QUAND LE MALI QUI ETONNE, LE BENIN DETONNE… Chers amis, je - TopicsExpress



          

QUAND LE MALI QUI ETONNE, LE BENIN DETONNE… Chers amis, je reviens un peu sur l’actualité brulante de notre pays. Je veux y revenir pour l’analyser à la lumière de ce qui se passe dans l’autre pays de l’Afrique de l’Ouest, le Mali. Ce matin, la Radio France Internationale (RFI) a balancé sur ses antennes de façon successive les nouvelles sur les deux pays. D’un côté, le Mali qui fait montre d’un exploit en matière de démocratie sur le continent et qui malgré son état critique au sortir d’une guerre terroriste qui l’a quasiment décimé s’en sort brillamment avec une élection présidentielle en passe de devenir la référence principale pour les spécialistes de gouvernance en Afrique. De l’autre côté, on a un Bénin précédemment champion indiscutable en matière de démocratie pluraliste sur le continent et qui s’embrouille dans des rafistolages mal conçus qui sont révélateurs d’un malaise profond que le régime du président Yayi ne parvient pas du tout à bien masquer. Revenons un peu sur les faits pour essayer une analyse comparative plus ou moins objective. Le Mali on le sait, a connu une sévère crise provoquée par des terroristes qui avaient profité des faiblesses de l’armée malienne et des situations cahoteuses nées de la guerre libyenne pour lancer des assauts répétés contre le pouvoir de Bamako. C’était il y a plusieurs mois. Puis, face aux atermoiements de la communauté internationale et surtout de la fameuse Union Africaine, la France va se porter au chevet de l’enfant malade et lui prodiguer une thérapie de choc grâce à laquelle, le Mali a pu s’en sortir et rétablir progressivement sa souveraineté territoriale. S’ensuivra l’accord de Ouagadougou qui fixera l’élection présidentielle à organiser à une date fixe. Je me souviens bien des réserves émises ici et là sur les capacités du pays à tenir un tel pari sur l’ensemble du territoire national. Le cas de Kidal avait évidemment de quoi préoccuper car cette province était plongée dans un état de ni-guerre ni-paix. Mais, le président intérimaire Djokounda Traoré ne l’entendait pas du tout de cette oreille, lui qui a résolu de sortir son pays de son état critique après des moments de déstabilisation avancée de son système politique. Et l’élection tant attendue fut tenue. Les media dans leur ensemble se sont fixé sur l’événement et lui ont réservé le traitement digne de son rang. Le monde entier retint son souffle. Le cas de Kidal, on s’en doutait a préoccupé plus d’un. Mais, plus de peur que de mal. Les Maliens ont surpris le monde entier et sortant patiemment effectue leur devoir civique. Deux challengers vont être proposés à l’électorat malien pour un deuxième tour. Soumaila Cissé, ancien président de la Commission de la CEDEAO et Ibrahim Boubakar Keita, ancien premier ministre du pays. Un geste d’élégance politique… Mais ce qui va corroborer toute cette superbe démocratique malienne, c’est le geste plus qu’élégant qu’a eu le perdant Soumaila Cissé hier seulement qui a vraiment porté la démocratie malienne au firmament de la gloire. Ce dernier s’est rendu en effet au domicile de son rival pour lui dire de vive voix ses félicitations. Et tenez-vous bien, il s’est rendu chez IBK avec sa famille, s’il vous plait .Quelle grandeur d’esprit ! Quelle maturité politique ! Ce geste faut-il le rappeler constitue une grosse première dans les mœurs politiques d’une Afrique plutôt reconnue pour être un foyer incandescent de crises électorales notamment ces dernières années. Les cas de la Côte-d’Ivoire, du Kénya, du Zimbabwé, du Cameroun, de la RDC, du Congo-Brazzaville, etc. Sans nommer les pays où les chefs d’Etat essaient de tripatouiller les constitutions pour se maintenir aux affaires. Je ne dis pas que le scrutin soit parfait ou totalement transparent. Loin de là. Aucun scrutin ne le sera d’ailleurs jamais au monde. Mais, ce qui fait grandir une nation, c’est des leaders qui savent raison garder et fixer l’horizon de leur peuple au lieu de fixer leur petit nez. Il est vrai que Houngbédji avait surpris lui aussi tout le monde en félicitant Boni Yayi son tombeur de 2006 à l’issue d’une compétition présidentielle où il voulait jouer sn baroud d’honneur. Mais, avouons-le. Le geste emblématique de Soumaila Cissé emporte plus d’élégance au plan politique. Comme quoi, il est toujours possible aux Africains de se hisser au-dessus d’eux-mêmes et se faire respecter des autres s’ils le veulent vraiment. Le Mali a posé un acte très noble et ennoblissant pour rehausser l’aura politique d’un continent aux prises avec d’énormes crises qui enrayent son potentiel de développement socio-économique. Pour un pays qui luttait désespérément pour s’affranchir d’une guerre lancinante, œuvre de fondamentalistes islamistes, ce geste est plus que salutaire et q de quoi éduquer nos dirigeants africains plutôt préoccupés eux par leur propre sort personnel que celui de leurs peuples. Un leader devrait dans tous ses actes se préoccuper non pas de lui-même mais plutôt de l’avenir de ceux qu’il dirige. On ne dirige pas un peuple vers le gouffre mais plutôt vers un meilleur sort, vers un mieux-être. Et pour ça, aucun sacrifice n’est de trop. C’est ce qui faut retenir du geste magnanime de Soumaila Cissé. Lui qui sait désormais que pour diriger un peuple, il fait faire preuve de patience et de modération dans ses ambitions. Un peuple, disait un grand politique, est comme une femme. Pour obtenir ses faveurs, il faut savoir accepter