RECIT SUR LA DISPUTE ABBASSIDE D’AMIN AVEC - TopicsExpress



          

RECIT SUR LA DISPUTE ABBASSIDE D’AMIN AVEC MAMOUN Après la mort de Rachid à Tous, Fadl, fils de Rahî, redouta la colère de Mamoun quil avait trahi, en amenant à Amin tout le matériel de l’armée, au mépris du testament verbal, par lequel Haroun er-Rachid, en présence de témoins, le léguait à Mamoun. Cest pourquoi, craignant que Mamoun, en montant sur le trône du khalifat, ne lui rendit le mal pour le mal, il persuada à Amin quil avait intérêt à dépouiller son frère de son droit éventuel au trône et à proclamer son propre fils Moussa héritier présomptif. Un grand nombre [de courtisans] furent, à ce sujet, du même avis que Fadl, et Amin fut enclin à les suivre. Il consulta ensuite les hommes les plus éclairés de son entourage, qui cherchèrent à le détourner de son projet, en lui faisant craindre le châtiment immanent qui atteint ceux qui se rendent coupables dinjustice et violent les pactes et les engagements. Ils allèrent jusqu’à lui dire : « Ne donne pas aux officiers de larmée [par ton exemple] l’audace de violer la foi jurée et de déposer un prince, car ils te déposeront bientôt toi-même. » Mais le khalife naccorda aucune attention à leurs représentations et suivit lavis de Fadl, fils de Rabi. En conséquence, pour tromper Mamoun, il commença par l’inviter à se rendre à Bagdad; mais celui-ci ne se laissa pas tomber dans le piège, et lui répondit par une lettre dexcuses. Les lettres et les messages se succédèrent entre eux, jusquà ce que Mamoun, se laissant fléchir, résolut dabdiquer ses droits au trône et de reconnaître [comme héritier présomptif] son [neveu] Moussa, fils dAmin. Mais son vizir, Fadl, fils de Sahl, le prit à part, lencouragea à la résistance et lui garantit le khalifat, en lui disant : « Jen fais mon affaire. » Alors, Mamoun résista aux sollicitations de son frère. De son côté, Fadl, fils de Sahl, se mita travailler pour Mamoun, lui gagna les populations, fortifia les frontières et donna aux affaires une organisation solide. Dès lors, linimitié saccrut entre les deux frères, Amin et Mamoun, les communications furent interrompues entre Bagdad et le Khorasan. les lettres furent ouvertes, et la situation devint grave. Amin retrancha le nom de son frère de la khotba (sermon du vendredi) et fit emprisonner ses délégués. Mamoun usa de représailles chez lui au Khorasan. Alors leur inimitié senvenima davantage. Autant Mamoun avait de fermeté et de constance, autant Amin montrait dindolence, dimpéritie et de négligence. Voici un des traits les plus frappants de la stupidité et de lignorance dAmin : Il avait envoyé, pour combattre son frère, un des vieux généraux de son père, nommé Ali, fils dIsa, fils de Mâhân,[8] à la tête de 50.000 hommes. On dit même quavant cette époque Bagdad navait jamais vu sortir de ses murs une armée plus nombreuse. Après avoir muni ses troupes dune quantité darmes et de richesses considérables, il les avait accompagnées jusquen dehors des portes de la ville pour leur faire ses adieux. Cette expédition était la première quil dirigeait contre son frère. Ali, fils d’Isa, fils de Mâhân, se mit donc en marche avec ces forces redoutables. Cétait un vieillard vénérable, un des piliers du gouvernement et dun extérieur majestueux. Il rencontra, sous les murs de Rey, Tahir, fils de Housain, dont larmée montait à environ 4.000 hommes de cavalerie. Le combat fut acharné et la victoire se décida enfin pour Tahir, Ali, fils dIsa, périt [dans la mêlée] et sa tête fut portée au vainqueur, qui écrivit à son maître Mamoun une lettre conçue en ces termes (après les compliments dusage) : « Voici ce que jécris à lEmir des Croyants (quAllah prolonge son existence !) : La tête d’Ali, fils d’Isa est tombée en mon pouvoir; son anneau est à mon doigt[9] et ses troupes sont sous mes ordres. Salut. » Il fit porter la missive à Mamoun par un courrier, qui parcourut en trois jours un espace de 250 parasanges. Mais lorsque la mort dAli, fils dIsa, parvint à Amin, il samusait à pêcher : « Laisse-moi tranquille, dit-il au messager, car mon affranchi Kauthar a déjà pris deux