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UNIVERSITE DE DSCHANG UNIVERSITY OF DSCHANG INTITULE DU COURS : APPROCHES LITTERAIRES ENSEIGNANT : Dr NGUETCHAM ANNE ACADEMIQUE : 2011/2012 PLAN DU TRAVAIL INTRODUCTION • BREF RESUME DU CORPUS I- L’AUTEUR 1-BIOGRAPHIE 2-BIBLIOGRAPHIE II- L’ŒUVRE : PIECE THEÂTRALE 1-LE TITRE DE L’ŒUVRE 2-SITUATION D’ENONCIATION 3-PERSONNAGES 4-THEMES SOULEVES III- LES INSTITUTIONS SOCIALES DANS L’ŒUVRE 1-L’INSTITUITION UNIVERSITAIRE 2-LES INSTITUTIONS JUDICIAIRE ET POLICIERE 3- L’INSTITUTION RELIGIEUSE IV- LA LITTERATURE CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE INTRODUCTION Depuis l’aube du XXe siècle la littérature a connu un véritable essor en terme de théories, lesquelles théories pour la plupart consacrent l’analyse des textes littéraires non plus comme un système sui-generis au sens structuraliste du terme, mais comme un maillon d’une chaine dont l’engrenage prend racine dans la société, tremplin de la littérature tant sur le plan de la production que sur celui de la réception. L’approche pragmatique fait partie de ces théories et elle stipule que tout texte littéraire comme produit social, ne saurait être analysé comme si il tombait du ciel, dans les seules limites du texte lui-même. Ce travail consiste donc en une analyse de l’œuvre dramatique du camerounais Joseph Ngoué intitulé La croix du sud, publiée en 1997, ceci sous l’arrière-plan de l’approche pragmatique, partant de l’auteur à la littérature en passant par l’œuvre et les institutions sociales y présentes I - L ’ AUTEUR 1-BIOGRAPHIE Joseph Bertrand Ngoué est un écrivain camerounais né en 1966 à Edéa, auteur d’une pièce théâtrale. Il est après ses études au Cameroun et en France, professeur à l’université de Yaoundé où il exerce les fonctions de chargé de cours à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH). Et maître de recherches à l’Institut des Sciences Humaines (ISH). 2-BIBLIOGRAPHIE Joseph Bertrand Ngoué est auteur d’un seul livre publié de nos jours, intitulé La Croix du Sud, 1997, Les Classiques Africains, France. C’est un genre théâtral écrit en mémoire de Siméon Songue (in memoriam), sans doute un proche parent. II - L’ŒUVRE : une pièce théâtrale Le genre théâtral mis en exergue dans cette pièce est la tragédie, dans laquelle l’on met en scène une haute noblesse qui suscite « l’admiration et le crainte », mais qui se heurte à la fatalité et la triste réalité de la vie. 1- LE TITRE : La Croix du Sud Le titre dune œuvre ressortit à ce quon nomme en littérature le paratexte. Celui-ci désigne tout un appareil périphérique qui fournit au lecteur autant doccasions stratégiques pour entrer dans une œuvre. Ainsi le titre choisi par Joseph Ngoué est constitué d’un groupe nominal, La Croix, accompagné d’une expansion : le complément déterminatif, « du Sud ». Outre la définition donnée par le dictionnaire Larousse illustré, cest-à-dire un instrument de supplice formé de deux pièces de bois assemblées transversalement, où lon attachait autrefois les condamnés à mort, la croix est l’insigne par excellence du christianisme. Bien plus, elle constitue un symbole très fort puisquelle connote la souffrance, doù lexpression chemin de croix renvoyant à la passion du Christ, laquelle aboutit à sa crucifixion, mort et résurrection. Des considérations sus-développées, il ressort que le titre de l’œuvre nous invite à entrer dans un univers au référent biblique. Aussi, La Croix du Sud peut-elle se lire comme la représentation de la passion dun Jésus situé dans le Sud. Le Sud désignant cet espace géographique peuplé en majorité de Noirs et baptisé Tiers-Monde par le démographe et économiste français Alfred Sauvy. 