Chapitre 15 Dernière partie (ou presque de): De Drôles de - TopicsExpress



          

Chapitre 15 Dernière partie (ou presque de): De Drôles de visiteurs.. Un moment de paix Une fois là-haut, les enfants redevinrent silencieux en voyant la porte de bois sculptée. Le rovan frappa discrètement avant de les faire entrer, puis de s’éclipser. Une douce lumière inondait la haute pièce circulaire. Le plancher semblable à du suède doré atténuait le bruit de leur pas. Les enfants intimidés se serraient les uns contre les autres. -On dirait une église, murmura Morgane. -Une église dans un arbre, ça se peut pas, ré-pondit Raphaël. -Des Gnomes, ça se peut pas non plus, renchérit Lysa, et pourtant… Maya se serra contre Frédéric, ne sachant trop quoi penser. Chloé pour sa part se taisait impressionnée par le calme des lieux. Les enfants avancèrent lentement vers le centre de la pièce tout en examinant les lieux. -Bonjour mes petits, leur dit une voix douce et mélodieuse. Les enfants avaient beau écarquiller les yeux, ils ne voyaient personne. Chloé qui avait levé les yeux, donna un coup de coude à Fred pour lui faire signe de regarder. -Oh!..., laissa échapper le garçon. Au-dessus de leur tête, flottait une lueur bleutée, semblable à la couleur des Orbes, mais en plus lumineux. -On dirait une aurore boréale, chuchota Raphaël. -Wow! Que c’est beau! -Je vois que vous admirez mon plafond!... Devant eux, se tenait maintenant un Gnome assez différent de ceux rencontrés jusqu’à maintenant. Plus mince et plus grand, il portait une barbichette. Il était vêtu d’un pantalon blanc et d’un ceinturon argent sur sa tunique bleue. Ses yeux bleus foncés, légèrement en amande, examinaient les enfants un à un. Il esquissa un sourire tout en faisant signe aux enfants. -Morgane, viens t’asseoir juste là, avec Lysa et Raphaël. -Frédéric, Maya et Chloé, venez de ce côté. Lorsque les enfants furent assis sagement, il se présenta : -Je me nomme Hériskar le sage. Dans notre monde, on me considère tantôt comme un guérisseur, tantôt comme un mage. -Un mage! Comme un sorcier? Demanda Raphaël, féru de livres fantastiques… Hériskar le sage sourit en dodelinant de la tête. Il expliqua que ça dépendait de ce que voulait dire sorcier dans son esprit. -Disons que je suis le détenteur de certains se-crets liés à notre mère la terre depuis de très nombreuses années. Tout d’abord sachez que notre communauté s’est installée ici avec la permission de nos amis Marie-Rose et Samuel Marchand, vos grands-parents, précisa Hériskar le sage en regardant vers le groupe de Mogane. La nouvelle laissait les petits-enfants de Marie-Rose béats de surprise. Les Gnomes avaient connu leur grand-père! Même Morgane ne l’avait jamais vu. Hériskar le sage poursuivit : -Lorsque nous sommes arrivés dans la pinède, les lacs des alentours ne permettaient plus aux poissons d’y vivre tellement ils étaient pollués. La pauvreté du sol dans la vallée rebutait les agriculteurs qui délaissaient une grande partie de leur terre aride. Hériskar le sage et sa communauté connaissaient les secrets de la terre et ils avaient creusé des galeries souterraines dans toute la région pour y travailler. Quelques années plus tard, les résultats obtenus dépassaient leurs espérances. Par contre, les hommes étant ce qu’ils sont, il faut continuellement remettre de l’ordre dans la nature Jusqu’à maintenant, à part Marie-Rose et un autre de nos amis dont je tairai le nom, personne n’était au courant que nous habitons en ces lieux. Mais voilà, vous le savez! Et ça risque de nous compliquer la vie. Morgane leva la main et demanda pourquoi. Le Gnome ferma les yeux un moment comme pour se concentrer avant de poursuivre : -Lorsque les humains connaîtront notre présence, ils envahiront la région dans l’espoir de nous voir. Certains prendront des photos espérant les vendre au plus offrant. Ils ne se gêneront pas pour passer par-dessus la clôture, casser les branches des arbres et même tenter d’enlever quelques-uns d’entre nous. Ils chercheront à