poissons, tandis que moi, jusquà cet instant, je nen ai pas pris un seul. » Ce Kauthar était eunuque et lun de ses favoris. La mère dAmin, Zoubaïda, avait bien plus de sens et de raison que lui. En effet, Ali, fils dIsa, nommé commandant en chef des forces dirigées contre le Khorasan, sétant présenté au palais de Zoubaïda pour lui faire ses adieux, elle lui adressa ce discours : « O Ali, bien que lEmir des Croyants soit mon fils et lunique objet de ma tendresse,[10] les revers et les humiliations qui pourraient atteindre Abd Allah (elle désignait ainsi Mamoun; touchent mon cœur et je suis très alarmée par les dangers auxquels il est exposé. Mon fils est roi et il ny a entre lui et son frère quune dispute pour une question de pouvoir. Aussi, respecte en Abd Allah les droits que lui donnent sa naissance et sa qualité de frère. Ménage-le dans tes paroles, parce que tu n’es point son égal. Garde-toi de le traiter durement comme un esclave ou de lhumilier en le chargeant de fers et dentraves. Néloigne de son service ni femmes, ni esclaves. Quand vous serez en route, il ne faut ni le brusquer, ni marcher à ses côtés, ni te mettre en selle avant lui. Ton devoir est de lui présenter létrier lorsquil montera à cheval; et, sil lui arrive de tadresser des injures, supporte-les avec patience. » Ayant ainsi parlé, Zoubeïda remit au général une chaîne dargent, puis elle ajouta : « Dès que ce prince deviendra ton prisonnier, cest avec cette chaîne que tu lattacheras. » Ali, fils dIsa, répondit: « Tes ordres seront accomplis. » Cependant, les habitants de la ville croyaient fermement au triomphe de ce général, tant ils avaient une haute opinion de ses talents et de son armée, tant ils méprisaient les troupes que lui opposait Mamoun. Mais les décrets dAllah décidèrent le contraire de ce quils croyaient, et l’issue de la bataille fut ce que l’on sait. Ce règne fut une époque de troubles et de guerres civiles. Housain, fils d’Ali, fils d’Isa, fils de Mahân, un des généraux dAmin, se révolta contre lui. Après lavoir détrôné, il le jeta dans les fers et fit proclamer khalife Mamoun. Une partie des troupes suivit son exemple. Mais bientôt un autre groupe se forma dans larmée, et on y tint le discours suivant : « Si Housain, fils dAli, entend gagner la faveur de Mamoun par le service quil lui a rendu, eh bien ! nous aussi tâchons de gagner la faveur de notre khalife, Amin, en brisant ses chaînes, en le délivrant et en le replaçant sur le trône. » Alors il y eut entre eux une bataille, dans laquelle les partisans dAmin, maîtres de la victoire, pénétrèrent dans la prison, doù ils larrachèrent pour le replacer sur le trône du khalifat. Ils eurent ensuite un combat où Housain, vaincu et fait prisonnier, fut amené en présence dAmin. Le khalife lui adressa damers reproches, mais il prêta une oreille favorable à ses paroles de repentir et lui pardonna. Et même il lui fit revêtir une robe dhonneur et lui confia le commandement en chef de larmée. Mais à peine ce général, chargé de combattre Mamoun, fut-il sorti de la ville, quil prit la fuite. Amin détacha à sa poursuite la troupe qui latteignit et le massacra. Sa tête fut apportée au khalife.[11] Cependant, les hostilités ne cessaient de croître et le désaccord daugmenter chaque jour, lorsque Mamoun envoya Harthama[12] et Tahir, fils de Housain, deux de ses meilleurs généraux, à la tête dune armée nombreuse pour assiéger Bagdad et présenter la bataille à Amin. Pendant plusieurs jours, la capitale de lempire fut bloquée, et les généraux, à la tête de leurs troupes, combattirent avec acharnement. Enfin, les deux armées adverses se livrèrent de nombreux combats, dont le dernier laissa la victoire aux soldats de Mamoun. Amin fut tué et sa tête fut portée à son frère Mamoun dans la province du Khorasan. Cet événement eut lieu en lan 198 (813 de J.-C.).[13] Quant à l’histoire du vizirat sous le règne de ce prince, [elle est bien courte]. Le seul ministre quil ait eu fut Fadl, fils de Rabi, autrefois vizir de son père [Haroun er-Rachid] et dont la biographie[14] a été donnée en partie précédemment, en parlant de son vizirat sous le règne de Haroun. FIN DU RÈGNE DAMIN. VII. — RÈGNE D’ABD ALLAH MAMOUN (198 / 813 — 218 / 833) Après Amin, régna son frère Abd Allah Mamoun, qui reçut linvestiture publique à Bagdad en l’année 198 (813 de J.