2-LA SITUATION D’ENONCIATION Dans cette œuvre, comme dans toutes les pièces théâtrale, il n’y a pas de narrateur pour raconter les faits. Ce sont les personnages qui prennent en charge l’énonciation. Ceci soit par la réplique, texte prononcé par un personnage à destination d’un ou plusieurs : « Au lieu de l’admirer, vous feriez mieux de la conseiller. Le Sud est sans pitié. » Réplique d’Axel à Suzanne lorsqu’elle lui annonce que sa fille est une coriace et qu’elle préférera mourir plutôt que de ce renier. Soit par un monologue comme le fait Wilfried à scène 6 de l’acte premier « quelles voix m’ont parlé? Quelles hallucinations (…) Royaume désormais interdit, Thulé !... », C’est-à-dire une tirade prononcée par un personnage seul ou qui se croit l’être. Wilfried ici est bouleversé par la manière dont sa femme le traite et lui parle dès qu’elle apprend qu’il a du sang noir dans les veines. Et soit par un dialogue, l’échange verbal entre deux ou plusieurs personnages, situation entre Suzanne, Axel et Irma dans la scène première de l’acte IV par exemple. 3-LES PERSONNAGES Ici les personnages sont groupés en classes en fonction de leurs actes. Nous avons ceux qui subissent ou encore mieux les sujets, en l’occurrence Wilfried, homme blanc d’origine noire, fils un riche d’homme qui voudrait effacer toutes les traces nègres dans sa famille « Accepterai-je un héritage que mes proches me jetteront à la figure ? »dit-il à propos de ce que lui laisse Miriam sa tante à son décès. Nous avons également Pala, agent de police noir au service de l’administration raciste blanche. Sa fonction d’agent de renseignement et de répression fait de lui un traitre « J’en étais un traitre, mais envers les miens. » une façon pour lui de regretter tout ce qu’il a fait d’injuste à la race noire. Ensuite nous avons ceux qui s’opposent ; Kamis, chauffeur de la famille Hotterman dont sa mort donne du courage à Wilfried de continuer à défendre les droits des noirs «Je me pendrais, si un matin, je me réveillais blanc ». M Bird porte-parole du cercle d’Emeraude (club des blancs assassins), homme méchant. Le messager, un blanc du Sud, appartient à l’ « armée de l’ombre », il dit « la naissance ne confère de droits qu’à nous seuls », en d’autre terme que les hommes noirs n’ont pas de droits. Axel, prototype des individus médiocres de la race blanche. Maître d’hôtel de Wilfried avec une réflexion très limitée, très matérialiste. Suzanne, épouse de Wilfried, mère d’un seul enfant dans le foyer, cette enfant qui n’est pas celui de son mari, elle tombe amoureuse de Axel « Vous n’avez jamais été sa fille », dit-elle à Judith qui est furieuse de la façon dont Axel parle à Wilfried. Le fils du notaire, enfant adopté par ce dernier qui n’a pas pu garder secret ses dossiers. En plus de ceux suscités, nous avons les destinateurs, Miriam Hotterman, tante de Wilfried dont le décès déclenche tout ce problème de sang noir dans les veines de Wilfried. Les destinataires, les noirs du Sud qui recherchent la liberté dont ils seront les principaux bénéficiaires. Kamis « Nous sommes les derniers à vous subir. La prochaine génération ne vous tolèrera plus ». De ces propos nous voyons leur décision à mettre fin à cette injustice. Les adjuvants, le notaire qui est contre le racisme et le dénonce, il donne confiance à Wilfried « Vous êtes Wilfried, cela suffit » dit-il à ce dernier lorsqu’il doute de sa personnalité. Judith, fille de Wilfried et Suzanne bien qu’elle soit en réalité issue de la liaison entre Suzanne et Axel. Elle se montre comme l’espoir qui va sauver le Sud « Je transformerai le monde, je le jure » 4-LES THEMES SOULEVES -Le racisme : c’est la distinction des races, idée selon laquelle certaines races sont supérieures. Nous voyons les comportements d’exclusion qui en résultent « qu’on écrase la vermine, et que disparaissent les races inferieures », comme pour dire que la race noire ne doit pas existée. -La ségrégation raciale : développement séparé des races, chaque race a ses quartiers d’habitation, ses écoles, magasins… Dans l’œuvre, il existe un grand fleuve qui sépare le monde blanc à celui des noirs. Il faut un laissez-passer pour se retrouver dans les quartiers