découvrir nos secrets, notre technologie… Raphaël jeta un regard tout autour avant de demander : -Quelle technologie? Vous n’avez même pas d’électricité, ni de téléphone! -Ni d’ordi… ni de téléphone cellulaire…, chacun y alla de ses commentaires. -Ben, ils savent nous rapetisser. Ça c’est déjà pas ordinaire, précisa Lysa. Hériskar le sage se contenta de sourire et attendit que le silence revienne. Quand il reprit la parole, il fit aux enfants quelques révélations qui les laissèrent sans voix, les yeux ronds comme des billes. -Pourquoi vous nous dites ça? Allez-vous nous garder prisonniers? S’inquiéta Fred. -Rassurez-vous, vous allez retourner chez-vous dans quelques minutes. Si vous racontez tout ça à vos amis ou à vos parents, personne ne vous croira. Chloé a tenté de dire à ses parents qu’elle nous voyait arriver et ils ne l’ont pas crue. Ils ont bien passé quelques heures à scruter le ciel au-delà de la clôture, mais ils n’ont rien vu. Quand il le faut, nous savons demeurer invisibles. Dans le pire des cas, nous quitterons simple-ment cette pinède pour plusieurs années mal-gré notre attachement à la région et les amis que nous y avons. La sécurité des nôtres passe avant tout. Il y a de nombreux endroits où nous pouvons aller, croyez-moi. L’amitié de Marie-Rose nous manquera beaucoup, mais rien ne nous empêchera de revenir de temps à autre, ne serait-ce que quelques heures. Lysa, en larmes, se jeta dans les bras de son frère. La fillette ne voulait pas que les amis de sa grand-mère s’en aillent. Les autres, la mine basse, se regardaient indécis. Morgane prit la parole et assura Hériskar le sage qu’ils ne divulgueraient jamais leur présence. Elle comprenait maintenant l’ampleur de l’enjeu. De plus elle s’engageait à ne plus venir jouer dans la pinède au-delà de la clôture; jamais! Le Gnome voyait les regards affligés et les regrets sincères des enfants. Il se dit que finale-ment cette rencontre leur aura été bénéfique. Il aurait peut-être dû rencontrer Morgane plus tôt, quoique ce sera sans doute plus facile pour la fillette de garder un secret, si elle pouvait en parler en vase clos; l’avenir le dira. Chapitre 16 Un imprévu Avant de les quitter, Hériskar le sage fit cadeau d’une petite pierre de couleur différente à cha-cun des enfants. Il les assura que Marie-Rose les attendrait à la sortie. Sur ce, il frappa dans ses mains et un rovan apparut aussitôt. Les enfants se retournèrent pour saluer le Gnome une dernière fois, mais il avait disparu! Le rovan les accompagna jusqu’au pied de l’escalier en colimaçon où Baer le gardien des ouvertures prit la relève, la lanterne au bout du bras, puis il les guida dans la remontée. Heureusement cette fois on s’arrêtait au niveau de la salle à dîner. Là-haut, un incident les obligea à attendre avant de s’aventurer à l’extérieur. Un chat du voisinage rôdait au pied du chêne et il était plus prudent d’attendre. Lysa demanda à Baer le gardien des ouvertures si elle pouvait aller aux toilettes en attendant. Il acquiesça et lui indiqua le corridor; les autres suivirent aussi… Le couloir se divisait en trois branches. Ils prirent celui qui menait vers la gauche. Au retour ils hésitèrent; il faisait plus sombre maintenant que les lumières de la salle à dîner étaient éteintes. Fred, suivi de ses amis, s’engagea dans le corridor central sans se rendre compte qu’il allait dans le sens inverse. Au bout d’un moment, ils s’arrêtèrent devant une porte close. -Nous nous sommes égarés, déclara Morgane. Ralph, tu devrais sortir ta lampe de poche, il fait vraiment sombre. -Avant ouvrons la porte, il y a peut-être une fenêtre. Elle est coincée, aidez-moi donc, de-manda Raphaël. Tout le monde poussa en même temps et la porte s’entrebâilla. Un filet de lumière éclairait faiblement la pièce qui semblait petite. Les enfants entrèrent sans voir le trou dans le plan-cher. Des hurlements se firent entendre! Après ce bruit infernal de cris et de pleurs, après la des-cente interminable, un silence inquiétant accueillit les enfants