Entretien avec……. Dr Aliou Sow Ancien ministre des - TopicsExpress



          

Entretien avec……. Dr Aliou Sow Ancien ministre des Collectivités Locales et Président du Mpd/Liggeey Dr Aliou Sow est un homme sûr de lui. Il a foi en son étoile. Et le jour où l’ancien président Abdoulaye Wade, son mentor, celui à qui il avoue une admiration culturelle lui lance : « tu as beaucoup d’avenir », il a été conforté dans l’idée qu’il a été prédestiné. L’ancien ministre libéral de la jeunesse puis des Collectivités Locales, attend son heure. Même s’il se garde de faire tout de suite acte de candidature pour la prochaine présidentielle, il se voit prendre la succession de l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall. En 2017, lorsqu’il aura 42 ans ou cinq ans plus tard, à 47 ans. Le Wadisme sans Wade, ses rapports tendus avec certains cadres du Pds, ses ambitions, la situation du pays, un an après l’accession de Macky Sall au pouvoir…, Aliou Sow se confie aux Sénégalais. Intelligences Magazine : Récemment vous avez reçu la visite de Karim Wade. Pourquoi cette rencontre a fait tant de bruit ? Aliou Sow : Je suis étonné, mais en même temps pas étonné. Si cela venait d’hommes de grande qualité, cette question n’allait jamais être soulevée. Les auteurs, si on s’en réfère à leur parcours, leur façon d’agir est compréhensible. C’est pour cela que j’ai interpellé le Parti démocratique sénégalais (PDS) à l’effet de sanctionner par un communiqué ces positions personnelles d’un individu animé par la haine viscérale, le complexe et qui ne connait pas la dimension du privilège qui revient à chaque individu de pouvoir choisir ses amours, ses amis, ses idéologies, sa religion et ses fréquentations. Cela est le résultat d’une logique d’imposition d’une vision inique de la vie et de la politique. Avant Karim Wade, ils sont combien d’imminents membres de la direction du Pds à être venus me rendre visite à titre amical, fraternel ou pour des besoins politiques ? Ils sont combien à m’avoir reçu au nom de l’entretien de relations ô combien cordiales ? Ce n’est pas parce que, comme eux, je procédais à une mise en scène d’une fausse amitié ou d’une fausse loyauté à l’effet d’abuser sentimentalement Wade, comme ils l’ont toujours fait. D’utiliser Karim comme un instrument de manipulation sentimentale d’Abdoulaye Wade. Je ne suis pas dans ce jeu-là. Je suis dans le jeu de la transparence, de la préservation de la dignité. Je bosse pour Wade en politique, mais si Wade n’est plus du jeu, je suis libre de tracer ma voie dans le cadre de la perpétuation de son œuvre. I.M : En tant que wadiste, votre devoir n’est-il pas d’être dans le Pds pour consolider son héritage ? Aliou Sow : Avant d’être libéral, d’être wadiste, je suis d’abord sénégalais, patriote, fils de paysan, qui a découvert Wade, qui a cru en lui, qui l’a suivi politiquement et qui a compris que ma voie politique c’est le Wadisme et le libéralisme. Et le Pds n’a pas l’incarnation de l’exclusivité de la voie wadiste ou de la voie libérale. Quand je théorisais l’école du Wadisme, au début, personne ne s’y intéressait. Finalement tout le monde m’a rallié sur la base de calculs alors que moi je l’ai fait sur la base de convictions et d’idéologie. Aujourd’hui autant Wade était un fédérateur autant aujourd’hui dans le Pds, malheureusement, il n’y a pas un homme dont le talent, la compétence, la moralité, la vision, le parcours et la dimension intellectuelle, peuvent fédérer tous les autres. I.M : Avez-vous définitivement tourné le dos au Parti démocratique sénégalais ? Aliou Sow : Au moment où je vous parle, je suis officiellement militant du parti démocratique sénégalais, malgré les combines, les complots et les jeux visant à m’ostraciser, à me mettre dans la portion la plus congrue de l’espace politique. Mais je ne suis pas le genre de personne à s’éliminer politiquement. Je n’ai pas encore créé un parti politique. Le Mpd (Mouvement des Patriotes pour le Développement)/Liggeey est un mouvement national dont plus de 90% des militants ne sont pas du Pds. Ils sont issus d’autres partis politiques. D’autres sont venus dans le mouvement sans avoir eu à militer dans un parti politique mais ils ont réussi dans leur vie. Ils se sont réalisés. Ils ne voient pas en la politique un métier mais un cadre d’expression de leur patriotisme et de leur désir de participation à la construction du Sénégal. D’autres sont, bien entendu, du Parti démocratique sénégalais. Le jour où nous aurons 100 mille adhérents, nous