blancs, tout ceci dans un même pays. -La liberté : dans la pièce, les noirs vivent sous la contrainte, l’oppression. Ils ne sont pas libres, ils se battent chaque jour la conquérir (Karmis, Wilfried, Pala…) « La liberté ou rien! Que ce soit leur devise. Ils retrouveront la parole perdue » dit Wilfried. Et à Judith de renchérir « Moi, je n’avais qu’une hâte : en finir avec la vie d’étudiant, sortir d’une jeunesse trop vieille à mon goût. Je l’ai fait. A moi la liberté ! » -La violence : la mort d’un noir est fait banal négatif ; la mise en mort d’un noir donne lieu à deux jeux organisés par des parieurs. Suzanne à Axel « Vous avez joué ? » -La haine du noir : l’homme noir est détesté, méprisé, ravalé au rang de bête. -L’engagement : les noirs, Wilfried, Pala… s’engagent à retrouver la liberté arrachée. « Votre liberté dépendra de celle de tous les hommes. Pour moi aussi, la nuit s’achève. » Dit Wilfried à Pala. III. LES INSTITUTIONS SOCIALES DANS L’ŒUVRE Comme approche littéraire, l’approche pragmatique soutient qu’une œuvre littéraire ne saurait être analysée dans les seules limites du texte, coupée de son cordon ombilicale qui est la société et les institutions qui l’ont consacrée ; ceci se vérifie à plus d’un titre chez l’écrivain camerounais Joseph Ngoué qui dans son œuvre théâtrale La croix du Sud fait intervenir plusieurs institutions sociales tout en les contextualisant. Il convient ainsi d’analyser cette présence d’institutions sociales dans l’œuvre partant des institutions scolaires et universitaires aux institutions judiciaires et policières sans perdre de vue les institutions religieuse 1. L’INSTITUTION UNIVERSITAIRE Pour nouer le contact et maintenir la situation avec le lecteur, Joseph Ngoué dans cette œuvre fait mention par allusion et même très souvent de façon concrètes tout au long de son œuvre des institutions scolaires et universitaires avec leurs réalités qui n’échappent pas assez souvent au quotidien du lecteur. Ainsi dès l’entame de l’œuvre une allusion est faite de l’institution université et d’une de ses réalités qui est l’évaluation des étudiants et en l’occurrence l’évaluation orale et on peut dont facilement le déceler dans ces propos de Wilfried : « Je ne me souvenais plus que vous subissiez cette semaine des examens oraux. » (L.C.S : 12) et pour davantage référer à l’institution universitaire et ses réalité, Suzanne adressera à sa fille Judith cette question : « Et votre rang » (L.C.S : 13) ce qui renvoi davantage à la réalité de compétition qui existe en milieu scolaire comme universitaire, ce que Judith en répondant à Suzanne confirme d’ailleurs en ces termes : « Je suis classée première devant Irma et Hans » (L.C.S : 13). Aussi le verbe « subir » employé par Wilfried dans son propos plus haut, loin de réinventer le fil à couper le beurre témoigne d’une réalité indéniable, celle de l’aspect on ne peut contraignant et rude de l’institution universitaire, et par effet de surprise, le lecteur tombe des propos de Judith qui semblent on ne peut contradictoire à la réalité, à ce à quoi se serait attendu tout lecteur ; en effet première, majore de sa promotion ; Judith décide sans que nulle part ne soit mentionné qu’elle a obtenu un poste d’emploi, d’en découdre avec l’institution universitaire et ainsi peut-on l’entendre dire : « Moi je n’avais qu’une hâte : en finir avec la vie d’étudiant, sortir d’une jeunesse trop vielle à mon goût. » (L.C.S : 13) ce qui contribue ainsi à la création d’un contexte propre à l’œuvre, l’auteur ne restant prisonnier de la réalité extralittéraire, de la société réelle et confirmant de facto la conception sartrienne de la littérature selon laquelle : « Un des principaux motifs de la création artistique est certainement le besoin de nous sentir essentiels par rapport au monde. » (Sartre : 1947) Ainsi, l’auteur sous le couvert de Judith, qui comme signalé plus haut, décide de passer des paroles à l’acte en quittant déjà l’institution universitaire, semble par la création de ce contexte qui lui est propre s’insurger contre le faux ordre établi dans la société donnant une fois de plus raison à Jean Paul Sartre pour qui « Parler, c’est agir,[ dévoiler] » et « Dévoiler, c’est changer » (Sartre : 1947) ; sous sa plume, Judith semble donc ici s’inscrire en faux contre les institutions sociales, notamment l’institution judiciaire et policière. 