-C). Cest un des princes abbâsides les plus distingués sous le rapport de la science, de la sagesse et de la douceur. Il était intelligent, ferme et généreux. On raconte quétant à Damas, il éprouva une grande gêne dans létat de ses finances, et que son trésor se trouva presque épuisé. Il se plaignit de sa position financière à son frère Moutasim, qui gouvernait en son nom plusieurs provinces. Ce prince lui dit : « Emir des Croyants, tu peux te regarder comme déjà en possession de trésors considérables, car dans une semaine ils te seront livrés. » En effet, dans cet intervalle, 30 billions de drachmes furent apportés des provinces que gouvernait Moutasim. Alors Mamoun dit à Yahya,[15] fils dAktham[16] : « Viens avec moi voir les trésors [qui me sont envoyés]. » Le khalife et Yahya, suivis dune foule dhabitants, sortirent de la ville. Le convoi était disposé avec faste et magnificence. Mamoun fut agréablement surpris de voir tant de richesses. Les spectateurs, non moins émerveillés, sen réjouirent. Alors le khalife prononça ces paroles : « Ce serait une honte pour nous de retourner au palais avec toutes ces richesses, tandis que le peuple sen irait chez lui les mains vides. » Puis, il ordonna à son secrétaire dassigner à lun un million de drachmes, à un autre une somme égale, à un autre une somme plus considérable, jusquà ce quil eût distribué 24 billions sans descendre de cheval.[17] Le reste, il labandonna à lintendant général de larmée pour lentretien des troupes. Sache que Mamoun fut un des plus grands khalifes et un des hommes les plus intelligents. Il fit de nombreuses innovations dans son empire. Par exemple, il est le premier khalife qui se soit intéressé aux sciences philosophiques et qui, en ayant fait venir les ouvrages, les fit traduire en arabe. Il les fit connaître dans son empire. Il expliqua Euclide et approfondit les sciences des anciens; il discuta les questions médicales et il appela à sa cour les philosophes. Cest Mamoun qui fixa à deux cinquièmes du produit brut la quote-part que les populations du Sawâd devaient payer au trésor, tandis quils payaient habituellement la moitié. Il obligea les Musulmans à professer que le Coran avait été créé; et cette doctrine se répandit sous son règne.[18] Ahmad, fils de Hanbal[19] et dautres soutinrent des controverses à ce sujet. En mourant, Mamoun recommanda à son frère Moutasim de soutenir cette doctrine. Quand ce dernier monta sur le trône, il confirma la doctrine émise par son prédécesseur et fit frapper de verges Ahmad, fils de Hanbal. Cest ce que nous raconterons en son lieu et place. Cest aussi Mamoun qui fit passer la couronne de la famille des Abbâsides dans celle dAli (sur lui soit le salut !) et qui fit adopter la couleur verte à la place de la couleur noire. On dit que cest la couleur des vêtements que portent les élus dans le paradis. Voici lexplication de ce fait politique. Mamoun, ayant réfléchi à la destinée du khalifat après sa mort, avait voulu le transmettre à un homme qui en fût digne, afin de dégager sa responsabilité. Du moins il le prétendit. Il aurait examiné, affirme-t-il, le mérite des personnages les plus éminents des deux familles : la famille des Abbâsides et celle des Alides. Dans les deux familles, il naurait pas trouvé une personne plus honorable, plus distinguée, plus intègre et plus pieuse qu’Ali, fils de Moussa ar-Rida.