Art contemporain: vous irez au musée de Ouidah comme vous allez - TopicsExpress



          

Art contemporain: vous irez au musée de Ouidah comme vous allez au Guggenheim Promouvoir lart contemporain, cest le credo de la Fondation Zinsou, qui ouvre un musée à Ouidah, au Bénin. Le tout premier en Afrique. C’est par une formule un peu audacieuse et par une comparaison un brin osée que la Fondation Zinsou, installée au Bénin, évoque le premier musée africain d’art contemporain qu’elle ouvre dans la ville de Ouidah, à une quarantaine de kilomètres de Cotonou. «Venise, New York, Bilbao... Les Guggenheim, quand t’en as vu un, tu les as tous vus... Bientôt, vous aurez aussi des choses à dire sur le premier musée d’art contemporain africain.» La référence à ce musée d’art moderne, emblématique de la ville de New York, et qui a essaimé un peu partout dans le monde, n’est pas vraiment fortuite. De la même façon que le Guggenheim de la Cinquième Avenue new-yorkaise et tous les autres sont une idée et de la Fondation Solomon Guggenheim, le musée de Ouidah qui ouvre ses portes le 11 novembre 2013 est le nouveau-né de la Fondation Zinsou, une organisation familiale qui œuvre à la promotion et à la valorisation du patrimoine artistique africain à travers le monde, depuis 2005. De la même façon que le Guggenheim a contribué à considérablement transformer les villes où il s’est implanté, comme à Bilbao, dans le nord de l’Espagne, le musée de Ouidah est déjà en train d’ouvrir une nouvelle époque pour le Bénin et pour tout le continent africain. De la même façon qu’il y a eu un «effet Guggenheim» partout dans le monde, il y a, au Bénin, un «effet Zinsou» qui se traduit par un défi et une sacrée révolution. Car, en effet, le musée de Ouidah est tout cela est à la fois. «Il s’agit de doter l’Afrique d’un lieu emblématique de sa création. Nous voulons aussi contribuer à faire voir le continent comme un véritable acteur du monde l’art et permettre aux personnes extérieures d’avoir un autre regard sur cette partie du monde qui n’est, trop souvent, sous les feux des projecteurs que lorsqu’il s’y produit des drames», rappelle avec emphase et enthousiasme Marie-Cécile Zinsou, qui est à la tête de la fondation et donc aussi du musée de Ouidah. Toile exposée au musée dart contemporain de Ouidah © Fondation Zinsou Nouveaux regards Marie-Cécile Zinsou, jeune Franco-Béninoise est passionnée par l’Afrique et obsédée par l’idée de parler de façon positive du continent. C’est ce qu’elle fait lorsque surgit, au cours de notre entretien, la question de la nécessité d’une telle initiative, alors que l’on peut imaginer que le Bénin, l’un des pays les plus pauvres de la planète, a d’autres priorités, d’autres besoins. «L’art est un droit universel. Il est vrai que la culture est difficile d’accès dans ce pays, qui manque de tout. Mais les Béninois ont les mêmes droits que tout monde, rétorque Marie-Cécile Zinsou. Et ce musée est un outil fondamental pour donner à voir la création de notre continent à note époque.» Le défi majeur sera donc d’aider les populations, et notamment les plus jeunes, à s’appuyer sur la culture artistique pour œuvrer au développement du pays. Et c’est aussi en cela que le musée de Ouidah est une révolution. Dans la mesure où, comme le souligne, la promotrice, il est une «proposition ouverte» qui va à la rencontre des populations. En 8 ans, par exemple, 4 millions de personnes ont pu visiter les expositions de la Fondation Zinsou. On peut imaginer que Ouidah connaîtra le même succès. Tout au moins parce que les artistes qui y seront présentés incarnent ce que l’Afrique a de moderne, de contemporain. Expérience unique En effet, il ne s’agit pas seulement du premier musée dédié à l’art contemporain en Afrique (les musées qui existent sur le continent, comme celui du Caire ou celui de Dakar, sont consacrés à l’Histoire). Il s’agit d’une expérience unique visant à rapprocher les populations de l’art. Il s’agit aussi, osons le mot, d’un acte militant: la sauvegarde des patrimoines. C’est tout le sens du choix du lieu qui abrite le musée africain d’art contemporain de Ouidah: la Villa Ajavon, une bâtisse de 1922, au style afro-brésilien, laissée à l’abandon pendant des années et restaurée par la Fondation Zinsou. La villa Ajavon, datant de 1922, rénovée © Fondation Zinsou Mais au-delà de cette villa Ajavon, c’est le choix de la ville de Ouidah qui était important pour accueillir ce projet. «Cette ville fut un point d’embarquement des esclaves vers les Amériques. Elle est aujourd’hui l’une des plus pauvres du Bénin, avec taux de chômage des plus terribles. Le musée permettra d’éclairer Ouidah d’une façon positive», explique Marie-Cécile Zinsou, qui ne veut décidément parler de l’Afrique autrement qu’en bien. Ouidah, apparaît donc comme un choix hautement symbolique pour la promotrice d’art: savoir d’où l’on vient pour comprendre où l’on va, et donc ainsi, pouvoir déployer toute sa créativité. C’est aussi pour cela que, pour Marie-Cécile Zinsou, la question de la gratuité est capitale dans ce projet. Le public, et notamment, les enfants, auront accès gratuitement aux expositions, comme c’est déjà le cas à la Fondation basée à Cotonou. La première exposition du musée de Ouidah, «Chefs-d’œuvre de la collection» comprend des œuvres d’artistes locaux et internationaux comme Frédéric Bruly-Bouabré, Romuald Azoumé, Bruce Clarke, Samuel Fosso ou encore Chéri Samba. Des artistes qui font la fierté de l’Afrique à travers le monde ou qui méritent d’être plus connus. De ce point de vue, le musée de Ouidah a de belles années devant lui. Raoul Mbog Raoul Mbog Raoul Mbog est journaliste à SlateAfrique, après avoir longtemps travaillé comme reporter en Afrique centrale et dans locéan Indien. Il soccupe notamment des thématiques liées aux mutations sociales et culturelles. Ses derniers articles: La vie rêvée des Africains de Washington Une révolution nommée Keziah Jones Entrez au Ouidah comme vous entrez dans un Guggenheim
Posted on: Mon, 11 Nov 2013 16:52:16 +0000

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