Trois passages méritent une attention spéciale pour l’histoire - TopicsExpress



          

Trois passages méritent une attention spéciale pour l’histoire de la science; ce sont: la sphère de Démocrite, astrologico-médicale; les noms secrets donnés aux plantes par les scribes sacrés; et les recettes alchimiques. Le mélange de ces notions, dans le même papyrus, avec les incantations et recettes magiques, est caractéristique. Je consacrerai un article spécial à la sphère de Démocrite et aux figures du mime ordre qui existent dans plusieurs manuscrits grecs. Les noms sacrés des plantes donnent lieu à des rapprochements analogues entre le papyrus, les écrits alchimiques et l’ouvrage, tout scientifique d’ailleurs, de Dioscoride. Voici le texte du papyrus V (col. 12 fin et col. 13). « Interprétation tirée des noms sacrés dont se servaient les scribes sacrés, afin de mettre en défaut la curiosité du vulgaire. Les plantes et les autres choses dont ils se servaient pour les images des dieux ont été désignées par eux de telle sorte que, faute de les comprendre, on faisait un travail vain, en suivant une fausse route. Mais nous en avons tiré l’interprétation e beaucoup de descriptions et renseignements cachés. » Suivent 37 noms de plantes, de minéraux, etc., les noms réels étant mis en regard des noms mystiques. Ceux-ci sont tirés du sang, de la semence, des larmes, de la bile, des excréments et des divers organes (tête, cœur, os, queue, poils, etc.) des dieux égyptiens grécisés (Héphaïstos ou Vulcain, Hermès ou Mercure, Vesta, Hélios ou Soleil, Cronos ou Saturne, Hercule, Ammon, Arès ou Mars); des animaux (serpent, ibis, cynocéphale, porc, crocodile, lion, taureau, épervier), enfin de l’homme et de ses diverses parties (tête, œil, épaule). La semence et le sang y reparaissent continuellement: sang de serpent, sang d’Héphaïstos, sang de Vesta, sang de p.11 l’œil, etc.; semence de lion, semence d’Hermès, semence d’Ammon; os d’ibis, os de médecin, etc. Or cette nomenclature bizarre se retrouve dans Dioscoride. En décrivant les plantes et leurs usages dans sa Matière médicale, il donne les synonymes des noms grecs en langue latine, égyptienne, dacique, gauloise, etc., synonymie qui contient de précieux renseignements. On y voit figurer, en outre, les noms tirés des ouvrages qui portaient les noms d’Ostanès,[17] de Zoroastre,[18] de Pythagore,[19] de Pétésis,[20] auteurs également cités par les alchimistes et par les Geoponica. On y lit spécialement les noms donnés par les prophètes,[21] c’est-à-dire par les scribes sacerdotaux de l’Égypte: j’ai relevé 54 de ces noms, formés précisément suivant les mimes règles que les noms sacrés du papyrus sang de Mars, d’Hercule, d’Hermès, de Titan, d’homme, d’ibis, de chat, de crocodile; sang de l’œil; semence d’Hercule, d’Hermès, de chat; œil de Python; queue de rat, de scorpion, d’ichneumon; ongle de rat, d’ibis; larmes de Junon, etc. Il existe encore dans la nomenclature botanique populaire plus d’un nom de plante de cette espace: œil de bœuf, dent de lion, langue de chien, etc., lequel nom remonte peut-être jusqu’à ces vieilles dénominations symboliques.[22] Le mot de sang dragon désigne aujourd’hui la même drogue que du temps de Pline et de Dioscoride. Ces dénominations offraient, dès l’origine, bien des variantes. Car, dans le papyrus comme dans Dioscoride, un même nom s’applique parfois à deux ou à trois plantes différentes. Ainsi le nom de semence d’Hercule désigne, dans les papyrus, la roquette; dans Dioscoride, le safran (I, 25), le myrte sylvestre (IV, 144) et l’ellébore (IV, 148). Le sang de Cronos signifie l’huile de cèdre et le lait de porc, dans le papyrus. D’autres noms ont une signification différente dans le papyrus et dans Dioscoride, quoique unique dans chacun d’eux. Ainsi la semence d’Hermès signifie l’anis dans le papyrus; le bouphthalmon p.12 dans Dioscoride (III, 146). Le sang de taureau signifie l’œuf du scarabée dans le papyrus, le Marrubium dans Dioscoride (III, 109). Réciproquement, une même plante peut avoir deux noms différents dans les deux auteurs. L’Artemisia s’appelle sang de Vulcain dans le papyrus, sang humain dans Dioscoride (III, 117). Un seul nom se trouve à la fois dans le papyrus et dans Dioscoride, c’est celui de l’Anagallis, désigné par le mot: sang de l’œil. On voit que les nomenclatures des botanistes d’alors ne variaient pas moins que celles de notre temps, alors même qu’elles procédaient de conventions symboliques communes, comme celles des prophètes égyptiens. Quelques-uns de ces mots symboliques ont passé aux alchimistes, mais avec un sens différent; tels sont les noms: semence de Vénus, pris pour la fleur (oxyde, carbonate, etc.) de cuivre; bile de serpent, pris pour le mercure, ou bien pour l’eau divine; éjaculation du serpent, pris pour le mercure; Osiris,[23] pris pour le plomb (ou le soufre); lait de la vache noire, pris pour le mercure tiré du soufre;[24] sang de moucheron, pris pour l’eau d’alabastron; boue (ou lie) de Vulcain, pour l’orge, etc.; toutes désignations tirées du vieux lexique alchimique. Dans le papyrus et dans Dioscoride, on trouve souvent les mêmes mots, mais avec une autre signification. Tout ceci concourt à reconstituer le milieu intellectuel et les sources troublées où a eu lieu l’éclosion des premières théories de la chimie. remacle.org/bloodwolf/alchimie/intro.htm#II
Posted on: Wed, 31 Jul 2013 17:25:33 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015