ေဂ်ာ့ေအာ္၀ဲနဲ႕ - TopicsExpress



          

ေဂ်ာ့ေအာ္၀ဲနဲ႕ ကသာၿမိဳ႕အေၾကာင္း ျပင္သစ္စာေရးဆရာေရးထားတဲ့ ေဆာင္းပါပါ၊ကၽြန္ေတာ္နာမည္လည္း ပါတယ္ထို႕ဆိုပါတယ္၊ကိုယ္က ျပင္သစ္စာ နားမလည္ေတာ့ ဘာေရးထားမွန္းေတာ့ မသိပါဘူး၊ျပင္သစ္စာတတ္တဲ့ မိတ္ေဆြမ်ား ျမန္မာလိုျပန္ေပးႏိုင္ရင္ဘာသာ ျပန္ေပးဖို႕ အကူအညီေတာင္းလိုပါတယ္ခင္ဗ်ာ...Katha (Birmanie) Envoyé spécial Vingt-deux heures durant, aprèsavoir quittéMandalay à l’aube, le Shwe-Keinnery a remonté le cours de l’Irrawaddy, poursuivant sans heurts sa navigation à contre-courant, traçant parfois sa route à travers de larges îlots habités qui encombrentparmomentsle fleuve. Celui-cidonnealorsl’impressiond’unlacimmenseétiré vers l’horizon quetourmententauloin, à tribord, les reliefs des premiers contreforts du plateau Shan. Sous un ciel vaste où défilent des nuages lourds de pluie, le paysage se déploie, grandiose, d’une beauté poignante, presque parfaite: le gris du ciel, le vert des champs composent le tableau pâle de cetteétenduesurgied’unautretemps, oùseules les flèchesd’ordesstupasbouddhiques apportent une touche de couleur éclatante. Parfois, le bateau procède à un abordagecompliquédansdesvillagesperdus. Pas de ports fluviaux, encore moins de quais: lesmarins jettent une planche sur la boue durivage, les passagersmontentàbord en un rétablissement hasardeux. Unefois, auplus noir de la nuit,à l’issue d’unaccostagedifficileaprèsquele projecteur du Shwe-Keinnery eut longuement fouillé les berges de son puissant pinceau à la recherche d’un point d’abord, on vit soudain, échappé du néant, la robe lie-devind’unbonzesautersurlepontdunavire endormi. Et puis, brusquement, tôt le matin, le lendemain, voici Katha. Sous le ciel poisseux sali de pluie, la corne du navire pousse unlong mugissement et ralentit le long du rivage de la ville, qui étale ses maisons de bois noir et le fronton de ses pagodes aux couleurs criardes. Nous voici enfin, si l’on peut dire, «chez Orwell»… Katha – 4000habitants il y a un siècle, 23830 aujourd’hui: c’est ici que l’auteur de 1984 vécut entre1925 et 1927. Il y était chefadjointdelapoliceimpérialebritannique. Et c’est Katha qu’il choisit comme décorà l’un de ses premiers livres,Unehistoire birmane.Orwell (1903-1950) trace d’une plume aigre et sans pitié les contours d’une microsociété anglaise constituée de coloniaux engoncés dans leurs préjugés racistes, vivant au milieu d’une population birmane généralement soumise, dont l’hostilité parfois sousjacente sera finalement déclenchée par les manigances d’un fonctionnaire indigène retors et corrompu. Katha, au premier coup d’oeil, donne le sentiment de vivre encore dans un temps quasisuspendu. Oublions lesmotoscirculant dans les rues sans voitures, les bâtiments neufs qui ont poussé çà et là, le grandmarchéenreconstructionpourcause d’incendie l’année dernière. Pour le reste, rien, ou presque, n’a changé dans les rues parcouruesparlesBirmansenlongyi, – sarongs – et les femmes aux joues fardées de cette poudre de thanakha censée protégerdu soleil leurs peaux délicates. Au bord du fleuve, quoique désormais un peu en retrait en raison de la présence d’une route qui n’existait pas au début du XXe siècle, se tient toujours le club anglais où une poignée de gentlemen carburant au gin-tonic tiède tentaient naguère d’oublier,dansle livrecommedansla réalité, lesrigueursdel’exil, lachaleurétouffante et la violence des pluies. Derrière, il y a encorele court de tennisoùles plus courageux des colons jouaient le soir avant de retourner rapidement s’abreuver dans la fraîcheur relative du bar, où un serviteur indien agitait d’une main molle la corde du pankha, carré de tissu ou feuille de palmier tressée, suspendu au plafond et faisant officede ventilateur. Plus loin encore, derrière une jungle de flamboyants, de frangipaniers et de grands arbres tropicaux, on devine la bâtisse de brique rouge etdeboisnoiroùvécutGeorgeOrwell.Reste aussi la prison, monument massif, ocre et moyenâgeux dont l’apparence n’a pas varié depuis qu’Orwell