ses caprices et savoir l’amadouer jusqu’au moment où il veuille vous céder son destin. Nul ne devrait être surpris de voir cet homme prendre les rênes du pouvoir suprême à Bamako dans les années à venir. Mais, en fait, Mr. Soumaila n’a fait que confirmer une certaine tradition de tolérance malienne déjà mise en exergue par Amani Toumani Touré, l’ex-chef d’Etat qui, en bon général d’armée, avait dirigé la transition après le renversement du dictateur MoussaTraoré et qui a eu le mérite de se retirer des affaires avec élégance après l’élection du nouveau président Alpha Oumar Konaré démocratiquement élu en 1992 puis réélu en 1997. Donc à part l’intermède du régime dictatorial de Moussa Traoré, ce pays a toujours servi au monde un cocktail politique assez délicieux depuis les années quatre-vingt-dix. Tout s’embrouille au Bénin Et quid du Bénin ? Etonnamment, ce pays semble aux prises à une crise politique sans pareil avec des acteurs qui peinent à trouver un terrain d’entente pour sortir la nation du bourbier où elle se trouve depuis un certain temps. Inutile de revenir sur les tempêtes révisionnistes sur fond de propagande et de manipulation qu’entretient le régime ne place malgré les signes de résistance venant de la société civile. Inutile aussi de revenir sur les scabreuses affaires de tentative d’assassinat et de de coup d’Etat mises à la charge des proches de Patric Talon, homme d’affaires dont le soutien financier aurait valu à Yayi son élection en 2006 et sa réélection en 2011. Les batailles judiciaires que se livrent les deux hommes par-delà l’Océan Atlantique et qui semblent indiquer un échec du pouvoir en première instance et en appel n’ont fait qu’ébranler l’édifice national. Car le président plus résolu à en découdre avec son ancien soutien se livre à tous les actes des plus bas et plus brouillons qui en déteignent malheureusement sur la paix sociale. Sans oublier évidemment les accrochages qui ont conduit à la démission en douce du premier ministre Pascal Iréné Koukpaki, personnage haut en couleurs du régime. La mise à l’écart de deux autres barons du régime à savoir Issifou Kogui N’Douro et Rekya Madougou qu’on qualifie de rossignol de Yayi a fait jaser plus d’un sur les liaisons probables de ces derniers avec Patrice Talon. Puis, le président tentera vainement d’embarquer le PRD dans sa nouvelle équipe gouvernementale. Ne pouvant satisfaire aux exigences d’un dialogue inclusif demandé par le leader des Tchoco—Tchoco, Yayi proposa à la nation et au monde une liste aux allures d’un sauvetage catastrophique d’une situation qui commençait à sentir le roussi. Car ce gouvernement constitué à la va-vite révèle un mal plus profond au plan politique. Il y a un tel déficit de confiance entre les acteurs politiques du pays que le chef d’Etat désormais en position de faiblesse ne parvient plus à faire valider son crédit et son autorité présidentielle. Tout ceci doit avoir un lien directe avec l’atmosphère délétère des récentes présidentielles et la gestion cavalière avec laquelle le régime Yayi a géré la vie politique depuis lors. La coalition UN même éclatée reste toujours convaincue que Yayi et la Cour de Robert Dossou ont tripatouillé les résultats de cette élection avec une pseudo liste électorale permanente informatisée. L’arrogance de plus en plus affichée des sbires du régime pour plaire à leur monarque souverain et gagner des prébendes a fini de fâcher l’opinion publique surtout dans la saga de la révision constitutionnelle. Se sentant isolé et pris en étau dans les scandales et crises qu’il a suscités lui-même, le président qui ne pouvait se permettre une claque aussi humiliante de la part de son premier ministre, n’a eu pour tout réflexe que de dissoudre tout son gouvernement et tenter de colmater les brèches avec une opposition qui ne peut plus croire en ses promesses. Yayi a interverti l’ordre des choses ; ce que lui relève avec force élégance Me Adrien Houngbédji. Vieux routier de la vie politique nationale, le leader des Tchoco-Tchoco n’aurait pas fait dans la dentelle pour exiger de son interlocuteur l’ouverture à son initiative d’un dialogue global et inclusif avec toutes les forces politiques du pays en vue de la formation d’un gouvernement d’union nationale. Trop tard sans doute pour un Yayi qui aime filer à la vitesse TGV pour finir dans un chaos comme toujours. Or, il aurait fallu commencer par ce fameux dialogue inclusif avant de dissoudre son équipe gouvernementale. En bousculant les choses de façon précipitée et en nommant des gens peu qualifiés aussi bien politiquement que techniquement aux plus hautes charges administratives, le président a annulé apparemment toute possibilité d’apaisement avec ses adversaires politiques. Avec cet énième épisode de la crise de confiance entretenue par Yayi, notre pays a raté l’occasion noble de redorer son blason aux yeux de la communauté internationale jadis séduite par le modèle démocratique béninois. Désormais, le Mali qui était en compétition avec nous en matière de prime à la démocratie continentale vient de nous détrôner de fort belle manière. Et dire que c’est ce même Yayi qui va jouer les sapeurs pompiers au chevet du Mali en tant que président de l’UA. Il fera la même chose pour les Ghanéens et bien d’autres alors qu’il en incapable de se soigner lui-même. Curieux ce docteur, n’es- ce pas ? Mon Bénin ne cessera jamais de surprendre le monde ! Bonne méditation !
Posted on: Tue, 13 Aug 2013 15:25:23 +0000

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