allons tenir notre convention nationale et nous déciderons du sort de ce cadre fédérateur qui n’a pas encore le statut de parti politique. Pour mon cas personnel, qu’on me concède ma conviction profonde d’être l’héritier idéologique d’Abdoulaye Wade. Il y’en a d’autres mais pour moi je suis l’incarnation la plus achevée de l’héritage idéologique et politique d’Abdoulaye Wade. Ceux qui s’intéressent maintenant à l’héritage matériel et financier, n’ont qu’à se partager cette dimension. Mais qu’ils me laissent la dimension philosophique, idéologique et politique. I.M : Ne pensez-vous pas qu’en voulant vous réclamer du Pds tout en restant à la périphérie, vous donnez raison à certains cadres libéraux comme Babacar Gaye, qui n’ont pas vu de bon œil la visite de Karim Wade chez vous ? Aliou Sow : Lui, c’est un problème crypto personnel. C’est l’expression d’une haine personnelle contre quelqu’un, l’affirmation aussi d’un complexe vis-à-vis de quelqu’un qui a l’âge de son fils. Il n’y a rien de philosophique ou d’idéologique dans son combat. I.M : Le Président Wade vous a nommé ministre très jeune. Pouvez-vous revenir sur vos relations ? Aliou Sow : c’est de l’affection qui a débouché sur une allégeance politique. C’est l’intellectuel Wade, qu’on présentait comme le plus diplômé du Cap au Caire, le brillant cadre sénégalais, qui avait impressionné le jeune élève Aliou Sow. C’est l’intellectuel qui m’a intéressé avant le Sopi. Quand je l’ai rencontré pour la première fois, j’étais impressionné par la confirmation des préjugés favorables que j’avais sur cet homme. L’affection est là installée. Donc je vivais mon Wadisme sans connaitre Wade, sans l’avoir rencontré. Je suis libéral naturellement de par mes origines. Je ne peux être qu’un libéral, c’est-à-dire quelqu’un qui croit en l’individu, lui-même. Qui pense que rien sur terre n’est trop beau, ni trop grand pour lui ; pourvu simplement qu’il se batte, qu’il croit en son étoile. En tant que rural, né dans des conditions de dénouement total, j’ai voulu démentir cette assertion selon laquelle dans l’avenir les fils des dirigeants du pays vont diriger les fils des paysans et des pauvres. Je me suis engagé en politique par volonté de remettre en cause une affirmation sans fondement scientifique. J’ai mené ce combat-là et Wade a été l’homme grâce à qui j’ai pu réaliser ce désir ardent d’enfance. En cela, je suis redevable à Wade pour l’éternité. Mon rôle, c’est d’être un jour celui qui dispose des outils démocratiques à la tête de ce pays en vue de perpétuer son œuvre. Dans mon programme, il y’a plusieurs secteurs pour lesquels mes propositions passent d’abord par la prise en compte de ce qu’il voulait faire et qu’il n’a pas pu achever, mais en complétant ça par notre propre vision. I.M : Quelle est la plus belle leçon que vous retenez du président Wade ? Aliou Sow : Lors d’un voyage, le président (Wade) m’avait reçu. Il m’a tenu par la main et m’a dit : « A ton âge, nous savions contester, faire des affiches et dénoncer. Mais, tenir un ministère tel que tu le fais, je ne pense pas qu’on aurait pu le faire. Vous êtes une génération particulière. En tout cas tu as beaucoup d’avenir.» on atterrit à Niamey pour une escale. En me présentant au président Tandia, il dit : « Voici mon jeune ministre de la jeunesse, c’est un garçon qui ira loin.» La première fois que j’ai voyagé avec Wade en 2001, juste après mon investiture pour faire une tournée dans les pays arabes, il m’a reçu trois fois à l’aller et ça m’a marqué à jamais. Il me prend la main, regarde mes mains, ma paume, pour me dire : « Senghor disait qu’on établit la personnalité de quelqu’un à travers la tenue de ses ongles. De toute façon tes mains sont bien tenues.» c’est de petites choses qui me marquent effectivement. L’autre chose qui m’a énormément marqué. C’est lors de mon premier voyage en tant que ministre : on m’a fait perdre beaucoup de temps à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. C’était bizarre pour eux, un jeune de mon âge avec un passeport diplomatique avec la mention ministre. Ils ont procédé à toutes les vérifications. Au finish, ils m’ont demandé si j’étais parent à Wade, j’ai dit «non». Ils m’ont dit donc que je devais être parent à l’ancien président Diouf, comme je suis grand et mince. J’ai répondu par la négative et leur ai dit : « D’habitude, quand vous voyez des jeunes gens de mon âge ministres ou députés ou généraux dans les pays africains, c’est parce qu’ils sont parents du président, de la