Qu’est-ce qu’une Robinsonade ? Le problème de la création - TopicsExpress



          

Qu’est-ce qu’une Robinsonade ? Le problème de la création monétaire par les banques centrales déchire les économistes. S’il est (beaucoup) plus sophistiqué de nos jours, il n’est pas différent par nature de l’époque du néolithique avec les coquillages. L’avantage des coquillages, c’est que c’est plus facile à appréhender, une fois la complexité moderne retirée de l’équation. Pour le mérite, le capitalisme, les inégalités, la solidarité, la lutte des classes, le libéralisme, et beaucoup d’autres choses, c’est pareil. Les mécanismes à l’œuvre sont plus explicites dans le cadre d’une Robinsonade. Afin de ne pas polluer le débat avec toutes sortes de complications modernes, revenons aux fondamentaux. Utilisons la logique systémique (analogies). Pour être parfaitement rigoureux, il faudrait expliquer en quoi l’analogie présentée est pertinente ou non, mais je pense que c’est assez intuitif. J’ai pris deux extrêmes à dessin. On pourrait bien sûr nuancer les qualités/défauts, mais ça ne ferait que compliquer les choses et n’introduirait pas de différences de situation notable. Prenons un Jean et un Paul isolés sur leur île. Disons pour simplifier qu’ils ont évolué par rapport à la situation de départ et que, comme chacun d’eux ne peut pas occuper le même emplacement physique que l’autre, ni dormir au même endroit, ni manger les mêmes fruits (bien sûr on peut couper un fruit en deux, mais au final, une bouché va dans un estomac, ou un autre, pas les deux), ils ont décidé de se partager l’île équitablement. Ils habitent quand même non loin l’un de l’autre, car c’est plus pratique pour se voir, se parler, s’aider. Comme dans la vie, Jean et Paul ne sont pas dotés des même qualités. Jean est plus malin, Paul est plus costaud. Tout se passe bien, Jean et Paul sont amis, mais l’hiver, il fait froid, et Jean est plus fragile que Paul. Il attrape froid, il est malade et faible, et sa survie est en jeu. Paul lui, il résiste mieux au froid. Tout ce qu’il peut faire pour aider son ami, c’est lui donner quelques fruits et légumes quand il es trop malade pour aller les chercher lui même, ou bien lui ramener un gibier s’il n’y a plus de légumes. C’est beau la solidarité se disent-ils. Un printemps, Jean décide d’agir. Il prends son courage a deux mains, coupe du bois, va chercher des pierres et de la terre, et il se construit un abri … pour lui et pour de la nourriture pour l’hiver. Paul lui n’a pas très froid l’hiver, il ne comprends pas son ami qui se démène, qui transpire, se fatigue, se blesse. Il préfère glandouiller dès qu’il en a l’occasion. En fait, avant que Jean n’échoue sur l’île Paul se sentait bien seul et il s’est accommodé de la situation grâce a une plante qui poussait non loin de chez lui. De toute manière, ils sont chacun sur leur morceau d’île. Mais il voit Jean venir parfois de son coté prendre des pierres. Il s’en fiche, il n’en fait rien de ces pierres de toute manière. Et puis Paul, il est dans l’être lui, il n’a pas besoin d’accumuler de l’avoir, il est dans l’amour et la paix, il a confiance dans la vie, enfin, surtout qu’il fume sa plante préférée. Et puis les agitations de Jean pourraient perturber son bien être. Jean de son coté a fait un abris mono-personne, car c’est déjà suffisamment de travail et de toute manière Paul ne l’aide pas. Chaque printemps, été, et automne, pendant 5 ans, Jean trime pour construire un abris digne de ce nom. Il s’est inventé des outils pour aller plus vite, il a appris a faire des palans, une brouette, des échafaudages, une scie, il a testé différentes techniques de mortiers pour ses murs, différents paillages pour son toit. Une fois