tout en bas. Leur chute vertigineuse avait été amortie par les nombreux tournants en aiguille. Morgane sembla s’être relevée la première. Elle chercha Maya et Lysa qui se tenaient près d’elle au moment de la chute. Elle entendit Chloé pleurnicher, puis Lysa hurler de toutes ses forces. Raphaël la rejoignit rapidement et tenta de la calmer. La fillette avait une peur panique du noir. En tâtonnant, Raphaël sortit une petite lampe de poche de son sac à dos et la donna à sa sœur. Maya encore sous le choc n’osait pas se lever. Fred la prit par la main et se dirigea vers Lysa qui avait la seule source de lumière dans la pièce. Morgane voulut lui prendre pour examiner l’endroit, mais Lysa s’y cramponna telle-ment qu’elle n’osa pas la lui enlever. Raphaël trouva une solution. Lysa gardait la lampe et tout le monde se groupait autour, tandis que lui guiderait la main de sa sœur. -C’est sans doute un donjon, murmura Fred apeuré… Personne n’osa le contredire. Morgane proposa de se taire et d’écouter; s’il y avait du bruit, on irait dans cette direction. -C’est peut-être la caverne d’un ours, risqua Fred d’une voix blanche. -Toi pis tes ours!, s’exclama Morgane aussi exaspérée qu’apeurée… D’abord nous sommes dans un arbre. Ensuite nous avons été miniaturisés; tu crois que les Gnomes seraient assez bêtes pour rapetisser des ours qui pourraient les manger ensuite? La phrase se termina dans un haussement d’épaules que personne ne vit. La fillette suggéra de faire le tour de la pièce pour voir où se trouvait la porte. -Est-ce que nous allons manquer d’air? Demanda Maya. Surpris par cette question, ils se tournèrent vers elle, inquiets. -Quoi?... Dans les films, quand quelqu’un est enfermé, il manque souvent d’air, reprit-elle. Raphaël, toujours aussi bien organisé, fouilla encore une fois dans son sac à dos et en sortit une allumette qu’il craqua aussitôt. -Regardez la flamme bouge, ça veut dire qu’on a de l’air... Comme elle penche vers la gauche, ça veut aussi dire que l’air vient de la droite. Aie!... Ça brûle les doigts. Après avoir laissé tomber l’allumette, Raphaël demanda à Lysa d’éclairer à sa droite. Il devait y avoir une ouverture si l’air venait de là. Finale-ment ils se rendirent compte qu’ils étaient dans un cul-de-sac. Morgane aida Lysa à lever la lampe vers le plafond, et voilà, l’air arrivait par le trou d’où ils étaient tombés. Les mains en porte-voix, les enfants crièrent à tue-tête. -Inutile de nous époumoner, rappela Morgane, comme dirait grand-maman, personne ne nous entend. La preuve nous avons tous hurlé en tombant, si quelqu’un nous avait entendus, on le saurait! Chapitre 17 Mireille vient à leur secours Maya et Lysa se remirent à pleurer, de même que Chloé. Morgane, les larmes aux yeux, re-grettait tellement d’avoir mis ses amis dans un tel pétrin. Elle leur demanda pardon en pleu-rant. Ils l’entourèrent, lui assurant qu’ils ne lui en voulaient pas; serrés les uns contre les autres, ils réfléchissaient. Fred suggéra d’essayer de monter par le trou dans le plafond. Morgane lui rappela que si rien ne les avait empêchés de tomber, il y avait peu de chance qu’il y ait quelque chose pour s’agripper en mon-tant… De toute manière, Baer le gardien des ouvertures devait avoir prévenu Hérial le chef qu’ils avaient disparu. -Oh là!... Y a quelqu’un? Est-ce que vous m’entendez? Leur cria une voix… Une cacophonie de rires et de hurlements de joie fit résonner la caverne. Hérial le chef attendit un peu que le calme revienne avant de pour-suivre. Le Gnome leur expliqua qu’ils se trouvaient dans une ancienne galerie minière sous la pinède. On allait leur envoyer de la lumière et de l’eau dans un moment. Ensuite quelqu’un descendrait les chercher. Hérial le chef leur de-manda de s’écarter du trou pour un moment. Quelques minutes plus tard, ils entendirent du bruit dans le conduit et un paquet descendit par le trou. Une lanterne à piles, 2 lampes frontales, 2 gourdes d’eau et des fruits séchés prirent soudainement des airs de cadeaux de Noël. -Au