En ces temps de reniement, d’ingratitude et de détournement de - TopicsExpress



          

En ces temps de reniement, d’ingratitude et de détournement de l’histoire à des fins électoralistes, et où tous les moyens de propagande sont mis à la disposition de la secte d’OUJDA pour assurer à son excellence, « le patient de VAL DE GRACE » , un quatrième mandat qui lui permettrai de mourir sur son trône ; je vous invite à lire un article que j’ai publié le mois d’avril 2000, dans la revue universitaire « perspectives » qui ,faute de moyens , n’avait pas fait long feu. L’article traite de la problématique de l’engagement d’une famille, en l’occurrence les ATH AMROUCHE, durant la révolution algérienne et l’apport qu’ils ont apporté à la sauvegarde de la culture orale algerienne. Malgré cela, peu d’algériens connaissent FADHMA ATH MENSUR AMROUCHE et ses deux fils : JEAN EL MOUHOUB AMROUCHE et MARGUERITE TAOS AMROUCHE, mais il est vrai que par rapport à l’épopée de fakhamatouhou ABDELKADER AL MALI, les ATH AMROUCHE ne méritent pas d’être évoqués. Je vous laisse juger en lisant l’histoire tragique d’une famille qui a tout donné sans avoir reçu ,au retour, la moindre considération. EVOCATION Les ATH AMROUCHE ENTRE L’EXIL ET LA TERRE ANCESTRALE Par F.SOUSSI En ce début de siècle où l’Algérie tente d’en finir avec l’exclusion, l’intolérance et l’intégrisme, qui ont caractérisés la période poste-indépendance, notamment avec le clin d’œil adressé par le pouvoir actuel aux pieds noirs et aux juifs d’Algérie, l’idéal aura voulu à ce que l’ALGERIE se réconcilie d’abord avec ses enfants qu’elle a longtemps marginalisé à l’image des ATH AMROUCHE(FADHMA,JEAN et TAOS) qui ont été victime de l’exclusion et du reniement des pouvoirs successifs. Etant kabyles et chrétiens, deux appartenances synonymes d’exclusions l’itinéraire de FADHMA et de ses deux enfants est parsemé d’épreuves et de souffrances à travers leur conversion au christianisme, l’exil, le déchirement et la mort. Ces étapes ont été engendrées par une série de ruptures que nous essayerons de marquer à travers les récits laissés par fadhma et ses deux héritiers. L’itinéraire de FADHMA ATH MENSUR AMROUCHE ou « la fille du péché » : Dans l’œuvre autobiographique de Fadhma Ath Mensur AMROUCHE(1) , ou est puisé l’essentiel de sa biographie, elle fait remonté le drame de sa famille à la période ou sa mère contracta un mariage d’intérêt avec un homme plus âgé qu’elle. Ayant un problème d’héritage avec son jeune frère, le mari de la mère de fadhma l’assassina, provoquant ainsi »la malédiction du ciel » qui l’emporta quelques mois plus tard. après la mort de son mari, la famille de la mère de fadhma voulait la ramener au domicile parental pour éviter un déshonneur qui pourrait porter préjudice à la famille. En refusant, la mère de fadhma ne savait pas que son frère allait la renier, quelques jours plus tard, en pleine tajmaath « assemblée du village ». ce reniement marqua la première rupture de la famille amrouche, la famille étant synonyme et symbole de la protection dans la société kabyle. Dans la même cours que la mère de fadhma, habitait un jeune homme de la famille de son mari(2) qui était déjà fiancé. La mère de fadhma étant jeune et veuve, l’environnement étant donc favorable à toutes les tentations. Et ce qui devait arriver, arriva. Succombant à la tentation, la mère de fadhma commis « l’acte immoral ». c’est de cette relation illicite que naquit fadhma. Cette naissance qu’elle n’a pourtant pas choisie la poursuivra durant toute sa vie puisqu’elle sera toujours considérée comme « la fille du péché ». De peur des représailles de la famille de sa fiancée, le père de fadhma refusa de la reconnaitre, ce qui va provoquer une deuxième rupture, une rupture avec la société, qui implique l’émergence d’un climat hostile. L’enfance de fadhma fût tellement douloureuse que sa mère essaya de se débarrasser d’elle en la jetant dans une fontaine pour lui éviter de subir les insultes et le mépris de l’entourage. Une