Post Mortem Ils l’attendaient déjà quand elle est arrivée. - TopicsExpress



          

Post Mortem Ils l’attendaient déjà quand elle est arrivée. Masqués et gantés mais elle n’a pas pensé dans l’instant qu’ils étaient venus pour elle. La secrétaire, rivée derrière son comptoir, semblant s’accrocher au télephone, lui indiqua d’un signe d’aller s’installer dans la petite salle d’attente exiguë sur la droite, utilisée uniquement en cas de consultation sur rendez-vous. Elle s’exécuta tout en se demandant pourquoi elle n’allait pas dans la grande salle sur la gauche, comme tout le monde. L’arrivée dans un cabinet médical a toujours été un moment pénible pour elle. Chacun des regards croisés semblait lui indiquer qu’elle allait mourir d’un cancer fulgurant dans les deux jours. Elle était convaincue, comme d’habitude, d’avoir capté sa condamnation dans le regard fugace de la secrétaire. C’était stupide ! Comme de penser que les deux hommes en blanc postés au fond du couloir, immobiles sous leur masque, étaient là pour elle. Décidément, la vue d’un cabinet médical lui était insupportable ! C’est sans doute ce qui l’a poussée à attendre si longtemps. Il est vrai qu’une journée de fièvre ne pouvait suffire pour l’inquiéter outre mesure; il n’est pas étonnant d’attraper froid en décembre. Les signes avant-coureurs des jours suivants ont fini par l’alarmer. Cela faisait une semaine qu’elle ne mangeait plus, pourtant elle ne ressentait aucun malaise et le seul besoin qu’elle éprouvait était de boire de l’eau sucrée. Même quand elle était mannequin, elle n’avait jamais vécu une telle crise d’anorexie; elle se doutait qu’un tel déséquilibre ne pouvait venir que du choc provoqué par le viol. Six mois déjà, six mois pendant lesquels elle continuait chaque soir à sentir les gros testicules noirs battre son entrejambe pendant qu’il la défonçait en lui soufflant son haleine fétide en pleine face. La peur avait couru dans ses entrailles pendant qu’il la retournait pour la sodomiser. Depuis, il lui semblait vivre avec ses propres excréments dans la bouche tandis que la voix de son agresseur résonne au fond de sa mémoire quand il l’a mise à genoux : “Mais tu m’as chié sur la bite salope ! Tiens, bouffe la ta merde, sale pute !” Elle avait tout avalé, les hauts de coeur ne laissant pas remonter le foutre. 15 jours de souffrances, le temps de cicatriser, 15 jours d’angoisse à l’idée d’aller chier. Ne plus rien laisser entrer, ne plus rien laisser sortir…. C’était concevable de ne plus vouloir manger, c’était logique. Tout était normal dans le fond jusqu’au matin même. Depuis quelques semaines, ce qui la gênait franchement c’était cette odeur nauséabonde qui avait commencé à envahir son slip pour s’étaler dans l’aine et couler vers l’entrecuisse. Dans la dernière semaine, quand elle retirait son pantalon, cela envahissait l’atmosphère. La douche, le déodorant, le parfum, rien n’y faisait, elle puait chaque jour plus fort. L’odeur dépassait la frontière du tissu et ses collègues de bureau la sentaient sans imaginer que cela puisse venir d’elle. Et puis vint l’incontinence qui a débuté la veille pendant qu’elle regardait la télé, affalée dans son fauteuil. Elle sentit l’urine couler sans aucun signe annonciateur, elle se pissait dessus. Quand on est face à l’inexplicable, on sent juste sa gorge prise dans un étau, les larmes danser au fond des paupières et le ventre se creuser sous l’effroi. Elle prit trois comprimés pour dormir en sanglotant, incapable de prendre les devants en allant aux urgences et alla se coucher pour se noyer dans des cauchemars indescriptibles. Le matin, elle eut du mal à se lever, les jambes étaient lourdes et raides, c’est en se dirigeant nue vers la douche qu’elle avait senti quelque chose couler le long de son entrejambe. En passant les doigts dessus elle ramassa un ver. Un ver blanc, long et filiforme. Elle hurla de terreur et passa ses doigts entre ses fesses. Un liquide jaunâtre suintait de ses orifices. Elle regarda ses doigts souillés et vit danser de petits asticots dans cette matière visqueuse. Elle hurla de nouveau, l’évidence était là, se mouvant entre ses doigts, elle pourrissait. Assise dans la petite salle, elle repensait à tout cela, incapable de savoir ce qu’elle avait pu faire entre ce moment terrible et le coup de fil au médecin. Ce fut difficile de lui expliquer, difficile de lui parler de ses symptômes mais il avait réussi à lui extirper le maximum d’informations, fasciné par son cas. Elle sentit dans l’instant qu’il n’y avait pas d’espoir quand il