le 29 Juillet 2013 Lame de fond «Le gouvernement doit tomber», - TopicsExpress



          

le 29 Juillet 2013 Lame de fond «Le gouvernement doit tomber», ont scandé samedi les dizaines de milliers de Tunisiens qui ont accompagné la dépouille de Mohamed Brahmi. Le député qui avait délibérément choisi la confrontation avec les islamistes au pouvoir repose près de son ami Chokri Belaïd, figure de la gauche assassinée dans les mêmes conditions il y a cinq mois. Face à ces deux meurtres hautement politiques, le chef de l’État, Moncef Marzouki, s’est empressé d’accuser les salafistes, branche fondamentaliste de l’islam politique. Le peuple, lui, tourne sa colère vers Ennahdha, parti au pouvoir qui se réclame d’un islam «modéré». En Égypte, fin juin, une immense vague populaire a eu raison du règne des Frères musulmans. Mohammed Morsi, président islamiste pourtant élu lors des élections initiées par le printemps arabe, est tombé. Même si les histoires politiques de ces deuxpays sont différentes, dans les deux cas, des processus électoraux ont été mis en place après les mouvements sociaux du printemps arabe. Dans les deux cas, des forces islamistes ont gagné. Moins de deux ans après, elles sont en échec. Sur ces terres arabes, berceau d’une révolution pacifique qui a été capable, par la seule force du nombre, de décapiter les régimes les plus despotiques et corrompus de la région, le peuple a repris foi en sa force. Cette réalité bouleverse toutes les données du problème. Elle brouille les grilles d’analyse. En Égypte comme en Tunisie, les révolutions sont à nouveau à un tournant. Sont-elles en danger de mort ou dans les soubresauts d’un processus de longue haleine? L’histoire est en marche. Elle a montré bien des fois qu’aucune secousse révolutionnaire n’est jamais linéaire. La violence s’invite souvent dans l’affrontement. C’est le cas en ce moment. Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ont été lâchement assassinés parce qu’ils œuvraient à rapprocher différents mouvements progressistes pour bâtir une force de gauche laïque, sociale et puissante. En Égypte, la situation prend d’inquiétantes allures de guerre civile. Pourtant, la lame de fond, celle qui a formalisé son projet dans la devise «Liberté, égalité, dignité humaine, justice sociale» n’a pas fini sa course. En Tunisie, la transition est à bout de souffle. Le processus constitutionnel est dans l’impasse. Les points qui ont fait blocage dès le début avec les islamistes ne sont pas réglés. Le noyau dur du désaccord se cristallise sur la place de l’islam, religion d’État ou pas. Les laïcs n’ont jamais désarmé, d’autant plus que cette question en soulève une autre, de taille, celui du statut de la femme, égale de l’homme devant la loi ou «en harmonie avec les spécificités culturelles du peuple tunisien», selon les termes repris pour l’heure dans le texte. L’autre grief, le plus important peut-être, réside dans l’incapacité des partis au pouvoir à répondre aux revendications sociales. Cinq jours avant de mourir, Mohamed Brahmi dénonçait dans un entretien «deux années de pouvoir pendant lesquelles le gouvernement d’Ennahdha n’a rien changé au niveau des choix économiques». Les libertés ont été réduites. La pauvreté n’a pas reculé. Pourtant, comment oublier l’élément déclencheur du printemps arabe quand, le 17décembre 2010, le jeune Mohamed Bouazizi, vendeur ambulant de Sidi Bouzid, acculé à la misère, s’immole par le feu devant le siège du gouvernorat. Peu de temps avant, il confiait à sa sœur: «Ici, le pauvre n’a pas le droit de vivre.»
Posted on: Mon, 29 Jul 2013 19:38:53 +0000

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