deuxième solution aussi pénible que la première se présenta quand on lui conseilla de confier la petite fadhma aux missionnaires. Le choix était difficile, mais après moult hésitations, elle se résigna en la confiant aux sœurs blanches des ouadhias. La séparation était de courte durée, puisqu’une année après, découvrant qu’elle était maltraitée, fadhma fût retirée et placée, plus tard, dans un orphelinat à TADHART OUFELLA prés de FORT NATIONNAL. Après l’obtention de son certificat d’études en 1892, fadhma travailla à l’hopital des sœurs blanches à AIT MENGUELET. A l’âge de 16 ans, elle se maria avec BELKACEM AMROUCHE d’IGHIL ALI et son baptême eût lieu le même jour. La conversion de fadhma ath mensur au christianisme consacre l’ultime rupture et le dernier element qui provoquera plus trad ce qu’on peut appeler « le drame des ATH AMROUCHE ». De son mariage avec belkacem amrouche, fadhma eut quatre garçons, dont deux mourront de tuberculose, et une fille. La situation difficile dans laquelle ils vivaient contraindra encore une fois les ATH AMROUCHE à s’exiler à TUNIS en quête d’une meilleure situation. En dépit du rejet dont elle fut l’objet par les siens, fadhma n’a jamais réussi à s’intégrer aux autres communautés : « je suis restée toujours l’éternelle exilée, celle qui ne s’est jamais sentie chez elle nulle part, aujourd’hui, plus ce que jamais, j’aspire à être enfin chez mo, dans mon village, au milieu de ceux de ma race, de ceux qui ont le même langage, la même âme, superstitieuse et candide, affamée de liberté et d’indépendances, l’âme de jughurtha ». C’est dans les années 1930, que fadhma entreprend, avec Jean et Taos la traduction des chants berbères de Kabylie, qui seront publiés plus tard pas JEAN AMROUCHE, desquels il dira : « ces chants hérités des ancêtres, m’ont permis de supporter l’exil et de bercer ma douleur » . Cette terrible envie de retour aux sources et au pays de ses ancêtres a poursuivi fadhma jusqu’à sa mort en France . Sa fille TAOS s’est chargée d’éditer son œuvre autobiographique « histoire de ma vie » avec la préface de VINCENT MONTEUIL et un hommage de KATEB YACINE. JEAN EL MOUHOUB AMROUCHE ou l’âme de Jugurtha Jean AMROUHE, l’un des dignes héritiers de FADHMA, a connu comme sa mère, sinon pire encore, l’amertume de l’exil et du rejet. Né en 1906 à IGHIL ALI,BEJAIA, il quitta son village natal pour rejoindre Tunis ou il effectua ses etudes primaires et secondaires. Tout comme sa mère, Jean n’a jamais réussi à s’intégrer aux autres communautés : « petit kabyle, chrétien, j’étais roulé entre les puissantes masses que constituaient mes condisciples : renégat pour les musulmans, cannevanduta(viande vendu) pour les italiens et bicot pour les français ». En 1921, Jean AMROUCHE entre à l’école normale supérieure de SAINT CLOUD en France. Deux ans plus tard, il fût nommé professeur de lettres à SOUSSE, en TUNISIE, où il exerça jusqu’en 1935, date à laquelle il fût nommé à BONE. La période entre 1930 et 1942 a vu la consécration de JEAN en tant que poète et critique puisqu’il publiera durant cette période « cendres », « étoile secrète » en 1934, ainsi que « chants berbères de Kabylie » en 1939. En 1942, Jean AMROUCHE fait la connaissance de ANDRE GIDE, en 1946, il publiera « l’eternel jughurtha » dans la revue « ARCHE », qu’il avait fondé en 1943. Il se tournera par la suite vers le journalisme et inventera un mode nouveau de faire connaitre la littérature par le biais de la radio, ce qui lui permettra d’inviter et de s’entretenir avec des écrivains connus (GIDE, MAURIAC, CLAUDEL, UNGARETTI, GIONO). A partir des événements du 08 MAI 1945, il commença à écrire dans les journaux les plus diffusés de France : le monde, le figaro pour dénoncer la politique française en Algérie. En 1957, Jean AMROUCHE eut une entrevue avec le général DE GAULE, selon certains témoignages il avait même tenté plus tard une médiation entre le gouvernement français et le GPRA. Jean AMROUCHE aurait voulu assister au triomphe de la cause algérienne, dont