moins, nous n’avons pas eu de jus de sureau, dit Fred qui n’appréciait vraiment pas ce breuvage! Chacun y alla de ses commentaires sur le jus de sureau et curieusement Lysa, la plus difficile du groupe, adorait cette boisson. Pour passer le temps, les enfants maintenant rassurés sur leur sort, jouaient aux devinettes. Un autre quart d’heure passa, puis une clochette résonna. Hérial le chef les avertit qu’ils se trouvaient à environ 2 mètres d’une galerie voisine. La façon la plus rapide et la plus sécuritaire de les ramener là-haut était de leur en-voyer Mireille. Celle-ci connaissait les cavernes mieux que personne. Ils l’entendraient creuser la paroi dans une vingtaine de minutes. -20 minutes, pourquoi c’est aussi long? Deman-da Morgane. -Mes enfants, vous êtes très loin dans les en-trailles de la terre. Surtout pour de si petites personnes. Si ce n’était de Mireille, nous ne pourrions pas vous ramener avant demain soir! De plus, le sol des galeries situées aussi bas, montre des signes d’instabilité. Hérial le chef leur demanda d’attendre le signal de Mireille. Ensuite, quoiqu’il arrive, ils devront lui obéir sans discuter. Il leur rappela que seule Mireille était en mesure de les ramener sains et saufs et dans les plus brefs délais. -Il y aura un peu de lumière quand vous serez de l’autre côté. Un ancien nid d’écureuil mal bouché laisse passer un filet de lumière et un peu d’air. Par contre les murs sont fragiles. II faudra demeurer prudent. Une fois que vous aurez quitté la galerie, ce sera le noir total pour environ 1 heure, à moins que Mireille prenne le sentier des tamias… C’est plus long, mais un peu plus éclairé. -You hou?… Y a quelqu’un?... Vous êtes là les petits…, leur cria une voix féminine. -Oui!... Ici... On est là…, répondirent les enfants forts excités. Bien!..., éloignez-vous, je vais pousser ce qui reste de terre de votre côté. Tout ce tapage et ces cris de joie confirmèrent à Hérial le chef que Mireille serait là d’une minute à l’autre. Il réitéra ses instructions : -Rappelez-vous, il faut obéir sans rouspéter!... Une dernière chose, j’espère que personne n’a peur des reptiles… -!!!!!!... Des reptiles, qu’est-ce qu’il veut dire? Ce n’est tout de même pas un crocodile, ou une salamandre, dit peureusement Chloé. -Elle parle, et c’est une voix de fille, donc ça ne peut pas être un animal!, renchérit Morgane. Un nuage de poussière dans lequel apparut un mince rayon de lumière guida les enfants. Un petit Gnome leur fit signe de se dépêcher. Ils reconnurent Kaerb l’éclaireur. -Vite! Vite! Ordonna le Gnome. Mireille garde le passage ouvert, mais tout peut s’effondrer d’une minute à l’autre. Allez vers la gauche en sortant, ensuite nous quitterons rapidement cet endroit. Ça craque de partout… Morgane passa la première et aida les plus petits à traverser l’amas de terre et de roche. Raphaël ferma la marche comme d’habitude. La poussière piquait la gorge. Par contre l’air s’avéra plus respirable de ce côté. Heureux de voir un visage connu, les enfants soupirèrent d’aise. Kaerb l’éclaireur s’avança vers les enfants pour leur expliquer la suite des choses. Mireille avait dû être rapetissée un peu plus qu’à l’habitude pour pouvoir se faufiler dans certaines galeries plus étroites. Par contre elle demeurait impressionnante vu la taille des enfants. Il leur conseil-la de ne pas faire de mouvements brusques pour ne pas l’effrayer. Déjà qu’il n’avait pas été facile de la convaincre de venir au secours des humains! Les enfants acquiescèrent en silence. -Allez Mireille, tu peux venir. Je vais te présenter à nos amis, ensuite nous reprendrons la route. -Non!, répondit une voix chevrotante. Je ne veux pas, il y a des garçons. Ils vont me faire mal. Raphaël et Frédéric se regardèrent ébahis. Kaerb l’éclaireur secoua la tête en soupirant. Il se doutait bien que ça allait se passer ainsi. Mireille était la couleuvre la plus peureuse qu’il connaissait. Il demanda aux garçons d’aller se placer derrière les filles et de ne pas bouger. Quand ce fut