[20] En conséquence, il le nomma son héritier présomptif et confirma ce choix par un acte écrit de sa main. Ensuite, il voulut obtenir lassentiment de Rida. Celui-ci, après quelques difficultés, finit par accepter. Il écrivit sur la charte de Mamoun : « Je mengage à me conformer à cet ordre, bien que le Djafr et la Djâmi’a[21] indiquent le contraire. » Acte en fut pris à leur égard par des témoins. Cétait Fadl, fils de Sahl, le vizir de Mamoun, qui avait conseillé cet acte et qui avait persuadé le khalife de son opportunité. Le peuple prêta alors le serment de fidélité à Ali, fils de Moussa, comme successeur de Mamoun, et il fut surnommé Rida, lElu dentre la famille de Mahomet (sur lui soient les bénédictions dAllah!). Mamoun ordonna aux gens de quitter les vêtements noirs et dadopter le vert. Ces événements se passaient dans le Khorasan. Aussi, lorsque les Abbâsides eurent appris à Bagdad que Mamoun avait transféré le khalifat de la dynastie abbâside à la dynastie alîde, et quil avait remplacé la couleur de ses pères et de ses aïeux par la couleur verte, ils le désapprouvèrent, puis, layant déposé, ils prêtèrent le serment de fidélité à son oncle Ibrahim, fils de Mahdî, qui était un homme supérieur, poète, éloquent, cultivé, chanteur habile et doué dun esprit pénétrant. Cest à lui que fait allusion Abou Firâs, fils de Hamdân, dans son poème rimant en mîm, au vers suivant : Est-ce de votre famille ou de la leur quest issue Oulayya[22] ? Est-ce à eux ou à vous quappartient Ibrahim, le cheikh des chanteurs ? Cette époque fut féconde en troubles, en révoltes et en guerres. En apprenant lémeute de Bagdad, Mamoun entra dans une violente colère.[23] Fadl, fils de Sahl, fut assassiné, puis, après lui, mourut Ali, fils de Moussa, d’une [indigestion] de raisin. On prétend que Mamoun, voyant que la population de Bagdad le désapprouvait d’avoir fait passer le khalifat dans les descendants dAli, quelle regardait Fadl, fils de Sahl, comme linstigateur de cet acte, et ayant vu, dautre part, éclater la guerre civile, soudoya des gens qui tuèrent Fadl, fils de Sahl, au bain. Ensuite, Mamoun les fit arrêter et amener pour leur trancher le cou. Mais ils lui dirent : « Comment, cest toi qui nous as ordonné ce meurtre et maintenant tu veux nous mettre à mort ! — .Je vous condamne à mort, leur répondit-il, sur votre aveu ; tandis que votre allégation contre moi, daprès laquelle je vous aurais ordonné ce meurtre, cest une prétention qui ne sappuie sur aucune preuve. » Puis il les fit décapiter et porter leurs têtes à Hasan, fils de Sahl, à qui il écrivit ses condoléances et quil investit (du vizirat) à la place de son frère. A cet événement se rattachent dautres faits, dont nous parlerons à loccasion du récit sur le vizirat de Fadl. Puis, Mamoun fit servir traîtreusement à Ali, fils de Moussa, du poison dans du raisin. Comme Ali aimait beaucoup le raisin, il en mangea une grande quantité et mourut sur-le-champ.[24] Le khalife écrivit ensuite aux Abbâsides de Bagdad, en leur disant: « Ce que vous désapprouviez dans laffaire d’Ali, fils de Moussa, nexiste plus, car lhomme est mort. » Mais ils lui adressèrent une réponse des plus sévères. Fadl, fils de Sahl, sétait emparé de lesprit de Mamoun et avait employé de nombreux moyens pour gagner sa confiance, en servant sa cause et en déployant tous ses efforts pour le faire parvenir au khalifat. Il empêchait les nouvelles darriver jusquà lui, et lorsquil apprenait quun personnage quelconque était entré auprès de Mamoun ou lui avait communiqué une nouvelle, il sappliquait à lui nuire et le châtiait. Aussi, les gens sinterdirent-ils de communiquer avec Mamoun, de sorte que les nouvelles demeurèrent entièrement ignorées de lui. Aussi, lorsque la révolte éclata à Bagdad et que Mamoun fut déposé, lorsquIbrahim, fils de Mahdi, fut proclamé khalife et que les Abbâsides eurent désapprouvé la conduite de Mamoun, Fadl lui cacha pendant quelque temps ces événements. Mais Ali, fils de Moussa Rida, vint trouver Mamoun et lui dit : « Emir des Croyants, le peuple à Bagdad te désapprouve de mavoir fait proclamer héritier présomptif du trône et davoir aboli le costume noir. Il ta déposé et a prêté le serment de fidélité à ton oncle Ibrahim, fils de Mahdi.» De plus, Ali[25] fit venir devant Mamoun une partie des caïds pour lui confirmer cette nouvelle. Mais quand Mamoun les questionna, ils gardèrent le silence, puis dirent : « Nous craignons Fadl, mais si tu nous garantis contre le mal quil pourrait nous faire, nous te mettrons au courant. » Mamoun leur assura sa protection et leur donna une sauvegarde écrite de sa main. Les caïds linformèrent alors de létat des choses et lui firent connaître la perfidie de