A l’instant, le ciel s’obscurcissait. De gros nuages lourds barraient tout horizon, et il ne fallait pas attendre longtemps pour que l’averse chamboule tout. Francis s’en moquait bien, et Francette non plus d’ailleurs. Au moment même où elle se retournait, posant sa barquette de fromages sur l’étal, Francis la toisait déjà du regard. Comme dans une sorte de mauvais film plein de clichés, ils se disaient à l’instant de concert : « C’est toi qui habite en face ? », attendant presque un écho : Face , face, face ?... Puis, plus rien. Puis, quelques « plic ploc, » qui commençaient à faire interférence, puis, de plus en plus de « plics plocs », qui mouillaient sérieusement tout le monde. Francette ne bougeait pas d’un poil, laissant la pluie mouler son tee shirt et ses seins magnifiques. Curieusement, le chien ne brochait pas. Sur l’étal, les fromages fondaient, comme sorbet sur meringue. Mais Marianne s’en foutait bien pas mal. Elle fort bien savait que le type qui restait planté là sans oser dire quoi que ce soit, ne bougerait pas d’un poil. Il fallait que ce soit elle qui brise le silence. Combien de temps, combien ?... La pluie s’épaississait, aucun ne faisait mine de lever ne serait-ce que le petit doigt. Soudain, et sans rien dire d’avantage, Francis tournait les talons et disparaissait dans l’agitation de la foule, occupée à se mettre à l’abri d’une quelconque terrasse de café.
Posted on: Tue, 30 Jul 2013 16:14:29 +0000
Trending Topics
Recently Viewed Topics
© 2015