Santé — 22 juillet 2013 UFML – Le matraquage médiatique sur - TopicsExpress



          

Santé — 22 juillet 2013 UFML – Le matraquage médiatique sur le coût de la santé par Dr. Dominique Thiers-Bautrant Depuis des mois et années, le matraquage médiatique sur le coût de la santé ne se fait que dans un sens : rechercher des coupables qui empêchent la réduction des dépenses. Les 2 coupables sont désignés, les patients fraudeurs et les médecins abuseurs. Ces pitoyables conclusions auront-elles suffi à satisfaire les interrogations légitimes des français ? En tous cas certainement à détourner leur attention de la vraie question de la structure même du système de financement de la protection sociale, préférant mettre en place une politique-spectacle orchestrée par la ministre, le directeur de l’Assurance Maladie et les leaders des syndicats signataires présentant les mesures extrêmement répressives destinées à réduire le volume et la qualité des soins, et sanctionner les fraudeurs en tous genres… C’est alors qu’interviennent les organismes complémentaires auxquels l’avenant 8 permet d’entrer de façon paritaire dans le système conventionnel et qui vont non seulement participer au financement de la santé, mais finalement en être les seuls organisateurs, financeurs et décideurs. Est-ce ce que nous voulons pour notre système de soins ? Montrant patte blanche, leur entrée se fait sous le double auspice de la vertu sociale par le biais de la diminution du reste à charge des ménages et politicienne en s’engageant aux cotés du président Hollande dont c’était une promesse de campagne. Les mutuelles n’avaient pas le droit de créer leurs propres réseaux de professionnels de santé agréés car le Code de la Mutualité le leur interdisait. Qu’à cela ne tienne, afin de préserver les « parts de marché » des mutuelles, on fait intervenir la loi et le mardi 16 octobre 2012 une proposition de loi est déposée dont l’objectif est d’autoriser les mutuelles santé à créer ce type de réseaux de soins comme peuvent déjà le faire les assureurs santé traditionnels (le réseau Carte Blanche de Swiss Life France par exemple), les institutions de prévoyance (Kalivia de Malakoff Médéric par exemple) ou encore les mutualistes dépendant du Code des assurances (comme Sévénane de Groupama ou Santéclair pour Maaf et MMA). Ces groupes proposent des contrats avec remboursements différenciés selon l’appartenance ou pas au réseau du praticien concerné, dans le domaine de l’optique et des soins dentaires principalement, bien que la MGEN se soit laissée aller à l’étendre aux médecins, ce qui lui a valu mises en causes et condamnations dont elle n’a eu cure, d’ailleurs. Dés lors, les mutuelles ne peuvent plus parler de système solidaire puisque les soins ne seront pas donnés selon les besoins mais selon les contrats et les cotisations calculées non sur les revenus mais sur un choix (ou une simple possibilité) de hauteur de protection. Dés lors, l’inégalité de l’accès aux soins est actée, par ceux-là mêmes qui prétendent le préserver. Il s’agit donc d’un enterrement de première classe des valeurs solidaires de la sécurité sociale, à laquelle on substitue un système privatisé, où les professionnels de santé sont muselés et assujettis aux contraintes des seuls financeurs que sont les assureurs privés et apparentés. « Si vous pensez, comme nous, que la santé ne peut pas et ne doit pas être un marché, que c’est d’abord l’accès de nos concitoyens à des soins de qualité qui doit guider notre action et vos pratiques, alors notre responsabilité commune est de placer le débat à une autre hauteur et dans une autre perspective que ces derniers jours » (Guy Herry, Union Harmonie Mutuelles et Thierry Beaudet, Groupes Mgen/Istya). La santé est un marché de fait, où le rôle du soignant est relégué au bout de la chaine, tout en restant le pilier. Elle est même un marché des plus florissants, représentant 12% de l’activité économique du pays, le libéral y participant de façon non négligeable par les emplois créés et le dynamisme de ses structures. Qui dit marché dit appétit financier et régulation, encore faut-il définir ce qui doit être régulé : le financement et ses flux ou les soins eux-mêmes ? Il y a depuis plusieurs années une ambivalence entre la Santé, domaine économique et le Soin, domaine purement technique. Par choix ou impuissance à structurer un système différent, les gouvernements successifs ont choisi de réguler les deux par la gestion comptable, aboutissant à une fusion de ces deux domaines d’activité facilitant grandement le transfert actuel de tout le système vers le privé, tout autant qu’une communication plus ou moins pertinente. Dépassant leurs prérogatives, l’Assurance Maladie et ses acolytes que sont à présent les complémentaires se prétendent experts en « qualité de soins », administrent le soin lui-même édictant normes et recommandations, ce qui les rend coupables du plus gros conflit d’intérêt du moment. C’est ainsi que le « marché de la santé » subit ce qu’ont subi les