Dans son autobiographie, rédigée avec Amanda Sthers, le chanteur - TopicsExpress



          

Dans son autobiographie, rédigée avec Amanda Sthers, le chanteur revient sur les hauts et les bas de sa carrière. Découvrez cet entretien exclusif dans son intégralité. Paris Match. Etait-ce douloureux de vous souvenir? Johnny Hallyday. J’ai toujours eu du mal à raconter ce qui me touche, mes problèmes, mes rapports avec mes parents. Je n’en parle jamais, c’est enfoui. Pourquoi est-ce sorti avec Amanda? Je ne sais pas. Elle est un bon psychiatre. L’histoire de votre père absent qui revient vers vous lors de votre service militaire pour les photographes est connue. Celle de votre mère l’est moins… Ma mère n’osait pas avouer à son ami qu’elle avait été mariée et avait eu un premier enfant. Je l’ai vraiment connue à 18 ans. La majorité se situait à 21 ans, je gagnais ma vie depuis deux ans, j’avais vendu un million et demi de disques déjà. Je suis allé lui rendre visite à Grenoble pour qu’elle m’émancipe. Et j’ai rencontré son mari. J’ai découvert des demi-frères, que j’aime beaucoup d’ailleurs. Elle n’était pas forte, ma mère. Je ne l’ai appelée maman que très tard, passé la cinquantaine. Vous rencontrez Edith Piaf chez Bruno Coquatrix à 17 ans. Elle vous met la main sur la cuisse… J’étais maladivement timide. J’ai inventé l’excuse des toilettes pour fuir. J’étais plus à l’aise sur scène. En dehors, si j’entrais dans une pièce et que les gens me regardaient, je ne savais plus comment marcher. Cette timidité m’a quitté avec l’âge. Je ne deviens plus rouge jusque derrière les oreilles. Pourquoi viviez-vous alors chez Charles Aznavour? J’avais connu le mari de sa sœur, Aïda. Je tournais le film de Marc Allégret “Les Parisiennes”, avec Catherine Deneuve. Charles m’avait écrit “Retiens la nuit” et “Samedi soir”. Il m’a invité chez lui à Montfort-l’Amaury un week-end. Je suis resté deux ans! Je n’avais pas de domicile fixe. Charles m’a fait acheter ma première maison, une ferme aménagée près de chez lui. Il voulait que je place mon argent. Aviez-vous besoin de dire certaines choses? Car vos propos sur certains confrères ne sont pas tendres. Vous dites de Claude François qu’il était jaloux de vous. Si vous draguiez une fille, il la voulait… J’ai beaucoup de tendresse pour lui, il n’y a pas de réussite sans talent. Mais il fallait absolument qu’il ait la même fille que moi! Il me considérait comme son rival. Si j’avais une Ferrari, il en voulait une, si je sortais avec une blonde, il voulait une blonde, voilà. Votre premier manager, Johnny Stark, vous versait 50% de vos revenus et jurait donner le reste aux impôts. Or il gardait tout. Vous semblez fataliste face à ces comportements… J’ai mis vingt ans à rembourser cette somme. J’oublie facilement les mauvais souvenirs. Je ne rumine pas. Ce métier est rempli de gens pas corrects. Ce qui m’intéresse, c’est de faire du bien. Vous semblez solide maintenant, mais, en 1966, après la naissance de David, vous avez commis une tentative de suicide. Parce que vous ne maîtrisiez plus rien, que tout allait trop vite? Non. J’étais saisi d’un profond désespoir. Je voyais tout en noir, j’étais suicidaire, cet état venait de mon enfance, de m’être senti abandonné. Le manque de père… J’avais 22 ans, je sortais de l’armée, j’étais en tournée dix mois sur douze. Je n’étais pas mûr pour la tendresse. Je ne vois plus la vie de la même façon depuis que j’ai des enfants qui grandissent avec moi. J’étais moins ému qu’aujourd’hui avec mes filles. «A 14 ans, j’avais la rage, comme les boxeurs» Vous faisiez des centaines de galas, vous sortiez le soir. Pourquoi tant d’efforts? Pour donner du rêve. Je suis né pauvre. On dormait à six dans une chambre, dans des lits superposés, sans salle de bains ni eau chaude. On faisait chauffer un chaudron dans la cuisine pour se laver. J’ai vécu jusqu’à mes 14 ans comme ça. Je devais m’en sortir. J’avais la rage, comme les boxeurs, les footballeurs. Ce n’est pas en restant en pantoufles à la maison qu’il se passera quoi que ce soit. Vous êtes heureux en ménage depuis presque vingt ans. Pourquoi avez-vous autant épousé à un moment: Babeth, Adeline…? Parce que j’étais paumé. Je n’étais pas vraiment amoureux mais je me disais: pourquoi