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Témoignage : Pierre et ses frères et sœurs Par P. Antoine RUBBENS Pour les septuagénaires et les plus âgés encore, la commémoration de Vatican II les renvoie à leur jeunesse. Le Concile ressemblait à un printemps de l’Église et était une période d’œcuménisme intense. L’Événement Vatican II, un livre, écrit par John W O’Malley, jésuite et professeur à l’Université de Georgetown et traduit de l’anglais, est une aide précieuse pour revivre le Concile et pour suivre ses traces. Jean XXIII, qui a lancé le Concile, avait beaucoup appris de ses missions diplomatiques en Turquie et en Bulgarie. Il s’était intéressé de longue date aux initiatives du père Lambert Beauduin (1873-1960). Il lui a rendu visite au monastère d’Amay, maintenant Chevetogne. Jean XXIII convoquait au Concile “nos chers fils les Cardinaux, nos vénérables frères les Patriarches, les Primats, les Archévêques et Évêques, tant résidentiels que titulaires, et de plus ceux qui ont le droit et le devoir de prendre part au Concile.” Prosper Poswick (1906-1992), ambassadeur de Belgique auprès du Saint Siège, note à ce sujet: “Il est curieux de constater que si les Cardinaux sont cités les premiers, c’est avec la qualité de fils, tandis que les Patriarches, qui viennent en second, sont qualifiés de vénérables frères. Il y a là, certainement, une arrière-pensée qui vise les chefs des Églises séparées : les Cardinaux sont traités en fils, sous l’autorité du Pape ; les Patriarches, en frères vénérables, en égaux somme toute de l’évêque de Rome” (P. Poswick, Un journal du Concile, p.76). Pendant le Concile, les sessions commençaient par une eucharistie, célébrée dans les différents rites. Une des grandes voix au Concile était celle du patriarche Maximos IV Saigh (1878-1967). Il guidait au Concile un groupe de seize évêques et quatre supérieurs d’ordres religieux, provenant de l’Église melkite du Moyen Orient. Il s’adressait chaque fois en français aux pères conciliaires et il leur faisait toujours remarquer que l’Église est plus grande que son expression latine et romaine. Les journalistes du Concile, comme Henri Fesquet dans son Journal, n’ont pas manqué de relever la grande valeur de ses interventions. Il est intervenu lorsque les évêques discutaient de la langue liturgique : “La valeur quasi absolue assignée au latin dans la liturgie, l’enseignement et l’administration de l’Église latine nous apparaît, à nous, Église d’Orient, comme assez anormale. Le Christ, après tout, parlait la langue de ses contemporains. En Orient, la langue liturgique n’a jamais été un problème. Toutes les langues sont liturgiques, comme le dit le Psalmiste: “Louez le Seigneur, tous les peuples.” Le latin est une langue morte tandis que l’Église est vivante, au contraire, et sa langue, véhicule de la grâce du Saint Esprit, doit également être vivante car elle s’adresse à nous, êtres humains et non aux anges” (John W.O’Malley, op. cit., p. 190). Sa Béatitude Maximos IV fut aussi bien écouté lors du débat sur la collégialité et sur la relation entre les évêques et la curie. Son discours du 6 novembre 1963 provoqua un certain émoi : “L’Église doit être gouvernée par les successeurs de Pierre et les autres apôtres, et non par Pierre entouré des membres du clergé romain. Attitude qui convient au gouvernement du diocèse de Rome mais non à celui de l’Église universelle. Maximos IV proposait plutôt qu’il se trouve toujours à Rome, en session pour assister le pape, un petit groupe d’évêques, dont la présence respecterait un système de tournante. Ils travailleraient avec le pape de manière collégiale, dans le souci du respect des prérogatives particulières de celui-ci. Ce groupe, et non le Saint–Office, constituerait la Suprema, sous la direction de laquelle fonctionneraient les congrégations romaines” (op. cit., p. 261). Cette proposition reste d’actualité. On en trouve un écho dans les suggestions du cardinal Danneels pour le conclave et le nouvel évêque de Rome. Dans sa conférence de presse du mercredi 27 février dernier, il a évoqué auprès du Pape un « Conseil de la Couronne ». Que le prochain successeur de Pierre prenne à cœur la parole de Jésus : « Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés afin de vous passer au crible comme le blé. Mais moi, j’ai prié pour toi afin que ta foi ne fasse pas défaut. Quant à toi, une fois converti, fortifie tes frères » (Lc 22, 31-32).
Posted on: Fri, 05 Jul 2013 09:42:26 +0000

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