2. LES INSTITUTIONS JUDICIAIRE ET POLICIERE Il ne fait aucun doute que toute société est dotée d’un système juridique qui garantit les lois et s’assure du respect de celles-ci avec tous les moyens nécessaires dont l’institution policière en est le pilier ; seulement dans la logique de la création littéraire et son originalité, loin de peindre banalement à la manière d’un photographe reproducteur pur et simple de la réalité, Joseph Ngoué s’inspire de la réalité et de la magie de la fiction un système juridique et policier qui semble plutôt unilatérale et défenseur d’une « Parodie de justice » (L.C.S : 60). Ainsi la toute première allusion à cette institution judiciaire et politique témoigne de son caractère unilatéral, injuste et infâme comme on peut le constater dans ces propos de Judith : « Ce matin, tandis que nous sortions de la piscine du centre, j’ai vu des forces de l’ordre frapper un Noir à qui elles reprochaient de se tromper de trottoir. » (L.C.S : 14) ce qu’inconsciemment Suzanne soutient et renchérir en disant à son époux qu’elle a longtemps tenu pour blanc, « de sa race » : « Nous vivons dans une société qui a ses lois et ses interdits. Vous n’êtes pas de ma race, je ne veux plus de vous.» (L.C.S : 24) Ces propos à travers l’adverbe de négation « plus » laissent tout de même transparaitre un présupposé que le lecteur est en demeure de déceler et comprendre selon le principe de coopération propre à H.P. Grice, en effet Suzanne laisse ici comprendre non seulement qu’elle a autrefois voulu de Wilfried et puisque autrefois s’oppose forcement à maintenant, le « plus » fait par ailleurs qu’il n’en est plus question maintenant qu’elle sait que Wilfried a du sang noir dans les veine et que des noirs elle n’en veux avoir à faire. Par ailleurs, tous les termes et expressions utilisés pour désigner les institutions judiciaires et policières montrent davantage le caractère violent, arbitraire et déshumanisant de ces dernières ; ainsi elles sont tantôt désignées par « prison » (L.C.S : 39) ; « Armée des médiocres » (L.C.S : 76) « Lois du Sud »(L.C.S : 49), ici présupposé de la particularité, du caractère unique de cette loi qui sous-entend de même l’existence d’une autre loi, celle du nord par opposition au Sud ; « Cercle d’Emeraude » (sept occurrences dans l’œuvre) « Policier au service d’une bande de criminels » (L.C.S : 56), « Assassins », « Canailles » (L.C.S : 59 ), « Cagoulards » (deux occurrences dans l’œuvre), « Racistes » (L.C.S : 71) Cette injustice dont font montre les institutions en question sont si flagrantes et infâme qu’on peut comprendre pourquoi Karmis dit : « […] Des chiens policiers se sont jetés sur moi aux portes de la ville. Conduit dans l’un de nos dispensaires, je n’ai dû la vie qu’à ma robustesse. O a placé sous surveillance médicale les chiens qui m’ont mordu. On craignait que ma chair et mon sang ne les contaminent […] » (L.C.S :54) et tout porte même à croire que cette « Loi injuste » (L.C.S : 93) trouve du soutien auprès de « Hommes d’Eglise.» 