fait, il se dirigea vers le côté oppo-é et ordonna à Mireille de le suivre d’un ton sans appel. Mireille se débarrassa des gravats et ondula lentement vers le groupe d’enfants. Ce fut un instant de panique mémorable. Les filles hurlèrent et se dirigèrent vers le mur extérieur; Raphaël et Fred ramassèrent leur sac pour les lan-cer au reptile. Quant à Mireille, à la vue des garçons prêts à l’attaquer, elle se fit plusieurs nœuds et y enfouit sa tête en tremblant. Voyant qu’il ne viendrait pas à bout ni de l’un ni de l’autre, Kaerb l’éclaireur sortit un sachet de sa besace, prit une pincée de poudre d’émeraude qu’il lança autant sur Mireille que sur les enfants. Quelques secondes plus tard, un calme relatif revenait dans la caverne. -Maintenant écoutez-moi bien les enfants. Si vous voulez sortir d’ici, vous n’avez pas le choix. Il vous faudra grimper sur le dos de Mireille, que ça vous plaise ou non! -Ouah!, embarquer sur le dos d’une couleuvre, JAMAIS!..., déclara Lysa, les bras croisés sur sa poitrine. -Je ne veux pas moi non plus, pleurnicha Maya. -J’ai peur des couleuvres, je ne veux pas qu’elle me regarde, dit Chloé d’une voix blanche. -Tut! Tut! Tut!... Y pas de je ne veux pas! Ne m’obliger pas à vous parler des dangers qui peuvent surgir à tout moment… -Quelles sortes de dangers? S’inquiéta Morgane. -Souvenez-vous que vous êtes maintenant plus petits que des blaireaux, des ratons-laveurs, des corneilles, etc. -Nous n’avons pas le choix, il a raison, et puis c’est vrai que ça remue sous nos pieds, reprit Raphaël. En le voyant bouger, Mireille se mit à reculer en grimaçant des tssss… agressifs! -Mireille! Va-t-il falloir que je te musèle? Si tu ne veux pas voir les garçons, fermes les yeux, voilà tout! La grande couleuvre rousse ferma aussitôt les yeux, ou presque. Mine de rien, elle se dirigea très lentement vers les fillettes qui discutaient sur ce qu’il fallait faire. Lysa la vit alors qu’elle se trouvait juste à côté d’elle. Elle se mit à hurler et les autres aussi! En entendant ces stridulations, Mireille refit des nœuds et s’y enfouit la tête à nouveau. Kaerb l’éclaireur commençait à en avoir plein son casque, surtout que le temps pressait. -Là…, je n’ai rien fait. Je voulais juste entendre ce qu’elle disait; je faisais une approche délicate pour ne pas les effrayer, dit Mireille dans un soupir. -Elle nous a regardés, cria Lysa. Elle voulait nous manger! -Vous mangez! Beurk! Allons donc! Je suis végétarienne vous saurez! Sauf peut-être en ce qui concerne les insectes. J’avoue que j’ai un petit faible pour certains, mais pas n’importe les-quels. Prenez ceux qui vont dans les pins, ils goûtent trop fort… Par contre quand j’ai mal à la gorge, je ne dis pas… -Ça va Mireille, tu nous étourdis! Assez de par-lotte. Il faut partir d’ici avant que les roches bloquent le chemin. -Les garçons venez ici. Mireille tasses-toi un peu, tu prends toute la place. Je vais vous montrer comment grimper sur son dos. Mireille, fermes la bouche. Tu le fais exprès. Tu savais qu’il y avait des garçons avant d’accepter, main-tenant ça suffit. Kaerb l’éclaireur sortit un bâton de sa besace, ce qui ramena Mireille à de meilleurs sentiments. Ce fut plus difficile de faire monter les filles. Leur aversion reprenait le dessus. Maya faillit vomir de peur, ce qui ne sembla pas déranger Mireille qui se montra un ange de patience. Quand elle ramena doucement sa queue pour aider les filles, il faillit y avoir un autre épisode de crise. Mais Morgane réussit à garder son calme. Après tout, une couleuvre qui parlait, soupirait et qui plus est, était végétarienne, ne devait pas être si dangereuse. Elle fut la dernière à embarquer avant Kaerb l’éclaireur. En passant devant les yeux mi-clos de Mireille, bien qu’elle eut la gorge encore serrée, Morgane parvint tout de même à chuchoter un ‘’merci beaucoup’’. -De rien ma beauté! Entendit-elle sortir de la gueule du reptile. Une fois installés, les enfants, encore un peu nerveux, gardèrent le silence. Kaerb l’éclaireur leur montra