Retour au passé dans ce second interlude. Nous sommes déjà - TopicsExpress



          

Retour au passé dans ce second interlude. Nous sommes déjà presque à la moitié du brouillon :-). Bonne lecture! --------------------------------- second interlude Montbard, an de grâce 1101, cour du château du Comte de Montbard - André ? Bernard ? Où êtes-vous garnements ? Il est bientôt l’heure de rentrer. Le soleil se couche et vous savez bien que la nuit est dangereuse. Si un quelconque chroniqueur catholique avait aperçu Aleth de Montbard ce jour-là, il n’aurait jamais accepté que la postérité la qualifiât de « bienheureuse » tant la colère qui empourprait ses joues et la tenue négligée qu’elle arborait pour courir dans le parc jurait avec l’image sereine qu’on allait donner d’elle quelques siècles plus tard. La cause de sa colère était simple, son très jeune frère, André, troisième fils du comte et chenapan invétéré venait tout bonnement de décider de s’enfuir – pour de rire – avec son fils Bernard, enfant beaucoup plus timoré que son oncle et surtout bien plus influençable. S’il était bien un fait incontestable, c’était que jouer à cache-cache dans l’immense propriété du Comte, à la sortie de l’hiver alors que les loups ne manquaient pas de montrer le bout de leurs crocs était une très mauvaise idée. La pire en fait qu’André pouvait imaginer. Brusquement, la jeune femme, se rendit compte qu’elle était vêtue fort peu convenablement pour une dame de son rang et surtout que le froid lui bleuissait les orteils. Elle frissonna et décida de rentrer pour se vêtir plus décemment. Au passage, elle héla Martin, un écuyer, lui intimant l’ordre de retrouver son fils et son frère. A quelques toises de là cependant, deux enfants d’une dizaine d’années, l’un brun et l’autre roux, cachés sous un épais fourré et parfaitement inconscients du danger qu’ils encouraient, se mordaient les lèvres pour ne pas hurler de rire. Quand ils se rendirent compte que Martin allait quérir son chien afin de le lancer à leurs trousses, ils déguerpirent en vitesse. Le chien n’était, évidemment, pas dangereux mais c’était un fieffé pisteur. - Je sais où aller, chuchota André – le rouquin -, j’ai trouvé une cachette, un peu plus bas, en fouinant le mois dernier. Elle est couverte de végétation : je suis sûr que personne ne la connaît. Tu vas voir, c’est comme une grotte. Bernard leva un sourcil interrogateur. - Qu’est-ce que tu veux dire par « un peu plus bas » ? Je te connais André, tu es capable de nous perdre à plusieurs lieues d’ici. L’interpellé haussa les épaules et grogna : « Et alors ? De quoi tu as peur ? Ce sont presque mes terres ici ; tout m’appartiendra peut-être, un jour. Que crois-tu que nous risquions ? De toute façon c’est à peine à une demi-lieue d’ici…» Puis le narguant de son sourire carié, il ajouta : «Tu es aussi peureux que le père Grégoire ! » L’effet escompté ne se fit pas attendre : les yeux de Bernard s’écarquillèrent, il se signa avant de rentrer la tête dans les épaules puis gronda à voix basse : « Ne blasphème pas, espèce de mécréant… ou tu finiras dans les flammes éternelles. Le père Grégoire est un saint homme…» Il jeta un coup d’œil inquiet autour de lui puis glissant la main sous sa chasuble, il empoigna nerveusement le chapelet verni que sa mère lui avait offert pour son dixième anniversaire et qu’il ne quittait jamais. André ricana. - Allez viens, lui intima-t-il. Dépêche-toi ou bien tu ne connaîtras jamais mon secret. A ce moment, une énorme masse velue s’abattit sur lui l’écrasant de tout son poids tandis qu’une vaste langue baveuse lui léchait vigoureusement le visage de haut en bas. L’haleine du mâtin était épouvantable et André, qui s’était retrouvé le visage dans la boue écumait de rage. Un grand rire d’adolescent vint accroître sa colère. « Et bien mes petits maîtres, gloussa Martin, on n’échappe pas au flair de mon chien ! La terre est-elle à ce point goûteuse que vous la mâchiez à pleines dents ? » André releva la tête, furieux. Sa main se crispa sur un rondin prêt à bastonner l’importun ; mais le molosse, devinant le geste du garçon accentua la pression de sa patte avant, l’immobilisant pour de bon et provoquant de nouveau l’hilarité de l’écuyer. « Rentrez vous décrotter», commanda-t-il entre deux fou-rires. Les deux enfants retournèrent donc au château l’air fort déconfit. L’accueil d’Aleth fut pour le moins glacial mais elle ne les sanctionna pas outre mesure. Ils eurent simplement pour consigne de monter dans leur chambre sitôt le repas terminé. Bernard n‘eut guère le temps de ruminer son exil en cellule. Très vite son insupportable et juvénile parent se mit à gratter à la porte. - Bernard ! Bernard ! Ouvre-moi ! - Qu’est-ce que tu veux, André ? Seul un silence interminable répondit. Bernard attendit quelques minutes, l’oreille aux aguets. Vaguement troublé, il sauta au bas de son lit et se dirigea d’un pas hésitant ers la porte. Il leva le loquet. André entra en trombe, habillé chaudement et portant sur son épaule un sac de lin éminemment trop grand pour lui. - Alors, tu t ‘habilles ou tu te prépares à faire un gros dodo pour bien docilement obéir à ma sœur ?
Posted on: Sat, 28 Sep 2013 05:44:12 +0000

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