Un charnier a été découvert le 8 février 2007 dans les - TopicsExpress



          

Un charnier a été découvert le 8 février 2007 dans les montagnes du Day à 55 km de Tadjourah, à proximité (500 m à peine) de la résidence secondaire du président de la République de Djibouti, Ismaël Omar Guelleh. Les habitants de la région n’ont pas eu de difficultés à identifier les corps de sept civils afars massacrés par l’armée djiboutienne le 1er janvier 1994 à Eger Aleyta, au Day. Cinq des sept victimes appartiennent à la même famille, dont Ali Ballah Youssouf, chef coutumier, âgé de 80 ans, connu pour sa sagesse dans toute la région Afar, et Hassan Kamil Ali, Hamadou Kamil Hassan, Hamadou Mohamed Houmed, Mohamed Ali Mohamed ; les deux autres victimes sont Mohamed Hassan Ali et Hassan Youssouf Hassan. Il ne s’agissait ni d’une bavure ni d’un acte isolé, mais de l’exécution d’une décision prise au haut niveau de l’État djiboutien, dont probablement l’homme déjà fort de l’époque, M. Ismaël Omar Guelleh était l’instigateur. Entre septembre 1993 et début 1994, une véritable politique de terreur a été instaurée dans les régions afares, pour punir la population du supposé soutien qu’elle accordait au Frud (1). L’armée a procédé à des dizaines d’exécutions extra-judiciaires à Adoyla, Randa, Boli, Assagueïla, Khorangar, Alailu, Dalha, Adaylou, etc. Ainsi qu’à des arrestations arbitraires, des tortures, des viols de femmes par centaines, souvent devant leurs proches. La répétition des massacres de civils et des viols de femmes, visés uniquement pour leur appartenance à une communauté donnée, procédant d’une décision planifiée par de hauts responsables politiques d’un pays est constitutive de crime de guerre. Cette vague de terreur avait suscité des condamnations de la part de hautes personnalités françaises, d’organismes internationaux de défense des droits de l’Homme et des responsables coutumiers et politiques afars. Le Président Valéry Giscard d’Estaing qui avait promis l’accession de Djibouti à l’indépendance, a condamné les exactions contre les civils afars en octobre 1993, en tant que président de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Il a même menacé de suspendre la coopération française si le régime de Djibouti n’arrêtait pas la chasse aux Afars. Amnesty International a dénoncé à plusieurs reprises les exécutions extra-judiciaires de civils afars, les viols de femmes afares par l’armée, les arrestations arbitraires et les tortures. Survival International (mouvement mondial de soutien aux peuples indigènes) a condamné l’exécution extra-judiciaire par les forces armées de sept civils de l’ethnie afare au Day et a « exigé du gouvernement de Djibouti qu’une enquête soit menée sur ces évènements, que les responsables soient poursuivis et que des instructions soient données à l’armée pour éviter que ne se reproduisent de tels actes arbitraires et illégaux » (Nouvelles de Survival, printemps 1994). Les sultans afars ont, de leur côté, protesté auprès du Président Hassan Gouled pour arrêter ces actes barbares. L’attitude la plus courageuse a été celle du regretté Ali Mahamadé Houmed, à l’époque ministre des Industries et porte-parole du gouvernement, qui a demandé à la présidence de la République d’arrêter la répression contre les civils. Il est venu jusqu’à Paris témoigner – les larmes aux yeux – auprès d’Amnesty International des exactions dont furent victimes les Afars à Djibouti. Il a décrit avec force détails, les tortures, les assassinats, les viols de femmes. Quelques mois après, Ali Mahamadé Houmed perdait son poste ministériel. Leurs proches parents n’ont cessé de réclamer aux autorités djiboutiennes, la restitution des corps des victimes d’Eger Aleyta depuis treize ans. Ils ont même saisi le délégué du CICR en mars 1994 qui pouvait, conformément à son obligation statutaire, intervenir auprès du pouvoir djiboutien pour qu’il restitue les corps des victimes à leurs familles. Dès la découverte du charnier, les soldats de la garde présidentielle ont exprimé la velléité de récupérer les ossements, se heurtant à la volonté unanime des habitants du Day, indignés par cette requête indécente. Les victimes ont pu être inhumées dignement le 9 février 2007 au Day, accompagnées jusqu’à leur dernière demeure par une foule nombreuse. La construction de la résidence secondaire du Président en 2003, non loin de ce charnier, que Ismaël Omar Guelleh ne pouvait ignorer, avait été perçue, au Day, comme une volonté d’humiliation extrême, à l’encontre des parents des civils exécutés et des habitants de la région. que Dieu laccueill dans son paradie janatoul firdows
Posted on: Mon, 14 Oct 2013 20:05:04 +0000

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