devait y faire des inspections… Tout le décor est resté planté, décati au possible,maissuffisammentprésentpour évoquer la narration d’un Orwell réglant ses comptes avec le «British Raj» – le gouvernement des Indes britanniques – dans cet avant-poste perdu«des Indes». Le club, c’était là oùtout se passaitpour les Blancs.Orwellle décritcomme«lacitadelle spirituelle, le siège de la puissance anglaise, le nirvana où les fonctionnaires et les nababs indigènes rêvent en vain de pénétrer»… Dans les pièces empoussiérées de ce qui est aujourd’hui le bureau d’une coopérative d’Etat gérée par une vieille dame souriante disposant d’une simple machine à écrire soigneusement recouverte de sa housse de protection, on imagine encore la grande salle de jadis, son billard, sa maigre bibliothèque, et le murmure poli des serviteurs tamouls, visage couleur de suie et turbans blancs, prenant commande. La véranda, autrefois ouverte sur le fleuve, a été flanquée d’un mur aux fenêtres coulissantes, mais avec un peu d’imagination, on croit entendre encore l’écho des vociférations méprisantes contre les indigènes des sept Blancs dépeints par Orwelldansle livre–directeursd’entrepriseslocales, planteurs,responsablesdel’administration, policiers: ils incarnaient tout ce que l’écrivainavomichez sescompatriotes, tristes sires farcis,jusqu’àla caricature, de préjugés racistes et de mépris envers les autochtones. C’est peut-être ici, dans cette ville reculée, que George Orwell s’est forgé sa philosophie, sa haine du colonialisme, son dégoût des privilèges que les Blancs s’octroyaient; peut-être même faut-il y voir les racines de sa prophétique parabole du futur totalitaire d’unmonde surveillé par BigBrother… Orwell fut policier malgré lui, et le regretta. Bien plus tard, rentré en Angleterre après en avoir terminéà Katha avec son dernier poste de flic tropical, il écrivit «avoir passé cinq années à exercer un métier pour lequel [il n’était] absolument pas fait – dans les rangs de la police impériale des Indes, en Birmanie». Il ajoutait : «Celaacontribuéàexaspérermondégoût naturel de toute autorité etàm’ouvrir les yeuxsur la conditionfaiteauxclasseslaborieuses. Mon expérience birmane m’avait sans doute éclairé sur la véritable nature de l’impérialisme.» Ensortantduclub, laissantàmaindroite le court de tennis fraîchement asphalté pour l’élite de la ville–birmane, cette fois – qui tâte le soir de la raquette, on arrive devant un complexe de petits bâtiments blancs soigneusement repeints. C’était l’hôpital.Et si l’on se réfèreauplandeville qu’Orwell a lui-même dessiné à la fin de son livre, ce devait être là qu’officiait le docteur indien Veraswamy, grand ami de John Flory, marchand de bois au discours anticolonialiste et héros principal d’Une histoire birmane. Ici, sur cette vérandaquel’on distingue encore aujourd’hui, un peu cachée par la végétation, des débats amicaux, enflammés et quelque peu surprenants, mettaient aux prises cet Indien pro-britannique vantant la «noblesse des sentiments desgentlemenanglais» et l’Anglais lucide et cynique dont les idées frisaient le«bolchévisme », selon ses congénères de Katha. Ecoutons Orwell démonter, par la bouchedeFlory, les ressortsducolonialisme: «Le mensonge, assène-t-il au médecin tamoul à l’issue d’une pénible session avec les enragés du club, c’est celui qui consiste à prétendre que nous sommes ici pour le plus grand bien de nos pauvres frères de couleur, alors que nous sommes ici pour les dépouiller, un point c’est tout. » L’auteur de La Ferme des animaux (1945) ne pouvait, déjà, être plus clair. Faisonsdemi-tour,repassonsdevantle tennis, marchons une centaine de mètres: voilà la maison où vécut Orwell. La baraque, isolée au centre d’un jardin laissé à l’abandon formant une jungle envahissante, est dans un piteux état. Au rez-de-chaussée, la première chose que l’on voit est une cheminée encore envahiedecendres. OnimagineunOrwellnostalgiqueetexcédé, lisant le soiraucoindu feu quand, enfin, l’hiver