d’ailleurs, son toit est tombé, il a du le refaire. Mais au bout de 5 ans, il a réussit à avoir un abris pour l’hiver, qui lui serve à lui et à sa nourriture. Du coup maintenant, c’est lui qui est le plus confortable pendant l’hiver, et qui est en meilleure santé, et il peut aider son ami Paul si la chasse est mauvaise en lui donnant un peu de son stock de légumes qu’il fait pendant l’été. Maintenant, il peut être tranquille. Le faire est donc l’équilibre entre l’être et l’avoir. Jusque la tout va bien. Mais cette année, l’hiver est particulièrement rigoureux. Cette fois, Jean est bien tranquille dans sa maison, il l’a même améliorée avec une cheminée, car il s’était douté que certains hivers sont pire que d’autres. Le gibier est rare, trop rare. Paul va voir son ami Jean et lui demande un peu de sa réserve. Il a peur que l’hiver soit trop long et de ne pas trouver assez de gibier. Jean refuse, car il a peur d’être a nouveau malade, et il se dit que Paul a toujours été de meilleure constitution que lui de toute manière. Paul repars dépité, son ami ne l’a pas aidé. Et puis il se rappelle que Jean était venu prendre des pierres chez lui. Des pierres avec lesquelles il aurait pu faire un abris lui aussi. Il dit : puisque Jean m’a volé, je vais le voler lui aussi. Et une nuit, il va se servir dans la réserve de son ex-ami. Les années passent, et selon que l’hiver est rigoureux ou clément, ils se réconcilient ou se disputent, mais tant bien que mal, il survivent. Dans les périodes amicales, Jean apprends a Paul à lire. Ce dernier, qui flâne parfois près de l’épave de Jean tombe sur un livre : "Le capital", de Marx. Il le dévore. Il va voir Jean et lui explique : Ton abris, tes outils, ton stock de nourriture sont du capital. Tu es un capitaliste, un bourgeois. Et moi je suis un prolétaire. Nous n’appartenons pas à la même classe d’homme. Il ne devrait pas y avoir d’inégalités entre les hommes, nous devrions tous avoir les même chances de traverser l’hiver. Tu dois partager avec moi tout ce que tu possèdes. Jean étonné réplique : ha, je vois que tu réfléchis plus maintenant qu’il fait froid. Sache que j’ai travaillé fort et mérité cette maison pendant que tu glandais tranquille. Je suis un libéral, et ce qui est a moi est a moi. J’en fais ce que je veux. J’ai passé énormément de temps à fabriquer ma brouette. Mais je n’aime pas la solitude et ça me ferait chier que tu meures de froid l’hiver, et en plus tu m’as aidé par le passé. Si tu la veux, je te la prête. Tu devras me la rendre. Mais tu risque de la casser, ou de ne pas me la rendre puisque tu m’a déjà volé par le passé. Tu dois donc me signer un contrat qui fait de moi ton banquier, pour me dédommager de l’effort qu’il m’a fallu en premier lieu pour fabriquer la brouette dont tu vas profiter sans avoir rien fait de ton coté. Mais j’ai autant besoin de ma brouette que toi, et en plus tu vas l’user, donc, si tu m’en prives, tu dois aussi me dédommager pour ça, car je vais devoir m’en fabriquer une autre. Tu auras une dette envers moi. Voici donc ce qu’il t’en coûtera pour rembourser cette dette : tu devras me donner un partie des fruits que tu cueilles (les intérêts), et ton arc de chasse en garanti (le collatéral) si tu casses ou ne me rends pas la brouette, auquel cas je garderais ton arc. Avec la brouette tu pourras aller récupérer des pierres plus loin et te faire un abris. Si tu ne veux pas de dette, pas de problème, je ne te prête pas ma brouette. Paul n’a pas besoin de beaucoup réfléchir pour accepter. Ça tombe bien il n’aime pas trop l’effort quel qu’il soit. Jean par contre était face à un dilemme. A ce stade la, Jean avait deux solutions : soit il demande a Paul 10% de sa récolte. Soit il demande a Paul 