pas, il faut se caser. Six mois après, c’était terminé. Lorsque vous viviez avec Nathalie Baye, vous avez rencontré un nouveau cercle de gens. Votre description de ses amis est drôle: “Des intellos qui avaient voté Mitterrand, mettaient des foulards et des pantalons en velours et allaient au Festival d’Avignon.” Vous sentiez-vous extraterrestre? Les intellos se foutaient de ma gueule. Jusqu’au jour où j’ai tourné avec Godard. Pour notre premier déjeuner, j’accompagnais Nathalie. Il ne m’a pas adressé la parole, ni regardé! On s’est retrouvé au restaurant quelques jours après, il a commandé une sole, pour moi comme pour lui. On ne s’est pas parlé. Il me dit: “On se voit dans quinze jours”, et il s’en va. Le tournage était spécial. Il ne voulait pas de lumière, ni que les maquilleurs maquillent les acteurs. J’ai appris la spontanéité et à savoir trois pages de texte en deux minutes avec lui. Je n’ai jamais compris le film. Quand je l’ai vu, j’ai pensé, toute cette histoire pour un chiffre qui se retourne sur une porte! Travailler avec quelqu’un que je ne comprends pas me séduisait. Je me suis attaché à lui. Et j’ai eu un tas de belles propositions grâce à ce film. Vous devez votre renaissance ­discographique à Michel Berger. Pourquoi vous a-t-il si bien compris? On discutait beaucoup. On n’a pas enregistré le disque “Rock’n’roll attitude” tout de suite. On parlait de mes goûts, de ce que j’aimais, des films de Kazan dont plusieurs sont des adaptations de pièces de Williams… Comme avec Jean-Jacques Goldman, que Michel Berger m’a présenté. Vous avez coécrit “La musique que j’aime” avec Michel Mallory. Pourquoi n’avez-vous pas écrit davantage? On a passé une semaine chez moi avec Mallory et on était dans un état… Bien. On déconnait et les paroles sont apparues. Je n’ai jamais pris le métier d’auteur au sérieux, je m’amusais. Je suis un interprète. Si une bonne idée vient, je m’y mets, mais je n’écris plus pour ne pas être comparé aux mauvaises chansons que l’on me propose si souvent! Dernièrement j’ai adoré collaborer avec Miossec. Il a remplacé Gilles Thibaut qui m’avait composé “Ma gueule”. Les paroles de “L’attente” sont formidables. Vous n’êtes pas nommé aux Victoires de la musique pour “L’attente”. Cela vous embête? C’est comme ça. Ce n’est pas grave. L’album marche mieux que certains qui sont en lice. Le goût du public ne s’impose pas forcément aux Victoires. «Je n’arrive pas à réaliser que je vais avoir 70 ans» Quel est votre rapport à l’argent? Car vous êtes encore le chanteur le mieux payé de France… Je vis bien, je ne suis pas milliardaire. Je suis content d’en gagner, mais ce n’est pas primordial. Mon moteur, c’est le plaisir. Et vous savez, les chiffres ne sont pas exacts. On me crédite d’une somme faramineuse… David Guetta vend des disques dans le monde entier. Ce n’est pas mon cas. Il gagne beaucoup plus que ce qui est annoncé. Vous êtes entouré de jeunes, Yarol Poupaud votre guitariste, Sébastien Farran, votre manager. Vous pouvez leur raconter des histoires sur Piaf, Brel, et les scopitones. Vous sentez-vous comme un monument national? Pas du tout. J’ai vécu tellement de choses, c’est vrai… La sortie des boîtes avec Jim Morrison, on buvait un verre de whisky avec deux Mandrax pour continuer les matinées folles au Rock and Roll Circus. Et les fêtes avec Depardieu, Belmondo… Les gars de boîtes de nuit me demandaient de ne pas venir avec Jean-Paul. Il se suspendait aux lustres en jouant à Tarzan… Je m’ennuie avec les gens de ma génération! Je me marre plus avec des personnes de 30, 40 ans. Je serais incapable de vivre avec une femme de mon âge. Je n’arrive pas à réaliser que je vais avoir 70 ans. C’est impensable. Je suis dans l’action. Mais alors pourquoi aviez-vous annoncé votre retraite en 2009? J’y étais poussé par Jean-Claude Camus. Il allait prendre sa retraite, il avait vendu sa société à Warner. Il m’incitait à arrêter aussi. Et moi, j’ai pensé que ce serait bien de me reposer. Mon problème d’opération ratée m’a servi. Je me suis rendu compte que je faisais une connerie. Quand j’ai vu ce que c’était de ne plus travailler, j’ai pris peur. Ce n’est pas pour moi.
Posted on: Thu, 20 Jun 2013 10:49:15 +0000

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