s’installe dans Katha.Unsplendideescalierd’unbois terne, qui dut être soigneusement poli, mèneàune grande pièce aux volets ajourés. Des fauteuils de bois style colonial typiquement années 1920 sur lesquels George a bien dû s’asseoir sont alignés dansuncoin, reliés entreeuxpar des dentelles de toiles d’araignée. C’est un Birman d’une quarantaine d’années, graphiste et rédacteur de bande dessinée, qui nous a emmenéssur le plusémouvantlieudemémoire orwelliendeKatha.NyoKoNaingalucinq foisUnehistoirebirmane, enanglais,mais aussidans sa toute dernière traductionen birman. L’aura internationale d’Orwell le rend fier de sa ville, et il espère que Katha va en recueillir les fruits en termes de retombées touristiques… «Il faudrait que le gouvernement fasse tout son possible pour lever des fonds, sinon c’est un patrimoine culturel et historique qui va tomber en poussière», prévient-il, accompagné d’un poète local et d’un commerçant, eux aussi membres du fan-club d’Orwell. On peut raisonnablement imaginer quece dernierautilisé sapropredemeure Bruno Philip «[Leclub] est la citadelle spirituelle, le siège delapuissance anglaise, lenirvanaoù lesfonctionnaires et les nababsindigènes rêvent envaindepénétrer» George Orwell GeorgeOrwellenBirmanie Lesuicidé del’Irrawaddy RUEDESARCHIVES EcrivainsenOrient extrême1/6 Le club de gentlemen, la chaleur, les sarongs: laville de Kathaapeu changé depuisquel’auteur britanniqueyavécu. Sa présence imprègne encore les lieux, et quelques admirateurs aimeraient mettre en valeur ce patrimoine culturel 18 0123 Mardi 13 août 2013 pourenfaire le décordutragiquedénouementdulivre. C’est iciquetoutvase jouer pourJohnFlory,dontle destinrésonnedu pessimisme fondamental d’Orwell. Depuis quelques semaines, Flory esttombé amoureux d’Elisabeth, une pimbêche de 22 ans fraîchement débarquée. Elle cherche un mari. Un temps séduite par Flory, elle va le laisser tomber pour un cavalier bellâtre de l’armée britannique, qui finira par la plaquer sans autre forme deprocès.Revenueverslui, ellevadenouveau s’enfuir horrifiée après l’esclandre de l’ancienne et jalouse maîtresse de Flory, une jeune Birmane «qui sentait l’ail, le santal et le lait de coco»: après avoir fait irruption en pleine messe du dimanche, elle hurle et déchire ses vêtements pour humilierlepauvreJohndevantlacommunauté tout entière réunie des Blancs. Flory ne s’en remettra pas: il rentre chez lui et se tire une balle dans le coeur. Au-delà de la déception amoureuse d’un homme rongé par la solitude décrivant sa viecomme«une existence qui ressemble à la mort », «une vie faite de déchéance, d’apitoiement sur soi-même», on sent poindre la détresse d’Orwell, le policier contrarié, qui n’en peut plus de cet exil forcé parmi ces Anglais qu’il a fini par haïr. Par une fin d’après-midi brûlante en attendantla pluiedusoir,nousavonspris le thé chez Than Htike, journaliste et caricaturistelocal, aupasséd’intellectuelmilitant contre l’ancienne dictature birmane (1988-2011). Cet homme grand et mince à la peau sombre, au visage d’une grande finesse, qui signe de son nom de plume Herjule, a aussitôt réagi quand on a évoqué devant lui l’intrigue de Burmese Days,nomanglaisduroman: «J’aiaiméle livre d’Orwell parce que c’est un livre remarquable contre le colonialisme. Mais passeulement: il fait aussi le portraitdans son oeuvre d’un fonctionnairebirman corrompu. » Il ajoute avec un sourire mi-figuemi-raisin:«Ilssont encorelégion dans la Birmanie d’aujourd’hui»… Avant que l’on reprenne le bateau en partance vers Mandalay, Ngo Ko Nieng, le fan d’Orwell, nous a livré, quant à lui, une singulière anecdote avec un regard narquois caché derrière ses fines lunettes : une vieille dame, ancienne fonctionnaire de l’administration locale qui logeait autrefois dans la maison d’Orwell, entendait parfois des voix, le soir venu, dans unepièceinoccupéedupremierétage.On abien ri. Et sur le pont du Shwe-Kenneiry, qui voguait tranquillement vers le sud dans le soir tombant sur le