la fit entrer dans son bureau et qu’elle vit assis un de ses confrères, éminent Professeur affirmaient-ils. Elle devint hystérique, incapable de maîtriser sa peur. -Je suis contaminée n’est-ce pas ? IL m’a contaminée. Dites- le moi ! C’est ce porc qui m’a contaminée. Les hommes masqués, ils sont là pour moi c’est ça ! Je suis contagieuse, on m’isole parce que je suis contagieuse. Il était malade ce fils de pute ! -Non mademoiselle, vous n’êtes pas contagieuse et votre agresseur va malheureusement bien. Nous pensons seulement que vous avez une maladie jusqu’alors inconnue. Nous voulons vous aider. Il va falloir nous laisser vous ausculter. Si cela se confirme il faudra suivre les infirmiers qui vous attendent dans le couloir. Ne vous inquiétez pas, nous sommes là pour vous soigner. Nous ne voulons que votre bien. Elle voulut partir, fuir mais les deux hommes du couloir la retinrent et le docteur lui injecta un anesthésiant. Elle savait en s’endormant que plus personne ne la verrait . Cela faisait un moment qu’elle trainait dans cet hôpital. Plusieurs jours sans doute, plusieurs semaines peut-être. Elle ne pouvait le dire, le temps s’était arrêté. On lui avait expliqué son mal, dans la mesure du possible. Elle n’avait aucun virus, aucun microbe, il s’agissait d’un organisme qui avait envahi son métabolisme et le rongeait. Elle mourait, on pouvait même dire qu’elle était déjà morte mais la saloperie qui vivait en elle choisissait les organes dont elle voulait le délester et créait de nouvelles ramifications pour se concentrer uniquement sur ce qui devait sans doute lui être utile. Personne ne comprenait, ça dépassait l’entendement et le nombre de nouveaux cas augmentait de jour en jour. On les accueillait dans le centre pour ensuite les regarder pourrir. La partie basse de son corps était déjà pourrie. Les asticots et les infections n’atteignaient pas le reste du corps, elle ne mangeait plus et participait toutes les heures à une séance d’hydratation. Les patients buvaient de l’eau sucrée, seul élément qui semblait nécessaire à la suivie du reste du corps. Très vite, on ne sut que faire de tous ces corps en décomposition et personne ne voulait s’en occuper. On décida de les exterminer mais le bon sens ordonnait d’en conserver deux ou trois spécimens pour les étudier dans l’espoir de palier au problème si l’épidémie continuait à se propager. Jean-Marc était là depuis 6 mois. Il accueillait le nouvel arrivant tout droit sorti de la plus grande école et se réjouissait à l’idée de pouvoir lui faire découvrir le centre de recherches profilactiques. Ils allaient de service en service depuis un moment et il avait pris le soin de garder le meilleur pour la fin. -Vous êtes là pour combien de temps ? - Mon stage va durer six mois. - Ah, vous devez être content ! - Plutôt oui, ça n’a pas été facile de l’obtenir. Jean-Marc s’arrêta face à une lourde porte blindée. -C’est là, préparez-vous à un choc, pour sûr, c’est du jamais vu ! Il composa le code d’entrée et la porte s’ouvrit automatiquement. Ils entrèrent dans une sale circulaire. Au milieu de cette sale, trois têtes sectionnées au niveau de la mâchoire inférieure, baignant dans une espèce de liquide amniotique. Chaque tête était reliée à une espèce de poumon artificiel dont le rythme régulier était ponctué par le bruit de ce qui semblait être un Coeur artificiel que les trois têtes se partageaient. Des électrodes étaient placées de part et d’autre sur les crânes dont les cheveux épars étaient collés par l’humidité, on pouvait voir sur les trois moniteurs l’activité cérébrale de chacune des têtes. Le nouveau resta sans voix, sidéré par ce qu’il voyait, ne réussissant pas à en donner un sens. Jean-Marc sourit et se dirigea vers l’une d’elle. -Celle-ci est ma préférée. On dit qu’elle était mannequin dans la vie, regarde, on voit encore qu’elle a été belle. Il en caressa doucement la joue. Le nouveau ne put réprimer un cri quand il vit les yeux s’ouvrir et se mouvoir dans leur orbite. - Ses yeux ! Elle vit ? - Ben oui elle vit, t’as bien vu l’encéphalogramme. Regarde ses yeux, tu vois pas quelque chose ? Il s’approcha, réprimant son dégoût. Il l’observa et vit que les yeux commençaient à perdre de leur couleur, ils devenaient livides. Puis il vit des larmes. - Elle pleure ? - On ne sait pas, c’est peut-être toute cette humidité, on ne sait pas. Il souligna du doigt une profonde ride qui balafrait la joue creuse. - T’as vu, à force, ça fait comme une rigole.
Posted on: Tue, 10 Sep 2013 18:34:27 +0000

Recently Viewed Topics




© 2015