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✔ ĻĀ SŢЯĀŢÉGįE DỰ CHƠC - Par Naomi Klein ( S’įNFƠRMER C’EST RESįSTER ! ДЯMEZ - VƠUS � ). ↘ ℳĀZŅĀB ᵀᴴᴱ ᴼᴿᴵᴳᴵᴻᴬᴸ ● Voici un premier extrait du livre La stratégie du choc de Naomi Klein que j’ai recopié pour vous, m’étant procuré cet ouvrage dernièrement et y ayant trouvé un intérêt profond en plus d’une quantité de sources tout à fait exceptionnelle (environ 100 des 671 pages sont destinées aux références). ❶ - įŊŢЯƠDỰCŢįƠŊ : Éloge de la table rase: trois décennies à défaire et à refaire le monde. La terre se pervertit au regard de Dieu et elle se remplit de violence. Dieu vit la terre : elle était pervertie, car toute chair avait une conduite perverse sur la terre. Semer le choc et l’effroi engendre des peurs, des dangers et des destructions incompréhensibles pour certains éléments ou secteurs de la société à l’origine de la menace, ses dirigeants ou les citoyens en général. La nature, sous forme de tornades, d’ouragans, de tremblements de terre, d’inondations, d’incendies incontrôlés, de famines et de maladies, peut provoquer le choc et l’effroi. Shock and Awe. Achieving Rapid Dominance, doctrine militaire établie pour la guerre des États - Unis en irak. Je fis la connaissance de Jamar Perry en septembre 2005 au refuge de la Croix-Rouge de Baton Rouge, en Louisiane. De jeunes scientologistes au large sourire distribuaient des repas, et Jamar faisait la queue avec les autres sinistrés. Je venais juste de me faire houspiller pour avoir osé m’entretenir avec des évacués en l’absence d’escorte médiatique. Canadienne blanche perdue au milieu d’une mer d’Afro-Américains du Sud, je faisais de mon mieux pour passer inaperçue. Je me glissai dans la queue derrière Perry et lui demandai de me parler comme à une vieille amie, ce qu’il eut l’amabilité de faire. Né et élevé à La Nouvelle-Orléans, Jamar avait quitté la ville inondée une semaine plus tôt. On lui aurait donné dix-sept ans, mais il en avait vingt-trois, me dit-il. Lui et les siens avaient attendu longtemps les autocars d’évacuation promis. En fin de compte, comme ils ne venaient pas, les Perry avaient marché sous un soleil de plomb. Ils avaient abouti ici, dans un palais des congrès tentaculaire, où se tenaient normalement des foires commerciales organisées par l’industrie pharmaceutique ou des manifestations sportives, du type « Carnage dans la capitale : combats extrêmes en cage d’acier ». À présent, les lieux étaient envahis par 2 000 lits de camp et une foule d’évacués, épuisés et mécontents. Des soldats de la Garde nationale à peine rentrés d’Irak patrouillaient, l’air crispé. Ce jour-là, une nouvelle courait parmi les réfugiés selon laquelle un éminent congressman républicain de la ville, Richard Baker, avait tenu les propos suivants : « Nous avons enfin nettoyé les loge ments sociaux de La Nouvelle-Orléans. Dieu a réussi là où nous avions échoué. » Joseph Canizaro, l’un des promoteurs immo biliers les plus riches de la ville, avait exprimé un point de vue similaire : « Nous disposons maintenant d’une page blanche pour tout recommencer depuis le début. De superbes occasions se présentent à nous. » Pendant toute la semaine, l’Assemblée légis lative de la Louisiane à Baton Rouge, la capitale, avait grouillé de lobbyistes s’employant à verrouiller les « occasions » en question. Au menu : réductions des charges fiscales, allégements de la réglementation, main-d’oeuvre au rabais et création d’une ville « plus petite et plus sûre » – ce qui en pratique revenait à la démolition des logements sociaux et à leur remplacement par des immeubles en copropriété. À force d’entendre parler de « nouveaux débuts » et de « pages blanches », on en oubliait presque les cloaques toxiques, débordant de débris, de rejets industriels et de restes humains, qui croupissaient à quelques kilomètres de là. Au refuge, Jamar, lui, ne pensait à rien d’autre. « Pour moi, la ville n’a pas été nettoyée. Tout ce que je sais, c’est que des tas de gens sont morts dans les quartiers populaires. Des gens qui devraient être encore en vie aujourd’hui. » Jamar s’était exprimé calmement, à voix basse. Pourtant, devant nous, un vieil homme qui avait