grand fleuve, on ne pouvait s’empêcher de s’amuser à lapensée que le spectre du suicidé de l’Irrawaddy hante encore la fantomatique maison deFlory-Orwellquandminuitsonnedans Katha endormie.p Prochain article : Malraux au Cambodge. Bibliographie DESON VRAINOMERIC BLAIR, George Orwell naît en Inde en 1903 dans ce qui était alors la province du Bengale. Son père est fonctionnaire du Raj britannique. Ses parents retournent en Angleterre quand le futur écrivain n’est âgé que de4ans. Ce n’est qu’en 1922 qu’il revient «aux Indes», dans une Birmanie à l’époque encore intégrée à l’Empire britannique: il vient de s’engager dans la police impériale. Il restera cinq ans en Birmanie, où il suivra une formationàMandalay, avant d’être muté dans différents postes, dont le dernier fut Katha, le décor d’Une histoire birmane. Orwell ne tarda pasàsesentir coupable d’appartenir,en tant qu’assistant district superintendant of police, auxrouages de la machineimpérialiste britannique. Par la suite, évoquant son séjour, il écrira être hanté par ces«visages de prisonniers dans leurs cellules, de ces subordonnés que j’ai rudoyés, de ces vieux paysans que j’ai snobés, de ces serviteurs que, dans des momentsde rage, j’ai frappés demon stick»…Lapeinture faite par Orwell dans son livre d’une société de colons et de fonctionnaires britanniques pleins de mépris envers les indigènes était à l’époqueun véritable brûlot.Au point que son éditeur, Victor Gollancz–qui venait de publieren 1933 son premier ouvrage, Dans la dèche à Paris etàLondres –, refusa Une histoire birmaneau prétexte qu’il serait très malreçu en Grande-Bretagne et surtout parmi les Anglais de l’Inde britannique. Après quelques retouches, Orwell remettra finalementle manuscrità l’éditeur américain Harpers, qui le publieraàNewYork, en 1934. Ilyavait tout lieu pour les éditeurs de se soucier des réactions des tenants de la pax britannica. Dans Finding George Orwell in Burma, ouvrage dans lequel EmmaLarkin dresse le parallèle entre la vie de l’écrivain en Birmanie et un systèmepolitique devenu curieusement orwellien durant le régime de la sinistre junte militaire (1988-2011), l’auteure américaine cite des témoignages d’anciens coloniaux outrés. Clyne Stewart, le directeur de l’école où Orwell fut forméà son travail de policier, déclara après avoir lu le livre que «s’il revoyait jamais Orwell, il le cravacherait »…La fille d’un ancien policier britannique en Birmanie déclaraàEmmaLarkin être «très affectée par l’amère description que fait Orwell de la société coloniale; elle se souvenait d’une Birmanie très différente où les relations entre Britanniques et Birmans étaient égalitaires. Elle ajouta qu’Orwell était unanimement détesté par ses collègues policiers parce qu’il n’était pas intégré et ne semblait pas aimer sa vie en Birmanie. Et d’ailleurs, il ne semblait rien aimer du tout»… Orwell réagira bien plus tard aux critiques: «Je reconnais que [ma description] était injuste par certains côtés, erronée parfois dans les détails mais que, pour l’essentiel, j’ai simplement écrit ce que j’avais vu.» A-t-il voulu par ces mots atténuer la violence de son portrait colonial?Quoi qu’il en soit, l’essentiel de sa carrière littéraire fut,commeil l’écrira ailleurs, consacrée à «faire de l’écriture politique un art àpart entière. Ce quimepousse au travail, c’est toujours le sentiment d’une injustice, et l’idée qu’il faut prendre parti».p B. P. «Une histoire birmane », éditions Ivrea, 2004. «Dans le ventre de la baleine, et autres essais (1931-1943)», éditions Ivrea, 2005. «Finding George Orwell in Burma », d’Emma Larkin, Granta Books, 2011. Agauche: l’ancienne maison de George Orwell, qui vécut de 1925 à 1927àKatha. Adroite : le club de tennis et son court, évoqués dans «Une histoire birmane». GILLES SABRIE/7 DAYS IN MYANMAR «Ilétait détestéparses collègues policiers» 0123 19 Mardi 13 août 2013
Posted on: Thu, 15 Aug 2013 13:20:09 +0000

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