Fadl,[26] qui lui cachait les nouvelles et le maintenait dans une complète ignorance des affaires. Ils ajoutèrent : « Notre avis est que tu te transportes en personne à Bagdad et que tu préviennes lanéantissement de ton autorité. Sinon le khalifat téchappera des mains. » Ce fut peu de temps après cet entretien que Fadl fut tué et que Rida mourut, ainsi quil a été expliqué plus haut. En conséquence, Mamoun partit à marches forcées pour Bagdad. Quand il y arriva, Ibrahim, fils de Mahdî, et Fadl, fils de Rabi, avaient déjà pris la fuite. En entrant dans la ville, Mamoun fut reçu par les Abbâsides. qui lentretinrent de leur désir de quitter la couleur verte pour reprendre la couleur noire. Zainab,[27] fille de Soulaimân, fils d’Ali, fils d’Abd Allah, fils dAbbâs, eut une entrevue avec lui ; elle était alors considérée autant que Mansour. Les enfants dAbbâs avaient pour elle une haute considération,[28] et cest delle que les zainabites tirent leur nom. Elle dit à Mamoun : « Émir des Croyants, quel motif ta déterminé à faire passer le khalifat de ta maison dans celle d’Ali. — Ma tante, répondit-il, jai vu Ali, pendant son khalifat, faire du bien aux enfants d’Abbâs, nommer Abd Allah au gouvernement de Basra, Oubeïd Allah à celui du Yémen, et Qoutham à celui de Samarcande ; mais je nai vu aucun des princes de ma maison, quand le pouvoir leur est échu, agir avec autant de générosité à l’égard des descendants d’Ali. Cest pourquoi jai voulu lui rendre le bien pour le bien. » Zainab lui répondit : « Emir des Croyants, tu es plus à même de faire du bien aux descendants dAli, alors que tu es au pouvoir, que sils y étaient eux-mêmes. » Ensuite, Zainab lui demanda dabolir le port de la couleur verte. Mamoun le lui accorda et ordonna à ses gens dabandonner la couleur verte et de reprendre le noir. Mamoun pardonna, dans la suite, à son oncle Ibrahim, fils de Mahdî,[29] et, loin de lui adresser des reproches, il lentoura de faveurs, et Ibrahim fut admis au nombre de ses familiers. Cest de la même façon quil traita Fadl, fils de Rabi Mamoun, en effet, était doué dune grande douceur de caractère et disait : « Si les gens savaient combien jaime à pardonner, ils se rapprocheraient de moi en commettant des crimes. » Cest sous le règne de ce prince que se révolta, à La Mecque, Muhammad,[30] fils de Djafar as-Sâdiq (sur lui soit le salut !). Il fut proclamé khalife et reçut le titre dEmir des Croyants. Certains membres de sa famille lavaient engagé[31] à faire ce coup dÉtat, quand ils ont vu les nombreuses dissensions et les troubles dont Bagdad était le théâtre, et aussi les révoltes des Khâridjites. Muhammad, fils de Djafar, était un des docteurs de la famille dAbou Thâlib, et lon étudiait la science sous sa direction. Il avait transmis de nombreuses traditions qu’il tenait de son père (sur lui soit le salut !). II résida un certain temps à La Mecque, et ce furent son fils et un de ses cousins[32] qui prirent en mains la direction de ses affaires. Mais leur conduite ne fut pas digne déloges.[33] Mamoun envoya contre eux une armée, qui remporta la victoire. Muhammad tomba au pouvoir de Mamoun, qui lui pardonna. Sous le règne de ce prince. Abou-s- Sarâyâ[34] se révolta, et, sa puissance sétant affermie, il invita les populations à se rattacher à la cause dun des membres de la famille [dAli]; mais Hasan, fils de Sahl, lui livra une bataille: la victoire resta à larmée de Mamoun et Abou-s-Sarâyâ fut tué. Après ces événements, le règne de Mamoun devint plus calme et les guerres intestines sapaisèrent. Mamoun se chargea lui-même du fardeau du khalifat et de ladministration de lempire avec les qualités qui caractérisent les plus fermes et les meilleurs dentre les rois. Vers la fin de son règne, il se rendit à la citadelle de Tarasoûs, où il mourut en 218 (= 833 de J.-C). Cest à ce sujet quun poète a dit : Nous navons pas vu que les astres aient protégé Mamoun, quand il était à lombre de son royaume si bien gardé ! Ils l’ont laissé à Tarasoûs, comme ils ont jadis laissé son père à Tous.[35]
Posted on: Sat, 23 Nov 2013 22:39:17 +0000

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