surpris notre conversation se retourna vivement : « À quoi est-ce qu’ils pensent, ces types de Baton Rouge ? Des “occasions” ? Quelles “occasions” ? C’est une foutue tragédie, oui. Ils sont aveugles ou quoi ? » Une femme accompagnée de ses deux enfants se joignit au choeur : « Non, ils ne sont pas aveugles. Ils sont juste mauvais. Ils voient parfaitement clair. » Parmi ceux pour qui les eaux de crue de La Nouvelle- Orléans étaient synonymes de « superbes occasions » se trouvait Milton Friedman, grand gourou du mouvement en faveur du capitalisme sans entraves. C’est à lui qu’on attribue la paternité du credo de l’économie mondialisée contemporaine, caractérisée par l’hypermobilité. Âgé de 93 ans et de santé fragile, « Oncle Miltie », ainsi que l’appelaient ses partisans, trouva malgré tout la force d’écrire un article pour la page d’opinions du Wall Street Journal, trois mois après l’effondrement des digues : « La plupart des écoles de La Nouvelle-Orléans sont en ruine, faisait-il observer, au même titre que les maisons des élèves qui les fréquentaient. Ces enfants sont aujourd’hui éparpillés aux quatre coins du pays. C’est une tragédie. C’est aussi une occasion de transformer de façon radicale le système d’éducation. » L’idée radicale de Friedman se résume comme suit : au lieu d’affecter à la remise en état et au renforcement du réseau des écoles publiques de La Nouvelle-Orléans une partie des milliards de dollars prévus pour la reconstruction de la ville, le gouvernement devrait accorder aux familles des « bons d’études » donnant accès à des écoles privées (dont bon nombre à but lucratif) subventionnées par l’État. Il était essentiel, selon Friedman, que ce changement fondamental constitue non pas une solution provisoire, mais au contraire une « réforme permanente5 ». Des think tanks (groupes de réflexion) de droite s’emparèrent de l’idée et prirent la ville d’assaut. L’administration de George W. Bush appuya leurs projets et versa des dizaines de millions de dollars destinés à convertir les écoles de La Nouvelle- Orléans en « écoles à charte », c’est-à-dire en établissements subventionnés par l’État, mais administrés par des entités privées n’obéissant qu’à leurs propres règles. Les écoles à charte soulèvent la controverse aux États-Unis, plus particulièrement à La Nouvelle-Orléans, où de nombreux parents afro-américains voient en elles une façon détournée de balayer les acquis du mouvement pour les droits civiques, qui garantissent à tous les enfants l’accès à des services d’éducation égaux. Aux yeux de Milton Friedman, cependant, l’idée même d’un réseau d’écoles administré par l’État empeste le socialisme. Pour lui, l’État a pour unique fonction « de protéger notre liberté contre ses ennemis extérieurs et contre nos concitoyens eux-mêmes : il fait régner la loi et l’ordre, il fait respecter les contrats privés, et il favorise la concurrence ». En d’autres termes, il s’agit de fournir les policiers et les soldats – tout le reste, y compris l’éducation publique gratuite, n’est qu’ingérence au sein des marchés. Contrairement à la réfection des digues et au rétablissement du réseau électrique, la vente aux enchères du réseau scolaire de La Nouvelle-Orléans s’effectua avec une rapidité et une précision toutes militaires. Dix-neuf mois après les inondations, alors que la plupart des pauvres de la ville étaient encore en exil, presque toutes les écoles publiques de La Nouvelle-Orléans avaient été remplacées par des écoles à charte exploitées par le secteur privé. Avant l’ouragan Katrina, le conseil scolaire comptait 123 écoles ; il n’en restait plus que 4. Il y avait alors 7 écoles à charte ; elles étaient désormais 317. Les instituteurs de La Nouvelle-Orléans étaient représentés par un syndicat puissant ; leur convention collective était dorénavant réduite en lambeaux, et les quelque 4 700 membres du syndicat licenciés. Certains jeunes instituteurs furent réembauchés par les nouvelles écoles à charte, où ils touchaient un salaire nettement inférieur qu’auparavant. Bien d’autres n’eurent pas cette chance. Suite a suivre ...
Posted on: Mon, 18 Nov 2013 00:52:44 +0000

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