10% de la valeur de la brouette (pour son l’usure). Si les récoltes sont bonnes, il vaut mieux 10% des récoltes (spéculation). Mais vu comment Paul est tricheur, il vaut mieux choisir 10% de la valeur de la brouette, ce qui est une somme fixe, donc avec plus de sécurité. Ce sont les intérêts de la dette. Mais au moins c’est une manière de faire éthique, il n’arnaque pas Paul, qui devient son client. Il ne peut pas l’arnaquer parce que sinon, a l’avenir, Paul ne lui fera plus confiance, et il en a bien conscience. Et vu que Paul est plus fort, il n’a pas envie de se prendre une torgnole. Ils signent le contrat. Et la vie reprends. Paul galère, mais il a une bonne constitution et il ramène des pierres. C’est fatiguant, mais moins que de le faire à la main. En plus, il doit aussi cueillir plus de fruits pour en donner une partie à Jean. Mais il était un peu obligé d’accepter, vu qu’il ne sait pas fabriquer lui même une brouette. C’est la loi du marché. Il fait double travail par rapport à avant. En plus, Jean a passé des mois et des mois à essayer telle ou telle combinaison de paillage pour le toit, et il se demande comment il a bien pu faire. Il voudrait bien la recette plutôt de devoir chercher par lui même. Mais Paul a déposé un brevet qu’il garde jalousement sur ses inventions. Après tout, la solution existe puisque Jean la trouvée alors pourquoi se fatiguer à prendre les même risques ? C’est pareil pour le mortier, comment faire tenir un mûr correctement ? Il ne sait pas le faire et n’a aucune idée de comment s’y prendre. Mais il a des pierres, des fruits et des muscles. Il pourra donc les négocier. Du coup Jean qui a déjà une maison, et qui récupère les fruits de Paul à beaucoup de temps libre. Il réfléchit à sa condition et il se dit qu’avant il passait ses hivers à souffrir, et les été à trimer comme un fou, et que maintenant, ses hivers sont plus doux grâce à sa maison, mais qu’en plus, il peut travailler moins l’été grâce aux muscles de Paul. Alors il réfléchit, il en profite pour inventer des tas d’autres outils très pratique et pour améliorer son confort. Et il pense à Paul qui lui a volé sa nourriture plusieurs fois du temps ou l’hiver était rude et qui parfois lui ramène sa brouette avec une roue en moins et qu’il doit réparer à ses frais. Chose qui n’était pas prévue dans le contrat. Le temps ayant passé, la situation mûrie, un jour assis en train de bavarder, ils en viennent à discuter de nouveau : Paul l’apostrophe : je t’ai donné beaucoup de fruits, et maintenant, en plus d’avoir un abris, tu as un fauteuil, un hamac, une piscine pour te rafraîchir l’été. La belle vie quoi. Moi je galère avec mon mur et mes toits. Toi n’a pas besoin de tout ce luxe, tu pourrais venir m’aider un peu au lieu de passer tout ce temps à ces futilités. En plus Marx a dit que … Jean l’interromps : Laisse tomber Marx, tu ne comprends pas ce qu’il dit. Moi je suis plus malin, mais toi tu es plus fort. Ça tombe bien, comme j’ai du temps libre, j’ai réfléchi et j’ai un super projet. Si tu veux que je t’aide, alors tu devras travailler pour moi en retour, sous mon commandement. Je te donnerais un salaire que tu pourras utiliser pour acheter ce qu’on fabriquera tous les deux. Paul : ok, mais je ne veux pas être ton esclave. Si tu dois décider de ce que je fais de ma vie, tu dois me donner en échange : les congés payés, le chômage, la retraite, la sécurité sociale, les allocations familiales. C’est marqué dans les livres. Jean : je vois que tu as beaucoup lu mais peu compris. Je commence à regretter de t’avoir appris à lire. Tu aurais pu apprendre comment faire un jardin, ou comment conserver tes fruits l’hiver. Au lieu de ça, tu viens m’accuser de ton propre malheur et échecs. Mais