3. L’INSTITUTION RELIGIEUSE Tout comme la philosophie, il est reconnu à la religion le rôle de moralisateur, mais paradoxalement la religion telle que présentée par Joseph Ngoué dans sa pièce théâtrale semble être encrée dans cet infâme engrenage instauré par les institutions judiciaire et policière. Cela se vérifie outre par une double conception de Dieu que présente l’auteur ; d’un côté on a un Dieu conçu par « les blanc » comme étant celui-là qui favorise leurs intérêts qu’il défend très bien en les poussant même parfois à commettre des actes qui semble aux yeux des autres insensés mais providence divine, ce que prétend sans doute Suzanne lorsqu’elle affirme : « Dieu n’aurait pas permis que le sein d’une Salbury nourrît un enfant dégénéré. Il m’a tout pardonné. C’est lui qui m’a poussé dans les bras d’Axel […]» et pour davantage montrer le caractère personnel et différentiel de sa conception divine et par ricochet de celle de sa race, elle rajoute s’adressant à Judith sa fille : « […] Ce Dieu est aussi le vôtre, écoutez le », (L.C.S : 42) laissant ainsi sous-entendre que sa race a un Dieu et la race noir un autre tout à fait différent du sien, d’ailleurs c’est en ces termes qu’elle critique Myriam défunte tante de celui qui jusqu’à la scène 5 de l’acte I fut son époux : « […] Une gentillesse qui ne sied qu’aux esclaves et, sous une religiosité affectée […] » (L.C.S : 22) Ce que Axel renchérit en disant : « J’ai simplement trouvé risible qu’un nègre cherche le visage de Dieu dans une vielle mansarde » (L.C.S : 31). Ces propos se situent pour ainsi aux antipodes de ce que dit la Sainte Bible en ces termes : « Il ny a aucune différence, en effet, entre le Juif et le Grec, puisquils ont tous un même Seigneur » (Ro.10:12). Aussi l’institution judiciaire quand bien même pratiquement athée se sert tout autant hypocritement qu’ironiquement de la religion pour justifier ses actes infâmes, on entend par exemple le Messager dire hypocritement à Wilfried que l’institution judiciaire vient de condamné : « Bonne chance et que Dieu vous garde. » (L.C.S : 60) et tous le cercle d’Emeraude de même de répéter : « Que Dieu vous garde » (L.C.S : 60) Ceci est d’autant plus vrai que c’est ce cercle d’Emeraude qui se prend pour tout puissant et semblable même à Dieu, d’ailleurs, n’entend-on par le messager membre de ce cercle caractériser ce cercle de Dieu en ceci qu’il dit : « Que sa volonté soit faite aujourd’hui et toujours », après que le cercle d’Emeraude ait dit : « Le cercle d’Emeraude a parlé » (L.C.S : 61), foulant ainsi au pieds cette parole biblique : « Faites tout pour la gloire de Dieu « (1Co.10:31) Le cercle se considère tel quel et c’est ainsi que ses membres tous à la fois reprendront la parole du messager en disant : « Que sa volonté soit faite soit faite aujourd’hui et toujours » et au messager de répondre par « Amen », donnant ainsi l’occasion au cercle de dire triplement symbole de la plénitude et l’infinitude et même de la sainte Trinité en Christianisme : « Amen, amen, amen » (L.C.S : 62), ce qui se situe une fois de plus aux antipodes de la bible qui dit : Cest pourquoi encore lAmen par lui est prononcé par nous à sa gloire. (2Co.1:20). Ainsi la religion telle que présentée dans l’œuvre semble avoir perdu son latin, ce que Wilfried reproche d’ailleurs à l’Homme d’Eglise qu’il moralise en disant : L’Eglise devient trop prudente, trop prudente. Elle donne tout à César et plus rien à Dieu. Mais oui la prudence ! « Tu ne tueras point », je veux bien. Mais est-il aussi écrit : « Tu ne dénonceras pas l’injustice par peur d’être tué » ? L’Eglise ne se mêle pas de la politique. Elle craint les princes de ce monde. L’une des voix les plus fortes obstinément se tait. Par omission, l’Eglise de Dieu pactise avec les princes de ce monde. Le feu s’est éteint dont brûlaient les martyrs. (L.C.S : 79) Ce que soutient cette parole des saintes écritures : « La religion pure consiste [...] à se préserver des souillures du monde ». (Ja.1:27) Pour renchérir cela Wilfried ajoutera : « Ce qui sauve, Homme d’Eglise, c’est l’amour, l’amour fou, le don total de soi. » (L.C.S : 80) Ainsi fort d’une culture religieuse impeccable, l’auteur ne manque pas d’en faire étalage et usage, concourant ainsi à la création d’un contexte, d’un univers qui s’inspire de la réalité, de la société sans en rester prisonnier, allant ainsi dans la logique de Sartre qui répondant à la question pourquoi