il a été toujours solidaire, mais la mort en avait décidé autrement puisqu’un mois après le cessez le feu, le 16 avril 1962, il s’est éteint en France à l’âge de 56 ans. Au-delà des hésitations qui ont fait que Jean AMROUCHE ne se soit pas complètement rangé du coté algérien, du fait de sa double appartenance, il n’en demeure pas moins qu’il a toujours cru en la justesse du combat algérien comme en témoigne cet extrait d’un article paru dans France Observateur du 16 janvier 1958 : « les algériens meurent depuis trois ans et ils sont résolus à mourir aussi longtemps qu’il le sera nécessaire pour reconquérir une patrie qui soit la leur, à laquelle ils puissent appartenir corps et âme et qui ait son nom et sa place humble et glorieuse, il n’importe parmi toutes les patries humaines ». Le sociologue OUADI BOUZAR lui rendra, quelques années après sa mort, un hommage qui, à lui seul, résume les souffrances et les pénibles expériences que JEAN AMROUCHE a eu à endurer(3) : « cet homme a toujours aimé l’Algérie, il a souffert, il en est mort même, de son propre déchirement que seul un engagement politique résolu aurait put transcender » Plus loin il ajoutera : « il n’est pas donné à tout le monde de conserver, à travers l’exil et une double appartenance, une telle fidélité et un tel amour, cela même n’est pas toujours donné à ceux qui ne s’exilent ni n’ont de double culture ». TAOS AMROUHE ou La voix magique : Née en 1913 à IGHIL ALI, Taos est celle qui immortalisa à jamais les chants berbères transmis par sa mère, grâce à sa voix magique qui lui permit de chanter dans plusieurs festivals : festival de FES en 1939, festival de VOLUBILIS en 1964 et le festival des arts négres à DAKAR en 1966. MARGUERITE TAOS AMROUCHE fût aussi une romancière de talent, ses œuvres « JACINTHE NOIRE », 1947, « RUE DES TAMBOURINS », 1960 et « L’AMANT IMAGINAIRE » en 1975, évoquent la marginalisation, le rejet et l’exclusion dont elle a fait l’objet. Son attachement à la culture berbère, elle le démontre par la publication de : « le grain magique » en 1966 dans lequel on retrouve tous les éléments de la culture berbère(contes, légendes, dictons et proverbes). Taos AMROUCHE a eu aussi à travailler comme productrice d’émission à l’ORTF, où elle recevait comme invités beaucoup de personnalités du monde de la culture. En 1963, elle obtint le grand prix de « ETHNOLOGIE MUSICALE » pour ses chants. Après une longue carrière ponctuée de consécration et de reconnaissance, venant d’ailleurs, mais aussi de deuils et de drames, TAOS AMROUCHE meurt à Paris, le MOUDJAHID CULTUREL lui rendra hommage (4): « elle vivra surtout par ses admirables chants qu’elle a sauvé de l’oubli et qui, à leur tour, la sauveront de la mort définitive ». Aussi modeste que soit la contribution des ATH AMROUCHE dans la préservation du patrimoine berbère et aussi « modeste »(5) que soit leur rôle pendant la révolution algérienne, l’Algérie d’aujourd’hui doit une ultime reconnaissance à ces trois pionniers de la culture populaire qui ,malgré l’exil et le reniement , ont pu garder le cordon ombilical avec la terre ancestrale et la culture des ancêtres. Leur réhabilitation contribuera sûrement à ancrer la culture de la tolérance, et permettra l’ouverture de la société algérienne vers l’universalité. Cela déterminera aussi l’orientation de l’Algérie de l’an 2000 qui doit rompre définitivement avec toute forme d’extrémisme et de pratiques moyenâgeuses afin de permettre à notre pays d’aller de l’avant. FARID SOUSSI IN « Perspectives » N° 00 AVRIL 2000 SOURCES : - Fadhma Ath Mensur AMROUCHE « histoire de ma vie », édition Maspero 1968 - OUADI BOUZAR « la mouvance et la pause » T II SNED 1983 NOTES : (1) Fadhma Ath Mensur AMROUCHE « histoire de ma vie », édition Maspero 1968 (2) Plusieurs familles peuvent habiter chacune dans une maison et avoir une cour commune (3) CF OUADI BOUZAR « la mouvance et la pause » T II SNED 1983 (4) CF Taos AMROUCHE n’est plus, EL MOUDJAHED CULTUREL N° 196 du 09 avril 1976 (5) Beaucoup ont