agriculteurs, les commerçants de proximité, les artisans : la concurrence totalement déloyale mais si facilement justifiable par des arguments d’économie pour les ménages, de la grande distribution. Avec son lot de fluctuations de qualité, de contournement des règles sanitaires, d’absurdités, tels que les scandales successifs de ces dernières années nous le démontrent régulièrement. Le parallèle est pourtant évident : des tarifs bloqués, des modifications conventionnelles visant à enfermer à court ou moyen terme la profession dans une grille tarifaire économiquement non viable sans subventionnements, des patients et praticiens captifs de réseaux à tarifs « négociés » (négocier le moins que très peu, aboutit à renoncer à quelle partie du soin ?) sont évidemment des données prévisionnelles comptables majeures pour les organismes complémentaires, mais qui ne peuvent que signifier la volonté de voir disparaitre le secteur libéral, d’une mort indigne, par asphyxie. Nous, médecins ainsi que tous les professionnels de santé, seuls experts techniques légitimes, affirmons que cela ne se fera qu’au détriment de cette fameuse qualité du soin dont chacun se revendique mais qui ne peut être que du domaine de l’expertise. Le choix de confier la gestion de la santé et les soins des français aux seuls organismes financiers est il vraiment pertinent ? L’Assurance Maladie telle que nous la connaissons a vécu, il existe pourtant bien d’autres pistes que ce brutal et dangereux transfert vers les complémentaires : un véritable paritarisme avec les professionnels, un système de financement moins opaque que cette multitude d’organismes privés et de régimes spéciaux d’assurance maladie, une participation du monde de l’entreprise sont autant de pistes qui ne sont pas discutées. Pourtant, la CSMF, syndicat signataire, confirme son engagement dans ce processus mortifère qu’à défaut d’avoir imaginé elle cautionne pleinement en se proposant de gérer l’encadrement des réseaux. Sachant que M Chassang est un cumulard de l’extrême, qu’après avoir présidé la CSMF et les myriades de petits syndicats qui lui sont affiliés sans même le savoir, a présidé également le CNPS, l’UNAPL, et siège à présent au HCAAM, la CSDM, la CNS. On ne peut que constater que l’avenir de la médecine est entre les mains de ses fossoyeurs, dans l’apparente indifférence de tous. Quant à monsieur Rey, c’est sans vergogne aucune qu’il affirme être en mesure de « protéger » son établissement du fait de ses bonnes relations avec l’Assurance Maladie. On se croit revenu à l’époque de la prohibition et ses parrains… Notre inaction pourrait être responsable de la dégradation des soins dans ce pays qui, confiés à des organismes à but lucratifs tendra à les rationner, et favorisera les pratiques habituelles en cas de rationnement : réseaux parallèles, discriminations par l’argent. En France l’accès aux soins est actuellement garanti à 95% de la population sans aucune restriction, grâce au système solidaire. Les renoncements aux soins sont de l’ordre de 5 à 12 % et concernent l’optique et le dentaire. Le gouvernement actuel, comme les précédents, se refuse à réformer le système de santé en accord avec les partenaires du soin, mais le fait avec des partenaires financiers, sous l’œil complaisant de leaders syndicaux sans aucune vision de terrain. Ce seront donc les files d’attente dans les hôpitaux, ou les centres de santé, comme cela se produit partout où la médecine est nationalisée. Quant aux inégalités d’accès aux soins, elles ne pourront que se renforcer, comme partout où le financement est privatisé. Il n’y aura dans ce domaine aucune « exception française ». Ce n’est pas ce que nous voulons. C’est pour cette raison que nous nous opposons aux réseaux de soins, qui, organisés dans l’ombre depuis des années, n’ont d’autre objectif qu’une maitrise marchande du coût des soins dont la qualité ne sera jugée qu’à l’aune de critères établis par ces mêmes responsables financiers de réseaux. Il semblerait que les médecins aient été exclus des réseaux. Nous nous devons néanmoins de rester méfiants, car on ne peut réellement croire que les grands groupes se contenteront de cette simple reconnaissance d’un état des lieux sans avancées nouvelles. Leur objectif étant d’étendre bien entendu à l’ensemble de l’activité, tout particulièrement les spécialités à plateaux techniques lourds, le fonctionnement en réseau. Pour l’heure l’extension aux médecins ne peut se faire du fait de l’engagement majoritaire de l’Assurance Maladie, mais dés que cet engagement diminuera pour passer au dessous des 50%, les réseaux pourront se constituer de droit. A la faveur de l’été, certains peuvent s’assoupir, mais l’UFML reste vigilante, tandis que caisses, syndicats, organismes privés abattent leur jeu, mettant en œuvre les pires manœuvres d’intimidation. L’UFML attend un changement de paradigme et ne se contentera ni de promesses ni de menaces.
Posted on: Mon, 22 Jul 2013 08:31:04 +0000

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