Texte écrit et lu pour la soirée lancement de la saison - TopicsExpress



          

Texte écrit et lu pour la soirée lancement de la saison égalité H/F Ile de France de ce 21 octobre à lAthénée. On dit de quelquun qui meurt quil disparaît. Ce nest heureusement pas toujours vrai. Il y a peu est mort un metteur en scène. Et la mort est une chose infiniment triste. Mais il na pas disparu. Il est mort en pleine lumière et est resté dans cette lumière. Parfois malheureusement la disparition accompagne la mort. Parfois même elle la précède. Il y a peu est morte une metteuse en scène. Elle nest pas seulement morte, elle a disparu. Elle est morte davoir disparu. Si la mort est une chose infiniment triste, la disparition est une chose infiniment révoltante. La mort de cette artiste, alors même que je ne la connaissais pas, est venue me frapper en cette fin dété avec violence. Sa mort paraissait me concerner intimement, créant delle à moi un lien de sororité étrange. Sa mort paraissait porter en elle lombre de la mienne, maintes et maintes fois fantasmée, crainte, parfois même désirée. Son corps, mort, était un gisant reflet de mon corps vivant, un possible devenir de moi, toujours tapi au fond de moi, de mon propre corps. Je sais aujourdhui, et ce dans les entrailles mêmes de mon propre corps, que ce qui en moi a résonné et résonne ainsi dans sa mort, nest pas seulement langoisse mortelle de lartiste, ses pulsions de vie et de mort, ce bourbier duquel il arrache tout acte créatif, il est, au delà de cela, langoisse de lartiste née dans ce corps-ci, attachée à ce corps-ci et aux prolongements, aux ramifications, aux échos et mises en échos de ce corps que je nai pas choisi, qui jamais ne me laissera seule, débarrassée, anonyme, neutre, simplement égale, dans cet état dartiste. Il y a peu est mort un metteur en scène. Il na pas disparu. Il est mort en pleine lumière et son portrait sur le mur du ministère de la culture me dit quil est une part de nous. Mais cest en cette autre que résonne aujourdhui une part de moi. Que me résonne cette angoisse de la disparition, de cet effacement pur et simple, accroché depuis toujours à ce corps-ci, mon propre corps. Elle disait. Et jaimerais rendre un peu de sa parole dartiste à la lumière. Et avec elle, derrière elle, des générations dartistes, une foule innombrable et anonyme dartistes ayant été condamnées de leur vivant à la disparition, cette double condamnation à mort pour tout artiste. Elle disait Notre époque, celle que nous habitons, « la maison de notre vie » qui est pour moi le « sortir de chez soi », réclame de chacun de nous de savoir beaucoup entendre, écouter et douter pour que nous puissions prétendre en être réellement les habitants, c’est-à-dire ses acteurs. C’est pourquoi le théâtre de l’histoire (peu dite ou cachée) m’importe infiniment plus que l’histoire du théâtre (constitué dans sa langue, ses codes, son répertoire). Ma recherche et mon passage sont autres, du côté, probablement, de la découverte et de l’exploration. La poésie se moque de dire les vérités dans l’ordre. Et le ciel devient comme la maison du peintre quand les tableaux sont exposés. Anne Torrès
Posted on: Tue, 22 Oct 2013 02:04:30 +0000

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