Roms : le problème François Hollande Un article de MEDIAPART par - TopicsExpress



          

Roms : le problème François Hollande Un article de MEDIAPART par Stéphane Alliès 3 octobre 2013, 23:06 Au-delà des stratégies de communication des uns et des autres, ce ne sont pas les Roms qui sont un problème, ni même Manuel Valls, dont on ne peut que constater la constance. Mais bien le président de la République, qui gâche la gauche. Au terme d’une semaine folle ayant vu un gouvernement de gauche ériger un hallucinant « problème Rom » au sommet de son agenda médiatique, les communicants de l’Élysée, comme du ministère de l’intérieur, auront sans cesse martelé le même message : Hollande soutient Valls. Que cela soit vrai ou “plus compliqué en fait”, que cela soit par calcul politico-sondagier ou par conviction profonde, le résultat demeure le même. Au moment d’une reconfiguration géopolitique du monde, au moment des débats budgétaires d’une France en crise économique, le pouvoir socialiste n’a à offrir que le spectacle de la stigmatisation identitaire et le repli sur soi sécuritaire. Plutôt que de céder (enfin) à la majorité de sa majorité de gauche, qui n’a jamais autant protesté contre Valls l’intouchable et son néo-socialisme localier, Hollande a (encore) préféré se ranger à la vision républicaine de son ministre de l’ordre, sans se préoccuper du désordre entraîné dans son camp. Ni droite ni gauche, le logiciel idéologique de l’axe Hollande/Valls fleure bon l’électoralisme à petite vue, celui des maires blancs, vieux et cumulards (un exemple avec la tribune des seize soutiens à Valls parue dans Le JDD), qui a d’abord à gérer des municipales, des régionales et des cantonales, plutôt que de s’occuper du « rêve français ». Mais dans ce duo dominant, qui piétine au passage un peu plus la fonction primo-ministérielle, un seul n’est pas là où on l’attendait. Car Manuel Valls est le même homme qu’à l’époque où il voulait en finir avec le parti socialiste, une idée fixe qui remonte à l’après-21 avril 2002. Une époque où il affirmait à chaque congrès qu’il allait se compter, pour finalement se ranger (derrière François Hollande, déjà). Une époque de marginalité droitière, dont il est sorti en se comptant, finalement, lors de la primaire socialiste en 2011. Avant de se ranger, le premier, derrière Hollande. Depuis, par la grâce d’une complicité médiatique toute sarkozyste, ses 5,7 % de la primaire socialiste sont devenus 100 % de l’espace idéologique du hollandisme. Il est d’ailleurs le seul à s’être permis d’être l’exégète de l’introuvable doctrine présidentielle, en juillet dernier, à la veille du discours élyséen du 14 juillet. Mais si Manuel Valls manipule les peurs, multiplie les coups de menton et se complaît à être le grand fossoyeur des quelques promesses de gauche, il tient son cap. Lui. De son côté, François Hollande n’a toujours pas d’autre horizon que le pragmatisme de circonstances. Chef du PS d’opposition, il barrait à gauche lors des congrès, derrière les manifestants. Chef de la France, il barre à droite, derrière Valls et les chasseurs de Roms. La godille est son art de vivre. Mais en choisissant de se placer dans les traces du schuss vallsien, c’est toute la gauche qu’il conduit dans le ravin. Si l’on écoute les conseillers des co-Princes, l’objectif de ce virage sarkozyste sur le dossier Rom serait d’éviter un nouveau 21-avril. Plutôt que de ne pas avoir été suffisamment de gauche sur les questions économique et sociale, ce qui expliquerait le naufrage jospinien, c’est de ne pas avoir été suffisamment de droite sur les questions sécuritaire et migratoire. Cette croyance semble chevillée au corps de Valls, et de Hollande, par consentement tacite ou par souci réélectoraliste. Reste un constat, qui devrait pourtant les interroger : depuis un an que ce pouvoir n’est de gauche que par effraction, le FN n’en finit plus de prospérer. Tout a pourtant été bien fait au ministère de l’intérieur, comme préconisé par le manuel de bonne conduite droitière : abandon du droit de vote des étrangers ou des récépissés des contrôles d’identité, blanc-seing accordé au syndicat d’extrême droite Alliance à chaque bavure policière, violente remise en cause de la réforme pénale, enterrement de l’amnistie sociale, maintien d’une laïcité de fer exclusivement concentrée contre l’islam… À chaque fois, Hollande n’a dit mot face à la marche triomphante de l’ordre républicain prôné par Valls. Et pourtant, le FN n’a jamais été aussi proche de devenir le premier parti de France. Au final, le seul résultat probant du laisser-faire hollandais se retrouve dans le dernier baromètre sondagier du Figaro-Magazine de ce samedi : le podium des « hommes politiques d’avenir » se partage désormais entre Manuel Valls, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. Belle réussite…
Posted on: Thu, 03 Oct 2013 21:12:56 +0000

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