première dame ou du Premier ministre. Pour mon cas, il n’en est rien. Je suis simplement l’expression de la vision de Wade en ce qui concerne la promotion de la jeunesse sénégalaise.» I.M : Quand vous avez cette confiance en vous, pourquoi n’essayez pas de vous imposer au sein du Pds ? Aliou Sow : Ceux qui s’attaquent à moi et qui ne sont pas nombreux ont intérêt à soigner leur langage pour que demain leur ralliement à mon combat ne soit pas très gênant vis-à-vis d’eux. Ils finiront un jour par faire un mouvement vers Aliou Sow parce qu’ils reconnaîtront enfin qu’il est l’incarnation du combat de Wade. I.M : Plus qu’un Karim Wade par exemple ? Aliou Sow : Absolument. L’héritage matériel et financier de Wade c’est pour son fils Karim Wade. Mais l’idéologie, la philosophie, le combat politique, je ne laisserai pas à Karim un seul morceau. Je ne pense pas qu’il soit plus attaché ou qu’il maîtrise mieux que moi les contours du Wadisme ou du libéralisme wadiste. I.M : Concrètement, quelle est votre légitimité ? Aliou Sow : Plus de 65% des sénégalais ont moins de 35 ans. Je fais partie de la génération des quadragénaires. Par la volonté de Dieu, Wade m’a donné l’occasion de pratiquer à bas-âge l’Etat. J’ai presque une décennie d’expérience gouvernementale, été deux fois membre du parlement, élu local chez moi où j’ai présenté un bilan convaincant. Aussi, à l’image de Wade, j’ai très tôt attaché beaucoup d’intérêt au savoir, à la recherche et à la culture générale. Parce que pour gouverner, il faut avoir une idée sur beaucoup de choses, avoir cette dimension intellectuelle qui vous permet de promouvoir et d’accepter la contradiction mais aussi avoir une ouverture au monde. Egalement, j’ai eu la chance, de par mes origines, de connaitre le dénuement, la pauvreté, la situation de ces Sénégalais dits ordinaires mais extraordinaires de par leur valeur, leur courage, leur patriotisme. Je connais la situation de l’orphelin que je suis, celle du paysan qui, pendant la période de soudure, prend un repas par jour. Ce paysan me fait confiance car je partage sa misère dont je connais la solution. L’étudiant sénégalais qui est dans des difficultés comprend que, comme lui, je suis venu à Dakar après mon bac sans maison d’accueil, en me débrouillant jusqu’au doctorat. Egalement, celui qui veut le luxe insolent comprendra que je connais son monde, car autant j’ai voyagé à dos d’âne ou marché pendant des kilomètres, autant j’ai voyagé dans des long-courriers en première classe. Autant j’ai vécu dans une case dépourvue de tout, autant j’ai vécu dans les suites les plus huppées du monde. Par conséquent, je suis un homme qui connait le difficile et le facile. Un homme qui compte donner au pays l’occasion et le moyen d’avoir une belle symbiose entre ceux-là qui sont en haut et ceux-là qui sont en bas pour que l’on puisse se retrouver au milieu, que personne ne souffre et que celui qui a réussi le premier aide l’autre à aller vers le haut. Il faut aussi ajouter que pendant que les gens étaient dans les avions et les bureaux ou dans des espaces de petits complots, j’ai fait presque une dizaine de fois le tour du Sénégal. Je connais ce pays. Plus de 60 couples dans les villages les plus reculés ont donné à leur enfant le prénom et le nom d’Aliou Sow pour ensuite ajouter leur nom de famille. I.M : Ce parcours rappelle un peu celui du président Macky Sall. Seriez-vous en train de faire votre déclaration de candidature pour la prochaine présidentielle ? Aliou Sow : Par respect à ceux-là avec qui je mène le combat, par confirmation de ma foi en Dieu, je ne peux pas le dire. Je ne peux pas dire que je vais me présenter à l’élection présidentielle mais mon ambition c’est d’être au service du pays à travers la position la plus importante qui me donnera les moyens de pouvoir impulser une nouvelle approche à travers une nouvelle vision de la politique au Sénégal. J’ai envie que les gens comprennent qu’ils doivent pouvoir faire confiance aux jeunes quadragénaires. En 2017, j’aurai 42 ans. Si Macky Sall fait deux mandats, j’aurai 47 ans. Et pourtant la plus grande puissance économique du monde a vu un jeune noir devenir président à 47 ans. C’est Obama. I.M : Donc votre objectif, c’est de succéder à Macky Sall ? Aliou Sow : Absolument. Ces derniers moments, j’ai passé beaucoup de temps à lire une trentaine d’ouvrages biographiques et autobiographiques d’hommes et de femmes qui, petit à petit, ont tracé leur voie jusqu’à leur avènement à la tête de leur pays. J’ai