soit, je suis bon prince, et je te garanti de te mettre en place des systèmes d’aide sociaux en cas de pépin si tu travailles assidûment. De toute manière c’est mon intérêt que tu sois content de travailler pour moi. (Jean malin se dit : il suffira que je le fasse travailler un peu plus et je mettrais moi même de coté des légumes pour lui puisqu’il est trop faignant pour se motiver à travailler plus pour le faire lui même). Les années qui suivent, Paul travaille pour Jean. Il est maintenant officiellement salarié après avoir signé un nouveau contrat. Grâce aux conseils et à la supervision de Jean (et de plus en plus rarement son aide physique), Paul construit sa propre maison, ainsi que d’autres choses dans la propriété de Jean, auxquelles il ne comprends pas toujours grand chose. Il travaille dur, il se tue presque à la tâche car Jean est très ambitieux. Mais au moins maintenant, il s’est lui aussi enrichi, il dispose de sa propre maison et peut passer l’hiver tranquille. Il sait que s’il se blesse Jean saura le soigner. Il sait qu’en cas de pénurie prolongée, Jean aura prévu le coup et aura toujours de la nourriture à lui refiler (… mais en échange de travail supplémentaire plus tard, pas gratuitement comme au début). Mais au moins, il est en sécurité, et il n’a pas à se poser trop de questions. Ça lui va. Mais un jour une grosse tempête arrive. Grâce aux muscles de Paul et a son ingéniosité, Jean a beaucoup amélioré sa maison (en priorité). Il va perdre la piscine, mais il s’en fou, il pourra la refaire creuser a Paul après la tempête, grâce aux dettes que ce dernier a contracté pour faire sa maison. Par contre la maison de Paul est loin d’être aussi solide. Et la tempête l’emporte. Et l’hiver approche. Et Paul regarde la maison de Jean avec de plus en plus d’envie. Et, il a tellement travaillé dur. Et Jean avec ses 3 pièces et tout son luxe pourrait bien lui en prêter une. Et il sait qu’il le fera, mais en échange il devra travailler encore plus dur, contracter encore plus de dettes. Ça fait beaucoup de "Et" qui se cumulent. C’est injuste ces inégalités. Paul avait d’ailleurs lu qu’il était arrivé des choses similaires au Grecs à une époque… "austérité quelque chose" se souvient-il vaguement. Il n’a plus le temps de lire depuis longtemps.. Paul en arrive a regretter le temps ou il glandouillait tranquille été comme hiver. Il se dit qu’il est devenu l’esclave de Jean a cause de cette fichue dette. Mais il lui reste une hache et un arc. Cette fois, on va voir ce qu’on va voir. Il est plus fort que Jean, il l’a toujours été, et ces années de dur labeur l’ont rendu encore plus fort. Il s’arme et décide d’aller rendre visite à son ancien ami devenu patron et banquier. Mais la manque de bol, Jean à mis en place un système d’alarme et d’un coup, toutes les barrières (que Paul avait lui même construit sans le savoir) se referment. Et le voila emprisonné dans sa propre propriété dévastée par l’ouragan. Il ne s’est pas rendu compte que Jean en le faisant travailler avait sécurisé sa moitié d’île … Il y a des drones menaçants qui patrouillent maintenant. La tempête a détruit les récoltes, les champs, et tués des animaux. La vie va être compliquée de son coté, alors que Jean lui a aménagé toute sa partie de l’île : il a des routes, les champs son irrigués, les silos sont intact. Paul se dit "mais c’est moi qui ai fabriqué tout ça en plus" ! Et de voir toute cette richesse à portée de main, juste derrière la barrière, c’est rageant. Salaud de riche. Jean de son coté voit Paul armé et en rage, victime de sa fainéantise, et de son manque d’initiative. Enfoirés de pauvres.
Posted on: Mon, 01 Jul 2013 16:50:16 +0000

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