comment se tenir sur les coussins. Voyant que Morgane allait poser une question, il la devança en expliquant que ces coussins avaient été confectionnés par les Enna, les femmes Gnomes. À partir de toiles d’araignées lavées et tissées. Mireille remonta sans-à-coup, à l’aise dans ces galeries humides qu’elle connaissait mieux que quiconque. Elle en avait fait ses quartiers d’hiver et y avait installé un nid douillet où elle allait pondre ses œufs le moment venu. Ses enfants, au nombre de 9 cette année, avaient tous survécu. À quelques mètres de la surface, le reptile s’arrêta automatiquement sans que Kaerb l’éclaireur ait besoin de lui parler. -Bravo Mireille, tu es une bonne fille. Les enfants vous attendez ici, je vais allez voir si le soleil est couché. Vous avez passé la journée à la noirceur, le soleil pourrait vous blesser les yeux. À son retour, le Gnome fit signe à Mireille d’avancer. Le reptile reprit sinueusement son parcours. L’air plus doux surprit les enfants bien avant que Mireille eut passé entre les racines extérieures du vieux chêne rouge. La couleuvre alla s’arrêter près d’une brindille pour faciliter la descente des enfants. Hérial le chef les attendait. Un large sourire illuminait son visage. Heureux de constater que, somme toute, cette histoire finissait si bien. Il donna l’accolade à chacun des enfants. Il leur montra ensuite où ils se trouvaient. Ce n’était pas la beauté du soleil qui se couchait au-dessus de la pinède, ni les étoiles qui s’allumaient une à une, ni même la brume qui s’élevait du sol humide qui leur fit ouvrir tout grands les yeux. C’était surtout la grosseur des papillons de nuit et des moustiques que gobait Mireille avec gourmandise. Les enfants prenaient soudaine-ment conscience de leur taille minuscule. Dans un silence religieux, Hérial le chef sortit d’un sac en jute une poudre qu’il lança sur chacun des enfants. Aussitôt chacun reprit sa taille normale. Un peu à l’écart, Raphaël fut le dernier à recevoir la poudre magique; il s’enfargea dans la queue de Mireille et se brisa la cheville! Chapitre 18 Retour chez Marie-Rose La pluie tombait en grosses gouttes sur la toiture de tôle du solarium. Pour une rare fois, le silence régnait. Raphaël allongé sur le canapé remuait doucement. Il s’était vite habitué à son plâtre; il en avait encore pour quelques semaines, mais le bon côté de la chose est qu’il pouvait demeurer chez sa grand-mère pour le reste de l’été. Morgane et les autres étaient aux petits soins pour lui; même Lounass ne le quittait pas d’une semelle. Depuis son accident, le gros chat dormait presque sur sa tête et quand la douleur revenait, Lounass sautait prestement du lit et allait quérir sa grand-mère qui lui don-nait de quoi le soulager. Il entendit chuchoter Morgane et Lysa dans la cuisine. Les filles devaient préparer la collation avant l’arrivée des autres. La porte de la cuisine claqua et la pièce s’emplit de rires d’enfant. -Hé! Je suis réveillé, laissez-moi pas tout seul. Un bruit de cavalcades ébranla le plancher du solarium… Ils étaient tous là. Grand-mère apporta du lait aux fraises et un plat de kiwi, ses fruits préférés. Elle vérifia s’il faisait de la fièvre, puis retourna à ses chaudrons pour les laisser seul un moment. La dernière semaine fut fertile en émotions. Une fois rassurés, les parents de Raphaël avaient accepté que leur fils demeure chez Ma-rie-Rose. Travaillant tous les deux, ils ne pouvaient le laisser seul avec un pied dans le plâtre, même si ce n’était qu’une légère fêlure. Il fallait tout de même plâtrer le pied pour minimiser les dégâts. Évidemment Lysa restait aussi. Il fut donc décidé de laisser les enfants avec leur grand-mère et Morgane pour le reste des vacances; à la condition de ne plus aller courir dans la pinède pour s’enfarger encore une fois dans les racines (c’est du moins la version qui fut donnée aux parents). Cela fut dit avec un peu d’ironie, car Raphaël avait peine à poser le pied par terre! -Est-ce que ça fait encore mal? Demanda Chloé. -Non… Ben