Robert Barberis-Gervais Tribune libre de Vigile dimanche 22 septembre 2013 205 visites 2 messages Quand on aime la politique, il est intéressant d’entendre les propos échangés entre les membres du panel des Coulisses du pouvoir formé d’Alec Castonguay, Chantal Hébert et Michel C. Auger. On n’est pas obligé d’être d’accord avec leurs points de vue et leurs analyses mais on s’attend à ce qu’on aille au fond des choses. Cela n’a pas été le cas lors de l’émission du 22 septembre 2013 quand les trois journalistes ont discuté de la sortie de la présidente du Conseil du statut de la femme Julie Miville-Dêchesne qui a accusé le gouvernement d’ingérence politique parce qu’il a nommé quatre femmes reconnues pour leur accord avec la Charte des valeurs québécoises. En guise d’introduction, notre amie d’Ottawa Chantal Hébert n’a pu s’empêcher de faire remarquer qu’au Canada, l’intégration des immigrants n’est pas la priorité des Canadiens. Puis, les trois observateurs ont dit que Julie Miville-Dechêne avait raison : c’est une ingérence car comme la position la plus dure du CSF contre les signes religieux en 2011 est en train de changer, le gouvernement ne veut pas que cela se passe et il nomme quatre femmes qui vont avoir une influence sur une éventuelle prise de position du CSF. Michel C. Auger, avec son tact habituel, a qualifié l’opération de « paquetage » et a beaucoup insisté sur le fait que le gouvernement n’avait pas fait d’études d’impact : il adoptait ainsi telle quelle la position de JMD. Les deux autres ont été d’accord et Chantal Hébert a insisté pour dire que le gouvernement n’avait aucune connaissance des données de base sur la question, ce qui donne plus de poids aux exigences de JMD sur les études qu’il est urgent de faire…avant de se prononcer sur la Charte. Il s’en est fallu de peu pour qu’elle cite Françoise David qui a parlé d’improvisation. Et montrant sa culture politique pan-canadienne, Alec Castonguay a dit que cela lui faisait penser à Stephen Harper qui a aussi la manie du contrôle et qui l’a montré dans ses démêlés avec l’organisme Droits et Démocratie qu’il a d’abord essayé de contrôler en nommant des membres du Conseil d’administration. Comme ça n’a pas marché, les Conservateurs ont aboli Droits et Démocratie. Je ne pense pas que le gouvernement Marois va abolir le Conseil du Statut de la femme ce qui fait que la comparaison est excessive et tendancieuse. Je me demandais pourquoi ce genre d’échange était insatisfaisant jusqu’à ce que je tombe sur le début de l’article du 21 septembre de Pierre Godin sur le chef du NPD et la Charte. Pour constater ce qui a manqué à la discussion. « C’est jamais platte chez nous ! Pendant que Julie Miville-Dechêne tentait de détourner maladroitement la position pro-laïcité du Conseil du statut de la femme, obéissant en cela à la ligne partisane des libéraux à qui elle doit son poste de pdg... ». Cette phrase résume parfaitement mon article : "Julie Miville-Dechêne fait de l’intimidation". Si les trois observateurs des Coulisses du pouvoir étaient allés au fond des choses, ils auraient tenté d’expliquer pourquoi le Conseil du statut de la femme cherchait à remettre en question la position claire de 2011 en faveur du rejet des signes religieux dans la fonction publique. Puisqu’ils insistaient lourdement sur « l’ingérence » du gouvernement, est-ce qu’ils n’auraient pas dû se demander pourquoi la présidente du CSF nommée par les libéraux adoptait à toutes fins pratiques la position des libéraux sur la Charte. En s’abstenant de s’interroger là-dessus et en insistant sur les études d’impact absolument nécessaires pour trancher la question, nos trois journalistes se sont montrés partisans et bien dans la ligne de leur employeur Radio-Canada. Dommage que les auditeurs payeurs de taxes n’aient pas eu la chance d’avoir une information complète sur ce qui se passe au Conseil du statut de la femme et que Pierre Godin a magistralement résumé : « Julie Miville-Dechêne a tenté de détourner maladroitement la position pro-laïcité du Conseil du statut de la femme, obéissant en cela à la ligne partisane des libéraux à qui elle doit son poste de pdg ». Message aux « experts » des Coulisses du pouvoir : la prochaine fois que vous aborderez un sujet, essayez donc d’aller au fond des choses. Soyez moins incomplet. On appréciera alors votre honnêteté intellectuelle, votre objectivité et votre non partisanerie. Et, quant à y être, votre compétence. Robert Barberis-Gervais, Vieux-Longueuil, 22 septembre 2013
Posted on: Mon, 23 Sep 2013 03:12:06 +0000