Et si la FIFA avait favorisé la LIBYE au détriment de ses concurrents dans la poule 1 ? HONTEUX ! La FIFA, dans un geste magnanime qui l’honore, a délocalisé le match entre la Libye et le Togo, vendredi, à Tripoli. Il était prévu à Benghazi où des affrontements ont fait une trentaine de morts et une centaine de blessés, samedi ; il aura donc lieu dans la capitale -où la sécurité relève du fantasme- d’un pays qui sort de trois jours de deuil national et où les armes circulent comme des bonbons un jour d’Halloween. Je vous laisse lire cette interview donnée à RFI par un conseiller du premier ministre, ce matin, dont j’ai extrait une phrase pour mieux comprendre l’enjeu des débats : « La raison, c’est que les Benghazis en ont marre d’avoir des forces militaires chez eux. Ils font des barrages, ils embêtent les gens. C’est la même chose ici à Tripoli. Il y a eu des manifestations avant-hier justement. Ils réclamaient le départ des milices armées qui sont à Tripoli. » De bon augure… Trop, c’est trop. Ce manque de respect pour les Congolais et les Togolais marque une arrogance inadmissible de la part de décideurs lovés dans leur confort suisse. La FIFA dit s’être entretenue avec la fédération locale pour décider : peut-on chercher un avis plus partisan alors que la Libye assure pouvoir organiser la CAN 2017 ? C’est comme demander à un aveugle s’il veut voir. Il fallait l’opinion des Congolais, tétanisés par les bruits stridents des balles durant leurs courtes nuits là-bas, il fallait l’opinion de Claude Le Roy, voyageur breton pas considéré comme un grand froussard. Il fallait peut-être penser aux Togolais qui ressassent depuis trois ans l’attaque de leur bus par des rebelles à Cabinda en Angola, qui revoient encore les deux corps inertes de leurs copains de larmes… Non, la FIFA s’est moqué de tout ça, du passé, du présent et de l’avenir. Elle prend une décision lourde de sens dans ce contexte irrespirable. Pourquoi déplacer le match de la République centrafricaine au Cameroun, pour raison de sécurité, et laisser la Libye recevoir dans une atmosphère post guerre propice à tous les possibles ? Alayxis Romao qui rêve pourtant de porter les couleurs des Eperviers au Brésil, est revenu en France avec Jonathan Ayité, hier : on peut les comprendre. Le Marseillais est toutefois prêt à changer si Sepp Blatter accepte de les accompagner… Que le joueur se rassure, il peut déjà booker une destination moins dangereuse pour ses vacances. Mais cette décision l’a déchiré, il l’a prise à contre-cœur, dégoûté comme d’autres par l’attitude de la FIFA. Didier Six sera-t-il là ? Pas certain. L’ambassade français l’a prié de ne pas voyager « car sa sécurité ne peut être assurée » (dixit en substance une lettre reçue par le Français). D’un coup, le Togo se trouve amputé de deux cadres (et peut-être du coach) ce qui revient à modifier les rapports de force dans ce groupe qualificatif. Le Cameroun et le Congo pourraient s’en plaindre. J’ai vraiment du mal à comprendre cette volonté absolue de la FIFA de défier toute forme de logique. Bien sûr, et heureusement, il n’y a eu aucun blessé lors de la rencontre entre la RCD et la Libye mais doit-on se satisfaire de ça pour accepter de remettre le couvert ? Est-ce rassurant de savoir que les Congolais scrutaient, un brin angoissés, tous les mouvements de foule dans les tribunes ? Récemment, la FIFA a organisé son congrès à l’île Maurice, un choix judicieux pour les amoureux du calme et de la mer. Mais au fait, pourquoi ne pas être allé à Tripoli ? HERVE PENOT (twitter : hpenot_lequipe)
Posted on: Mon, 17 Jun 2013 02:32:12 +0000
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