un peu…, mais grand-maman me donne des Tylénol et place ma jambe sur un coussin. C’est correct. -C’est moi qui lui apporte ses livres et je reste avec lui au cas où, précisa Lysa en s’asseyant sur le tabouret près du divan. Frédéric et Maya s’étaient installés à proximité, tandis que Morgane prit le temps de refermer la porte derrière elle. Madame Côté était venue rendre visite à Marie-Rose, trop occupée depuis l’incident pour aller chez son amie. Chapitre 19 Comment le dire sans le dire Pour le moment, la version officielle était que les enfants couraient dans la pinède et que Ra-phaël s’était pris le pied dans une racine. Par contre il était possible que quelqu’un s’échappe sans se rendre compte qu’on les écoutait, sur-tout à l’école. Raphaël avait eu tout le temps de penser à ce qui leur était arrivé et avait trouvé une solution. -Si on faisait comme si c’était jeu… À l’école, on pourrait raconter que durant les vacances, on s’est inventé un jeu dans la pinède? -Cool!... Lança Morgane. C’est une idée géniale. -Nous, on n’y va pas à votre école, précisa Maya… -Fred et toi, vous allez à la même école, c’est pareil. Comme ça si vous en parlez, ça ne paraîtra pas. -Youpi!... On ne sera pas obligé de se cacher pour en parler, s’écria Lysa qui trouvait pas mal difficile de garder un secret aussi lourd. Raphaël, c’est toi le plus intelligent! Chloé dansait de joie. Elle aussi, l’idée du secret la rendait mal à l’aise. Les enfants se sentirent tout-à-coup plus légers. Chacun y alla de ses commentaires et de ses suggestions. Quand la maîtresse demandera de raconter ce que l’on a fait cet été, nous on en aura long à raconter sur notre ‘’jeu’’! -Si on nous demande des détails, faudra dire la même chose, précisa Chloé. -Ce sera facile, nous étions tous là en même temps. -Et si on demande de quoi avait l’air les Gnomes, insista Chloé. -Raphaël les dessinera, il prend des cours de dessin… -À la condition que ce ne soit pas trop ressemblant, on doit tout de même garder un genre de secret…, rappela Fred. -C’est pas grave, personne ne saura que ce sont les vrais, reprit Chloé. T’en pense quoi Lysa? -Faudrait qu’ils ressemblent à des nains de jardin… -Hein?... Ben oui! Je pourrais faire comme si je dessinais des nains de jardin… Ralph sortait déjà son carnet de dessins. -Tu pourrais devenir dessinateur de nains de jardin et faire beaucoup d’argent… Les enfants chahutèrent un moment heureux de pouvoir parler de leur aventure mais sous le couvert d’un jeu. Terminés les secrets et les messes basses. -Yé… Cool… Je donnerai l’argent à grand-maman Marie-Rose pour terminer de clôturer la pinède. -Comme ça, il n’y aura jamais d’étranger qui entrerait dans le bois, s’écria Raphaël. Puis ajouta-il, en chuchotant, nos amis resteraient en sécurité pour toujours. Tous applaudirent à la suggestion et levèrent leur verre de lait aux fraises. Comme s’il avait compris ce que Raphaël venait de dire, Lounass sauta sur les genoux du garçon et se mit à faire des pattes. -Outch!… Aie… Ça fait mal des pattes de chat avec des griffes. Des éclats de rires fusèrent du solarium, le temps des inquiétudes était passé. Cet été là, les enfants avaient appris l’importance de l’amitié. Ils comprenaient désormais que rien n’était acquis et que les apparences, aussi loufoques soient-elles, ne devaient pas les empêcher d’aller au-devant des autres. Épilogue Le temps frisquet obligeait Marie-Rose à se vê-tir d’une veste plus chaude pour sortir. Elle prit le sentier de la pinède et alla s’asseoir sur la roche blanche chauffée par le soleil du midi. La voyant, Lounass s’était levé et alla à sa rencontre. Comme d’habitude, Mireille le suivait de près. Marie-Rose se demandait ce que diraient les enfants s’ils savaient que dans une vie antérieure, Lounass avait été une couleuvre!... Fatigué de voir des gens s’enfuir à sa vue, il était revenu dans cette vie sous la forme d’un chat avide de câlins!
Posted on: Sun, 01 Dec 2013 00:43:50 +0000

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