écrire dit : « Ecrire c’est une certaine façon de vouloir la liberté : si vous avez commencé, de gré ou de force vous êtes engagé. » (Sartre : 1947) IV. LA LITTERATURE Joseph Ngoué comme tout bon écrivain, rend compte d’un certain nombre de règles préétablies par les pères et théoriciens de la littérature dans son œuvre La croix du Sud. Ainsi déjà par le genre littéraire qu’il choisit, il montre qu’il travaille dans un domaine bien précis avec ses règles bien établies, notamment le genre dramatique et en l’occurrence la tragédie qui répond à un ensemble de règles inspirées du théâtre antique. Dabord tacites, ces règles sont connues sous le nom de règles des trois unités, ce que Boileau dans LArt Poétique (1674 , chant 3, vers 45-46), résume en les vers suivants : Quen un lieu, quen un jour, un seul fait accompli Tienne jusquà la fin le théâtre rempli. Autrement dit une pièce de théâtre classique doit être constituée d’une seule action se déroulant en un seul lieu et en une seule journée, et c’est ce qui ressort effectivement de La croix du sud de joseph Ngoué, car même s’il existe de nombreuses mini-actions entre autres la trahison de Suzanne et le lynchage de Karmis, toutes ces mini-actions semblent converger vers la seule et unique action principale de cette œuvre qui est le martyr de Wilfried Hottermann, tout cela se déroulant en un seul lieu principale, le « manoir » de Wilfried qui semble après le scandale devenu celui de son maitre d’hôtel Axel (LCS, 39) et la durée de l’action quant à elle est également d’une journée, car elle commence en une « nuit si brillante » (LCS, 31) et s’achève en une autre nuit « avant la prochaine aurore » (LCS, 94) Ainsi, La croix du sud répond aux règles des trois unités telles que codifiées en 1636 par lAcadémie Française, après les premières représentations du Cid par Corneille Par ailleurs, Conformément au respect de la vraisemblance, de la morale, lacteur ne doit pas choquer le spectateur notamment pas de présence de sang sur la scène. De ce fait violence et intimité physique sont exclues de la scène. Les batailles et les morts doivent se dérouler hors scène et être rapportés aux spectateurs sous forme de récits et c’est ainsi que la mort du héros Wilfried n’est que rapporté par le Notaire (LCS, 87-88) De même, dans la tragédie classique, le héros doit être originaire de la haute noblesse comme classe sociale, en outre le dénouement de la pièce doit être triste, pathétique, fatale : La Croix du Sud se plie à cette esthétique de la tragédie classique, de par le choix de son héros. Ce dernier est un personnage de haute naissance. De ce fait, il sécarte dune humanité ordinaire : Assis sur une fortune colossale, votre père voulait à tout prix un fils propre, une descendance immaculée. Il a supprimé les indices de vos lointaines origines. Restait un document : lacte par lequel la reine Méralda laisse en héritage à sa fille Alzaro les terres de Zihngara aux chutes fabuleuses. Il voulait que, si un jour la nation sintéressait à la houille blanche, elle indemnisât les Hottermann. Ayant longtemps balancé entre lhonneur et largent, il ma demandé de fabriquer à votre insu un autre document qui attribue ces terres à votre grand-mère, mais ne mentionne pas le nom de la reine. (P. 19). Malgré ces propos révélateurs du Notaire, qui confirme à son interlocuteur que du sang noir coule dans ses veines, il reste que la filiation de Wilfried avec la reine Méralda, dont il est larrière-petit-fils, en fait un prince, un personnage de rang exceptionnel, ce qui concoure aussi à l’originalité de l’auteur. BIBLIOGRAPHIE Boileau, lArt poétique : manifeste du classicisme français, In Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Ngoué, Joseph, La croix du Sud, les classiques africains, Versailles, 1997 Sartre, Jean Paul, qu’est-ce que la littérature, 1947
Posted on: Sat, 19 Oct 2013 19:14:04 +0000

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