reproché aux ATH AMROUCHE de ne pas s’être prononcé pour l’indépendance durant la révolution algérienne, mais quoi d’étonnant de la part de ceux qui ont eu toujours une haine épidermique de tout ceux qui se sont toujours montré fiers de leur berbérité ? ALI KAFI n’a-t-il pas osé remettre en cause le patriotisme du père de la révolution même, à savoir ABANE RAMDANE. Quant aux AMROUCHE, la lecture du « combat algérien », poème de Jean AMROUCHE que nous reproduisons ci-dessous suffit comme réponse. Jean AMROUCHE LE COMBAT ALGERIEN A l’homme le plus pauvre A celui qui va à demi-nu sous le soleil dans le vent La pluie et la neige A celui qui depuis sa naissance n’a jamais eu le ventre plein On ne peut cependant ôter ni son nom Ni la chanson de sa langue natale Ni ses souvenirs ni ses rêves On ne peut l’arracher à sa patrie ni lui arracher sa patrie Pauvre, affamé, nu il est riche malgré tout, son nom d’une patrie terrestre son domaine Et d’un trésor de fable et d’image que la langue des aïeux Porte en son flux comme un fleuve porte la vie Aux algériens on a tous pris La patrie avec le nom Le langage avec les devines sentences De sagesse qui règlent la marche de l’homme Depuis son berceau Jusqu’à la tombe La terre avec le blé, la source avec les jardins Le pain de bouche et le pain de l’âme L’honneur La grâce de vivre comme enfant de dieu frère des hommes Sous le soleil, le vent, la pluie et la neige On a jeté les algériens hors de toute patrie humaine On les a faits orphelins On les a faits prisonniers d’un présent sans mémoire et sans avenir Les exilant parmi leurs tombes de la terre des ancêtres De leur histoire, de leur langage et de la liberté Ainsi Réduits à merci Courbés dans la cendre du maitre colonial Il semblait à ce dernier que son dessein allait s’accomplir Que l’algérien en avait oublié son nom, son langage et l’antique Souche humaine qui reverdissait Libre sous le soleil dans le vent la pluie et la neige den lui Mais on peut affamer les corps On peut battre les volontés Mater la fierté la plus dure sur l’enclume du mépris On ne peut assécher les sources profondes Où l’âme orpheline par mille radicelles invisibles suce le lait de la liberté On avait prononcé les plus hautes paroles de fraternités On avait fait les plus saintes paroles de fraternité On avait fait les plus saintes promesses Algériens, disait-on à défaut d’une patrie naturelle perdue voici La patrie la plus belle La France Chevelue de forêts profondes hérissées de cheminées et d’usines Lourde de gloire de travaux et de villes De sanctuaires Toute dorée de moissons immenses ondulant au vent de l’histoire Comme la mer Algériens, disait-on, acceptez le plus royal des dons, ce langage Le plus doux, le plus limpide et le plus juste vêtement de l’histoire Mais on leur a pris la patrie de leur père On les a reçus à la table de la France Longue fût l’épreuve du mensonge et de la promesse non tenue D’une espérance inassouvie Longue, amère Trempée dans les sueurs de l’attente déçue Dans l’enfer de la parole trahie Dans le sang des révoltes écrasées Comme vendanges d’homme Alors vint une grande saison de l’histoire Portant dans ses flancs une cargaison d’enfants indomptés Qui parlèrent un nouveau langage Et la terreur d’une fureur sacrée : On ne nous trahira plus On ne nous mentira plus On ne nous fera pas prendre des vessies peintes De bleu, de blanc et de rouge Pour les lanternes de la liberté Nous voulons habiter notre nom Vivre ou mourir sur notre terre mère Nous ne voulons pas d’une patrie marâtre Et de riches reliefs de ses festins Nous voulons la partie de nos pères La langue de nos pères La mélodie de songe et de nos chants Sur nos berceaux et nos tombes Nous ne voulons plus errer en exil Dans le présent, sans mémoire et sans avenir Ici et maintenant Nous voulons Libres à jamais sous le soleil dans le vent la pluie et la neige NOTRE PATRIE L’ALGERIE Ecrit à PARIS en juin 1958
Posted on: Thu, 17 Oct 2013 22:29:18 +0000

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