise him. Why did Nkrumah end for an american Negro to help him ? […] Because He was Black and He could trust him.” (p. 376-377) L. S. Senghor « … l’on nous invite à construire la civilisation de l’universel – c’est le terme employé par le Centre européen de la culture – on nous demande de renoncer à notre culture, et même de renoncer à notre race. […] « Nous disons donc que, justement, parce qu’il faut construire la civilisation de l’universel nous devons ainsi nous retrouver entre nous, car la civilisation de l’universel sera faite de l’apport de tous. Pour employer un mot de Césaire, ce sera "le rendez-vous du donner et du recevoir". » Suivent des messages de personnalités et institutions.
Posted on: Sun, 06 Oct 2013 05:19:40 +0000

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