découvert leurs hauts et leurs bas. Le soleil brille pour tout le monde. Je fais confiance à ma légende personnelle. Je fais confiance à ma pierre philosophale comme allait dire Paulo Coelho (romancier et interprète brésilien. Il a acquis une renommée internationale avec la publication de L’Alchimiste, vendu à 65 millions d’exemplaires en 56 langues, Ndlr). I.M : A quoi doit-on s’attendre avec votre livre qui va paraître prochainement ? Aliou Sow : Vous n’allez jamais voir dans les grandes démocraties quelqu’un avoir l’audace de porter une grande ambition nationale sans dire à ses concitoyens qui il est, ce qu’il propose. J’ai envie de participer à l’installation d’un débat programmatique, d’une compétition entre projets pour qu’à la fin, nos compatriotes aient sur le marché politique des offres programmatiques et qu’ils puissent savoir qui porte la meilleure solution. J’ai aussi envie que les gens aient le courage, désormais, de donner leur parole. Et l’écriture imposera aux hommes politiques désormais de respecter la parole sinon on leur opposera leurs propres écrits. I.M : Comment analysez-vous la situation du pays après près d’un an de présidence de Macky Sall ? Aliou Sow : Beaucoup de déceptions, beaucoup de promesses non tenues, beaucoup de bruits, mais aussi des efforts, il faut le reconnaître. Macky Sall est l’otage d’une coalition constituée par des acteurs qui ne l’ont jamais porté dans leur cœur et qui n’ont jamais voulu le voir devenir président. Il est entouré de gens qui veulent sa place. Il est également habité par l’anxiété de vouloir rester aux affaires alors que son parti n’est encore carrément structuré. En vérité, les choses ne bougent pas. Il y’a une morosité réelle de l’économie. Les structures de l’Etat ont noté qu’en 10 mois, le taux des marchés de gré à gré a atteint 24% alors que nos accords avec le FMI nous imposent de ne jamais dépasser 20%. Et nous qu’ont traîné dans la boue, au même moment l’année dernière, nous n’avions pas dépassé 16%. C’est aussi des emplois promis par centaine s de milliers et qu’à la place nous avons eu droit à beaucoup de pertes d’emplois. C’est un coût de la vie qui devait connaître une baisse, mais qui stagne et parfois même qui connait une hausse avec des raretés de produits essentiels dans la vie. I.M : Seriez-vous prêt à rejoindre le chef de l’Etat, s’il vous le demandait ? Aliou Sow : Il y a un principe non discutable chez moi : la transhumance est une contre valeur que je combats et que je dénonce. Ce n’est pas bien pour la démocratie. Par contre, la patrie est un cadre qui peut fédérer tout le monde. La seule façon de faire recours à certains compatriotes valeureux qui croient en la patrie et qui peuvent lui être utiles, c’est d’accepter lui-même (Macky Sall) de faire recours à leurs services sans leur exiger de se renier ou d’intégrer son parti. Je ne suis pas malheureux de voir Macky Sall président de la République. Très honnêtement, mon combat a été que Wade rempile et devienne président. A défaut de Wade, je préférais Macky aux autres candidats, même si je pense que ses promesses sont loin d’être tenues. Tel que ça commence, ça ne rassure pas. I.M : La perspective de travailler avec Macky Sall, s’il fait appelle à vous, ne risque-t-elle pas de creuser davantage le fossé entre vous et certains de vos camarades du Pds ? Aliou Sow : Wade a été le premier à parler d’alliance avec Macky Sall. C’était lors d’un point de presse. Beaucoup étaient très surpris de cette sortie. I.M : Sauf que c’était avant que les choses ne se compliquent entre Macky Sall et le Pds ? Aliou Sow : Non, c’était au début des complications. Mais ma préférence est que Macky Sall gouverne jusqu’à la fin de son mandat, avec ses alliés, et nous les opposants qu’on s’oppose. Maintenant, si la situation du pays ou l’état de leur alliance débouchent à une situation où certains sont appelés à travailler pour la patrie en restant ce qu’ils sont, sans trahison ou transhumance, cela peut poser un nouveau débat. Le moment venu, dans ce cas, j’aviserai aussi bien mon maître que mes partisans du Mpd. Mais ce n’est pas mon ambition. C’est autre chose de plus important qui me fait courir. I.M : Devenir président de la République ? Aliou Sow : J’ai été député plusieurs fois, ministre plusieurs fois, élu local plusieurs fois avec un bilan, mais je n’ai pas encore été président. Source : Intelligences Magazine (Mars 2013)
Posted on: Mon, 12 Aug 2013 02:26:36 +0000

Trending Topics



Recently Viewed Topics




© 2015